
freins fains, dont un demi-=litfon pefoit neüf
onces trois gros & demi, & dix épis Cariés.
Les planches des n.os 5 & 6, aux femences
defquelles j’avois ajouté de la poudre de Carie ,
°nt donné des tiges de,deux pieds lix pouces de
haut ; celle qui avoit été enfemençée à la volée
a produit deux livres & une once de grains
fains, dont un demi-litron pefoit neuf onces
un gros, & les trois quarts d’épis Cariés. Celle qui
avoit été enfemençée par rayons, a produit huit
©nces feulement de grains fains, & les fept huitièmes
d’épis Cariés.
Cette expérience ainfi combinée, prouve à-la-
tfois & à elle feule., plulieurs vérités. i.° Que le
froment qu’on enterre profondément, eft plus fuf-
ceptible de produire des épis Cariés, puifque
dans les planches où la femence a été jetée à
la volée, j’ai eu moins de Carie que dans celles
où elle a été énterrée à quatre pouces. Eft-ce
parce que , dans le dernier cas, les pieds malades
font plus à couvert des rigueurs de l’Hiver
qui en fait périr ? Eft-ce parce que le grain entaché
de Carie, eft moins à portée d’être lavé
par les eaux de la pluie qui enlèvent une partie
de la poudre contagieufe? Ce qui favorife-
roit cette dernière idée , c’eft que quand les
femailles fe font par un teins hâleux, on récolte
plus de Carie ; d’ailleurs on verra plus loin ,
qu’en lavant feulement- le bled moucheté, il
produit moins d’épis gâtés. i.° Qu en femant
du froment fans le préparer , on Té coite ' plus
ou moins d’épis cariés, félon que la femence a
été plus ou moins enterrée. $.° Qu’en partant
les femences à de bonnes ieftives, on remédie
à l’effet de la contagion en totalité, fi on a
femé à la volée ; en très^grande partie , fi la femence
a été enterrée profondément , puifque
le n.° 3 n’a point produit d’épis Cariés, & le
n-.° 4 en a produit dix feulement. Peut-être ce
dernier n’en a-t-il produit queparce que quelques
grains de femence avoient échappé à la leftive :
car j’ai examiné attentivement deux champs, formant
enfemble environ fix arpens, dont la femence'avoit
été exprès répandue fur le guéret
& enterrée à la charrue ; ils n’avoient produit
aucun épi Carié ; la femence en avoir été bien
leffivée. 4.0 Qu’en -ajoutant à du froment déjà
fali de Carie, une certaine quantité de nouvelle
poudre, on augmente étonnamment la contagion
, dont les progrès font en raifon de la
profondeur de la femence, puifqu’il y avoit dans
la planche du n.° 5 les trois quarts d’épis cariés,
& dans celle du n> 6 , les fept huitièmes.
5.0 Que le produit d’un champ en grain & en
paille, eft d’autant plus foible, que les femen-
ces ont été plus imprégnées de Carie, & ont
donné plus d’épis Cariés, comme l’atteftent les
n.os 5 & 6, qui n’ont porté que de la paille
de deux pieds & fix pouces de haut , & dont
le premier n’a fourni gue deux livres 8c deux
onces de froment, & Eautre huit onces feule,
ment, tandis que Jes n.os 3 & 4 ont porté de
la paille de trois pieds deux pouces , & ont produit
fept à huit livres & plus de froment.
Cette expérience a été répétée-plulieurs fois,
& a offert les mêmes réfultats.
Le labour frais, ou la manière de femer le
grain en l’enterrant profondément, peuvent donc
être regardées comme une descaufesde la Carié, I
mais comme caufe aceeffoire , qui n’a d’effet
fenfible que lorfque la femence eft infedée &
n’a pas été chaulée.
Manière d’agir de la Poudre de Carie fur le grain
qu’elle corrompt.
II eft aufli difficile d’expliquer la manière dont
la poudre de Carie agit fur le grain fain , que
dé rendre raifon des progrès, que font: fur les I
hommes & fur les animaux bien portans, les
maladies contagieufes auxquelles iis'font expo-
fés ; tout indique que ce n’eft que par un con-
taél immédiat. Mais le virus de la poudre def-
truélive s’introduit-il dans l’intérieur du grain,
ou bien attaque-t-il la jeune tige ou les jeunes
racines, lorfqû’elles commencent à fe développer
? Je ne puis croire , d’après les expériences
de M. Tillet & les miennes , que.ee foit en
pénétrant le grain• car, qu’on îaifle du froment
fain très-long-tems dans de la poudre de Carie,
il n’en produit pas plus d’épis corrompus, que
fi on le noircifloit immédiatement avant de le
femer ; que, pour détacher celui qui èft naturellement
moucheté, on emploie une leffive
alkaline, un peu caufiique, on enlève tonte la
poudre, & on rend fon effet nul , fans que
la leftive fe foit introduite dans l’intérieur, où
elle âuroit détruit le germe ; qu’en femant du
froment pur, on applique de la poudre de
Carie fur un point feulement, il contracte lai
maladie à un degré d’autant plus- confidérable,
que la tache a été faite plus près du germe;
enfin, que comme M. Tilleton mette delaj
poudre de Carie dans le fillon , à cinq ou fix
lignes des grains , ils produiront des. épis Cariés
: ce qui ne peur fe faire dans ce dernier
cas, que parce que les racines ou les jeunes
tiges , dont les pores font plus ouverts que ceux
du grain, ont touché la poudre contagieufe,
dont elles ont abforhé le viius.
On eft plus embarraffé d’expliquer commentI
cette poudre, en attaquant les tiges & les ra-j
dues naifîantes, ne les fait pas périr toutes;!
on voit même des figés vigoureufês & élevées!
porter des épis cariés. Souvent dans ces épis, I
foutes les places des fleurs font remplies e j
grains corrompus, tandis que dans chaque ea-j
lice du froment fain, il y a toujours quelque j
bâles vuides. On ne peut difeonvenir • cependar11
qu’en général les tiges, les feuilles & les ép 1
éeS pieds cariésne foient pjus foibles 8c moins
; hauts que les autres. On ne s’en, apperçoit pas
dans les champs où il n’y a que quelques épis
malades, ifolés ; mais dans ceux qui en contiennent
un grand nombre, fur-tout fi à côté
il y en a qui foient exempts de Carie, comme
nous avons eu occafion de le remarquer^ M.
Tillet 81 moi, dans nos expériences.
J’ai même obfervé que le froment qüi pro-
venoit d’épis fains, formés au milieu d’un grand
nombre d’épis Cariés, avoit moins de poids & de
qualité apparente , que celui qu’on récoltoit
d’épis fains formés dans un terrein exempt de
Carie. Deux planches contiguës qui fe trouvoient
dans çes deux cas contraires, m’ont donné du
froment, dont l?un moins rond que l’autre, pefoit
une demi-livre de moins par boiffeau.
Au refte , je me fuis convaincu par plulieurs
faits, & particulièrement par le fuivant, que
la poudre de Carie retardoit la germination &
la pouffe des grains qui en étoient entachées :
car, après avoir pafl'é du froment dans une
leffive capable de le purifier fans altérer le germe,
j’en ai enveloppé la moitié-dans de la poudre
de Carie pendant cinq jours ; Eautre moitié eft
refiée feulement imprégnée de la leftive : c’é-
toit la même efpèce de froment. Quatorze
grains de l’un & quatorze grains de l’autre,
ont été femés en même-rems dans des pots qui
çôntenoient la même efpèce de terre, & que
j ai placé au même degré de chaleur; tous les
grains avoient été enfoncés à la même profondeur
, moyennant une mefure, pour plus d’exactitude.
Les grains feulement leffivés ont germé
& pouffé les premiers ; ceux qui avoient été
leffivés & tachés de Carie, n’ont paru que quelques
jours après ; encore ces derniers, dont deux,
oîiï péri, n’ont-ils montré leurs germes que jfuc-
ceflivement ; au lieu que treize des premiers y
te quatorzième n’ayant pas pouffé , ont montré
leurs germes en même-tems.
Les calices des épis cariés ne font pas prives
de toutes les: parties de la fruéHfication ;
niais ils n’ont que les étamines, encore ne contiennent
elles pas de pouffière fécondante ; au
fieu de piftil, c’eft un embryon particulier, dont
jai expofé le développement. Pourquoi les éta-
uiines, puifqu’elles exiftent, font-elles flafques,
| ndées & vuides ? Pourquoi ne trouve-t-on
fque les deux fommets du piftil? Pourquoi
y a -t-il fur un épi des bâles remplies de
grains fains , & d’autres de grains Cariés ?
Pourquoi M. Tillet & moi, avons-noùs vu des
! grains compofés de froment & de Carie ?
Veux. qui attribuent cette maladie â un dé-
î?llt. fécondation , ( c’eft particulièrement
|lopinion de M. Aymen , tom. 4, des Savaps
l*ans Etrangers), n’auront pas de peine à prouver
j^ teque la fécondation ne ferait point dans les
|fialès où feforment des grains totalement Cariés,
mais il doit s’en faire une ainmoins imparfaite j
dans celles qui continuent- des grains à moitié
fains. D’ailleurs, fi le défaut de fécondation
a lieu dans les maladies des grains, ce n’eft pas
comme caufe, mais comme l’effet d’une caufe
dont il dépend ; car , dans toute autre circonf-
tance , les bâles dans lefquelies cette fonèlion
ne s’opère pas, relient feulement fans grains.
Conclufion fur. tes caufe s de là Carie.
On ne peut que foupçonner qu’il exifte uns
caufe particulière, qui donne naiflance à la Ca-*
rie dans quelques individus du froment ; car
jufqu’ici on ne la connoît pas. Il eft très-certain
que ce ne font pas les brouillards, ni les différais
engrais, ni la nature du fol ; quelle quelle
puiffe être , fes effets ne font pas aufli aèlifs
que ceux de 1a contagion. Les fumiers faits de
pailles de tiges Cariées, ou fur lefquels on jette
les criblurés des granges & des greniers, lorf-
qu’ils ne font pas putréfiés, le bled qui eft entaché
de pondre de Carie , foit fenfiblement*
foit"d’une manière infenfible, & qu’on feme
fans lui faire fubir une préparation convenable
; tels font les moyens qui propagent ordinairement
cette maladie, la perpétuent & la ren-*
dent plus confidérable ; elle s’accroît encore
davantage fi les femailles fe font par un teins
hâleux , fi les labours font nouveaux, fi le grain
eft enterré trop avant, comme, lorfqu’on le recouvre
avec la charrue. Toutes ces affertiens
paroiffent tellement prouvées par ce qui précède
, qu’il eft difficile de les révoquer en doute.
fie la Carie conjide're'e par rapport a. fes effets.
Quoiqu’il ne paroifie pas qu’on ait. attribué
à la Carie quelques - unes des maladies qui régnent
dans les campagnes, comme on «n a
attribué à l’ergot ; cependant j’ai cru qu’on ne
m’accuferoit pas de prendre un foin inutile, fi
en en nourriffant des animaux, je cherchois à
m’affurer des effets que cette graine peut produire.
On fait combien dé pauvres gens vivent
de pain fait avec du bled entaché de Carie, dont
on donne la longue paille, 8c les bâles aux chevaux
& aux bêtes à cornes. Après avoir examiné
ce point, j’expoferai le tort que reçoit le Cultivateur
qui a récolté beaucoup de Carie, & les
moyens les plus propres à en préferver le froment.
Mal que fait la Carie aux Batteurs.
La poudre de Carie, renfermée dans fon
écorce & retenue .dans fes - bâles, n’eft difperfée
dans les champs, ni par le vent, ni par la pluie
ni par la féchereffe; le frottement qu’éprouvent
les épis, au rems de la moiffon, ne l’en fait pas
fortir ; ce n’eft que quand le fléau écrafe les
grains Cariés que la poudre a une libre iflùe &
s’attache au grain fain, qui eft dans l’aire de la