
placer le grain fur le plancher, & l’étendre afin
qu’il lèche, le retourner tous les jours jufqu’à
ce qu’on le feme. Ce chaulage a l’avantage de
permettre d’enlever avec une écumoire les grains
légers & nuifibles qui montent à la furface, &
de mouiller également tous les bons grains. 11
eft même plus avantageux , à cet égard, que les
lavages à l’eau, parce que la préparation de
chaux étant plus épaiffe que l’eau, les feuls grains
pefans, qui font les meilleurs, fe précipitent au
■ fond; les autres font fufpendus à la furfàce &
peuvent être enlevés. Sous ces deux rapports,
il eft préférable au précédent, mais il caufe
plus d’embarras & exige plus de teins, parce
que lorfque l’exploitation eft confidérable, il
faut de grandes cuves, qu’il eft fouvent impof-
ftble de faire entrer dans des greniers, où le plus
fouvent fe fait le chaulage*, il faut plonger
les corbeilles un grand nombre de fois dans les
cuves. Cette manière de chauler adoptée par
M. Tillet, eft moins en ufage que la précédente,
& plus répandue que la fuivante,
Le chaulage par précipitation ne diffère du
chaulage par immerfion, que parce que le grain
jeté dans les cuves, ou eft la préparation, y refte
vingt-quatre ou même quarante-huit heures.
Onafoin de l’y jeter peu-à-peu, afin de mieux
enlever avec une écumoire ce qui fumage.
Pendant qu’il féjourne dans les cuves, on le
remue de tems en tems avec des hâtons. On
ôte enfuite par inclinaifon ce qui refte de la
préparation, & avec des pelles on enlève le froment
pour l’étendre fur le plancher & le faire
fécher. Pour empêcher quil ne refte en grumaux,
ce qui ne feroit pas commode , lorfqu’if faudr'oit
le femer, on le remue dès qu’il a commencé
à fécher, & on continue jufqu’à ce qu’il foit
'bien fec.
Ce chaulage, on ne peut fe le diflimuler,
caufe auffibeaucoup dembarras, & exige quelques
foins. Si l’on a une grande exploitation ,
on ne peut le faire fans fe procurer de grandes
cuves, & fans avoir un grand emplacement
pour faire fécher & pour remuer le froment.
Mais dans les fermes on peut fe fervir des cuves
deftinées au blancfaifiage du linge ; on a ordinairement
aflez de bras *, on a de grands greniers,
ou des pièces par bas, plus commodes
encore.
Les premières notions qui me font venues de
cette dernière manière de chauler, font dûes
à-M. Bagot, Médecin à Saint-Brieux, en Bretagne.
Le hafard la lui avoir apprife. Partant
pouf la campagne, après avoir fait fa préparation
, il ordonna , qu’on en afpergea le froment
qu’il vouloit femer. Le domeftique, qui
le comprit mal, jeta le froment dans la cuve où
étoit la préparation, & l’y laiffa. On crut que
le grain, pour ainfi dire, macéré-& très-genflé ,
ne févejoir pas; il produiÆt une récolte abondante,
exempte de Carie , tandis que les champs
du voifinage , dont la femènee avoit été chaulée
par afperlion, en furent infeélés. Depuis que !
M. Bagot m’a fait part de cette circonflance, |
j’ai reconnu que cette manière de chauler étoit
pratiquée ailleurs, à la vérité dans un très-petit
nombre de pays.
Dans les-trois cas précédens, on emploie la i
chaux diflbute dans l’eau. Mais il eft une quatrième
manière de chauler , dans laquelle on
emploie la chaux fèche & en poudre. Elle a j
lieu dans beaucoup de pays très—diftans les uns
des autres. Le froment étant bien trempé
d’eau, on répand deffùs de la chaux vive en j
poudre, en remuant à mefure avec des pelles.
On ne celle d’.en répandre que lorfque le
froment eft tout blanc. Quelques Cultivateurs,
au lieu de répandre la chaux fur le froment,
jetent le froment fur la chaux amoncelée, & les
mêlent exactement enfemble.
Enfin , quelques Cultivateurs, fans faite ufage
de chaux , fe contentent de faupoudreblèursfro-
mens mouillés avec de la^cendre ou du bois de
fougère, avec l’attention de la bien mêler.
Je n’ai point effayé les deux dernières manières,
& par conféquent je ne puis en conf-
tater l’efficacité. M. Flanjergues, Phyficien, à
Viviers, a comparé le chaulage par faupoudre-i
ment de chaux vive, & le chaulage parla aiw
folution de la chaux feule dans l’eau, fuivant!
la dofe ci-deffus; & il a reconnu que celui-ci
avoit mieux réuffi. Mais j ai comparé entre
elles les trois premières, & il réfulte de mes expériences
que le chaulage par précipitation eft
le plus certain. Celui qui fe fait par immerfion
tient le fécond rang. Le moins bon des trois
eft le chaûlage par afperfion, parce qu J y a
fouvent des grains qui ne font pas affez imprégnés
de la préparation, & que ce chaulage ne
donne, pas une occafion d’ôter les grains de
Carie ou les petits grains de froment, comme la
fournirent les deux autres, Au refte, on le rendra
auffi parfait qu’il eft poffible, fi on ne lui loui
met que du froment qui ait paffé par la meilleure
dépuration auparavant, & fi on exige des ferviteurs
employés à l’opération, qu’ils n afpergent a-a-
fois que deux fetiers, & qu’ils les remuent bien
avant de paffer à deux autres fetiers.
Quand le froment chaulé eft bien fec , on
peut le garder dans l’éiatde chaux autant qu on
le voudra. Les fermiers qui en ont chaulé plus
qu’il ne leur en faut, lavent ce qui leur reite>
& le mêlent à d’autre froment, defiiné a être
vendu. Ils pourroient le conferver pour 1 année
fuivante, fans craindre qifil ne fût altéré. 1
lève auffi bien que du froment récemment
chaulé. • .
Les femeurs fe font plaints quelquefois q
le froncent chaulé avec la chaux feule a fm
dofe, les iiiconynodwt, lorfque le
rai^attok la chaux fur le vifage. Il y a deux
moyens' de pareç à cct inconvénient. Le premier,
& le plus fi ni pie, feroit de chauler quelque
tems d’avance & de remuer fouvent. le froment,
quand il fait’ bien fec. Alors, une gran.de partie
de la chaux en poudre fe difperferoit dans le lieu
du chaulage. Le fécond moyen Confifte à laver
Je froment chaulé, après le deuxième ouïe troi-
jièmè jour. Ce lavage , en enlevant la chaux,
enlève la portion de Carie qu’elle a détachée,
j ’ai éprouvé même que du froment,, ainfi traité,
produifoit encore m o i n S | d e Carie que celui qu’oh
iemoit enveloppé d,e fa chaux.
Beaucoup de Cultivateurs font perfuadès qu’en
chaulant avec des préparations très-rcbatides., ils
préfervent plus fûrement leurs fromens de Carie.
J’ai effayé des -chau-lages depuis vingt degrés,de
chaleur jufqu’à quatre-vingt, &je me fuis i-affiué,
j.jque la diminution de Carie n’étoit pas en raiion
du degré de; chaleur du chaul/ge,,. &, qu’il étoit
indifférent de chauler à. vingt degrés ou à foixantè.
2 ° Que «Je froment ne fupporroit pas au-dela
de foixantè à foixante-cinq degrés de chaleur,
fans que fon germe fût altéré. 3. ° Q,u’à foixantè- !
dix degrés le germe étoit entièrement détruit & I
qu’il n’en levoit pas un grain. Il fuffit donc j
que la préparation foit ■ aflez chaude pour, tenir )
en diflblution les fubftances qui la eompofent.
Prix des ingrédient qui entrent danschaque Méthode. !
Le prix des ingrédiens qui entrent dans la
compofition des différens chaulages, doivent
varier félon les circonftançes. Je ne puis..rien
déterminer,à cet égard qu’en -rapportant ceux
des pays où j’ai fait mes expériences. Il efivrai-
ferablahle que, dans d’autres cantons , la méthode !
oui m’a paru la moins chère-& la meilleure,!
fera la moins bonne & la plus difpendieufe.:
Chacun comparera mes prix avec les liens, &
fe décidera pour-celui des chaulages qu’il croira
h plus économique. On fuppoiè qu’on ait à
femer cent fetiers dé froment, mefure de Paris,
chacun du poids de deux cens quarante à deux
cens cinquante livres ; c’eft l’enfemencementde
cent dix à cent vingt arpens, ,de- cent perches à
hngt-deux pieds la perche , il faudra :
A*«* la Méthode ou la chaux feule eft employée,
Trèize cens cinquante livres de chaux ou
foixante-quinze boiffeatix de Paris, qui forment
-.px muids ou quatre poinçons d’Orléans, du .
■fnx de 3 liy. le cent pefant....... 40 liv. 10 f. :
Trois mille deux cens cinquante pintes d’eau
*je P^ts, ou de fontaine ou de rivière, qui
.^a^nt cinq muids ou dix poinçons d’Orléans. >
j S’il falioit payer le tirage ou le tranfporr de
cette eau, elle auroit de"la valeur , fur-tout,
comme en Picardie,, on la rrioit de plus de
inculture. Tome IL
cent,cinquante pieds de profondeur ; mais ce
îravaft fait partie de celui dé la ternie, & oh
ne. le^ calcule pas. ;
En ne comptant donc quê le prix de la chaux,
le chaulàge de fchaqùé fetiér de froment revient
dans cette méthode à 8 fols. ' !
Dans la Méthode ou la chaux eft unie au fit
'marin, le feul des f i s 'neutres qu’on fu ijf employer
a moins de frais, '
Neuf cens livres de . chaux. ou cinquante
boifie)iüx qui 'fôrfnetit ehritoh triffs ’pOinçops
'd’Orléans j,a 3 liv. le c'em pefànf....... . '27 liv.
Çihquànte livres de' fél, à 2 fols, j. . 5
32 liv.
Ee fel donnant de l’aélivifé à. la préparation ,
fcmploîe uh ‘ tï.eri de; chaux de moins/ Je fiip-
' ppfe le fél à 2 fois la livré ; düôiqù’il’ foit- dans
Ce moméht à nièilleùr mfirèné. Quand 4a balance
fera établie ^ il eft vraifomblable qu’il ref-
tera à 2 fols.
Même quantité / d’eau que dans la Méthode
précédente- '
Ce chaulage, éù‘i‘ïieicomptant que la çhaûx &
lé fel,- revient à 6 fois 6 deniers par fétier1 de
; femence...
Si^u' liéu dê fél cryftalifé, bn fait'ufagé d’èaii
de mer, qui contient environ quatre gros dé
fel par livre ( ï), on h’em'ploiera que le quart d©
cette eau, qu’on joindra à trois quartsd’eàu douce;
car trois mille deùx cens cinquante pintes1,-ou
fix’ mille cinq cens livres d’eau de iner, repré^-
lèntefoient deux cens livrés de fél. Il n’y auroit
aucun inconvénient fans doute de ne fe fervir que
,de cette eau ; mais, comme on. feroit dans quelques
pays obligé de l’allét chercher un péu- aft
loin, il eft bon d’avertir qulun quart fuffiroit.
On ne pourroit pas déterminer auffi facilement
les proportions des eaux des puits falés, parce
que les unes tiennent plus de fél en diffolutioft
que les autres. A Dieuzé',: en Lorraine, on en
retire jufqu’à feize livres; par cinquante pintes
ou cem livres d’eaù. Dans ce cas, pour leffiver
cent fetiers de froment, il ne fgyudroit pas plus
de cent cinquante ' pintes d’eau de puits falé^
qu’on joindroit à trois mille cent pintes d’eail
douce. Dans ft’autres falines, il en faudroit davantage
, ce qui doit'dépendre du produit en foi
qu’on obtient de chacune de ces eaux.
Enfin on a lieu d’efpérer la même utilité des
(i) L'eau de mer, comme ®n fait,rentes fortes de fiels ; mais le fiel marin cào bnatifeen td ’adlikfïaelt- / sm'yin étrroaulv, ey qeuf’te nle ppelutiste aqbuonadnatintét .î cIlh anceu n sd’aegs ita uptraess incei dd’iqenu edr éàta-pileleur- plr’aènsa: clyefi eq q; ’ielf iefu pffeitu, t pcoounrt emnoirn doe bfejel t,m da’riinn,