quée pour i'efpèce, N.” i , elles fe multiplient
par leurs graines comme l’efpèce, N.° 2, & fe
cultivent de même que cette dernière avec les
différences qu’exigent leur délicateffe plus grandes.
Ges deux efpèces doivent auffi relier fur la
couche & fous les chalfis où elles font nées
pendant tout le premier Eté} pourvu qu’il y ait
affez d’efpaçe fous les chalfis, pour qu’elles ne
foient pas expofées à être brûlées par le foleil.
On les place auffi, dès la fin de Septembre,
dans la couche de tan de la ferre chaude, où
pendant l’Hiver on les arrofe légèrement deux
ou trois fois par femaine fi elles en ont befoin.
Mais ces deux efpèces font trop délicates pour
fupporter jamais le plein air, dans le climat de
Paris, à quelqu’àge que ce foit : il faut les
tenir conftammem, tant qu’elles exiftenr, pendant
toute l’année dans la couche de tan de la ;
ferre chaude-, & à tout âge la chaleur habituelle
de la ferre où elles font placées pendant
l’Hiver, doit être de douze à dix-fept degrés.
La Carmantine fcorpioïde fleurit ordinairement
dès le deuxième Eté de fon exillence.
La Carmantine à feuilles d’hyffope, N.° 13,
demande une terre pareille à celle que j’ai indiquée
pour la culture de IVpèce, N.° i ; elle
fe multiplie par boutures de la même manière
& avec les mêmes précautious que l’efpèce, N.°
2, & fe cultive de même avec les différences
convenables à fa nature beaucoup, moins délicate.
Les boutures de cette efpèce-, N.° 13, fe
plantent de même dans des pots placés fur couche
de chaleur modérée & fous chafîis : elles
doivent de même être arrofées légèrement de
loin en loin : il faut auffi avoir foin de ne pas
leur donner trop d’air jufqu’à ce qu’elles aient
pouffé des racines ; ce qu’elles font ordinairement
dans l’elpace de deux mois. Mais-lorsqu'on
les jugera enracinées, on les; accoutumera
par degrés, au plein, air, auquel ou les expo-
fera enfuite en les plaçant dans une fituation
chaude & abritée jul'qu'à ce qu’on les fépare
les unes des autres pour les tranfplanter chacune
dans un pot à part, fi on les juge fuffifamment
pourvues de racines pour cela avant la fin
d’Août , ou jufqu’à la fin de Septembre fi l’on
trouve à propos de ne les féparer & tranfplanter
qu'au mois d’Avril fuivanr. En quelque tems
que fon faffe cette tranfplanration, auffi ~ tôt
Après l’avoir faite, on enterrera les pots où les
plantes feront contenues.dans le terreau d’une
couche de chaleur modérée couverte de chaffis,
où on les tiendra à l’abri du foleil, jufqu’à ce
que les plantes aient pouffé de nouvelles racines,
après quoi on les accoutumera peu-à-peu
au f leil, & depuis la fin de Mai jufqu’à la fin
de Septembre au plein air, auquel on les laiffera
enfuite çxpofées jufqu’à la fin de ce dernier
mois. Cette plante doit à tout âge être placée
depuis la fin de Septembre jufqu’à la fin de
Mai, fur les tablettes d’une ferre dans laquelle
on entretienne habituellement une chaleur de
cinq à dix degrés. Elles craignent pendant l’Hiver
le froid, l’humidité & la chaleur. Fendant
cette faifon, elles doivent être arrofées fou-
vent, mais légèrement à chaque.fois.Tant que cene
plante eft en plein air, elle doit être placée en
expofkion chaude & abritée-, il faut lui donner
beaucoup d’eau pendant les chaleurs de l’Eté,
& lui en donner peu pendant les deux dernières
femaines de Septembre. Les autres, foins
néceffaires à cette plapte font les mêmes que
pour l’efpèee, N.° 2.
La Carmantine ciliée, N.° 16, & la Carmantine
à feuilles de bafilic, N.° 27. fe multiplient
de graines de la même manière, dans la même
forte de terre, avec les mêmes foins & précautions
à tous égards que les elpèces, N.os &
9 , & fe cultivent de la même manière. Leurs
graines reftenr auffi fort fouvent une année entière
dans la terre avant de germer. Ces efpc-
ces font auffi trop délicates pour fupporter le
plein air dans le climat de Paris & doivent être
tenues confiamment dans la couche. Mais comme
elles font annuelles, il efl néceffaire de les.
avancer au Printems, autant qu’il efl pofîible,.
afin quelles puiilènt fleurir de bonne-heure; lans
quoielles ne produirqient pas de bonnes femences.
La Carmantine à feuilles linéaires, N.* 40,
: fe muliipiie de graines comme:ies.efpèces N.cs
: 16 & 27, avec les différences convenables, à fa
nature beaucoup moins délicate. Cette plante
eft affez dure pour paffer l’Hiver en plein air
dans le climat de Paris. Cependant elle y efl
très-rare, parce quelle eft très-fujette à y pourrir,.
| en Hiver, lorfqu’elle eft en plein air; .parce que
fi onia met, pendant cette fiaifon, fous un abri,
elle eft très-fujette à y périr d'étiolement ; &
enfin parce qu’elle y produit rarement des fi*
mencts , comme je l’ai déjà dit.
On ignore la culture la plus convenable aux'
autres efpèces de Carmantine dans le climat de
Paris} mais, comme elles font toutes originaires
de la zone torride, il efl probable que la. culture
qu’il fera à propos de- leur adminifircr
dans ce climat, lorfqu’on les y poffédera, devra
reffembler beaucoup à celle que j’ai dite convenir
aux efpèces N.os 5, 9, 26 & 27. On"fera
bien de les placer d’abord pendant l’Hiver dans
une ferre où l’on entretienne habituellement
une chaleur de douze degrés ; fauf à les placer
par la fuite dans une ferre plus, chaude ou- pluS
froide fuivant l’effet que cette chaleur de douz#
degrés produira- fur elles.-
Ufages.
La Carmantine en arbre, N.* 1, orne M
Europe les orangeries & les jardins d’agrément
par fon fieau port & par fon afpeél agréable
lorfque fes grandes fleurs blanches font ép*-
jiouies. On attribue aux femences de cette efpèce
la propriété de faire fortir le,foetus mort
dans-le fein de la mère. Suivant Rhéede , la dé-
coélion de la racine de la Carmantine à crochet,
N.° 2, eft utile en boiffon contre Les
douleurs de la goutte. La même racine pilée &
mêlée,avec l’huile de fçfanie, s’emploie utilement
pour appaifer les mêmes douleurs. La
même racine cuite avec l’huile & le beurre,
augmente les forces. La déçoétion des feuilles ;
& de la racine, adminiftrée en boiffon, dif-
fout la pierre de la veffie. Les feuilles pilées
& appliquées fur le ventre ont la même vertu.
La décoélion des feuilles eft utile dans la dyfu-
rie & les douleurs de la pierre. Suivant le
même Rhéede, la déeoétion de la racine de la
Carmantine à fleurs courtes, N.° 4, eft utile,
contre les fièvres & plufieurs autres maladies.
Scs fleurs frites dans l’huile & pilées enfuite
s’appliquent fur les ulcères pour les guérir. Suivant
Bontius la plante qu’il nomme Bétoine
frutefeente, (Betonicafrutejcens. Bout. Jav. 146.) ,
Et que Limoeus & M. Lamarck regardent
comme étant la même plante que la Carmantine
, N.° 4, efl réputée, à Java, utile ,
en décoèlion contre le crachement de fan g, la i phtifie & l’afthme. Les femmes de l’Inde regardent
le fuc exprimé dé la plante comme un
excellent antidote contre les morfuresdes ferpens,
des feorpions, des fcolopendres & contre d’autres
bleffures vénéneufes. La Carmantine tachée,
n.° £•, fait, par fes belles fleurs & fur - tout par
la panachure éclatante, blanche ou écarlate,
de fes feuilles , un ornement très - gai & d’une
beauté admirable dans les allées de promenade
des jardins de. l’Inde. Suivant Rumphius,
on fe fert de fes branches,. récemment cueillies
& chargées de fes belles feuilles fraîches, pour
orner les lits & les tables les jours de noces.
Cette efpèce & fa variété rouge font très - émollientes
& maturatives. Les femmes de lifte de
Ternate font.grand cas des feuilles de la variété j
à taches blanches, contre les tumeurs qui leur I
furviennent aux mammellës lorfqu’elles fèvrent
leurs enfans. Ces feuilles , pilées avec la lymphe
de cocotier , puis chauffées .& appli - .
quée$ à tems fur cés. tumeurs, les diffipent
en diffoivant le lait grumelé qui les caufe, de
manière qu’il 's’écoule ; goutte à goutte comme
de la. férofité , & lorfque l’abfcès èft. déjà formé,
elles l’amènent, promptement à une bonne fup-
puration. Les: feuilles de: la variété' rouge, appliquées
en cataplafmes. fur les tumeurs char- ^
bonneufes, & fur d’autres tumeurs inflammables
, lés font fuppurer plus facilement. L’é-
Corçe pilée & appliquée furies tumeurs récentes
fis rétout & les diffipe promptement. La même ■
Application faite fur toutes inflammations externes,
^ fur celle qui accompagne la fiippuration de g
fi petite vérole, en diminue pumamment la
chaleur, &c. Suivant Rhéede , le fuc des feuille»
de la Carmantine faliciforme, n.° 7, mêlé avec •
la femence de moutarde, eft un vomitif utile
dans i’afthine. On fait auffi avec ces feuilles
un bain & des fâchets utiles contre la goutte.
Suivant Rumphius , cet arbriffeau dont l’odeur
eft fi défagréabie , eft en grande eftiine parmi
les femmelettes qui font en poffeffion chez plu-
fleurs peuples de l’Inde, de fe mêler de Médecine
, & de préparer des médicamens. Cette
plante eft regardée comme très-rafraîchiflànte &
comme très-propres à éteindre la chaleur des
fièvres. Pour cela, les habitans de l’Ifte deBa-
leya font macérer, pendant vingt-quatre heures "
fes feuilles avec des racines d’autres plantes dan»
l’eau, &ils lavent avec cette eau, à l’heure de midi,
les fébricitans. Ils donnent auffi à boire, dans la
même vue, l’eau dans laquelle iis ont pilé les
racines de cette plante avec d’aurres racines. Les
femmelettes recueillent & confervent avec foin
les racines des plantes de cette efpèce , qui ont
les^ feuilles noirâtres , pour guérir les maladies
quelles croient produites par enchantement :
Rumphius avertit, à ce fujet, que les Indiens regardent
comme produites par fafeination, enchantement
, maléfice, plufieurs maladies très - naturelles.
Cette efpèce a encore dans l’Inde plufieurs
autres ufages médicaux. Outre'cela , elle
f eft employée, fuivant le, même Rumphius *
à plufieurs ufages fuperftitieux. Les habitans des
Moluques & des autres Ifles adjacentes ont coutume
y lorfqu’ils voyagent à pied, d’en porter
dès rameaux dans leurs mains, ou bien attachés
à leur ceinture ou à leurs pieds, pour
fe préferver d’être fatigués; d’autres, en marchant
, frappent de tems - en - tems leurs pieds
avec de tels rameaux, dans l’idée qu’ils en chaf-
fent ainfi la fatigue. Les pirates croient que
cette plante eft favorable à leurs déprédations ;
c’eft. pourquoi ils ornent leurs bras & leurs
armes avec fes rameaux. Ils oignent leur corps
avec fon fuc ; ils font dégoutter aufti de ce Luc
dans leurs yeux. Chaque habitant de Ternate
a coutume, lorfqu’il traverfe les forêts Solitaires
de porter à fa ceinture quelque rameau à feuilles
noirâtres de cette efpèce, afin dechaffer loin de
foi les diables , dès forêts, nommés Djing en
langage de Malacca, &c. les Arabes aiment la
Carmantine odorante , n.° 20, & s’en parent
les jours de fêtes , foit en s’en faifant des couronnes
dont ils s’ornent la tête, loit autrement.
Suivant Rumphius, les feuilles de fit Carmantine
à épis grêles & à. grandes feuilles, n.° 21, B
étant pilées & appliquées fur la tête, font bonnes
contre certaines douleurs de cette partie. Le
fuc des mêmes feuilles , ou les feuilles elles-
mêmes appliqués , font réputés utiles pour la
guérifqn des légères bleffures. Suivant Rhéede
les feuilles de la Carmantine échioïde, n.* i f ,
paffent 'pouf un bon remède, étant appliquées
Bbbbbij