
5 o 6 C A C
P eût-mil. J’ai encore dit que c’eft cette féchcrelîe
périodique & confiante, pendant les mêmes 6
mois de chaque année, qui permet de faire
confiamment trois récoltes en plein air de cochenille
fine par an , tant à Guaxaca . qü’au
Port-au-Prince. Il eft vrai cependant que ces
aflerti'ons font fufceptibles de quelques exceptions
, qui font affez rares pour que le cultivateur
puifle avoir la confiance qu’il récoltera
les cochenilles filvefire & fine autant de' fois
qu’il les feme en tems convenable*, mais qui
ne lui permettent pas cependant d’avoir une
certitude bien entière à cet égard, fur-tout en
ce qui concerne la cochenille fine. L’cxpériencé
a appris qu’il peut, dans quelque mois que ce
ce foit de la faifon des fecs, furvenirinopinément
une pluie capable de détruire la cochenille
fine & même quelquefois la cochenille
filvefire. C’eft en cet accident que confiftent
uniquement les malheurs que les hiftoriens di-
fent furvenir quelquefois aux cultivateurs de
cochenille dans le Mexique. Mais il eft extrêmement
rare, comme j’ai déjà dit, tant à
Guaxaca qu’au Port-au-Prince, que la faifon
desj fecs foit interrompue par aucune ^pluie
nuifible aux cochenilles; Thiéry n’a pas vu fur-
ienir une feule avafafle ni un feul grain, pendant
la faifon des fecs dans Pefpace de cinq
ans' au Port-au-Prince. Pendant cinq années, il
n’a vu cette faifon des fecs interrompue qu’une
feule fois par une pluie douce qui dura vingt-
quatre heures, fût fuivie d’une brume de deux
jours, & ne fit aucun dommage à la ' cochenille
fine».
Lorfqu’un grain ou une avalafte tombe fur
une nopalerie, le dommage qui en réfulte eft
d’aurant plus grand que la pluie eft plus forte,
6 chaffée par un vent plus violent, & que la
cochenille, dont cette nopalerie eft chargée, eft
plus .jeune. Si x par exemple., un grain tombe fur
une nopalerie chargée de cochenilles fines de
fâge de quinze jours ou trois femaines, tout eft
perdu : on perd quelquefois alors toutes ces
cochenilles fines jufqu’à la dernière.
Si une telle pluie tombe fur de la cochenille
fine, âgée de cinq ou fix femaines ; dans le cas
où cette pluie n’eft pas extrêmement violente,
elle tue cette cochenille fans l’entraîner ; alors
on fait aufli-tôt une demi-récolte : fi .cette pluie
eft plus violente , elle entraîne cette cochenille ;
alors on perd une récolte entière.
Quelque foit le mois lors duquel la cochenille
fine eft détiuite par la pluie, il eft toujours avantageux
de femer le plutôt pofliblé, après cette
perte , d’autre cochenille fine , fur les Caéliers
nopals qui portoient cette cochenille tuée; pourvu
que la faifon des fecs doive durer encore deux
mois au moins. Parce que plutôt on feme moins
ôu çft çxpofé à ce que la dernière récolte de la
même année foit furprife & détruite par le.
premières pluies de la faifon aqueufe. Si l’on a
un féminaire, on peut , comme j’ai déjà dit
être, par fon moyen, toujours en état de-lenier
en cochenille fine fa nopalerie entière, dès le i
lendemain de la pluie qui l’auroit dévaluée où
huit jours ou au plus-tard quinze jours après cet
accident: au lieu que faute de féminaire, on eft
fouvent obligé, à Guaxaca, d’attendre un moisi
ou fix femaines, pour pouvoir trouver en plein
air , de la cochenille fine prête à faire fa ponte- !
& qu’il faut encore fouvent aller chercher cette
cochenille fort loin de chez foi.
Au Mexique les cultivateurs de cochenille fine
éprouvent fouvent du dommage de la part des
pluies, fans que ces dernières a ie n t interrompu
aucunement la faifon des fecs ; cela arrive lorf-
qu ils femerit de trop bonne heure , au commencement
de la faifon des fecs : parce q u ’alon
il furvient fouvejit, peu de temps après ; une
telle femaille, un dernier orage qui détruit toutes
les jeunes cochenilles qui èn font provenues.
Cela arrive encore Iorfqu’ils fement tro p tard,
au commencement des fecs ; parce qu’en ced er-
dier cas la froifièine femaille f e trouve néceflai-
rement retardée d’autant; d’où il arrive que la
troifième récolte fe trouve expofée à être détruite
par les premiers grains -ou avalafl'es d e la faifon
des pluies. J'ai déjà dit, que les cultivateurs du
Mexique font fouvent contraints de femer trop tôt
ou trop tard au commencement de fecs, faute de
féminaire.
Des maladies des Cochenilles fine & filvefire.
On ne connoit aucune maladie à la cochenille
filvefire ni à la cochenille fine, à moins q u ’on ne
veuille nommer ainfi le deuxième changement de
peau , lors duquel j’ai dit, que Thiéry s’d l alluré
qu’il périt toujours, un certain nombre d’infeftes
de cette dernière efpèce. Thiéry dit , qu e le
nombre, des .c o c h e n ille s qui périment a lo rs n’eft.
pas de deux pour cent, &. q u il n’y a aucun'
moyen de l’empêcher.
De là récolte de la Cochenille fine & de la Cochenille
filvefire.
Lorfqu’on voit- quelques petites cochenilles
fortir du fein de leurs mères , c ’ e ft le moment
précis dé faire la récolte générale de toutes le*
cochenilles qui ont été femées le même jour que
ces mères. Ce moment arrive , fuivant Thiéry *
deux m o is 1, jour pour jou r , après q u ’ elles ont
été femées, & un mois, jour pour jour y apres
quelles ont été fécondées» Il faut veiller c e mo*
ment & les faifir fans y manquer. Si l’on récoHOit
plutôt, lés■ c o c h e n i lle s n’auroient pas encore^
quis toute leürgrbfieur, & la récolte feroit doutant
moindre..Sj.l’on récoltoit plus tard, celeroJ
l
I après que nombre de cochenilles aurôient fait
I leur ponte ou part : la récolte pourroit être très-
I diminuée par cette ponté , car chaque mère co-
I chenille eft beaucoup plus pefante & contient
Ibeaucoup plus de parties colorantes avant d’avoir
■ fait fa ponte ou fou part qu’après; puifque cha-
I que petite cochenille, oeuf ou animal, quelle a
K mife bas eft colorante comme fa mère, & que
I les petites cochenilles, nouvellement mifes au
■ jour étant trop extrêmement petites pour pourvoir
être récoftées ou confervées utilement, font
I donc autant de perte bien palpable. Chaque
Imère avant d’avoir mis bas eft toute pleine de
Imatière colorante ;,lorfqu’elie a fait fa ponte en-
Itière, ce n’eft plus qu’un, coffre très-vuide &
■ très-léger, qui contient très-peu de cette même
■ matière. Enfin les petites cochenilles , mifes au
■ jour avant la récolte , ne peuvent être aucune-
R ment mifes à profit , de manière à indemnifer
Ides dommages que cette ponte occafionne : puif-
Ique, comme j’ai dit plus haut, on ne peutlaif-
ller les cochenilles fe femer d’elles-mêmes, fans
■ être dans le cas de perdre, quoiqu’on faite, la
■ moitié de la récolte luivante & de fatiguer extrê-
Imement les Caétiers qui la porteront. On ne peut
■ craindre d’ailleurs que le mauvais temps puifle
Iempêcher, au P ort-au-Pr ince, de profiter du
I moment précis le plus favorable à cette récolte :
Ipuifqu’il eft extrêmement rare que la férénité
■ du ciel foit troublée pendant la faifon des fecs ;
I & en outre parce que le foleil luit conftamment
■ tous.les jours de l’année à Saint-Domingue ;
■ parce que^ les matinées font toujours fi confiant-
■ ment fereines au Port-au-Prince, que Thiéry n’a
■ point vu dix jours d’exception en quatre ans dé
■ temps d’obfervation ; parce qu’enfin ces excep-
■ tions n’ont pas lieu pendant la faifon des fecs.
I II n’eft point dans l’univers de récolte qui foit
lenmême temps ànffi précieufe, aufli aifée à faire,
laulTi peu embarraflante, aufli promptement faire,
■ achevée, & ferrée, aufli aifée à conferver, & ,
■ filon veut,aufli promptement vendüie que la ré-
■ colte de la cochenille. On peut vendre le foir la
■ cochenilleque fon a recueillie le matin ; de forte
■ que recueillir de la cochenille c’eft exactement
■ recueillir de l’or. J ’ai déjà d it , qu’il convient
■ que la récolte foit faite dans l’efpace de temps
■ e plus court pofliblé , tant afin de ne pas perdre
I e îcniPs en répétitions inutiles des mêmes opé-
I rationsque parce qu’il eft très-avantageux de
In^f a fubfequente le plutôt pofliblé.
| , 1 donc y employer toutes les perfonnes
Ru îf1 jjCutav0ir ^ fadi’fpofition, femmes, enfans,
Rlètt S *t0Ut monde eft propre à cette cueil-
I j e y ère;*» un homme peut récolter vingt livres
B fans°’,C Cr^e ^ans *a journ^e j fans fe gêner, . ■ fix i f 0rce* i pour àinfi dire; en fe jouant :
luonal •Dnn^S intelligentes peuvent récolter une
I P eue d’un arpeat dans une matinée ; on
commencé cette récolte dès le- premier point du
jour. Pour la faire , chacun doit être armé, dans
! fa main droite, d’un couteau dont fa lame foit
longue de fix pouces, & large de deux, & dont
le tranchant foit émouffé & arrondi comme celui
d’un couteau de toilette ; & , dans fa main gauche
, d’un plat, ou d’un panier léger d’un riflii
ferré S ou pour le mieux d’un vafe creux, de-
matière légère, dont le bord foit échancré comme
celui d’un plat à barbe. On peut même , dit
Thiéry, fe paffer d’aucun vafe ou panier, pourvu
qu’on foit muni d’un linceul, attaché aux reins
par les quatre coins. On opère en paffant 1a lame
du couteau, de haut-en-bas, entre l'épiderme
du Ça&ier & les cochenilles dont il eft couvert,
avec la précaution de ne blefler ni la plante ni
ces infeéles; les cochenilles tombent à mefure que
le couteau les fépare du Ca&ier : on les reçoit*
ou dans 1a main gauche,.ou dans le panier, ou
dans le vafe , dans l’échancrure duquel, s’il en
a une j on a engagé la bafe de chaque articulation
fur laquelle on récolte ; à mefure que la
main gauche eft remplie onia vùide dans lé linceul
; à mefure que le linceul, ou panier ou
vafe eft plein on le vuide dans un vafe plus
grand , ou fur un linge plus large , placé à portée.
11 ne faut pas négliger de ramafler foigneufement
toutes les-cochenilles qu’on n’a pu empêcher de
tomber à terre pendant qu’on les féparoit du
Caèlier. Il faut tuer la cochenille, foit le même
jou r , fo it, au plus tard , le lendemain de la récolte,
& la faire fécher fur-le-champ. Si l’on
tardoit à tuer la cochenille récoltée , elle feroit
fes jeunes, ce qui diminueroit très-confidérable *
ment la mafle de 1a récolte-., tant parce que
ces jeunes^ cochenilles nouvellement nées s’échappent
aufti-tôt,; que parce qu’elles font trop
petites pour être confervées utilement. Si l ’on
tardoit à 1a faire fécher elle fe corromproit promptement.
Pour tuer la cochenille & ïa faire fécher, ayez’
un baquet de deux pieds de.diamètr.e, & d’un pied
de haut tout au plus ;: étendez-fur le fond une
ferpilière ou un torchon , de manière que les
quatre coins fortent du baquet ; étendez fur cètfe
ferpilière également dix livres de cochenilles ; fi
ce l’ont des cochenilles filveftres, comme, moyennant
leur coton , elles font adhérentes les unes
aux autres par pelotons, il faut avoir foin dé.
divifer avec les doigts lés plus gros pelotons ; fi ce
font des cochenjlles fines on eft difpenfé de ce
foin , parce que ces dernières ne Contrarient jamais
"aucune adhérence entr’elles'; recouvrez ces
cochenilles avec un autre torchon j fur lequel
vous poferez çà & là quelques petits cailloux
pour qu’il ne puifle êtrefoulevéfacilement, par
l ’eau que vous, allez mettre dans le baquet : cette
eau fera bien bouillante ; vous en verferez fur
le tout et! quantité fuffifante pour couvrir entié-
S f f i j