
fouvent que dans les plaines à l’abri des vents
d'Eft & du Nord-Eft. On verra ci-après que la
cochenille craint beaucoup ces vents.
La température obfervée par Thiéry à tnidî,
pendant le mois de Mai , tant à Guaxaca
qu’au Port-au-Prince, étoit de vingt-quatre à
vingt-cinq degrés. L ’expérience a appris qu’au
Mexique & au Port-au-Prince, une température
de Huit degrés, au-deflùs du terme de la congélation,
fuivant le thermomètre de Réaumur,
eft un froid qui caufe du dommage à la' cochenille.
Une température de neuf degrés au-
deffus du terme de la glace, ne paroît pas
lui nuire, fuivant Thiéry. Ainfi, fuivant lui, il
eft d’expérience qu’on peut cultiver la cochenille
en toute contrée dont la température n’eft ,
m au-deffus de vingt-cinq degrés, ni au-deffous
de neuf. Quelquefois, fuivant Thiéry, dans la
province de Guaxaca, la température de la
nuit defeend à huit degrés au-deflus du terme
de là congélation. Lorlque les Mexicains prévoient
cette température, ils font, fuivant le
même Auteur, des fumigations dont je parlerai
ci-après,' pour défendre la cochenille de ce
froid. Il y a dans l’étendue de la Colonie
Françoife de Saint-Domingue, des cantons de
chacune de toutes les températures que l’on
peut compter entre ces deux extrêmes, de vingt-
cinq degrés & de neuf. Cependant une température
habituelle, qui ferait moyenne entre ces
deux extrêmes, c’efEà-dire qui parçoureroit les
huit degrés qui font entre le douzième & le
vingtième, feroit, fans contredit, la plus propre
pour la culture' de. la cochenille.. Cette température
eft commune dans beaucoup de territoires
de, la Coloni.e Françoife de, Saint-Do-:
mingue..
Quant à la nature du Ciel en ce qui concerne
les pluies,, il n’eft pas-toujours néceflaire
qu’il foit exactement femblable à celui de Guaxaca,
ou du Port-au-Prince. Il peut être moins
favorable- lans exclure pour cela te culture de
la 'cochenille. Q a peut aufli e.n rencontrer de
plus, favorables,.
On conçoit, fans qu’il foit néceflaire de le
dire, que tout endroit où tons les fix mois de
VHivcr,. qui font fecs à Guaxaca, feroient.pluvieux,
pourjqit être néanmoins, aufli- avantageux
que cette province, pour là culture de
la cochenille, fl les fix mois entiers de l’Été y
étoient parfaitement fecs:- tel,-eft le ci el. du-Cap-
François. J ’ai déjji dit que le cercle des Phila-
de!plies, qui y eft établi, a éprouvé que la
culture de la cochenille y . rénllît auffi-Jy.en
qu’au Port-au-Prince.
H y a nombre de cantons, dans Eé tendue de
la Colonie. Françoife de. Saint-Domingue, où
Ü ne pleut que pendant trois mois, dans lé
cours de chaque année,. Tels, font, aflùre-t-on,
par exempt, les quartiers d’Acquin,, 4u fond.,
du Cul-de-fac, de la Défolée, de l’Artibonite
du Port-à-Piment, du Môle, des Gonaïves*
&c. Ces cantons où il règne neuf mois conte-
cmifs de fécherefle, non interrompue, & régJ
fièrement périodique aux mêmes époques de
chaque année, font aufli favorifés de la nature
à l’égard de la^ cochenille fine quelles en f0nt
difgraciées à l’égard de toutes,-les autres grandes
cultures de la. Colonie, qui ne peuvent y être
entretenues, à caule d’une telle fécherefle.
Dans ces cantons, on pourroit faire Virement
quatre bonnes récoltes de cochenille fine, pendant
chaque année -, & ces parties de la Colonie
fi pauvres maintenant, pourraient, toutes feules
fournir la métropole de cette précieufe denrée!
Dans les lieux où il n’y auroit que quatre
mois de fécherefle, pendant chaque année on
pourroit encore y établir utilement des Nopa-
lerîes pour l’éducation de la cochenille fine:
parce qu’on y pourroit toujours, faire deux
récoltes par an, pourvu que ces féchereffes
foient régulièrement périodiques aux mêmes
époques pendant chaque annéë, & quelles du*
rent pendant'quatre mois de fuite, ou bien
qu’elles ne foient pas partagées par intervalles
plus courts que de deux mois complets chacun*;
parce que, comme on verra ci-après, il s’écoule
toujours un tel intervalle entre le tems de la i
femaille de la cochenille & celui de la récolte.
En un mot, chaque, intervalle de fécherefle;
non interrompu, .long, de .deux mois complets,,.
& conflamment périodique à la même
époque chaque .année-donne la poflibilité de
faire, dans le canton où il règne, une bonne
récolte d,e cochenille fine. Dans les cantons qui
ne jouiraient que d’un feul intervalle fi.mblable
par an, on ne pourroit faire qu’une feule
récolte, & djans ceux où les pluies feroient. ii
peu régulièrement périodiques,, qu’on ne pour--
roi't y compter fur un feul intervalle de deux
mois; complets dé fécherefle, régnant dans un
tems. déterminé de chaque année, on ne pour* 1
roit y compter fur une feule récolte dê.ccche-l
aille firiev
Cependant à l’égard de ces derniers cantons j
qui feroient fi pluvieux , il faudroit encore dit- j
tinguer. Si ces pluies irrégulières. n étoient que
des brumes, & des. brouillards, ou n’étoient
cfne des. petites pluies douces & paffagères, fan-1
hlables à celles q.uî. ont lieu- le plus ordinal-1
remeiw en Europe. En ce cas, il ne faudroit I
pas, abandonner la partie. De telles pluies peu-1
vent bien diminuer un peu l’abondance & b I
beauté d’une récolte, mais ne la détruifent pas-
Dans le cas au contraire où ces pluies irrégu-1
lières feroient des orages , des ouragans, u? j
ces redoutables pluies, qui ne : font que trop!
connues aux Antilles,,, fous, le nom d’avalafles, I
qui tombent p ar, torrent^ & dont les; goutta 1
font autant de fracas & même de dommage que'
les grêles d’Europe; alors il faudroit fuir, &
porter les Nopals & la. cochenille ailleurs.
“ Tout ce qui vient d’être dit, ne doit s’en-r
tendre uniquement que des .Nopaleries, qu’on
ne propofera d’établir pour l’éducation de la
cochenille fine. Celles que l’on voudra établir
pour élever la cochenille filvefire n’éxigent pas, à
beaucoup près, autant d’attentions. On pourra les
afléoir dans tel quartier que ce foit, par exemple,
de Saint-Domingue, fans diflinélion d’un Ciel
plus ou moins pluvieux : l’on pourra y femer
& récolter cette cochenille pendant toute
l’année ; & la femaille, l’éducation & la récolte
qui en feront faites pendant des faifons plu-
vieufes feront profitables : elles feront cependant
moins avantageufes, que celles faites pendant
les féchereffes.
Iln eft pas néceflaire à la culture de la cochenille
fine, mais il efl très-avantageux pour cette culture,
à Saint-Domingue, comme à Guaxaca, que la
Nopalerie foit abritée de la violence des. vents du
Nord-Eft, & de la brife d’Efl. Ainfi, il ne faudra
pas négliger de placer la Nopalerie à un tel abri,
foit derrière des grands arbres, ’ foit derrière
des collines, &c. toutes les: fois que cela fera
poffible. La brife d’Eft, & les vents#lu Nord enlèvent
fouvent les jeunes cochenilles de deflùs les
Nopals, avant qu’elles s’y foient fixées ; & comme
jel’ai déjà dit, & le dirai encore, la cochenille récoltée
dans des Nopaleries ainfi abritées, eft plus grofle-
que celle récoltée dans les Nopaleries qui manquent
de cet àbri. Thiéry ajoute que l’abri du vent '
dOueft, & l’ombre d’après midi font encore/
favorables à la cochenille. Mais ce dernier abri
& cette ombre font moins importans que l’abri
du Nord, * du Nord-Eft, & de l’Eft. Le Cercle
des Philadelphes , établi au Cap-François, penfe
quaux environs de cette dernière Ville & dans
toute la partie du Nord de la Colonie françoife
de Saint- Domingue, il conviendrait qu’une
Nopalerie fût abritée du Nord & du Sud, à
caufe de la violence des vents de ccs parties.
Le-terrein d’une Nopalerie doit être naturellement
fec , & ne recevoir d’autres
ea,1x :que celles du ciel. Tout fol marécageux
ou humide, en manière quelconque,
Joit être abfolument rejetté. Il eft même nécef-
aire. que le terfein d’une Nopalerie foit nivelé
e tanière que les eaux de pluie n’y féjournent
pas.. Il eft encore bon qu’il foit difpofé de
eff Iorte, que les orages n’y creufent pas trop
1 énient des ravines, comme cela arrive lorfque
l Pente n’eft pas également diftribuée fur foute
superficie du terrein. Si l’on eft obligé d’éta-
tr une Nopalerie fur la pente d’une colline,
Ce]ft .avantageux que le terrein foit m§lé d’une
les nc fsaantité- de pierres, qui, foutiennent
trn>,tr'-rS> & tes empêchent d’être entraînées
5 ^teinent par les eaux. du. Ciel
Toutes fortes de terrains, ou argilleux, ou
graveleux, ou caillouteux, ou fablonneux,
ou gras,, ou maigre, . &c. convient à une
Nopalerie, pourvu qu’il foit fec; .le. Nopal
réuflît dans toutes. Cependant Thiéry a obfervé
& aflùre que les terres des envirqns de Guaxaca.,.
font excellentes, & que le Caèlier Nopal y réuffit
mieux que dans d’autres. Ainfi, on ne négligera
pas un bon terrein, pour y établir la Nopaleriè,
lorfqu’on le pourra aifément & fans inconvénient.
Le Caélier Nopal planté dans une bonne
terre, y fiait de plus grands .progrès que dans
une moindre,' devient, plus grand & plus ample ,
& par conséquent peut nourrir une plus
grande quantité de cochenille, & vivre plus
longtems en bon état*
Au Mexique, une Nopalerie d’un arpent ou
d’un arpent & demi', eft fuffifante pour exercer
les forces & l’attention d’un feul Indien , aélif
& intelligent, pendant fix mois d e i ’armée, fl
elle fert à l’éducation de la cochenille fine, &
pendant toute l’année., fi on y élève de la
cochenille filvefire. Thiéry a traierfé deux fois
au Mexique une étendue de quarante lieues
couverte de Nopaleries; & . il n’a pas vu ung
feule de ces Nopaleries qui eût plus de deux
arppns. Une Nopalerie d’un arpent &. demà
rapporte, au Mexique, un à deux quintaux de
cochenille féche & marchande par chaque année.
Une Nopalerie fermée de haies vives- doit avoir
douze pieds de plus en longueur & en largeur,
qu’une Nopalerie fermée de murailles, pour
pouvoir contenir autant de plantes que cette
dernière: puifque, comme je dirai,. les Nopals
doivent être à dix pieds de diftance des haies';
tandis qu’ils peuvent être à quatre pieds feulement
de diflance des murailles.
Une Nopalerie doit être bien fermée de murailles,
fi l'on peut, linon d’une bonne palif-
fade ou d’une bonne haie vive, afin d’en défendre'l’entrée
aux chiens, qui mangent le Cac-
tier Nopal, & peuvent y faire un dégât con-
fidérable, aux poules & autres volailles qui.
mangent les cochenilles, aux grands animaux
qui, fans avoir du goût pour les Caéliers Nopals,,
peuvent caufer un grand dommage dans une
Nopalerie, en foulant les jeunes plants, en
renverfant les anciens, & peuvent détruire une
récolte de cochenille par leurs courfes, & la
violenee de leurs mouvemens à travers les
Nopals.
Celui qui voudra récolter en même-tems de
la cochenille fine & de la cochenille fylveflre
établira une Nopalerie féparée pour chacune
de ces deux efpèces de cochenille-Ces deux.
Nopaleries feront à la diftance de cent, perches.-
an moins l’une de l’autre. La.*.Nopalerie deflinéè-
pour la cochenille filv e ft r e fe ra fous le.vent-,.,
c’eft-à-dire à l’Oueft de celle deftinée pour la-
cochenille fine., fl cela. fe. peut.. S’il ne. peu-ts