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ces exceptions les propriétaires; de vaches, vo -
fins des montagnes à.fromages, dontl berbeferait
perdue, f. on ne la feifoit pas paître . combien
de navs feroient hors d'état de nourrir toute 1 année
des-vachc's, s’ils, navoient pas la-reflowee
dès pacages, qu’on ne peut faucher? Que de-
yi'enilroient ces pacages, s’ils n croient pas brou
tés > 11' faudroit en France réduire le nombre des.
vaches à moitié, au grand détriment de.lagrt-
ciüture &- de la population. M. Tfchiffeli l a
fcnti en prévenant qu il ne parloit pas a devAl
pes, dont une partie eft U élevée, qu il n e(l pas
poiîible d’en tirer parti qu en les- tailant Krv r
Sé Pâturage ! » Ce qu’il dit des Alpes , on peut le
dire des Pyrénées des montagnes i Auvergne , du
Vivarais &c Les riverains des forêts y envoient
ptefque’ toute l’année leurs vaches manger de
l’Herbe qui eft par touffes entre des radiées
de bois II part des villages, qui ne font point
éloignés des landes de. grands troupeaux qui y
trouvent au milieu des fougères & des bruyères
une herbe qui n’cft ni affez abondante, ni affez
haute pour%u’on puiffe la couper • beaucoup
de navs ont des prairies artificielles, dont les regains
L montent.qu'à 6 ou 8 pouces & qu il eft
impofflbie de récolter. Ces regains , mangés fur
place nourriffent un grand nombre de Bêtes a
cornes pendant trois ou quatre mois & éeono-
mifent les fourrages dans un tems ou les^embarras
de la moiffon ne permettraient pas d en pté-
P' maieure partie des inconvéniens que M.
Tfchiffeli trouve à envoyer les Bêtes à cornes au
pâturage, eft fondée fur ce qu’il faut les. envoyer
fdes communes, où fe réumffent des befttaux de
îou« taille, & plus ou motus fams-, qui fouvent
n'om que peu de chofe à manger & de mauvaife
boire. On doit donc encore écarter de L
oneffiori la pofition des propriétaires, qui ont de
irons pâturages, ou qui louent a des communes
< £ p&tufagef, où leurs feuls befttaux vont paître
& boivent de bonne eau.
Les bêtes à cornes ne fouffrent pas autant
ou on croit de quelques intempéries de l air. St
on ne les mène pas au pâturage par les brouil-
lards les grandes* pluies, les fnmats^fi dans les
orandes chaleurs on les retire au milieu du jour ,
I S heures où le folcil eft ardent & ou les infec-
” ;■ 1« incommodent, on « M
_____ i jufqucs
Toutes les prairies ne font pas humides, m
dans un fol fufceptible d’être endurci & de
former des trous : on n’arrofe pas les prés par-
tout. Les boeufs qu’on engraiffe dans les herbages
de Normandie , font auffi beaux que ceux qu on
engraiffe à l’étable ou de poutnre Les vaches qut
paient une partie delà ou r née dans les-pfiuues,
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fi. on - prend les précautions convenables, donnent
beaucoup de lait.
Le raifonnement de M. Tfchiffeli, fur les avancées
de laitier en automme pouffer un peu les
herbes vivaces, pour protéger au Printems les
graines annuelles f qui commencent à germer (
peut .être vrai*, mais ces avantages font locaux,
; & on n envoyé pas par-tout les troupeaux man-
! gerla troifième herbe -, on peut ne pas faire de rc<
; gain & celer d’envoyer dans tous les près les
; troupeaux de bêtes à, cornes dès le mois d’Oèlo-
■ b re , dans les pays où l’Hiver commence de
bonne- heure.
La queftion bien examinée fe réduit donc à
ce point -, {avoir, li le propriétaire d’un troupeau
de bêtes à.cornes, & d’excellentes pfairies,
arrofables , ayant droit à des pâtures communes,
; rnauvaifes, trouve plus de profit à ne point en- I
voyer font troupeau à ces pâtures communes, I
qu’à les nourrir toute l’année à 1 étable , en Eté
de l’herbe cueillie dans fes prairies , & en Hiver
du.foin de ces mêmes prairies. Cette pofition eft
-celle de M. Tfchiffeli & de plufieurs autres cultivateurs
Suiffès. La queftion ainfiprélentée d l léfo-
lue à l’avantage de l’opinion .de M. Tlchiileh.
Quelque précieux qu’il fût peur fes vaches cl aller
refpirer pendant plufieurs mois un air pur &
libre, quelque perfeélion qu’en acquît le laitage,
meilleur, lorfque les vaches font à lair, que.-
que difpendieux que lait.le tranfport des herbes |
fraîches en Eté, il eft certain que le rifque des épizooties
& des autres maladies*,;.)#détérioration delà
racé defon troupeau , le torî-qu’il peut faire à les
belles & bonnes prairies plus produftives quand on
les fauche que quand elles font tondues, par les
vaches, & l’abondance des engrais qu’il le procure
en les tenant toute l’année à l’étable, ion»
-des motifs très-puiffans, qui l’emportent fur ies
i autres. M. Tfchiffeli a foin que fes étables loienfi
bien aérées , lpacieufes, commodes., faines, ne-
toyées tous les deux jours en Eté, & bien garnies
de litière fraîche -, & qu’on faffe boire-fon troupeau
deux fois par jour, après avoir mangé -, enfin, H
n’épargne rien pour qu’il fouffre le moins poilu
ble d’un long féjour dans l’étable.
L ’Agriculture , comme le Commerce, a fes cak
culs- il eft vràifemblable que M. Tfchiffeli a
compté avec lui-même, & qu’il n’a adopté cette
pratique que parce qu’elle lui a paru plus profitable.
Les nourriciers ou propriétaires de va
ches de la banlieue de Paris, les entretiennentoç
la même manière. Ils ont des prairies artinci
le s , dont ils coupent des parties pendant F *
fleurs mois de l’année, réfervant le furpjus pô le
faner & former la nourriture de 1 Hÿef-V
achètent des vaches fraîchement vélées. Le f -
du lait & des veaux, qui ont de la valeur
proximité de la Ville , font des objets de proib|
excédant de beaucoup les frais.
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Tl faut feulement conclure de tout ce c i , qu’il
y a ries polirions, où la pratique de M. Tfchif-
frli eft utile & peut être néceffaire. JVlais il n’en
faut pas faire une régie générale, ni même un
peu étendue. On a raifon dë la faire connoître,
parce qu’elle peut être accueillie par des culti-
jvateurs, auxquels elle convient & qui n’en au—
roient pas eu l’idée.
Lorfqu’on nourrit les bêtes à cornes à l’étable
avec de l’herbe verte, il y a quelques précautions
à prendre* D’abord il faut ne les faire
palier à l’herbe verte pour toute nourriture,
que par degrés. On la mêle avec de la paillé ; on
donne un repas en herbe & un en paille -,
infenfiblement on diminue la proportion de
paille & on augmente celle d’herbe. Les boeufs
de travail feroient trop relâchés, s’ils ne man-
jgeoient que de l’herbe ; on leur donne un peu
pd’avoine ou d’orge dé tems en tems.
1 L’herbe trop jeunç eft trop aqueufe & pas
| affez fubftantielle. On doit attendre pour la fau-
icher qu’elle foit en fleur ou prête à défleurir , fi
■ elle eft naturellement humide. Mais on peut cou-
■ -per dans les premiers momens de la floraifon une
■ herbe, qui contient peu d’humidité, telle que
tcelle qui n’eft formée que de graminées. On en
fa même fait manger de fraîchement fauchée aux
ibeftiaux, fans inconvénient. On évite- par la
Imême raifon de leur donner de l’herbe, abbreu-
l|ée par les pluies ; elle leur gonfleroit le ventre
les rendroit malades ; il vaut mieux les jours
|de pluie les nourrir au fec.
Quand ^ Soleil a féché l’herbe, on en coupe
i je matin pour le midi & le fo ir , & on en coupe
jfle foir pour le lendemain matin, par ce moyen
■ les animaux ne^ la mangent .qu’un peu flétrie,
■ pi on eft forcé d’en faucher par le mauvais tems,
Jon la met fous des hangards ou dans des granges,
fn jé p a r p il le , parce que fi elle étoit amonc
e lé e , elle s’échaufferoit ; ce qui la rendroit dé-
wagréable ; on attend pour la donner qu’elle foit
■ iluyée, ou on l’effuie avec des linges en la prel-
lant. Si, malgré ces attentions, une Bête à cornes
Ipe trouve gonflée, après avoir mangé de l’herbe
8c ’i 19 M P I Rozier propofe , d’après la
« ° r • d Agriculture de Tours, de faire avaler B a^mal quatre livres de lait, d’une vache faine,
richement trait ; de fortir enfuite de l’étable
vache malade, & de lui faire faire quelques
.0.. ys> /a laiflèr neuf heures fans manger,
ï e ne lui préfenter que du foin fec à un ou
rii ri cJ ^er reP°Iér enfuite, & de la faire coi
•diffir ' n?,Uveau> ce que l’enflure fc
” e ^ re avaler, en brèi
P 1 a lÙffolution'd’unç once de nitre purifi
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dans Tulîîfantc quantité d’eau, oü de la joindre à
un verre d’eau-de-vie.
On ne conçoit pas trop la manière d’agir de
remèdes auffi différens. Le grand repos, la diète
févère, & peut-être quelques toniques, me pa-
roiffent les moyens les plus sûrs, pour arrêter
les effets de 1 enflure, .caufée par de l ’herbe
humide, qui fermente dans le. grand eftomac.
2.* Boijfon des .Bêtes à cornes.
Lorfqu’elles font abandonnées .à èlles-mêmes
dans des pâturages, où il y a de l’eau, elles
vont boire chaque fois que la foif les preffe.
Elles s’accoutument j* dans les montagnes de
l’Auvergne, à aller boire, deux fois par jour,
après avoir mangé. Cette habitude eft fàvorable
à leur fan té. ^ Elle doit fervir d’exemple, dans
la manière d’abreuver, ces animaux, loriqu’ils
habitent les étables. La meilleure eau eft celle
des fontaines, des ruiffeaux *& des rivières. On
doit éviter de faire boire dé l’eau trop fraîche
aux boeufs qui ont trèsr chaud ; elle paroît auffi
incommoder les vaches, qui viennent de vêler..
On attendra que les. boeufs fe forent refroidis,
avant de leur faire boire de l’eàu froide, & on
fera chauffer la boiflbn de la vache qui - vient
de vêler. Les boeufs fauvages de la.Camargue,
dès qu on les a dételés de la charrue, vont, fàns
doute boire l’eau telle qu’ils la trouvent. Mais
elle-n’eft jamais bien froide, parce.que c’eft Je
plus fouvent de i’eau ftagnante; D’ailleurs endurcis
par la vie fauvage ces animaux font, moins
fijfceptibles d’être incommodés que les boeufs
domeftiques.
Les vaches ne dédaignent pas l’eau des marres
& même elles aiment celles où fe rend le jus
des fumiers ; & la raifon en eft fimple, c’eft que
cette eau contient en diffolution beaucoup de
Tels produits par la décompofuion des fubftanees
animales & végétales qui s’y putréfient. Depuis le
bas prix dufel marin on peùt fatisfaire leur goût,
fans leur laiffer boire d’autre eau qu’une eau fa-^
lubre. L’eau des mares à fumier peut leur cau--
fer des maladies.
La quantité d’eau que boit une vache eft pro*
portionnée a fa taille & à la nourriture qu’elle
prend. Si elle eft nourrie au fec. elle boit plus,
que quand elle ne vit que d’herbe. - L ’herbe
aqueufe l’altère moins que l’herbe fubftanticlie^
Une vache de quatre pieds de hauteur, nourrie
au fée en Hiver, boit par jour, en deux fois, vingt:
à vingt-une pintes d’eau o.u quarante à quarante-
deux livres ;• nourrie au’.vert en Eté , s’il ne fais
pas chaud, elle boit moins ; mais s’il fait chaud,
elle boit plus de vingt-une pintes d’eau,
J ai remarqué que, dans les vingt-quatre heures
en Hiver, chacune dés vaches Suiffes,du troupeau
du Roi, ne vivant que de foin & de,foi».