<lo troupeau pour les amender. Le Cultivateur,
qjujjeft plus riche en bétail qu’en fond de terre,
cède une partie de fes droits à fes conforts,
moyennant une rétribution ou une compenfa—
tion d’intérêt. Celui qui cultive des terres, fans
troupeau, paie une fomme, par n u it, à la
Communauté ou au Berger, ou à des Marchands
dé moutons, ou à des Bouchers, qui ne gardent
leurs .bêtes qu’un teins de Tannée.
Avant d’entrer au parc, le Berger, foit de
Ferme, foit de Communauté, reçoit en compte
les bêtes qu’on lui livre. S’il périt quelque bête,
par accident, il eft obligé d’en repréfenter la
peau , ou de payer la valeur de l’animal. On
ne prend pas cette précaution, quand on a un
Berger ancien & connu.
Pendant le parcage , la conduite des Bêtes à
laine aux champs le règle comme dans le relie
de Tannée.
Le Berger doit alors redoubler d’attentions.
Toutes fes vues fe portent fur l’égalité du parcage,
d’après les intentions & les inftruétions
de fon Maître. Par les tems humides, on s’ap-
,perçoit facilement qu’un terrein eft parqué inégalement
, parce que la fiente eft entièrement à
découvert -, mais s’il lait f e c , la pouffière en
cache une partie , & mafque la négligence du
Berger, qui ne fe découvre que quand le froment
a une certaine force.
Le repos du Berger eft néceffairement interrompu
aux heures de changer le parc. L ’habitude'
le rompt à ce genre d’exercice, comme
elle rompt les Marins au quart. H connaît
l’heure aux étoiles*, & dans les rems obfcurs,
à une certaine eftime , qu’il acquiert par Thfag&
Si les chiens, par leurs abois, annoncent la
préfence de quelque loup, ott d’un chien enragé,
ou d’un voleur ; fi un. orage & des coups
de tonnerre jettent* la frayeur dans le troupeau,
le Berger ouvre la porte de fa cabane,
tire un coup de fufil, ou fait entendre fa voix ,
félon la circonftance, qui excite fa vigilance.
L a prudence exige quelquefois qu’il emmène
fôn troupeau à la Ferme, ou q ui! gagne les
hauteurs, aux premiers indices d’un orage con-
fidérable, fur-tout fi, parquant aux pieds des
côreaux, il craint d’être fubmeigé par l’eau des
totrens, ou fi Tafpeét des nuées lui préfage de
y*r grêle.
Le parcage n’eft établi que dans quelques parties
de la France. Il eft difficile d’en con n o te
l'origine. Je fais que, dans une Province très-
fertile, où il eft généralement adopté maintenant,
il n’eft introduit que depuis trente ans.
Je fa i vu fuccefiivement gagner de Ferme en
Ferme. Les avantages qu’il procure détermineront,
fans doute, les aütresProvinces àfuivre cet
exemple. Il fuffit que quelqu’un commence.
Ses fuccès vaudront mieux que tou$ les confeils.
Quelques circonftances locales, fans doute
ne permettent pas toujours d’employer Ce moyen
d’engraiffer les terres, par exemple ^ lorfqu’mi
pays eft partagé en petites paffemons, ou lorf.
qu’on eft dans l’ufage de conduire, en Eté, lçs
troupeaux dans les montagnes ; encore pourroit-
on parquer quelques mois auparavant, &. quelques
mois après.
On diflingue facilement les terres parquées
de celles qui font fumées d’une autre manière
à la beauté & à l’égalité des- productions. Le
parcage évitant le tranfport des fumiers convient,
par cette raifon, aux terres éloignées
des Fermes & des Métairies.
Le beftial, qui parque, fe porte .mieux que
s’il rentroit le foir à la bergerie. Sa laine acquiert
de la qualité & de la valeur. Toutes
ces confidérations doivent engager les Cultivateurs
, qui ont des troupeaux affez confidéra- !
blés, à parquer aufti long- tems qu’ils le pourront,
& les Communautés à réunir leurs Bêtes
à laine, afin de former un bon parc.
On ae flayé , en Suifle, le parcage, où l'on
alLure qu’il n’a pas réuffi, excepté dans le pays
de Vaud. Dans les cantons allemands, on ne fait;
aucun cas de l’engrais qu’il procure. Il ne pa*
roît pas fuffifant pour tenir lieu du fumier
de vaches. Peut-être cette manière de penfer
vient-elle de ce que le pays ayant d’excelleiw
pâturages à vaches, toutes les vues fe- tournent
du côté de ces animaux. En générai, la Bête
à laine n’eft pas en grande confidération en
Suifle, elle n’y eft pas bonne, & a moitié moins
de laine qu’en France. Àuffi la • rèlègue-t-on,
avec lés chèvres, dans les fommets des hautes
montagnes, où les vaches ne peuvent pâture^
C’eft d’ailleurs, dans ce pays, le feul pâturée
qui lui convienne. On pdurr.oit en améliorer
l’efpèce, fans l'augmenter de beaucoup, parce
que les terres des montagnes étant, , en générai
, lé g è r e s le fumier de vache y eft le plus
convenable.
Maladies des Bêtes a laine,
Les Bêtes à laines font fujettes à un grand
nombre de maladies. Les plus confidérables font
le claveau, ou clavelée., ou picotte, .lapourriture,
la maladie du fang. M, Mkçquart affaire
qu’en Ruffie ces. maladies n’ont pas lieu.
Elles éprouvent de plus, dans le refte de l’Europe
, le tournoiement, & une efpëce.de pelle
‘ou charbon. Quelquefois elles .deviennent bol-
teufes, ou parce qu’elles font laffes, ou parce
qu’elles ont les ongles trop amollis, ou la goutte.
IL fe forme fbuvént des abcès, ou des clous
, dans quelque partie de leur corps ;- elles peu*
vent éprouver des diarrhées, ou une c'ôrwip**
tion dans deux cas contraires ; la rogne, là gai®
& la grateLte les attaquent. Elles ont aulfr fles
Maladies de poitrine, & touffent fur-tout au
Printems. On croit devoir, regarder comme une
Béritablemorve, un écoulement qu’elles éprouvent
&ar les narines .En fin elles enflant après avoir mangé
les herbes aqueufes & fucculentes, nuifibles par
llles-mêmes, on de bonne qualité ; mais prifes
k n trop grande quantité, ou à contre-tems; on
lerra ces différentes maladies , chacune à fon
article, •
A r t i c l e I I I .
i Du produit qu’on retire des Bêtes a. laine.
» L e produit, qu’on retire des Bêtes à laine ,
jconfiftedans la vente des agneaux , des moutons,
Iles béliers, des vieilles brebis, des fromages, & dans
l ’engrais des bergeries & du parc, & dams les
|aines. •
f . Tous les troupeaux ne donnent pas à-la-fois
lous ces genres de produits’ puifqu’il y a des
Propriétaires ou Fermiers de troupeaux, qui n’é-
ièvent pas d’agneaux, puifque les üns ne nour-
lifTent que dçs moutons, & les autres que des
ftrebis, pinfqu’on ne fait pas des fromages dè
brebis par-tout, puifqû’enfin le. parcage n’eft
pas généralement établi. Mais j’ai cru devoir raf-
fembler, fous cet ^article, & traiter à part, lès
Hifférens produits qu’ôn peut retirer de ces utiles
animaux.
Vente des Agneaux.
■ Beaucoup de Fermiers des environs de Paris,
& fans doute des environs de plufieurs autres villes
$lèventdes agneaux, pour les vendre en agneaux
fie lait.
ùn débit prompt & affairé, fans être obligés de
faire de crédit, & fans frais, lorfqu’ils vendent les
J|gneaux très-jeunes, ou avec peu de frais, Iorfaju’ils
Il ven(jeilt a fix femaines ou deux mois. Plu-
fieurs d entre eux , ..s’ils n’avoient l’efpérance
de vendre les agneaux en agneaux de’ lait,
-1 É ro^,nt Pas de troupeau , pouvant . s’en
palier, à caufe de la facilité, de fe procurer des
fjimiers, ou ils n’entretiendroient que desmou-
ÿns ou des brébis, qu’ils ne.feroient pas couvrir.
h y a beaucoup de Fermiers qui vendent leurs
Ipneaux. d’élèves fevrés, & accoutumés à paître,
jjyj p1 (IU. s n aient un ah. Ce font ordinairement
Cps .ernîiersj çntrânt en ferme, qui les achètent.
J jeunes animaux, ayant déjà acquis un peu
iouvJlî6’ «0IÏ P^us ^ habituer à une étable
** e> ^ a une nourriture toujours différent
nésCn ^ celle de la ferme ou ils
de k w * ^e,s agneaux delai t varie fuivant l’époque
K °h °n tes vend, &, fuivant leur groftèur,
Leur valeur moyenne, à Paris, eflïde 12. à 15 1. ,
à T âge de deux mois & demi à trois mois. Les
agneaux qui né font pas agneaux de lait , font
d un tiers moins chers.
Vente des Moutons.
Les moutons font l’efpèce de bétail dont
on fournit kT plus, les boucheries. Les fermiers,,
les coriferverit quelques années pour en tirer la
laine , Tes fumiers - & l’engrais du parcage, ils
les vendent après les, avoir . engraiffés, s’ils ont
des^ pâturages convenables, où ils les vendent
maigres à des herbagers, qui les engraiffent à
T herbe, ou à des marchands qui les engraiffent
à l'étable.
. En général le meilleur mouton eft celui, qui,
élevé dans, les pays chauds, y eft nourri fur
dès. térreins , ou croiffen't dés plantes aromatiques
, &c. Ou fur! le bord de la iner:J tels font
les moutons -communs de la Baffe-Provence
du Bas-Languedoc, de la partie la plus tempérée
des Cevennes &. du Rouffiilon.s
Les inontons du Ganges en Bas-Languedoc
& ceux de la Çrau, en Provence , font les
plus renommés. Les moutons ; qu’-on engraiffe
avec, foin en ces pays dans les b aflteo urs , ne
valent pas ceux qui s’engraiffent naturellement
dans les Landes. ■
Les moutons, qu’on apporte à Paris, de Beauvais,
des Ardennes & de Prëfalé, près de Dieppe,
fuivant les habitans des Provinces méridionales î
ne font pas aiilîi bons que ceux de leurs pays ;
on affaire qu’avec, ces derniers on fait de bon
bouillon. Les moutons d’Amérique, qu’on élève
fur les bords de la mer, paffent pouf être encore
meilleurs.
Un bon mouton de moyenne taille , à quatre
ans, fe vend maigre de quatorze à feize Livres,
& gras de vingt à vingt-quatre livres.
Vente des Béliers.
Ordinairement les propriétaires de Bêtes à
laine choififfent dans leurs troupeaux les plus
beaux agneaux mâles pour en faire dès béliers.
Mais lorfqu’ils renouvellent leurs troupeaux, où
lorfqu’ils font curieux de faire de belles élèves,
iis le procurent de bons béliers, qu’on leur
vend jufqu’à quatre-vingt-feize livres, dans les
pays même ou la laine eft commune. Ils font
beaucoup plus chers dans ceux où la laine eft
fine. On affure qu’en Angleterre, il y a des
béliers, qui lé vendent douze cens francs. Dans
ce Royaume , où l’éducation dès Bêtes à laine
eft perfectionnée & en honneur , on paie defaut
dfam beau bélier, comme on paie ailleurs celui
dun taureau-, le prix en eft quelquefois de
vingt-quatre & de quarante-huit livres.