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arrofées. Les antres réfultats de cette eflpdrietite
reffemblent à ceux de l’expérience précédente.
O bserv ation 15e. En la même préfente année
i7jo, j’ai enlevé, à la tige d'une troilième plante de
la même efpèce de foleilannuel, qui éton à fleur
fimple, à deux pouces au-deflus de terre, fur un
endroit de dix lignes de diamètre, un anneau
entier d’écorce de fix lignes de largeur. Le bois
dénudé par .cette place étoit fort fifle & d une
furface très-également unie ; ainfi, j ai réufli fort
aifément à ne laiffer fur ce bois aucune parcelle
de cette partie intérieure de l'écorce qu on
nomme le Liber. Les réfultats de cette expé—
jnence
xience
ont été les mêmes que ceux de l’expé-
précédente, & de plus ce qui fuit. Au bout
__tems allez court, en viiitant cette plaie,
J’ai vu avec furprife qu’elle étoip entièrement
uuérie & cicatrilée, quoique je vis en même-
temsque le Bourrelet, qui étoit forti d’entre le
lois & l’écorce de la lèvre fnpérieure de cette
plaie annulaire, ne s’étoit encore alongéque d’une
ligne de haut en bas, & qu’il ne s’étoit formé
aucun Bourrelet à la partie inférieure de la
Jrlaie. Un examen attentif, joint au fouvemr
d’autres obfervations analogues, me fit préfumer
que la nouvelle écorce, qui avoit recouvert le
lurplus de l’étendue de la plaie, étoit fortie des
jrores de la furface du bois mis à nud par la plaie.
Pour e Bayer de m’aflurer de ce qui s’étort paflé,
l ’ai enlevé à la diffance d’une ligne plus bas que
le bord inférieur de cette première plaie, un
deuxième anneau d’écorce aufli de fix lignes de
ïargeur -, & j’ai eu très-grand foin de ne laiffer,
<fur le bois dénudé par cette deuxième plaie ,
aucune parcelle de Liber. Puis j ai obfervé tous
Jes jours, depuis ce moment, ce qui fe paffoit
fur cette plaie ; & j’ai vu effeélivemenr fuinter
des pores de la furface du bois dénudé, une
matière gélatineufe , onélueufe, tranfpàrente,
quiapris,par degrésinfenfîbles, delaconfîffance,
de l’opacité, de l’épaiffeur & de la couleur, eff
devenue de la même couleur que le furplus de
ïécorce de cette tige , & recouvre entièrement
Ja plaie que j’ai vu fe cicatrifer ainfi parfaitement.
La nouvelle écorce, qui recouvre cette
plaie, eft très-raboteufe en fa îiirface , & eft très-
adhérente & bien incorporée avec le bois qui a été
dépouillé parla plaie.La nouvelle couche ligneufe,
quis’ell formée, depuis la produéliondecette nouvelle
écorce, au-deffus du Bourrelet, fe continue
entre cette nouvelle écorce & ce bois dépouillé,
avec lefquels elle eftparfaitement incorporée.
Je ne crois pas qu’il foit fait mention, par
aucun de ceux qui ont traité jnfqu’à préfent de
la phyfique végétale, d’une pareille cicatrice opérée
naturellement, ni de cette incorporation , du
bois mis à nud par la plaie , avec le bois nouveau
nui le recouvre. 11 eft bien vrai que Bonnet &
Duhamel du Monceau ont vu s’opérer une
«catrice pareille en plaçant, l’un une plaie
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Ample , fc l’autre une plaie annulaire,
un tube de criftal dont les parois étaient à,JJ
certaine diftance delà plaie, & dontlesextrénJ
aulfi placées à une certaine difiance de la plajj
étoient entièrement bouchées avec un maf?
compofé de cire, térébenthine & craie en poudré
Il leur a paru, au travers de ce criflal, qu'j
naiffoit desinterfticcs des fibres du bois, despr*
durions d’abord gélatineufes, demi-tranfparentesî
blanchâtres , puis de plus en plus opaques L pà!
grifes, enfin vertes, qui en fe prolongeant d
haut en bas, recouvrirent & cicatrisèrent enfi1
la plaie , lesquelles produirions Duhamel pren^
pour de l’écorce. Mais , en ces cas, cette produj
tion d’écorce n’a eu lieu qu’au moyen de ci
appareil très-peu naturel, qui interceptoittouf
communication entre ccs plaies & l’atmofphère!
& ni l’un ni l’autre de ces auteurs ne dit mJ
par le moyen de cette forte de cicatrice, *
bois mis à nud par la plaie foit incorporé avl
le bois nouveau qui le recouvre. Cependant,1
eft très-certain que le cas de cette cicatrice fora!
une exception, à ce qu’affirment les phyficiea
comme règle générale, en difant que janr
aucun bois dépouillé de fon écorce ne 1e réuni
ni avec l’écorce nouvelle ni avec le bois nouvetf
qui le recouvrent après cette dénudation. Cet!
expérience, & plufieurs analogues que j’ai faites
m’ont appris & prouvé que toutes plaies anni]
lai res ou autres, par lefquelles l’écorce feule d
enlevée dans toute fon épaiffeur, de manière?
mettre à nud le corps ligneux, fe recouvreain
promptement par une écorce fortie des porj
de la furface de ce corps ligneux mis à nuw
lorfque cette furface eft entretenue dans uï
humidité fuffifante, fur-tout pendant les pr
miefs tems qui fuivent le moment auquel l*
dénudation a été opérée : qu’au moyen de cet
écorce produite de cette manière, le corps ligneiff
mis à nud par la plaie, s’incorpore parfait'
ment avec le bois qui le recouvre depuis cett
dénudation -, & que c eft l’exficcation, qu’éproijj
ordinairement cette furface du corps ligneux d
pouillé, qui met obftacle à ce qu’une nouvelt
écorce forte de fes pores. Dans l’expérience dowj
s’agit, il a pu fortir ainfi une nouvelle écorce k
des pores du bois misa nud par les deux plaiesiai|
à ce foleil, parce que cette plante étoit cont
un mur élevé & expofé au nord, de mamei
que ces plaies n’ont jamais été frappées desrayo,|
du foleil ; enfuite, parce que ces plaies étoiejj
très-près de la terre, laquelle étoit entretenu
humide, tant par fon expofition, cpie Pa j
foin que j’avois d’arrofer cette plan te auiduemen|
enfin, parce que lors de l’opération , f nalJ
effuyé l’humiaké onélueufe qui s’obferye c 1
tamment fur Je corps ligneux de toute plaj j
eft en fève. J’ai, fous les yeux, une portion e Jj
tige fur laquelle fe voient ces deux -rj
trifées, & que j’ai mife fous les yeux de
b o t ?
i Agriculture, le i Oélobfe de la tftéftje
' j ’ai fait fur ce fragfhent de tige une fec-
» CQUj traverfe ces deux plaies fuivant la lon-
rdelatige '> &, au moyen de cette feéHon,
1 voit très-clairement que l’écorce nouvelle &
|u0is nouveau formés depuis que les plaies ont
I, opérées, font très-adhérents & parfaitement
Çorporés avec le bois mis à nud par ces plaies,
[je viens de dire, avec Duhamel du Monceau,
te dans cette expérience, l’écorce eft fortie
es pores du bois. Mais cette expreflion eft
*eiaéle. Ce qui fort des pores du bois en ce
tj n’efl pas de l’écorce proprement dite, c’eft
lulement de l’enveloppe cellulaire. Je m’en
Dis aifément convaincu par la feule infpeétion
Vtentive de la ftruélure de cette fubftance, &
t fibres tant corticales que ligneufes, qui fe
Çuvent entre cette enveloppe cellulaire & le
*is ancien mis à nud par la plaie, font le prosternent
des nouvelles fibres ligneufes & coriales
qui fe font formées au-deffus de la plaie
Ipuis la produétion de cette enveloppe cellu-
^re. L'effet de cette enveloppe cellulaire, fur
ï’bois ancien qu’elle recouvre , me paroît être
ientretenir ce bois dans une vie fuffifante &
Tjceffaire, l.Q pour permettre à ces fibres nouilles
de fe continuer fur ce bois ancien au-delà
ii Bourrelet ; 2.S pour que ccs fibres nouvelles
incorporent avec ce bois ancien. U me paroît
*ie dans les autres cas de cicatrice, où le bois
buveau ne s’incorpore pas avec l’ancien, c’eft
j mort des fibres externes de ce bois ancien mis
imid, qui empêche cette incorporation. En
pfervant naître cette enveloppe cellulaire, en
as pareil, fur plufieurs autres plantes, comme
8r exemple , (ur la vigne-vierge & fur l’orme,
pnt les mailles du rézeau fibreux font plus viles
que celles du foleil cité , il m’a paru que
Ptte enveloppe cellulaire fortoit par ces mailles
prezeau fibreux, c’eft-à-dire, par l’extrémité
I canaux horizontaux qui contiennent la fubf-
,ce qu’on connoît fous le nom de produétions
édullaircs horizontales. - Ce fait, joint à cet
, que toute enveloppe médullaire eft conf-
,imeiit contigüc & incorporée avec ces projetons
médullaires, fait faire encore un pas
P plus à la phyfique végétale i en nous indi-
même en prouvant que toute enve-
ppe médullaire n’eft qu'une extenfîon & une
(jpanfion des produétions médullaires horizon—
ot fort par les orifices extérieurs des canaux
contiennent fes produétions, pour fe ré-
.Nre fur toute la furface extérieure des troncs,
branches.
c h a p i t r e d e u x i e m e .
Bourrelets de plaies /impies
pour
«joursa iv’oir une idée des Bourrelets qui forten t
entre le bois & l’écorce des bords quelb
o u
Conques de tonte plaie que j ’appelle Jîmple, c’eft-
à-dire, de tout© plaie par laquelle l’écorce eft
féparéc du bois dans une partie feulement de
la circonférence d’un tronc, ou d’une branche
quelconque, quelque foit la forme de cette plaie ;
il convient, en premier lieu , de fe reffouvenir
que, d’après ce que j’ai dit dans le chapitre
premier, la fève cefcendante eft la feule qui
exifte dans l’intervalle d’entre le bois & l’écorce :
on concevra par-là que ces Bourrelets, qui for*
tent de-cet intervalle, font donc toujours une
produétion de cette fève defeendante. Enfuite»
il fuffira, en fécond lieu, d’avoir une idée des
Bourrelets qui fortent d’entre le bois & l’écorco
des bords d’une plaie (impie quarrée, ayant
deux de fes bords verticaux , fes deux autres
bords horizontaux , & opérée fur une furface
verticale : car il eft évident, que, quelque foit
le degré d’inclinaifon à l’horizon d’aucun bord1
droit ou courbe d’une plaie, (impie de
forme quelconque-, la fève defeendante ,
en produifant le Bourrelet qui fort d’entre
le bois & l’écorce de ce bord, ne peut ,
pour opérer cette produétion , agir , fur
chaque peint de ce bord incliné quelconque, que
de la même manière qu’elle agit fur chaque'
point des bords horizontaux, foit fupérieur, foit
inférieur d’une plaie quarrée pour y produire le
Bourrelet qui fort d’entre leur bois & leur écorce^
Si donc on enlève , fur une furface vertical«
de la tige d’un arbre, pour quatfé. feétions dont
deux horizontales & deux verticales, une pièce
d’écorce quarrée, de manière à mettre parfaitement
à nud toute l’étendue du corps ligneux limitée
par ces quatre feétions ; & li Ion examine
enfuire attentivement chaque jour , ce
qui fe pafle fur cette plaie , on ne verra, le
plus ordinairement, rien naître hors de la (ur-
face du bois mis à nud par cette plaie ; & l’on
verra fortir d’entre le bois & l’écorce de toute
l’étendue de chaque bord de la plaie , une produétion
d’abord lucculente, tendre , herbacée,
qui s’endurcit par degrés infenfibles -, d’abord
prend ordinairement la forme d’un cordon femi-
cylindrique difpofé fur toute la longueur de
chaque bord de la plaie ; enfuite prend une
forme plus étendue ; acquiert une épaiffeur
telle que fa furface extérieure femet, à-peu-près,
de niveau avec l’écorce des bords de la plaie ; continue
de s’étendre dans le même niveau fur le bois
dénudé, en fe tenant conftamment appliquée
exaélement fur ce bois, fans contaéler avec lu£
. aucune adhérence. La ligne de direétion, dan»
laquelle s’opère i’accroiftement de l’étendue de
chaque Bourrelet de telle plaie quarrée, eft toujours
perpendiculaire à la longueur du -bord de
deffous lequel il fort. Et cet accroiffement en
étendue continue d’avoir lieu ainfi jnfqu’à
ce «que les quatre Bourrelets foient parv<
nus à recouvrir entièrement le bois dénudé,
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