
tivée au Jardin du Roi, paroit fe rapprochef de
*’efpèce commune par le mélange des pouf-
fières, ou par la culture ; c’tft ce que je n’ofe
décider. ( M. Reynier. )
Betteraves. Nom qu’on donne aux efpèces
de Betta , dont les racines font charnues. Voyt{
Bette. ( M . R e y n i e r . )
BETTERAVE. A g r i c v i t v r e .
Le nom de cette plante très-connue , eft
compofé de deux mots, qui la caraélérifent. Sa
feuille & fa graine reflemblent à celle de la
bette ou poirée, & fa racine à celle de la raye.
U n’y a point de potagers où l’on n’en cultive
quelques planches. On fait ufage dans la cui-
lîne de fa racine. On en pourroit manger les
feuilles comme celles de la poirée.
Depuis long-tems, en Allemagne & en Alface,
la Betterave eft cultivée en grand pour la nourriture
des beftiaux, qui en mangent avec avidité
les feuilles & les racines. On a adopté une efpèce
ou variété, qui n’eft pas celle des jardins. J’ai
reçu, il y a plufieurs années, des graines de betteraves
de différentes parties de l’Allemagne, de la
Pologne , de la Hollande, de quelques autres
Etats de l'Europe , fur-tout d’Italie, d’Athènes
même & du Maryland , d’où on me lesenvoyoît
comme graines de plantes cultivées en grand
pour les bêtes à cornes. Les unes ont produit la
Betterave ordinaire •, les autres la variété adoptée
en Allemagne. Un Mémoire publié par la Société
Economique de Léipfick en 1784 , & rapporté
par M. de Thofle, Correfpondarit de la Société'
d’Agriculturé de Paris, qui en a donné un
extrait, contient quelques détails fur la culture
& le parti qu’on peut tirer de la Betterave. On
ïa cultive particulièrement dans les environs de
Quedlinbourg , dans la principauté d’Anhalt ‘,
près d’Afcherlében, à Sanderflében, à Gerbftedt,
à Hettftedt, à Wiederftedt & dans la Principauté
d’Halerftadt, &dans plufieurs cantons de la Lu-
face. De l’Alface elle a paffé dans la Lorraine Allemande
, où M. l’Abbé deCommerel l’a cflayée
avec fuccès. On doit à fou zèle de la voir répandue
dans l’intérieur de la France. Non-content d’en
publier les avantages, il en a procuré des graines.
Grâces à fes foins, beaucoup de cultivateurs en
ont été fournis, & l’on eft maintenant en état
d’apprécier la valeur de cette plante.
L’efpèce ou variété, introduite en France par
M. l’Abbé de Commerel, eft celle dont la racine
ne s’enfonce pas toute entière dans la
terre. Une partie s’élève au - deffus ; les Jardiniers
Alfaciens- nomment cette forte de Betterave
, Tuïips. Les Allemands., Dick-ruben ,
Dîck-WburjJel.
Je ne fais pourquoi M. l’Abbé de Commerel
l’a appeîlée racine de difette, comme fi elle éfoit11
par excellence , la reflburce, lorfque les four,
rages viennent à manquer. Elle eft fans doute
très-utile. Mais beaucoup d’autres plantes offrent
aufti des avantages, qui, dans certaines cire ouf.]
tances, peuvent remplacer les plantes, dont |J
produit eft recherché pour les beftiaux. Les nid
vêts, les choux, les pommes-' dé terre, la mou.
tarde , &c. mériteroient au même titre le nom
de plantes de difette. A l’époque, où l’on fenJ
la Betterave, fi les fourrages cl4Automne ont péri
par la gelée, on al’efpoirde voir profpérerlesI
grains de Mars, qu’on feme en même-tems. Si
cette efpérance eft déçue, on retrouve, il eft vrai J
avec plaifir, la Betterave , moins fujette à font |
frir des intempéries des faîfons que les pois, les
vefees, l’avoine & l’orge. Mais, à moins d’a-j
voir eu un cfprit de prophétie, | on n’a dû en
femer que peu , 5c alors la refl'ource n’èli pas
confidérable. Car la culture de cette planteel
de celles qu’on ne fait pas en grand , à cauffc
des frais & des foins. D’ailleurs les navets 81 là
pommes de terre viennent dans de mauvais fois
& coûtent moins à cultiver. Les choux en cet
tains terrains , conviennent mieux que la Betterave.
11 s’enfuit de ces réflexions que c ’efi à ton
qu’on l’a appeîlée racine de difètte. Les livres
nouveaux d’Agriculture, & fur-tout les Mémoire^
de la Société d’Agriculture de Paris, o n t changé
ce nom en celui de Betterave champêtre, que je
ne trouve pas plus exaét. J e p ré fé re ro is de la
nommer , comme les Allemands, B e t t e r a v e JïH
te r r e , parce que cette dénomination la défignè-
mieux. ~-
La Betterave, ayant une racine très-forte &
très-grofi'e ne peut fe cul tiver-, que dans (uni
terre qui foit meuble & qui ait douze à quinze
pouces de profondeur. Un fol gras & fahlon-j
neux eft celui qui lui convient le mieux. Il faut
qu’il ait été bien fumé.
On peut la femer de deux manières, ou en
pépinière ou en -place. On la feme en pépinière,
ou fur couche, ou en pleine terre. La première
accélère la jouiflanee, parce que fi on feme fur
couche, la Betterave eft bonne à repiquer de
bonne heure. Mais fi on feme en pleine terre en
pépinière, la végétation étant plus ou nwinij
tardive, félon la faifon,-les.plants, pour être«:
piqués, attendent fouvent long-tems.
Chacun doit étudier fon climat & la nature
de fon terrain. Si on feme la Betterave trop tôt,
elle monte., Aux environs de Paris, on eft «ans
l’ufage de la femer en Avril dans les terres chaudes,
en Mai dans les ferres froides. La Berterare 1
fur terre , venant d’Allemagne, peut être fâ&A
.dès la fin de Mars, fur-tout fi on doit la tept I
quer- • 3 - _ . . ,
En fuppofant que la Betterave ait été le
en pépinière, foit fur couche ,, foit en PlclD
font allez fortes, on enlève les feuilles pour le
bêtes à cornes & même pour les moutons. On
alluré que la Betterave peut donner en un Ejté
quatre bonnes récoltes de feuilles. Ce ne peut
être que dans le meilleur terrain. Si on compare
cette plante avec les navets, les pommes
de terre & les choux, on voit qu’aucune ne
donne des fanes aufti avantageufes. Les navets
n’en donnent qu’une fois ; celles des choux font
fujettes à être attaquées par des infeéles , qui
incommodent les animaux. On ne peut couper
celles des pommes. de terre qu’une fois, encore y
a-t-il beaucoup d’animaux , qui n’en veulent pas
manger.
Pour récolter les feuilles de Betteraves, de
manière qu’elles puiflentrepoufter, il ne faut pas
les couper horizontalement, parce quelles re~
pouffent mal & foiblement -, mais on les déta-»
che à la main par leurs pédicule's en les ahaiflant ;
on laifle fubfifter les feuilles du coeur. Cette précaution
eft très-eftèntielle.
On fouille les Betteraves avant les gelées. Plu-
fieurs de ces racines péfent douze à quinze livres.
On les confçrve dans des caves, qui ne foient
■ pas humides ou dans des granges, en les mettant
à l’abri de la gelée. On doit auparavant leur
faire perdre une partie de l’eau de végétation,
en les laiflant deux ou trois jours expofées au
foleil, dans uh lieu abrité. On peut, lorfque
la récolte en eft confidérable , & qu’on manque
d’emplacement, les mettre dans une foffe pratiquée
en plein champ , les recouvrir de paille
fraîche & par deffus de terre. A mefure qu’on
en a befoin, on les en retire. Si on-en a beaucoup
, il vaut mieux faire plufieurs foffes, qu’on
ouvre les unes après les autres, afin de les moins
expofer à la gelée. Au refte, les précautions à
prendre dépendent du climat.
Au retour du Printems, ces racines pouffent
de nouvelles feuilles. On les retire de l’endroit,
où on les conferroit, pour les remettre en terre,
afin d’en obtenir de la graine.
La Betterave peut fervir d’aliment aux hommes,
quoique la variété dont il s’agit ne foit
pas aufti délicate, que la blanche, la jaune &
la rouge même, qui fe cultivent dans les jar—.
dins. Le plus grand ufage eft de la donner aux bêtes
à cornes -, après l’avoir lavée , nétpyée, & coupée
en morceaux. Ils la. mangent feule ou mêlée
avec d’autre nourriture. On aftùre que le lait des
vaches, qui mangent des Betteraves, eft abondant
& de très-bon goût. Il faut pourtant convenir
que les choux, les navets, les pommes de terre,.,
les panais & les carottes font plus nourriflants.
Le produit * fi fon en croît les Allemands, fur-
pafle beaucoup celui de prefque toutes les au-
; très plantes, cultivées pour les beftiaux.
M, le Profefteur Borowsky, dans fon Almanach',
à l’ufage des cultivateurs Allemands, dij:
H ij