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rapporté'dans les Mémoires de l’Académie des
Sciences, de 1711, que Parent a vu , dans la
cour d’une maifon, un Acacia, qu’on avoir voulu,
plufieurs années auparavant, retenir contre un
mur, par une barre de fer, courbée en demi-
cercle, qui n'embraffoit pas entièrement fon
tronc, & qu’il a obfervé,. qtfil s’étoit formé,
fur la circonférence de ce tronc, immédiatement
au-deffus de cette barre dë fer, une efpèce de
gros Bourrelet, très-conftdérahle, qui couvrait
alors la plus grande partie'de.labarre, & paroiffoit
difpofé à la couvrir toute entière dans peu
d’années, & qu'il ne s’étoit produit aucun gonflement
fur ce même tronc, au-deffous de la
même barre. Ces obfervations réunies, dis-je ,
parurent des plus intéreffames aux Ehilofophes
Botanistes,. & leur femblèrent prouver incon-
tcflablement, que la fève,'qui exifle dans les
plantes., & les nourrit , n’y monte pas toute ;
qu’il y a certainement, dans- elles, un fuc, qui
defeend, une fève defeendante, qui, dans le
cas de ces obfervations, paroiffoit feule capable
de produire ces Bourrelets & gonflemens , &
étoit évidemment arrêtée dans Ion cours, vers
les racines, par cette, plaie annulaire , ou par
cette barre de fer, puifqu’elle s’étoit accumulée
au-detïus de ces. obflacles.
Enfuire l’obfervation du lieu de la naiffance
dé ce Bourrelet fupérieur, qui fort' toujours
d’entre le bois & lecorce, a dù paroitre leur
prouver que çjétoit donc entre le bois & l’écorce
que cette fève defeendante avoit fon cours ,
au moins en grande partie.
Ils ont dû être confirmés dans cette opinion,
par les obfervations qui prouvent que l’accroif-
lement de la groffeur des arbres le lait entre
le bois & l’écorce : par les expériences qui
conflatent que ce Bourrelet iupérieur efl toujours
d’autant plus gros qu’il y a plus de branches
au-deffus, & que ces branches font plus longues
& plus greffes : par les expériences de Duhamel
du Monceau, qui font voir qu’une telle plaie
annulaire, opérée fur tel point que ce foie de;
la longueur d’une racine quelconque, occafionne
cônfiaminent laprodudlion d’un Bourrelet naiffant
d’entre le bois &. f'éûorce de celle des deux lèvres
de la plaie, qui eft la fupérieure, c’eft-
Û-dire , qui eft la plus proche du tronc en
fuppofant que cette racine fc.it étendue-, en ligne
droite , depuis:, ce tronc , ou eft fon origine,
juiqu’à fon extrémité,& qui font voir quèla même
p1 .
inférieure : par les expériences qui prouveu
que les feuilles abforbent : & par plufieurs .autres
expériences, qui ont dû leur paraître , à cet
é^ard, très-concluantes, & dont il n’efi pas
hors de propos d’indiquer ici les principales.
On voit, dans les tranfaélions philofophiqnes,
que Botcrfon fit, à la tige d’un jeune noifJ
tier, une plaie, pénétrante dans le corps ligneux •
& opérée:, de manière qu’il en réfultât deux]
longs éclats, fitués perpendiculairement l’unau,
deflus de l’autre, dont le fupérieur avoit 1’extrJ
mité fupérieure de fes fibres, continue avec 1«]
fibres de l’arbre, & dont l’inférieur avoit l’extrJ
mité inférieure de fes libres, aufti continue avec]
les fibres de l’arbre. Le rélultat de cette expérienJ
ce, que i’ai répétée, fut qu’il fortit un Bourrelet
d’entre le bois & l’écorce de chacun des bords
de l’éclat fupérieur, & que cet éclat augmen-i
tât de groffeur, & qu’il ne fortit aucun Bourrelet
d’entre le bois & l’écorce de l’éclat inférieur
qui relia dans fon premier état. Duhamel dit
Monceau a greffé un-jeune ormeau , par ap-J
proche, fur le tronc d’un orme voifin, de ma-)
nière que le lieu de la greffe étoit élevé M
plufieurs pieds au-deffus de terre. Lorfquela
réunion de ces deux arbres fut parfaitement]
opérée il retrancha, de l’ormeau , toute la
portion de fa tige, qui étoit au -d e ffu s du lied
de la greffe, puis il féparjf, auflî-tôt, par une
coupe tranfverfale; la bafe de la tige de cet
ormeau d’avec fes racines. Après cette opération,
cette portion de tige, greffée, a continui
de vivre pendant plus.de douze années, & même
a produit des branches fur plufieurs points de
fa longueur ; fans compter le Bourrelet, qiu
a dû naître d’entre le bois & l’écorce de If
plaie circulaire exillante à fa bafe ; car celle
longue portion de tige a vifiblement continué
de végéter de la même manière qu’une de cei
racines tronquées, dont: j’ai parlé ci-deffüs, &
a donc dû produire un Bourrelet pareil à celui
que telle racine produit.
Le même Duhamel a planté un arbre H
un petit pot , & l’a laiffé dans ce pot, fans
renouveiier la terre, & fans toucher aux racines
, ni aux branches , jufqu’à ce qui)
ait péri. CePàrbre vécut, dans ce pot, pendani
plufieurs années , & lorfqu’il fut mourant,
Duhamel examina fes racines, & les trouva
toutes terminées, chacune par une nodofité «
la forme & de- la groffeur d’une aveline, h
produélion de ces- très-remarquables nodofiiéi
paroi t très-analogue à celte du Bourrelet wj
périeur de la plaie annulaire. Elles paroiflenj
ne pouvoir avoir été produites que par
fève faifant effort pour defeendre au-delà _
l’extrémité de ces racines* & ^-accumulant®“
cette extrémité à caufé de i’obfiâcle q u e ‘J
parois du pot apportOient à l’effet de cet et]
fort. Cette expérience intéreffante femble pr°uj
ver furabondamment , outre Texiftence dus*
fèvedefcendânte,que c’efi une force très-exOT
& très-puiffante qui détermine • la direélidn(J
Cours dé la fève defeendante. L’exifiènce '
l’énergie de cette force a encore été prouv j
d’autant plus, par une autre -expérience
Inême Duhamel du Monceau, qui imagina
E renverfer la fituation de plufieurs brandies
S’arbresj de manière qu’une certaine partie de
K longueur de Chacune fut dirigée en ligne
■ roite 3 perpendiculairement, jufqu a fon excrét
a pendante vers la-terre. Puis il enleva
En anneau entier d’écorce fur un endroit quel-
ionque de cette partie renverfée de chacune.
Jette fituation renverfée n’occafionna aucun
Hiangement dans la formation du Bourrelet ,
tui fortit d’entre le bois & I l’écorce de la
lèvre qui étoit du côté de l’extrémité de la
Branche. Chaque Bourrelet fut tel que fi chaque
Branche fût reliée dans fa fituation naturelle : &
U Bourrelet de la lèvre fituée vers l’extrémité
|e chaque branche fut toujours, oufeul, ou incomparablement
plus g-ros que celui de l’autre lèvre,
»Malgré toutes ces preuves, en faveur de I’o-
linion de ceux que la production de ces Bour-
plets détermina à admettre l’exiftence d’une
|ève defeendante, entre le bois & l’écorce, ce-
jendant plufieurs Philofophes Botanifies ne re-
fcrdèrent pas l’exiftcnce de cette fève comme
■ ne chofe qui fût encore bien prouvée -, - &
les raifons de douter de cette exiftence, & même
de la nier, leur parurent très-fortes. Car, fi
lôn dit que la production du Bourrelet fu-
lérieur de la plaie prouve l’opinion qui admet
iexillence d’une fève defeendante entre le bois !
M’écorce, ne peut-on pas dire qu’il faut donc
In mêine-tems admettre que la production,
lien conftatée, du Bourrelet inférieur, prouve
suffi l’opinion qui admettroit l’exiftence d’une
[lève montante, entre le bois & l'écorce? Or,
les deux opinions font contradictoires. La raifon
wu’on donne , pour les concilier, en difant
Wuil peut y avoir, entre 1e bois & l’écorce ,
pes canaux, pour la fève montante, différens
Jde ceux qui 1er vent de paffage à la fève def-
Ëndafite, paroît peu fatisfaifante, & contredite
*|)ar 1 identité parfaite, qùi exifte entre la fubftance
■ forme le bourrelet inférieur, & celle qui
■ rme le Bourrelet fupérieur. Ajoutez qu’on
IM pu, jufqu’à préfent, démontrer, ni à l’oeil,
jfiirautrement, l’exiftence de ces canaux diffé-
Pns- J’expofèrai, ci-après, mon opinion fur ces
■ ntradiélions apparentes.
B-es Philofophes, Cultivateurs, en continuant
réfléchir fur ces phénomènes de la produc-
pn du Bourrelet fupérieur de la plaie atmuremarquèrent
qu’il y avoit beaucoup de
■ port entre ce Bourrelet, & celui qu’on ob-
être produit, au moins le plus fouvent,
Kja bafe des. boutures, lorfqu’elles s’enracinent,
^'dernier Bourrelet eft aiiffi annulaire. Voici,
IF exemple} la defeription d’un tel Bourrelet,
■ F11* a la bafe d’une bouture de l’efpèce de
»atuum.j que Linnæus nomme Géranium
gL,e‘ ~etre Bouture, que j’ai fous les yeux,
V plantée, en terre, il y a quelques mois.
J ai coupé longitudinalement un fragment, lon°-
jde quelques pouces r de la partie inférieure de
e P^nte qui en eft provenue
& le Bourrelet qui exifte à la bafe de ce fragment
, par une feClion faite dans la direction
de leur diamètre & de leur axe. Par le moyen
de cette coupe, on cTiftingue très-bien le corps
hgneux nouveau,, produit depuis la plantation
de k'bouture, dav.ee l’ancien exiftant au moment
de cette plantation. Ce' dernier eft d’un
quart de ligne d’épaiffeur à fa bafe. On voir
diftinClement que fes ;fibres ne ïe prolongent
ni dans le Bourrelet, ni dans les racines que cette;
bouture a produites, ïefquelles racines font toutes
jorties de la furface de ce Bourrelet. Le corps
ligneux nouveau eft fitué entre l’ancien & l’écorce,
Il a une demi - ligne d’épaifl'eur , à la
diftance de quatre lignes au-deffus du Bourrelet.
Il fe prolonge jufqu’à la bafe du bois ancien.
La bafe de ce prolongement, épaiffe de deux
lignes, lur trois lignes de hauteur, forme te
Bourrelet. Ce Bourrelet n’eft d’une telle épaif-
lcûr qu à 1 endroit de fa circonférence, d’où
forrent^ le plus grand nombre de racines. Dans
l’endroit de fa circonférence, où il eft le plus
mince, il a moins d’une ligne d’épaiffeurf &
dans ce dernier endroit, le corps ligneux nouveau,
qui le forme, ne fe prolonge.que juf-
qu à la diftance de deux lignes au-deffus de la
bafe de l’ancien. On voit très-diftfnéleriient
que le bois nouveau forme. feul, par foh
prolongement, 1e corps ligneux du Bourrelet
& celui des racines, qui, au nombre de fi**
ont chacune environ une ligne d’épaiffeur ‘à
eur origine. Elles naifl'enr, les unes -de la bafe
les autres de la partie fupérieùre cîu Bourrelet^
fans parler de plufieurs autres racines, fort
minces , qui en naiffent auffi. Il me fembfe
què, d?après cette defeription, on ne peur révoquer
en doute, qu’il y ait beaucoup d’analogie
entre ce Bourrelet de la bafe des boutures
& celui de la lèvre fupérieure des plaies annulaires
, & que ces deux Bourrelets foièni
l’un comme lautre, une production de Ja fèvê
defeendante. 11 ne faut pas croire cependarir
que ce Bourrelet, delà bouture que je viens
de décrire, foit parvenu à la groffeur que j’ai
expofée, avant d avoir produit aucune racine.
Car, fi l’on arrache une’telle bonmre, peu dé
tems après 1 avoir plantée, lorf^u’èlle n’a ençoror
produit,- par exemple, qu’une branche d'un
pouce ou deux de longueur, on voit que lè:
Bourrelet, qui efl alors iorti d’entre le bois &
l'écorce, eft encore très-petit, & qu’il y a néanmoins
déjà de petites racines forffes de la furiâce,
Ees Cultivateurs, Phyficiens , remarquèrent
encore que c’eft toujours, on de la furface
d’un tel Bourrelet annulaire, produit à la bafe
de chaque bouture, depuis le moment qu’on
la milé en terre-, ou bien, en certains cas,,