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ture cîu bourgeon à l’endroit lié. Celles faites
depuis le premier Juin , ou n’ont occafionné
aucun gonflement, ou n’en ont occafionné que
de très-petits, & à peine fenfibles -, pendant
que chaque plaie annulaire faite en même-tems
fur des branches ou bourgeons pareils, a occaiionné
la produéKon d’un gros Bourrelet à la
lèvre fupèrieure de chacune. Aucune de ces
ligatures , tant celles faites fur des bourgeons
de l’année, que celles faites fur des branches
d’un an ou plus vieilles, n’a avancé fenfible-
ment la maturité du raifin provenus fur ces
branches & bourgeons au- defliis de ces ligatures
pendant cette même année. Ainfi, l’on peut
conclure avec fureté de ces expériences que
les ligatures annulaires font certainement fans
aucune efficacité pour avancer la maturité du
fruit pendant la première année.
Mais ces ligatures ne font pas fans efficacité,
à l’égard de cette maturité des fruits, pendant
les années fubféquentes, lorfque le Bourrelet
quelles occafionnent efl parvenu à fortir d’entre
le bois & l’écorce de , toute la circonférence de
la branche fur laquelle ib efl produit. Car,
comme je l’ai dit plus haut, ce Bourrelet.devient,
par cette fortie, pareil au Bourrelet de
la lèvre fupèrieure d’une plaie annulaire ; il
.éfl alors accompagné des mêmes phénomènes,
,& l’on en peut retirer toutes les mêmes utilités.
Ainfi, le fruit qui proviendra, au-deffiis de tel
Bourrelet par ligature , après le Printeins au
commencement duquel ce Bourrelet feroit forti
-d’entre le bois & l’écorce de toute fa circonférence
, fera autant avancé dans fa maturiré qu’il
auroi t pu l’être par le moyen d’une plaie annulaire
opérée au moment de l’achevement de • telle
l'ortie. L’épanouiflement des fleurs efl également
prématuré dans les années fubféquentes à cette
fortie'.
Buffon a découvert que ces ligatures annulaires
peuvent auffi être pratiquées, très-utilement
, pour mettre à fruit les arbres gourmands
ou feulement lés branches gourmandes,
que ces ligatures domptent très-efficacement,
il rapporte , dans le mémoire .. déjà cité,. qui
pfl au nombre des Mémoires de l’Académie des
Sciences, Année 1738 , que fouvent ilfe con-
tenroit de ferrer la bafe de telles branchés,. ou
lés troncs de j:els arbres , avec une petite corde;
6 qu’il avoit la fatisfaélion de recueillir, aurdeflus
des Bourrelet^ annulaires occafionnés par de
telles ligatures, du fruit fur des-arbres f.ériles
depuis long-tems, Duhamel du Monceau rapporte
aulfi une expérience analogue fort interéflante.
Il enveloppa & couvrit, par des circonvolutions
de ficelle, toute la tige d’un jeune maronnier
d'Inde, depuis fa bafe près de terre jufqu’à fon
extrémité fupèrieure près de la naiflance des
branches. Il laifla cette forte de ligature fur
cette tige fans y toucher pendant tout le tems
(jue l’arbre vécut. Il fe produifit un Beu J
immédiatement au-deffus de cette ligature 1
un fécond Bourrelet immédiatement au-deffj
de la même ligature. 11 fortit de.la furfacel
ce fécond^ Bourrelet une quantité confidéral
de jets, qu’il retrancha avec foin à mefureq3
paroifloient : cet arbre , ainfi traité J
cinq ans après l’opération de cette ligaturé. M
pendant la troifième & fur- tout pendant la oi
trième année, il fut couvert d’une
eonfidérable de fleurs, pendant qu’aucun art
de même efpèce & du même â g e , & J
dans les mêmes lieu , ter rein & expofition j
fût. encore près d’en porter.
Depuis la publication de ces expériences
a adopté utilement, en plufieurs cantons !
pratique de ces ligatures pour mettre à fr
les arbres gourmands. Elles agiffent à cet éga
de la même manière que les plaies annulai!
excepté feulement depuis le moment que 1
ligatures font opérées i jufqu’au moment où
Bourrelet dont chacune occafionné la produ
tion au-deffus d’elle, foit forti d’entre le il
& l’écorce de toute fa circonférence. Car. av;
cette dernière époque, l’effet de ces ligatura
efl ordinairement très-lent & peu fenfible à
égard, comme à tous autres.
Pour réuffir par le moyen des ligatures a
nulaires à mettre à fruit les arbres gourmai
ou feulement une branche gourmande, il fui
de faire, foit à la bafe de telle branche, fl
fur le tronc au-deffous de la naifiance
branches, une ligature par deux circonvoluti]
de fil de laiton, Tune immédiatement au-del
de l’autre, & de tordre, l’une fur l’autreI
deux extrémités de ce, fil , de manière qij
appuie fermement fur toute la circonféreif
du tronc , ou de la branche qu’il embraffe. (
laiflé enfuite cette ligature , fans y toucha
jufqu’à ce que l’arbre pu, la branche loie
mis fuffifamment à fruit. Alors ordinairementi
ligature fe trouve incorporée: à la fubflani
même de l’arbre; c’eft-à-dire, que cette, lia
ture efl alors entièrement recouverte pari
Bourrelet forti d’entre le bois & l’écorce |
route la circonférence du tronc ou de la brancj
immédiatement au-deffus du lien ; & <IueJ
Bourrelet, après s’être prolongé èn deicenda
par-deffus ce lien, s’eft parfaitement1 réuni «j
toute fa circonférençe avec le Bourrelet 1|
de même d’entre le bois & l’écorce
ment au-deffous de cette ligature. Dans Wi
où cette forte d’incorporation ne feroit pas J
core opérée lorfque la branche ou l’arbre
mis fuffifamment à fruit, il conviendrons J
la ligature pour faciliter la réunion de ces J
Bourrelets : Et dans lé cas où cette incorpoj
tion feroit parfaite avant que l’arbre 0
branche fuffent fuffifamment mis à ^11‘ »1
il it faire une fécondé ligature pareille comme
Kemière n’eût pas eu lieu,
h viens de dire qu on opère chaque telle
r e par deux circonvolutions du lien qu’on
Toloie * Et ce nombre de circonvolutions efl
filant ’ un plus grand nombre feroit inutile,
iourroit même être préjudiciable ; car la
mm de l’écorce recouverte par la .ligature
l'oblitérée & morte lorfque la mife à fruit
* uffifante ; il s’en fuit donc que fi, pour
Ère une telle, ligature, on employoit un trop
ind nombre de circonvolutions, du lien dont
Jue fert , de manière à couvrir une trop
Inde longueur de la circonférence du tronc
flde la branche ; en ce cas le Bourrelet fu- >
leur à la ligature ne pourroit fe réunir au
(^ l rrelet inférieur, & il en réfui teroit le même
lonvénient que d’une plaie annulaire trop
ou plutôt, pour parler exactement une
Sture faite de cette manière opéreroit, avant
Je b mife à fruit fût fuffifante , une plaie
flulaire trop large; puifque c’eft une même
lofe que d’enlever l’écorce ou de l’oblitérer,
jefl donc évident, d’après les expériences rap-
ftées dans le Chapitre premier , qu’une telle
are, trop large à ce point, tuer oit, au plus
ïd en quatre ou cinq ans, & fouvçnt dès la
londe année, tout ce qui feroit au-deffus
[lie. Le fil de laiton ^eft préférable pour ces
Bures aux liens de lin ou de chanvre, parce
Ices derniers font fujets à fe pourrir : il efl
flore préférable au fil de fer , à caufe de la
fiiille qui efl corrofive.
Les ligatures annulaires doivent être opérées
ïoignées de la manière & avec les précau-
Es que je viens d’expliquer , toutes les fois
ton efl dans l’intention de conferver en vie
J branches qui font au-deffus d’elles, quelque
fl le but qu’on fe propofe d’atteindre par
p moyen/
|)n peut ’ auffi employer utilement les liga—
fls annulaires, pour faire naître fur les plantes,
■ Bourrelets annulaires| par le moyen def-
ï s j’ai déjà dit dans le Chapitre premier que
»peut multiplier, par la voie des Boutures
Sarcelle des marcottés, nombre' d’efpèces de
■ tes qui ne font pas multipliables,. par ces
|es> fans ce moyen. Lorfqu’on opère ces li-
■ ps dans cette vue , leur trop grande lar-
»■ ne peut pas nuire ; il faut même les faire
«larges pour qu’elles ne puiffent pas être en-
|einem recouvertes par les. Bourrelets dont
■ occafionnent la production, avant que ces
Bers foient parvenus au degré de groflèur fuf-
B P°|lr la réuflite de ces Boutures & mar-
: lS- Daprès ce que j’ai <Jit ci-cleffus touchant
™c.e defeendante, & touchant la manière ■
l.es Ugarures influent fur fon cours, on
:- t que ces Bourrelets par ligatures ne peu-
c^iérir ce degré de propenfion à prô- ,
délire. des racines, qu’après un tems beaucoup
plus long que celui qui efl néceffaire aux Bourrelets
des plaies annulaires, pour acquérir cette
propenfion au même degré. C’efi ce que Duhamel
du Monceau a prouvé furabondamment ,.
& très-bien, par les expériences fui-vantes qu’il
a faites exprès dans cette vue. Il a fait, au
commencement de.la fève du Prir.tcms , une
plaie annulaire à la bafe d’un certain nombre'
de branches d’arbres, en enlevant fur .chacune
un anneau entier d’écorce ; & il a fair, en
même-tems, une ligature annulaire très ferme
à chaque bafe d’un pareiPnombre de branches
de mêmes groffeurs, & des mêmes efpèces
d’arbres que celles auxquelles il avoit fait la plaie
annulaire. Il a environné chacune de ces ligatures
& de çes plaies, anffi-tôt après l’avoir
opérée , par une-certaine & même quantité de
terre ; de manière que le Bourrelet qui devoir
naître au-defius de chaque plaie & ligature fût
au centre de cette terre qu’il a eu foin d’entretenir
continuellement dans une humidité
fuffifante & égale ; de forte qu’aucun de ces
Bourrelets ne fut, en aucun tems, tenu plus
humidement que les autres. Lors de l’Automne
fuivame, ou au plus tard lors du Prin tems fub—•
féquent , chaque Bourrelet fupérkur à une
plaie annulaire , avoit produit des racines, pendant
qu’aucun des Bourrelets provenus au-def-
fus des ligatures n’en avoit encore produit. Les-
Bourrelets, par ligatures , provenus fur des- -
plantes qui ont befoin de ce moyen pour être
multipliables par boutures ou par marcottes, ne
font ordinairement propres à produire des racines
qu’à la fin de la deuxième année. Au-
furplus voyez les Articles Boutures & Marcottes*
11 y a une forte fort remarquable de Bourrelets
par ligature. Ce font ceux que la nature
occafionné lur les arbres par le moyen des;
plantes grimpantes,, telles, par exemple, que
le.Chèvrefeuille de nos bois, dont elle roule
& entortille les tiges autour d’eux. Lcrfqu’une
de ces tiges vit, ; pendant un certain nombre
d’armées, après s’être entortillé autour du tronc
d’un arbre, elle ferme autour de ce tronc une
forte /de ligature fpirale, qui depuis le moment
qu’elle a acquis une confiftance ligneufe, ne
cède, que fort peu ou point à la compreffion;
que ce tronc exerce fans ce fie- contr’elîe par
l’accroiftcnvent- continuel de fa groffeur. Toute-
la portion de l’écorce qui efl couverte par certes,
forte de ligature, fe trouve ferrée & comprimée-
fans dlfconcinuation, toujours de plus en plus y
entre cette ligature & le corps ligneux, toujours
groffifliint, qui efl revêtu par cette écorce.. Cette
compreflfon perpétuelle, augmentant fans cefieJ
devenant tous les jours plus forte, déforga'nife\
enfin complettement & tue entièrement toute-,
la portion d’écorce qui efl couverte par la tige*
comprimante- Il efl donc évident que celle