
variétés * au point que Rumphe affuïe qu’il y
a à Batavia des ciirieûx qui fe glorifient de
pouvoir démontrer dans leur jardin jufqnà
quatre-vingt variétés de Bananier. Rumphe efi
le feul auteur dui ait entrepris de détailler les"
différences qui le trouvent entre les plus remar-
auablcs de ces variétés. Nous avons efiimé que
les détails qu’il rapporte étoient allez intéreflants
pour que nos cultivateurs, fur-tout des deux
Indes, nous 1 enflent gré de ne pas les avdir
pâlies fous filen.ee-; mais, comme ce que Rumphe
a écrit de ces variétés ne fufiit pas pour mettre
Ion le'éleur en état de déterminer bien certainement
à quelle efpècé appartient chacune des
variétés dont il fait mention -, nous avertiffons
que la répartition que nous faifons ici de ces
principales variétés ne doit pas- être regardée
comme exempte de toute incertitude , mais
feulement comme celle que nous avons jugée
la plus probable d’après une leéiure réfléchie
des deferiprions faites par Rumphe. Il faut
faire attention que cet Auteur , quoique très-
recommandable, écrivoit dans un tems auquel
la Botanique n’étoif pas encore cultivée avec
le degré de précifion quelle a acquife depuis;
&' que de plus fon ouvrage, quoiqu’excellent, *
efi pofihuine, & n’a pas reçu la dernière main.
4.0 Rhéede liort. Mal. vol. 1, fait mention
d’-une Variété qu’il-nomme canim-baia-, laquelle
efi remarquable en ce que toutes fes fleurs
font fertiles. Mais il n’en dit rien de p lu s ,
finon que fes fruit-s font les plus petits de tous,
ce. qui efi inlufiifant pour mettre en état 'de
juger à quelle éfpèce cette variété appartient.
Culture des Bananiers dans l’Inde orientale.
Les Bananiers aiment les lieux les plus, chauds.
Us fe plaifent dans un fol gras, mêlé de petites
pierres , & bien préparé, tel qu’efi le terrein dès
jardins d’Amboine , où .ces plantes croiffent très-
bien. Mais ils ne végètent nulle part-avec plus
de vigueur que dans les plaines de Java, ou le
fol efi mou , gras, & argilleux, & où les cannes'
à fucre deviennent très-vigoüreufes. Si on defire
planter des Bananiers proche fa maifon, on ne
peut leur choifir d’endroit plus favorable que
celui qu’on aura defiiné pour y jetter toutes
fortes a ordures.
Voici comme on procède à la plantation. Dans
isii terrein tel què je viens de le dire, & bien
préparé, on fait dé petites fofi'es d’environ un
pied de profondeur , & à la difiance de cinq ou
fix pieds les unes des autres. On met des cendres
au fond de chaque foffe, où on y brûle des
herbes fèches; quelques-uns y ajoutent, un peu
de chaux , & penfent que cette addition efi utile
pour accélérer la fruélification. Enfin , on plante
dans chaquê foffe , perpendiculairement, un
jrêjetfon enraciné de deux à trois’pieds de hauteur,
& tout récemment arraché. On conçoit, fans qu’on*
le dife, qu’il faut arrofer ce jeune plant julqu à-
reprife parfaite , foit par irrigation, fi on le peut,
foit autrement ; & que fi on fe trouve en fitua—
tion telle que l’arrofement foit difficile à pratiquer,
il faut alors ne planter que par un teins-
'pluvieux.
• Certains .Cultivateurs prennent pour planter
les rejettons, avant que leurs feuilles foient déve-,
loppées, & les mettent en terre non perpendicu-.
• lairement, mais obliquement. Ce-plant, ainfi en-,
terré, produit latéralement un autre .resjctton-. qui
fera la tige fruélifiante.
On dit qu’il convient de planter, tous les
Bananiers après midi lorfque la mer efi de retour*
On peut'aufli, fuivant Rumphe, multiplier les
Bananiers par des fragmens de racines; mais le
fuccès efi moins certain & moins prompt. '
. Le Bananier des fages Nain, n.° 2 , G 'f aime
particulièrement les lieux moutueux où la. terre
efi grafle, brune, & : mêlées; de petites pierres,
à Amboine, on a toujours foin de le planter au
moment qüe la mer efi retirée, dans la vue de le
tenir toujours nain, & que fes fruits foient petits.
Lorfque les Bananiers fe trouvent en lieu &
terrein convenable, ils fruélifient ordinairement
la plupart douze, & même dix mois après la
plantation. Le Bananier des fages-nain fruélifie,
comme j’ai dit,.dans le quatrième Ou cinquième
mois. Le Bananier de paradis à fruit verd, n.° 1, D ,
fruélifie dans le fixième ou feptième mois ; plufieurs
ne fruélifient que treize, quinze, dix-huit mois,
& même plus long-tems après la plantation. Mais
on obferve dans l’Inde une grande diverfité à
cet égard,, fuivant les lieux & les terreins; en
forte que ce n’eft que dans les régions les plus
chaudes, que le plusrgrand nombre des Bananiers
fruélifient avant la fin du douzième mois. Dans
les régions montueufes, pluvieufes, couvertes de
forêts, ils ne donnent ordinairement leurs premiers
fruits que le quinzième ou le dix-huitième
mois, & il fe paffe encore un ou deux mois
avant que tous les fruits de ces Bananiers les
plus hâtifs foient mûrs; de manière que, dans
ces cantons, il fe paffe ordinairement deux.ans
avant que le plus; grand nombre aient donné tous
leurs fruits ; & même quelques variétés n’y fructifient
qu’à la fin de la troifiéme année.
Comme les fruits d’un même régime ne mû-
riflent pas tous en même-tems, il faut les cueillir
fucceflivement à mefure qu’ils mûriffent ; ou
bien lorS de la maturité des premiers fruits d’un
régime, on le coupe tout entier^, & on le fufpend
dans la maifon , après l’avoir préalablement
trempé dans l’eau de mer - lorfqu’ôn. le peut
commodément. Les autres fruits achèvent: d’y
mûrir.
Il ne faut pas oublier d’étayer avec une fourche
le régime fpécialement de là variété n . ° i , B ,
lorfque les fruits commencent à avoir acquis
un certain volume. J’ai déjà.dit que, faute de |
•cette précaution, fon régime efi fujet à être
rompu par la pefanteur des fruits avant leur
maturité. H ne faut pas oublier non plus, à l’égard
|H Cette variété, lorfqu’on voit paroître plus de
douze à quinzeriruits .fur fon pédoncule, de re- ?
trancher tous ceux qui font au-defl'us de ce
nombre fur la partie du pédoncule la plus éloignée
de fa b afe , afin que ceux qu’on laiffe
mûriffent.
Chaque tige de Bananier ne rapporte-qu’une.;
feule fois, & elle périt après la maturité de fes ;
fruits ; c’efi pourquoi, aufli-tôt après cette maturité,^
convient de couper cette tige qui les a
portés, afin que fes rejettons, qui ont pour lors
déjà commencé de fortir de terre, jouiffent d’un
air plus libre. Si ces rejettons font en trop grand
nombre, il faut les é.claircir, finon ils s’étouffe-
roient réciproquement. Lorfqu’on arrache ces :
rejettons pour planter, il convient de laiffer en
place lé plus fort & le plus fain ; il fruélifie
beaucoup plutôt que ceux qui font traofplantés.
A Java, on efi dans l’ufage de planter les
Bananiers parmi les. autres plantes potagères.
En Amérique, & fur-tout jlans les Antilles, o.n
plante ordinairement quelques rangées de Bananiers,
tant dans les cacaoyères , que fur-tout
autour d’elles. Par céttè" pratique, les Côlons
trouvent le ; moyen d’atteindre deux buts à-la-
:fois. Car, outre les'avantages qu’ils retirent - de
•ces plantes.utiles-:pour leur nourriture, celle de
leurs nègres, &c. ils procurent en même-tems
à leurs, cacaoyères un prompt abri contre la
violence deftruélrice des vents de ces contrées ;..
& on préfère cet abri à celui des grands arbres,
-parce que ces derniers, dans le cas où un ouragan
.les abat ; font périr par leur chute beaucoup de
cacaotiers accident qu’on n’a pas: à craindre de
la part des Bananiers.
Culture des Bananiers dans le climat de Paris.
On ne p eu t, dans le climat de Paris, cultiver,
les Bananiers qu’en ferres -chaudes. On ne
les y multiplie que de rejettons qui y pouffent,
non-feulement au pied des plantes qu’on parvient,
à faire fruélifier, mais même au pied de -.
.toutes autres, long-tems avant cette époque. -
O'n peut planter ces rejettons pendant tout l’été.
Il faut , en les léparant de chaque planté qui
-les a produits, tâcher de ne rien endommager
& de conferver à chaque rejetton, le plus -qu’il
efi poflible de racines fibreufes & autres. Les
rejettons les. meilleurs font ceux qui ont envi-
ronjiepuis un pied jufqu’à trois dè hauteur,
& qui font d’iine grofl'eur proportionnée-,
& nullement étiolés. Pour avoir de tels rejet-
tons bien conditionnés, il convient, lorfqu’on
en voit paroître un trop grand nombre au pied
• une plante, de les éclaircir d’abord, & de n’en 1
laiffer croître que ceux qu’on juge pouvoir parvenir
à une grandeur fuffifante fans s’étioler réciproquement.
L ’expérience a appris qu’il efi
plus sûr de féparer les rejettons & de les planter
lorfqu’ils font encore très-jeunes, c’efi-à-dire
lorfqu’iis ont environ un pied de hauteur, que
d attendre plus tard, parce que leurs racines,
lorfqu’elles ont acquis une certaine groffeur ,
ne pouflènt pas aufii aifément de ncuvelles fibres,
8l que fi, en féparant & enlevant ces forts rejettons
, on coupe ces -grofles racines dans leur
partie épaiffe , ce’fi-à-dire | à une difiance trop
peu éloignée de leur origine, alors le plant efi
fujet à pourrir , au lieu de reprendre. On
plante ces-rejettons chacun dans un pot d’une
grandeur proportionnée à, telle du plant, &
rempli d’une terre très-fubfiantielle & légère,
telle que peut être celle qu’on efi dans l’ufage
d’employer polir les orangers , mais rendue
plus légère & plus fu])fiantiçlle :, par l’addition
d’environ ~iin- tiers de terreau de couche ,
neuf & bien confcmmé. On place aufli-tôt ces
pots dans- la couche de tan de la ferre chaude,
où ils doivent refier confiamment. On arrefe le
jeune plant avec afliduité '& modération, juf-
• qu à ce qu’il foit parfaitement repris. Enfuite
on arrofe fuivant la faifon ,& la force des
plantes. Pendant l’été elles demandent à être beaucoup
arrofées , tant à caufe de l’extrême rapidité
de leur végétation, que parce, qu’elles;
tranlpirentbeaucoup, en raifonde la très-grande
furfacede leurs feuilles. Dans l’hiver, il faut les
arrofer très-légèrement, mais très-fouven t , relativement
à la faifon ; en forte qtie telle plante-
qui eu égard à fa fo rc e , exigerqit en été ; par
exemple, quatre pintes d’eau tous les deux jours,
ne devra recevoir en hiver que deux pintes d’eau
deux fois par femaine. On ne peut guère donner
de règle précife pour la quantité d’eau
qu’on doit leur donner dans chaque faifon
parce que cela dépend de la force de ; l’étendue
des plantes qui varie confidérablement,
& de la chaleur de la faifon qui varie également.
On doit avoir rattention de donner aux
plantes des pots, ou autres vafes plus grands à
mefure que leur degré d’accroiffement paroît
l’exiger ; car leurs racines font de grands pro «
grès & . s'étendent au loin en peu de tems..
Chaque fois, qu’on les change de vafes, il con -
vient que ceux qu’on leur donne foient confidérablement
plus grands que ceux qu’on leur
ôte, parce qu’autrement, on fe trouve dans la
néceffité de; dépoter trop fouvent les plantes-;
ce qui retarde beaucoup leur végétation , qu’on
retarde encore davantage, fi on les laiffe trop
long-tems dans des vafes devenus trop petits.
Les vafes qui contiennent les plantes- doivent
refier confiamment dans la tannée. Le degré de
chaleur auquel ces plantes profitent le mieux,
efi le même qui convient- aux ananas. Au moyens