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n'efl pas celle que je confeille de préférer, d a-
près mon expérience *, excepté dans le cas ou
Fon auroit befoin de conlerver quelques-uns
de ces gourmands, pour remplir quelque vuide,
ou pour corriger quelqu inégalité , . ou pour
remplacer quelque branche trop vieille. Hors
ce cas, je me fuis convaincu que le meilleur
parti qu-on puiffe prendre à l’égard des gourmands,
c’eft d’ôter à la bafe de chacun un
anneau entier d’écorce. En arrêtant ainh le
cours de leur lève defcendante, on dompte ,
la partie de l’arbre qui les a produits, beaucoup
plus efficacement que de toute autre manière,
on a moins de peine & beaucoup plus de profit
puifqu'en réuffiffant à maîtrifer la végétation
de fon arbre, on obtient de chaque gourmand
une très-bonne bouture, & en plufieurs.
cas, de beaux fruits, précoces. . _
- o on a très-louvent des motifs lumlans,
pour fe décider à arracher d’anciens hrbres
fruitiers. Alors il y a un avantage évident à
hâter de quinze’ jours la maturité de leur
dernière : récolte. ■ Dans cé cas, s il né leur rene
pas de branchés vigoureufes, on pourra le
contenter de pratiquer l’enlèvement dun feul
anneau d’écbrce furie tronc de chacun. Mais,
s’il leur relie des branches vigoureufes, & de
belle venue, il conviendra d’enlever, à la bafe
de chacune d’elles, un anneau cortical, pour,
en outre , faire de ces branches autant de
très-bonnes boutures, qui feront propres à mettre
en terre, avant la fève, au Pnntems de
Tannée fuivànte. .
6.° Je fais, par expérience, que fi 1 anneau
d’écorce, enlevé, n’efl pas trdp large, & que
la branche foit d’une certaine force, fouvent
la plaie fera, entièrement cicatnfée avant la fin
de l’année, & là branche vivra comme fi elle
«'avoit pas fouffert cette opération. .
7 ° On voit, dans les ferres & jardins, tant
des curieux que des établiffememèns publics de
Botanique, plufieurs efpèces d arbres ou arbnf-
féaux qui y fleuriffent fi tard, chaque année,
qu’on a bien de la peine à en obtenir des graines
en état de maturité. 11 paroît plus que probable
que notre moyen de précocité pourra remédier
au moins en partie, à cet inconvénient., qui
eft de nature à apporter un grand obftacle aux
progrès & à Textenfion de la Botanique, & à
s oppofer à la propagation de plufieurs plantes
Utiles.’ ’ „
8.” On voit, parmi les expériences de hutton,
rapportées dans ftftï Mémoire ci- deffus cité ,
que cet enlèvement d’un anneau d écorce , a
occafionné une grande précocité dans la florai- fon de plufieurs arbres, une ou plufieurs années
après l’opération. Ce fait ne doit—il pas
nous inviter à tenter la même expérience lur
les rofiers, jafmins, & autres plantes frutican-
tes, qu’on ne cultive que pour la beauté ou
B O U
l'odeur de leurs. fleurs. Il feroit fort agréait
de trouver, dans ce moyen de précocité, y
cilité d’égaler,'& peut-être de furpaffer,
égard,’ l’induflrie de ce Vieillard, PhilofonM
devenu fi célèbre [par les beaux vers deViiA
qui avoit trouvé le feeret d’obtenir les premij
rofes au Printems, & les premiers fruits
Automne :
Prima s vere rofam atqüe Autumno.carpere poni
9.° Gomme cette- opération augmente la gi
feur des fruits, en même-tems quelle avancl
leur maturité, chacun de- ces deux effets
qu’elle occafionné,i v-xm, viwyfMa’— — , d-—an~s ces fruits- ? — y grano
& prompte furabondançe de fève. Or il m
probable crue la caufe, au moins en partie
la production des fle u rs doubles eft.une prompd
furabondançe de fève dans les fruits, quipo
tent.les femences, d’où proviennent ces pla
tes à fleurs doubles'. Cette réflexion doit inri
à tenter cette opération de la' plaie annulai
dans la vue*'d’obtenir des variétés à fleurs double
de plufieurs efpèces de plantes, recommandé!
par la beauté de leurs fleurs, & qui n’ont, jr
qu’à préfent, produit que des fleurs fimp!
U feroit très-agréable d’augmènter la beauté!
fleurs, en même-tems que leur précocité. Edi
les motift de tenter ce moyen, il ne faut '
oublier que ces beaux maronniers d’Inde,
rempliffent fi agréablement'nos jardins d’d
ment, font bien racheter leur beauté par c
pluie, de gros & mauvais marrons, qui i
feur ombrage fi incommode, pendant une p;
de la belle fai,fon-, il feroit bien avantageid
pouvoir les' remplacer par des arbres de la m
efpèce, dont les fleurs feroient doubles,&i
en même-tems, qu’ils feroient encore plus!
plus long-tems beaux, auraient acquis une b
reufe flérilité, qui nous délivreroit de cet i
convénient. ,
10. ° Ceux qui trouvent de.Futilité dans
autres moyens de précocité, mis en ufage
qu’à préfent | comme les ferres-cbaudes, <|
pourront effayer d’augmenter cette utilité,
y joignant la pratique de cette plaie annulj
11. ° Comme les expériences, ci-dellus i
portées, prouvent très-bien que ce n0ÏÏ
moyen de précocité eft au moins aulne |
fur la vigne, que fur les abricotiers & pnjn
il n’efl perfonne qui ne comprenne
dabj
qu’on peut fe procurer, par la PranJuef!
moyen, désavantagés, immenfémentplus,■
fur la vigne que fur les arbres fruitiers ;p
d’abord le précieux fruit de la vigne ^
feul plus important, plus utile, plW»
faire à la vie de l’homme, que les.frult' 0
les arbres fruitiers enfemble, <lul> 0 '
font bien éloignés de fournir, à eux j
maffe .de vivres & de richeffes^ au 1
rable que la vigne : puifqu’enfuije
: la-vigrié’'permet de donner à fa p
w moyen, ffir cette P^nte, une étendue im-
’•nfe7 &’incomprabletnent plus grande que
H ieJ’ arbres fruitiers ; puifqu’enfim, dans le
B’ nt de Paris, & tous autres-pays auffi tem-
V . jes fruits de tous les arbres fruitiers ,
Kepté le figuier, qui eft très-peu commun ,
griffent parfaitement chaque année, en plein
I quoique plus tard, fans ce moyen, ni
licun autre, pendant que le fruit de la vigne
Sltrès-fouvent befoin de ce fecours , faute *du-
luel il ne peut très-fouvent parvenir à un état
deinaturitéparfaite, ou même feulement paffable.
[On fait qu’il y a un très-grand nombre de
fetons, dans lefquels, jufqu’à préfent, on n’a
l e tri- rarement la^fatisfaéfion d’obtenir le
lifin mulcat paffablement mûr. Déformais on
iourra s’en procurer, toutes les années, abondam-
Knt, de bien mûr, par la pratique de ce moyen.
y a lieu dé croire auffi que, pa'r cette
Patique, les fruits de plufieurs excellentes va-
létés ou efpèces de raifin,. comme, par exemple,
ielmufcat d’Alexandrie, le raifin cornichon, le
lifin de Corinthe, parviendront déformais à une
»faite maturité, plus communément qu’ils
n|nt fait jufqu’à préfent, dans le climat de
laris, & dans les autres pays auffi tempérés.
■ Hais, ce qui eft bien plus important, c’eft
lue ce moyen peut être de la plus grande
■ alité, pour perreélionner nos vins, & fur-tout
lent,, en grande partie, mettre les Cultivateurs
à [l'abri de la dure & défaftreufe néceffité , à
■ quelle, ils font malheureufement trop fouvent
■ duits, de faire la vendange de tous leurs raifins,
■ core verds, pour les préferver de la gelée.
■ Sans compter l’agrément, cependant très-con-
■ érable, de voir déformais, chaque année, nos
■ archés fournis de raifins mûrs, quinze jours
»u même trois femaines plutôt que par le paffé.
Bled vrai que, pour obtenir tous ces. ava'n-
||oes> il faudra pouvoir pratiquer ce moyen
T p en grand ;; mais, comme je viens de le
pre. la nature de la vigne permet de donner,
sur elle, la plus grande étendue à la pratique
de ce moyen ; au point qu’on peut ainfi avan*-
g*r. de quinze jours ou trois femaines , la
Hatunté de la moitié, ou au moins du tiers
b !°oUe.k maffe dçs raifins de tous les jar-
Br? oc vignobles dçs climats d’une température
B ? a celle du climat de.Paris,' ou à celle
IV ^ e v an t Province de Champagne : fans
■ » i l i qu’on en peut tirer en Bourgo-
■ E * Jut^es pays plus méridionaux.
| i | tout le monde fait que la ma-
knm a ,Plus ufitée, & en même-tems la plus
11? de tailler toute vigne, fans excep-
fur l’i ?U1 e“ en apport, affez garnie, & non
court, ( Voyez ce mot,)
l ’on n U nortlfirÇ de fes, branches de l’année,
! WW onime> après cette taille, les courfons ,
■ a J QF 0 Î> ï & de *aiUer k m C Voyez
■ Tomç J l S 1
ce mot, ) l’autre moitié du nombre de fes branches
, qu’on nomme, après cette taille, les
ployes, ( Voye[ ce mot. ) On taille ces courions
de manière à obtenir , de -chacun, deux
branches de bonne force, furiefquelles on taillera
l’année fuivànte, ils produifent peu de
raifin, mais on en eft indemnifé par les ployes,
qui en produifent deux ou trois fois autant que
les courfons. Après la récolte, c’eft-à-dire, lors
de la taille fuivànte , on eft dans Fufage de
détruire toutes ces ployes, ce qu’on peut alors
faire fans inconvénient, & même ce qu’on doit
faire; puifque la vigne étant fuppofée fuffifam-
ment garnie, lors de la taille précédente, &
chaque courfon ayant produit deux branches,
ces courfons •fuffifent pour entretenir la vigne
auffi bien garnie que lors de cette taille précédente,
& ces ployes fe trouvent fu per fines.
. Cela étant , il tombe fous les fens, qu’en enlevant
un anneau d’écorce à la bafe de chacune
de ces ployes, au moment de la taille dont
elles tirent leur nom, on fe procureroit ainfi
l’avantage d’avancer, de quinze jours ou trois
femaines, la maturité des trois quarts ou des
deux tiers de la récolte de toutes fes vignes. Mais
on pourroit craindre, qu’éfi arrêtant le cours
de la fève defcendante, exactement toutes les
années, dans toutes les ployes, cette opération
ne pût, malgré la grande force de' la végéta-*-
tion de cette plante,.porter préjudice à la vigueur
de fes racines. Car il me paroît certain qu’aucune
racine ne peut s’alongèr fans le concours
de la fève defcendante. Je penfe donc qu’il
feroit prudent de n’arrêter ainfi le cours dç
la fève defcendante que dans la moitié du non>
bre'des ployes. Tout. Cultivateur, intelligent
& expérimenté, conviendra que la vigne eft
d’une végétation affez vigoureufe, pour fuppor-r
ter, fans inconvénient, cette pratique , qui ,
étant généralement adoptée, produirait toujours
l’avantage immenfe d’avancer, de quinze jours
ou trois femaines,. la maturité d’un tiers de
la maflê de tous les raifins; de faire parvenir
fùrement chaque année, à maturité^ un tiers
de la vendange, malgré la température froide
de la faifon ou du canton, qui empêcherait
les deux autres tiers de mûrir, & .malgré la
nature tardive des variétés ou efpèces, qui ne
mûriffent prefque jamais naturellement; & enfin
de mettre, en toût pays, un tiers de raifins, quinze
jours plutôt, à l’abri des açcidens qu’ils ont toujours
à craindre tant qu’ils ne font pas récoltés.
E t jam maturis nietuendus Jupiter unis. Virg. Georg.
Combien de fois n’a-t-cn pas ..vu la grêle détruire
tous le? raifins d’un vignoblç, pendant-les
deux dernières femaines qui précèdent la vendange.
On eût donc confervé le tiers de ces rai--
fins, fi, par cette pratique, dont il s’agit, l’on
eût avancé de quinzaine leur maturité. Il en
réfulteroit^ outre cela, cette autre utilité çoçï