
corps de la Canne, & plus aifée à fe pénétrer
de la pluie pour pouffer des racines ■ les boutons
qui contiennent le germe , y font plus
rapprochés. Le corps de la Canne ne réuffi-
roit que s’il étoit abreuvé d’une pluie continuelle
depuis la plantation, jufqu’à ce que tous les
jets en fuffent fortis & enflent acquis de la
force. A la Grenade, où les fucreries font médiocres
, ordinairement on laiffe tous les ans croître,
jufqu’en Oétobre & Novembre les rejetons
des Cannes coupées en Janvier & Février, pour
en faire du plant. A Saint-Domingue on fe fert
du plant lors de la récolte.
Le plant defliné à la plantation, fi on le met
en tas en le couvrant de paille, peut fe con-
ferver frais au plus quinze jours. Employé un
peu fané , il germe plus vîte, s’il eft fécondé
de la pluie -, il meurt plutôt, s’il en eft privé ;
car il ne peut fe faner fans perdre une partie
de l’humide qu’il contient, & dont il aurqit
befoin pour fe eonferver contre la féchereffe 3e
la terre qui l’environne.
Après avoir diftribuéd u fumier mêlé de terre dans
chaque foffe, on y couche deux &quelquefois trois
boutures d’environ un pied de longueur- Quand
on ne peut s’en procurer que difficilement, on
eft réduit à n’en employer qu’une. On les recouvre
d’un pouce ou deux de terre feulement j
la foffe eft alors dans la difpsfition la plus favo-
table pour recevoir & eonferver l’eau, foit de
pluie, foit d’arrofage. L’état de divifion où elle
eft, permet aux racines de s’étendre & de fe
fortifier, pour procurer le prompt développement
des boutons, & fournir à la végétation
de la Canne. Mais fi l’on plante dans un fond,
il faut p'refque égaler la terre -, fans cela les pluies
un peu fortes y féjourneroient & pourriroient
lès plants*, en outre on entretient des faignées,
s’il en eft befoin, pour l’écoulement des eaux.
Cinquante Nègres fuffifent pour planter
un quarré par jour, ce qui fait deux cens trous
pour chacun.
Végétation & développement de la-Canne,
« Nous avons remarqué plus haut, à la fur-
face du Noeud proprement dit, un bouton & de
petits points. Ces points fe développent, & forment
des racines • mais ces racines font nulles pour la
plante qui va fe développer, & elles ne lui fervent
à rien. Le bouton renferme le germe d’une
Canné nouvelle, & fait réellement fonction de
femence. Chaque plançon en porte huit ou dix,
& il s’en faut de beaucoup qu’ils germent tous.
Lorfque les circonftances font favorables, quinze
jours après la plantation les jeunes Cannes fortent
de terre & préfentent plusieurs feuilles,: &
s’élèvent de plus en plus. Après quatre, cinq,
fui mois, fuivant le fol & les circonftances, les
Cannés, confidérées comme plantes, font -} wJ
entier accroiffement. Leurs premières feuilles fe|
deffèchent & lailïent à découvert les premiers!
noeuds-cannes, qui femblent n’avoir plus de part
à la végétation , & qui entrent en maturité. \\
mefure que de nouveaux noeuds fe forment dans
la partie fupérieure de la Canne, les feuilles fe
deffèchent dans la partie inférieure & préfentent
de nouveaux noeuds à maturité. Cette fucceflioni
fe continue jufqu’à quatorze, quinze, feize, dix-
fept, dix-huit, vingt mois, termes auxquels la
canne commence à dépérir, fuivant les circouw
tances. C’eft au terme du dépériffement qu’il convient
d’en faire la récolte., quelque foit la faifon.»
« Nous allons examiner la marche que fuit
la Nature dans le développement particulier m
fucceftif des noeuds qui forment la Canne. »
. « Toutes les parties de la Canne fe forment,
fe développent, s’accroiflent & s’élèvent fucceliiJ
vement les unes fur les autres, de manière que
chacune eft, par rapport à la fonélion dont eileI
jouit, un tout particulier qui parcoure fes diJ
verfes périodes, indépendamment des autres.Cette
particularité nous préfente la Canne fous deux
rapports qui femblent fe confondre & que nous
diflinguerons plus bas. »
« 11 feroit inutil#, au moins en Amérique, de
chercher dans les- parties de la fruélification de
la Canne, le germe d’une Canne nouvelle, puifque
les fleurs qu’elle y produit font flériles. C’eft le
bouton que nous avons remarqué à la furfaceditl
Noeud, proprement dit, qui contient l’efpoird’une]
génération future. Il préfente pliifieurs petites
feuilles très-ferrées qui lui fervent d’enveloppe,
Les conditions du germe étant néceffairement les
mêmes dans tous les boutonsle développement
de ce germe eft fournis aux mêmes circonfiances
& ces lois ne varient jamais dans quelques parties
de la Canne que foit le bouton. »
u Le bouton, en fc développant, préfente le
plus ordinairement cinq feétions particulières,
qui femblent uniquement deftinées à donner des
racines. Elles n’ont ni bouton, ni entre-noeuds J
& elles font marquées par u n e feuille. Nous
nommons l’enfemble* de. ces feéiions radicales,
du nom de f o u c h e p r im i t iv e , parce que les racines
de cette fouchc fon t deftinées à donner des racines
qui fervent au premier développement de la
plante. » -
« C’eft du centre de la dernière feéTion raoi-|
cale, que fort le germe du premier noeud-canne
il renferme le principe de la vie de la Canin
& de la génération des noeuds. Le premier,
fe formant , devient la matrice du fécond
fécond devîeni la matrice du troifième, & an»1,
de fuite. La fucceffion étant une fois établ .
principe de la génération paffe du ii:eucl formel
dans celui qui fè forme, tandis que les prenuei»
noeuds formés fe développent & s’accroiffenf en|
mettant toujours entre leurs diverfes révolutions
pn degré de différence marqué par le tems de
leur génération, de forte que les ferions, de la
Canne peuvent être confidérées comme autant i
[le cercles excentriques y dont le centre eft toujours
occupé par un point qui devient cercle 1
[ni-même, & eft remplacé par un nouveau point :
[cercles qui s’élevant fiicceflivement les uns fur
les autres, s’étendent pour,arriver à un diamètre
déterminé dans un temps donné. Les premiers
noeuds-cannes qui fuivent les feéiions radicales,
forment la fouche fecondaire, & c’eft de cette
louche que partent les racines qui doivent fournir
au développement fucceftif des noeuds-cannes,
[quis’élèvent hors de terre & forment la canne, n
[ « On partage en quatre époques les révolutions
que fubit le noeud-canne, depuis l’inftant
de là génération, qui dure huit à dix jours.,
jufqu’à l’époque de fa maturité. Dans la génération
l’ébauche du noeud paroît au centre, fous
la forme d’un petit cône qui a deux lignes au plus
de hauteur, & paffe à l’époque de la formation
en fortant de ce centre où il eft remplacé par
un autre. »
[ « C ’eft dans l’époque de la formation que naif-
fent la feuille , l’entre-noeud, & le noeud qui
eonflituent le noeud-canne ; celui-ci formé paffe
alors à une fécondé époque, c’eft-à-dire, à celle
du développement, dans laquelle chaque partie
prend un c a r a c tè r e bien plus marqué. Cette épo- .
que eft divifée en plufieurs temps qui répondent .
à celui de la génération & à ceux de la forma-
tion. Les ch’angemens qui accompagnent ces d ivers
tems font marqués , & f u r le noeud dont
toutes les parties formées fe développent, & fur ie
|ïuc de l’entre-noeud, dont la qualité fe modifie à
mers degrés. L e fuc, pendant le développement,
prend dans fou odeur & dans fa faveur un caractère
doux , herbacé comme celui de quelques
fruits muqueux , verts. La troifième époque,
[celle de l’accroiffement, eft aufli divifëe èn plusieurs
tems qui répondent également à celui de
la génération & à ceux des premières époques.!
Ces tems font moins marqués fur le noeud-canne
[dont les parties formées & développées prennent
pout le degré de force qu’elles pèuvent 'acquérir,
rtue fur le: fuc de Ventre-noeud , qui 'fubit dans '
chaque tems un degré d’élaboration de plus • car,
i.Par unè fuite des modifications qu’il éprouve, il
teeffe d être herbacé ■ fa faveur douçe.& fon odeur
Reviennent parfaitement femblabies à celles du
|pc de pommes douces. Le fuc des noeuds-cannes
formésdéveloppés & accrus, fubit par lé travail
P? la maturation dans;!les. divers; tems de cette
! quatrième époque, diverfes modifications dans le
Rangement de fa' faveur douce en faveur fucrée,
l . 4e fon odeur de pommes en l’odeur balza-
Pque particulière & propre à la iCanneü» .
y, “ brique les cireonftauces fonttrès-favora-
I es P0lrr la yégétàtioù, il tarrive qu’immédiaté-
Plent je premier, développement ides noeudscannesj
qui forment, la fouche fecondaire, le
bouton que préfente leur noeud, proprement dit,
fe développe /fournit fes ferions radicales &
va former une fécondé filiation fur la première.;
fouvent le bouton du premier noeud-canne de
cette fécondé filiation le développe aufli & en
forme une troifième. Ces deux dernières fuivent
la première de très-près & forment Canne comme
elle. 3) .
« Après quatre à cinq mois, lorfque les feuilles
des deux ou trois premiers noeuds-cannes qui pa-
roiffent hors de terre font defféchées, la canne
préfente douze à quinze feuilles vertes difpofées
en éventail. Alors confédérée dans l’état naturel,
elle a acquis tout fon accroiffement -, car fi elle
fe trouve à l’époque de la floraifon, elle fleurit,
& le principe de la vie & de la génération pâlie
tout entier au développement des parties de la
fruéhfication. Alors les noeuds-cannes qui fe forment,
préfentent bien deüx parties ; mais la première
eft privée de boutons & de points, élémens
des racines. Les divifions des vaiffeaux feveux
quij dans les noeuds précédens, fe portoienrtranf-
verfalement à la fur face du noeud pour former
le bouton1, paffent dans les feuilles -/-d’où il arrive
què le nombre décès vaiffeaux diminuent dans les
noeuds, à mefare qù’ils fe forment;ces noeuds,qui s’a-
longent déplus en plus ne portent plus qu’un petit
nombre de vaiffeaux, même dans leur écorce qui
devient très-mince. Le dernier noeud , qu’on
nomme flè ch e , à quatre à cinq pieds de Lmg';
il eft terminé par un panicule de fleurs ftériles,
de dix-huit à vingt de hauteur. 33
« La partie inférieure des feuilles des derniers
noeuds eft fort longue & forme une enveloppe
très-ferrée , qui' accompagne la flèche jufqti’au
panicule & la foutient. Ces feuilles, ainfi que
les noeuds d’où elles partent, fe deffèchent en
même-tems que la flèche & tombent avec- elle.
Quoique le principe de la vie & de la génération
des noeuds fe trouve exiftant , néanmoins les
feuilles des noeuds-cannes , douées de boutons, qui
terminent la canne, après la chute1 de la flèche,
& qui ne font point au terme de leur dernière
époque, confervent leur port & leur couleur
Verte, 33
« Ce fait démontre entre la fouche & la. feuille
un mouvement particulier, dont dès bénéfices fe
| rapportent au noeud de chaqtie 'feuille. 33
j « Si là Canne ne’fe trouve pas à l’époque de
Ta floraifcn ou1 fi à cette -époque la culturè
l’éloigne tr'op de l’état naturel, elle ne fleurit
pas, alors lé principe dé la vie paffè à là génération
1 dé' nouveaux noeuds | génération qui fe
continue jufqu’à ce que les vaiffeaux fèveux de
la fouche, devenus ligneux , ne permettent plus
au fuc aqueux de -paffer. :v
■ “ Gn diflingue d'anslà canne deux mouvement,
l’uti qui appartient aù'ffyftêine des’ vaiffeaui fé-
véux;> & fè porre à-toutes-les. parties de la plante
l u i ij