
iioître la valeur d’un quarréde terre aux Antilles, '
& les rapports avec l’arpent royal ou l’arpent de
Paris. Voye{ le mot Arpent.
C an n es h S u c r e d ’ E g y p te .
Quelque peu conlîdérable que foit la culture
Be Ja Canne à fiacre en Egypte, où elle s’appelle
KaJJ'abmas„ fi on. la compare à celle de nos
Colonies d’Amérique , il efl bon d’en donner
une idée , d’après un Mémoire de M. Mure ,
Conful de France, fur toutes les plantes cultivées
en Egypte. On plante la Canne à fucre
dans toute" l’Egypte, non-feulement pour l’u-
fage du pays, mais encore pour exporter le
fucre raffiné dans la Turquie, 8Tquelquefois en
mofeouade, à Livourne & à Venife.
Tout ce qu’on en cultive aux environs des
Villes , fe mange, les Cannes étant encore vertes*,
les marchés en font remplis depuis le mois de
Novembre jufqu’au mois de Mars ; on y en
trouve encore même pendant toute l’année..
Les pauvres gens font un ufage général du fyrop ,
dans lequel ils trempent leur pain, comme les
gens riches trempent le leur habituellement dans
le miel.
M. Bruce , dans fon Voyage aux fources du
Nil, a trouvé de grandes plantations de Cannés*
à fucre, aux environs de Zizelet, village Arabe,
fitué au vingt-feptième degré y il y en avoit
alors pluficurs bateaux chargés & prêts à partir
pour le Caire. Dans cet endroit, les Cannes
montent très-haut , & acquièrent la groffeur
d’environ quinze lignes de diamètre. M. Bruce
dit que les Egyptiens coupent des Cannes par
morceaux de trois pouces de longueur,. & qu’a-
près les avoir fendus, ils les mettent tremper
_ dans l’eau; ce qui leur procure une boiffon
agréable.
Les plantations de Cannes à fucre fe renouvellent
tous les ans. La meilleure terre pour cette
plante efi celle qu’on appelle F J J o u e d , terre
noire, formée par les dépôts du Nil. Ces plantations
exigent plus de frais que les autres cultures,
parce qu’il faut élever autour dès champs
qu’on leur deftine des chauffées confidérables,
pour les préferver des inondations du Nil
pratiquer des moyens d’arrofage pour le refte de
l’année.
On plante les Cannes à la mi-Mars , après
trois labours On étend des Cannes choifies ( ce
font vraifembiablement les fommkés des Cannes)
dans des rigoles faites avec Ja charrue , peu
profondes & peu difiantes les unes des autres.
Chaque noeud pouffe fa tige, qui s’élève, dans
le Saidy , de neuf à dix pieds, tandis qu’aux environs
du Caire & fur le Delta, à peine la
•Canne parvient-elle à fix pieds. Dans le Saidy ,
où s’en fait la plus grande culture, on les
récolte à la fin de Février.
D e s f u c s d e la Can n e.
et Les. fucs de la Canne, confédérés dans cette
plante , font, i.° Le fuc féveux que portent les
vaifleaux féveux. i . ° le fuc favonneux, extraélif
que portent les vaiffeaux propres, particulièrement
ceux de l’écorce , & le lue muqueux que
renferment les cavités médullaires des entre-
noeuds; ces- fucs font plus ou moins abendans.
Les qualités des deux derniers varient infiniment
fuivant la faifon & fuivant le tems. »*
Ces fucs fe confondent dans l’expreflion de
la Canne pour ne former avec fes débris lv$
plus fins, qu’un fluide homogène qu’on nomme
f u c d e C anne e x p r im é . »
« Les débris de' la Canne , unis aux fucs dans
l’expreffion, font de deux fortes ; les uns viennent
de l’écorce, & font nommés f é c u le delà
p r em iè r e f o r i e ; les autres viennent de lâfubftance
médullaire , & font nommés f é c u l e d e la Jeconit
f o r t e . Ces fécules font mieux connues fous le
nom vulgaire d'Veûm e s . »
« La chaleur. & les ‘ alkalis font les agens qui
agiffent le plus puiffamrnem fur le fuc exprimé.
Ils le décompofent en coagulant les fécules qui
fe féparèm fous la forme de flocons. Le fuc
dont on a enlevé les fécules , prend alors le
nom du f u c d ép u r é ou v e fo u . »
et II eflaifé de concevoir que le vefou varie fui»
vant la proportion & la qualité des'fucs qui le
compofent.Le fuc féveux ou eau de. végétation
eftle plus abondant ; le pèfe-liqneiir fert à re-
çonnoître fa proportion qui efi par quintal J
depuis cinquanre-fix livres jufqu’à quatre-vingt-
cinq. » : .i! ;
- «Le fuc muqueux, dont la proportion varieen
raifon inverfe de celle de l’eau, varie encore!
dans fa qualité, non - feulement en ce qü’ilj
porte à un degré plus ou moins fort les conditions
qui le conftituent fcl effenriel, mais encore
en ce qu’il efi plus ou moins éloigné de cet
état. ».
« On rapporte à trois qualités principales toutes!
les différences que préfente le vefou à cet égard.«
Ainfi, le vefou de bonne qualité efl celui clontj
le fuc muquenx efi tout entier à l’état defel
effenriel. »
« Le vefou de qualité médiocre porte un
portion plus ou moins grande de fuc niu
queux, privé de quelqu’une des conditions
néceffaires à fa conflitution de fe) effentiel. Cet
état a été défigné fous le nom à fr ftr c muqutui
f u c r é . Enfin le vefou de mauvaife qualité porte
encore une partie de fuc muqueux doux. » I
« D’après ces dlfiinélions, il efl aifé de concevoir
que le vefou efl d’autant plus médiocre-’,
d’autant plus mauvais qu’il contient dans
une proportion plus confidérable/du fuc 1,11
queux dans l’état fucré & dans l’état doux, bj
fuc muqueux, dans ces deux- derniers états,1111
beaucoup à f extraction du fel effenriel, & la5
Lnd quelquefois' impofftble. La proportion du’
lue favonneux extraélif éft afl’èz difficiles à déter-;
miner; c’efl ce fuc qui donne au vefou une
couleur ambrée, & qui avec le Fuc muqueux*
jdoux & fucré , concOurre à former la rnèlajfc ±
dont il fera queflion bientôt. »
D e l 'è x p r e jjio n d e la C an n e a S u c r e .
Lorfque la Canne, à fucre, efi* récoltée , on
j’exprime, par le moyen de machines, auxquelles
on donne le nom de moulins. Cès machines font
[formées principalement de trois gros cylindres
de fer fondu., élevés-Fur un plan horizontal,
qu’on appelle /æ T a b l e rangés: verticalement fur
[la même ligne. Le cy 1 indre-du milieu efl rourné fur
fon axe par une .puiffance, qui efl ou l’eau, ou
l’air, ou la force, des animaux. Onpourroir peut-
être faire ufage* de la pompe à* feu.
Dans les Colonies Françoifes, les befliaux &v
!eau font les feuls moyens employés. Dans quelques
unes des Colonies Angloifes, où’les* vents;
font réglés & cohflans, on fe fert* de moulins à
cent. Les moulins à eau font les, plus commodes
& les moins dispendieux.
Lorfque le cylindre du milieu du moulin efl
en action ; il communique aux deux latéraux le
mouvement qui lui efl imprimé; la puiffance
tourne de droite à gauche. Les Cannesqn on engage
entre ce cylindre& ie cylindre latéral gaucheç
fubiffent la première exprefîion ; on; les repaffe
pnfuite entre le cylindre du milieu & le cylindre
latéral droit, pour leur faire fubir une fécondé
expreflion. Alors les Cannes font déforganifëes
& privées de leurs fuc^ qui tombent fur la table,,
entrent dans une gouttière, pratiquée à une des extrémités
& roulent dans des réfervoirs nommés b a f -
(fw à f u c e x p r im é . Ces baffms, ordinairement au
nombre de deux , font placés dans la fucrerie
ou adjacens à ce bâtiment.
Al Amérique eefont ordinairement dèsNégreffes
pu des Nègres peu intelligens, qui font le fervice
pes moulins, c’eft-à- dire, qui engagent les Cannes
entre les cylindres d’un côté, &lesengagéntune fe-
ponde fois de l’autre côté.Pour cette féconde opéra-
uon ,‘on a imaginé depuis vingt ans une machine, ■
Boinmé D o u b l e u f e , qui -écohomife une ou deux *
^greffes.. . . :
, ^ fuut toujours avoir foin que les débris
F Cannes qui tombent fur la table ,■ ne s’op- ■
polent pas à l’écoulement du fuc exprimé & ne i
taufent un engorgement dans la gouttière. Les i
Mnncs exprimées deux fois prennent le nom de *
On les lie par paquets & on les porte
a.ns ‘cs cafés à bagaffes, où rangées avec foin
(les fe déffèch ent pour fervir de combuflible. ;
ai^ les plaines, où les pluies font rares, on
FJforme de grandes piles à l’air libre,
refont des boeufs ou des mulets, qui tournenf les
P°ulinsàeau. Ondivife ces animaux par attelages}
qui travaillent une ou deux heures de fuite alternativement.
. Les moulins font , ou à découvert ou enfermés
; dans des cafés.
. Pour extraire du fuc exprimé des Cannes tout
• Ce qu’il contient & fur-tout le fucre , il faut
pluneurs opérations, dont les unes fe font par
les cultivateurs même, & les autres par les ra£-
fineurs.
Le premier travail fe fait dans la f u o r e i e ; on
appelle ainfi un bâtiment qui contient -les four-,
ncaux & les chaudièreè.
Dans toutes les fucreries il ,ÿ; aordinairement
deux é q u ip a g e s . On donne.ee n91.11. à l’enfemble
d’un certain nombre de chaudières. On lesdifiingue
en grand & en petit, foit par rapport au nombre,
. foit par rapport à la capacité des chaudières.,
; Chaque équipage a un où deux haffins', pour
: recevoirlle fuc exprimée En outre, les fucreriès
' ont , pour la plupart, deux fourneaux, dont l’un
porte deux chaudières , qui fervent à cuire les.
firops, & l’antre une feule, funnontéed’un .glacis,
très-élevé & très-évafé pour les clarifications.
• Chacune des' chaudières , ;qui compofent un
équipage à fuc exprimé , a un nom différent,
analogue à fufage qu’on en fait. La première efl,
appelée G r a n d e , parce qu’elle a plus de capacité
que les autres.
La fécondé fe. nomme la P r o p r e , parce- que
dans cette chaudière le fuc doit être épuré &
amené au plus haut degré de propreté. .
On donne le nom de F lam b e a u à la troîfième,
parce que dans celle-ci le vefou ou la matière
du fuc exprimé , déjà échauffée, préfente les
lignes qui indiquent le degré & la proportion de
leffive qu’on doit employer.
La quatrième'efl appelée S ir o p , parce que dans
cette chaudière le vefou devrait être amené à
l’état de firop; ce qui n’arrive jamais, fuivant
M. du Trône de la Couture. Enfin , la cinquième
chaudière efl la B a t t e r i e ainfi dite, parce .que la
dernière â<ftion du feu nommée C u i t e , que reçoit
le vefou firop* dans cette chaudière, excite quelquefois
un bourfoufflement confidérable, qu’on
arrête en battant fortement la matière .avec une
écumoire.
Près de la batterie ou à peu dedifiance, il y
a deux chaudières, nommées R a fr a îc h if fb ir s . Quand
le vefou-firop efi cuit au point convenable dans
la batterie, on le tranfvafe fucceffivemeut dans
l’un & l’autre de ces rafraîcbiffoirs.
Entre les1 chaudières; qui forment les équipages
& à la furface du bord , efl un petit baffin
d’un pied de diamètre & de deux à trois pouces
de profondeur, où l’on verfe les écumes, qui,
reçues dans une gouttière, font portées dans la
g ra n de chaudière,' près de laquelle fe trouve une
autre chaudière, pour recevoir les groffes écumes.
Les vafes, dans lefquels on met le fucre cryf-
taüifer, focs de: grands bacs de bois de huit à