
forte (te ligature retarde d’abord par degrés
infenfibles, & arrête enfin totalement le cours
de la fève defcendante faifant route entre le
corps ligneux de ce tronc & cette portion d’écorce
d’abord comprimée & enfin tuée totalement.
Cet arrêt du cours de la fève defcendante
occalionne donc , néccffairement ,
immédiatement au - delfns de cette ligature ,
la produélion d’un Bourrelet fpiral comme
ces ligatures. Ces fortes de Bourrelet parviennent
quelquefois à une groffeur très-con-
fidérable, il n'eft pas très-rare de voir, dans
nos bois , tel de ces Bourrelets parvenu à un
tel degré d’accroiffement qu’il recouvre prefque
entièrement la tige de Chèvrefeuille qui a occafionné
fa produélion. Suivant le cours complet
d’Agriculture rédigé par Monfieur l’Abbé
Rozier, on a vu des cannes ou bétons fur lef—
quels de pareils Bourrelets, formant des fpira-
ies très-régulières , faifoient fept ou huit révolutions.
Ces ligatures fpirales tuent à la longue les
arbres quelles erobraffent. On voit, principalement
dans les forêts de l’Amérique feptentrio-
nale quantité d’arbres tués , de cette manière,
notamment par ie Célallre grimpant que Lin-
noeus nomme Cetajtrus Scandent, & qu’on nomme
yulgairement à caufe de cette particularité le
bourreau des afbrcs.
J’ai encore vu une autre forte de Bourrelet
occafionné par ligature & qu’on pourroit nommer
Bourrelet'par relâchement ; voici ce que c efi:
J’ai, dans le cours de la préfente année, ferré
la tige d’un foleil annuel que Linnæns nomme
hclianthus annuus , par une circonvolution de
fil de lin, âffêz fin , noué fermement autour
'de cette tige. J’ai laiffé cette ligature pendant
-quelques tems-t puis je l’ai ôtée avant quelle
eut occafionné la production d’aucun Bourrelet:
. il s’eft produit enfuite, précifément à l’endroit
dè cette tige qui dvoit été couverte par ce fil,
un gonflement ou Bourrelet annulaire d’une
ligne d’élévation, lequel s’étendoit en diminuant
de groffeur jufqu'à là diflance d’une ligne , tant
au-deffus qu’au-deffous de cet endroit précis. Il
me paroît probable que la produélion de cette
forte de Bourrelet annulaire a été occafionnée
par un relâchement que cette ligature aura
produit , dans les fibres: de cette plante., à
l’endroit ço'mprimé par ce fil. Cç relâchement
aura apparemment permis à la fève de s é—
pancher en cet endroit. La produélion de
cettp tumeur végétale paroît analogue avec la
produélion des tumeurs animales, occafidnnées
par relâchement des fibres,
11 ne s’enfuit pas pour cela que la produélion
des autres Bourrelets mentionés ci-deffus dans
ce chapitre, & dans’ les-deux autres chapitres
précédens, ait ainfi que les cicatrices que çes
Bourrelets forment, autant: d’analogie que quelques
Auteurs-fé font plus à en troitver avec la.
formation dés- cicatrices dès plaies dès aHj
Ce que j’ai dit dans' cet article , qui compr^
un traité, peut être affez complet, détour^
qu’on peut dire quant-à-préfent, d’in
& d’exaél fur Les plaies des végétaux , ni
prouver furabondamment & très-clairemeiîtV
l’économie végétale diffère extrêmement à
égard, comme à tant d'autres égards, de Fi
nomie animale.
O b s e r v a t i o n .
On voit, fans que je le dife, que plufJ
des réfultats que j’ai obtenus de mesexpérietj
ces , que j’ai expofées dans le préfent article
diffèrent à plufieurs égards de ceux obtenus,
annoncés jufqu’à préfent par les Philofopb1
Agriculteurs & Botaniftes , qui ont tenté d!
expériences femblables ou analogues. O n ne do!
pas pour cela fufpeéler l’exaélitude de ces hoir!
mes fi réellement utiles & fi juftement célèbres
mais il faut feulement en conclure, & fe co,
vaincre, d’autant plus, qu’il convient de répr
ter fouvent les mêmes expériences, & de varir
les procédés qu’on emploie pour les tentes
parce qu’il, peut arriver fréquemment que p
fleurs circonflances, fouvent très-difficiles à dq
terminer, en faffent varier extrêmement les r
fultats ; & encore parce que les plus clairvoyal
& les- plus favans n’apperçoivent pas toujours!
d’abord, tout ce que les réfultats qivils obtietj
nent préfentent d’intéreffant, & n’çn jugent »
toujours fainement, au premier coup d’oeil.
R é c a p i t û l a T'i'O N.
Je finis en réfumant en peu1 de' mots-les prit!
cipaux points d’utilité , tant théorique que prf
tique, qui réfultent des expériences & des obfif
varions-, tant des Auteurs:qui m’ont précédé qj
des-miennes , relativement à la produélion dfecj
différents Bourrelets, li remarquables, occafiOj
nés par des plaies ou par des ligatures, & relai
vement aux autres -phénomènes intéreffans qj
accompagnent cette produélion, & en font a»
fuite,
Principaux points (Futilitépratique.
Quant à la pratique de- l’Agriculture; il
par ces expériences & obfervations, q1101
enfin trouvé un moyen très-ftmple, t»
très - fûr de mettre très-prom ptement à m
de dompter en très-peu de teins les arbres
mands, ou feulement telle branche got
que ce foit ; & même de faire fleurir &
fier, dès leur première jeüneffe, flombfe
péces de plantes fruticantes, étrangères
1 très, qui ne fruélifient naturellement, qu^
un âge très-avancé ; & de faire fleurir &
fier, dans nos climats, quantité d’efpèces ?.
; tes , qui n’y ont jamais fleuri ni 'frndliné'
i .u Par ces expériepces, on a un nioyt^ J
M I c fleurs de nombre de plantes fruticantes,
■ F ; sav.ant lafaifon naturelle de leur floraifon.
expériences & obfervations ont fourni
J'vèn démultiplier, par les voies comnio-
1 7 promptes des boutures & marcottes, un
ïarand nombre?d’efpèces de plantes, étran-
autres, qu’on ne pouvoit auparavant
ftriolier par ces voies, ou même fouvent par
•line autre , en Europe. Et en même-rems
»eux voies font, par le même moyen, deve-
pius fùres & plus.faciles, pour nombre
Ipèees fis plantes ; à l’égard defijuelles on les
Çiovoit déjà utilement. y jj
■ . -çes expériences & obfervations ont con-
Çné à fairemécouvrir un moyen très-précieux
iLmenter confidérablement la force des bois,
■ fie changer très-promptement leur aubier en
is parfait. ■ ■ '
X • Elles fourniffent plufieurs préceptes utiles
*ur favorifer la guérifon des plaies des plantes.
\ ° Elles indiquent le moyen de guérir, au
Jns en partie, les arbres, de la maladie de
•gomme ; & de lei préferver fouvent de cette •
lladie deftruélrice.
k° Toutes celles de £es expériences & obfer-
Itions que j’ai faites relativement à la maturité
A fruits, & fur-tout celles dont j’ai mis les ré-
|jitats fous les yeux de la Société d’Agriculture,
is le cours de cette préfente année 1790,
mvent inconteftablement que l’on a , dans le
tocèdé qui occafionné la produélion du Bour-
let annulaire, le plus gros & le plus prompte-
Int formé, c’eft-à-dire, dans la plaie annu-
^•e, faite en tems convenable, un moyen immanquable
, & on ne peut plus fimple, ni plus
Jé, ni moins difpendieux d’avancer d’environ
Btizë jours la maturité des fruits, y compris les
pis, en augmentant leur groffeur-, d’amélio-
tr nos vins -, d’obtenir dans notre climat un
jinbrede plantes étrangères, des graines & fruits
, qu’on n’àvoit pu y obtenir jufqu’à pré-
. à caufe de la nature trop tardive de ces
fentes , &c. .&c.
Principaux pdints F utilité Théorique.
iQuant à la Théorie de la végétation -, ces mè-
jcs nouvelles expériences & obfervations que
P faites, & celles fur-tout dont j’ai mis les ré-
jftats fous les yeux de la Société d’Agriculiure,t
|ans lé,cours de cette même année 1790 ; 1.° confient,
& me paroiffent mettre hors de doute,
ptte vérité déjà découverte ,^notamment par lesi
»périences de' Bnffon & de Duhamel du.Mon-
#ii ; favoir, qu’il exifte uneYève defcendante
f tre.'le bois & l’écorce ; me paroiffent prouver
|ie îan]ais .il ne monte de fève dans cet inter-
B'e d’entre le bois &. l’écorce : réfutent les
■ .l^- ’ons fpécieüfes qu’avoit fournies,contre ces
Butions la produélion du petit Bourrelet qü’on
“&iculturé. Tome JJ,
a voit tu s’élever quelquefois de la lèvre inférieure
de la plaie annulaire , & dans lequel le
même Duhamel , & d’autres Botaniftes Phyfi—
ciens, très-recommandables,, ont jufqu’à prélent
jugé ne pouvoir nier que la fève montoit entre
le bois & l’écorcç ; & même réfutent à cet égard
les objeélions encore plus fpécieüfes que pourroit
fournir la produélion de ces gros Bourrelets
que j’ai vu naître au-deffous des ligatures annulaires
, & fur-tout cette produélion ci-deffus annoncée
d’un nouveau bois & d’une nouvelle
écorce fur la furface interne d’un lambeau dé—
corce, jufqu’à la hauteur de vingt lignes , au-
deffus de l’adhérence de ce lambeau au refie de
l’écorce de l’arbre.
i.° Prouvent furabondamment que la direction
du cours, de la fève defcendante, n’eil pa*
l’effet du poids de cette fève ; mais efi l’effet d’une
autre force très -puiffanre quelconque.
Confirment que le produit de cette fèye’
defcendante efi une matière fibreufe , tant li-
gneufè que corticale, qui fert à l’àccroifTement
des végétaux, entre le bois & l’écorce.
a.° Confirment Jk prouvent furabondamment
que le Bourrelet, produit à la lèvre fupérfeurc
d’une plaie annulaire, par la fève defcendante
arrêtée dans fon cours vers les racines, efi un
effort, de la nature végétale , tendant, non-
feulement à recouvrir la plaie ; mais encore à
- fuppléer , en même-tems, par la produélion de
i ce Bourrelet, au befoin dans lequel la plante eft
mife par cette plaie qui détruit une des deux
| voies néceffaires de communication entre fes
branches & fes racines ; racines que ce Bourrelet
tend vifiblement à remplacer par les germes de
racines qu’il contient, par les mammelons dont
fa furface eft fouvent hériffée, qui font des rudi-
mens déracinés, & enfin quelquefois même par des
racines toutes'formées quM produit même en l’air.:
5.0 Confirment la théorie , des boutures , y
compris les croffetes , &. des marcottes -, & notamment
prouvent furabondamment que c’eft
avec raifon qu’on a affirmé que là bafe tuméfiée
de l’infertion des_ bourgeons , tant de la
vigne que de beaucoup d’autres efpèces de plantes
, contenoit fouvent des germes de racine»
affez développés pour contribuer très-efficacement
à l’enracinement des boutures.
6.° Ces obfervations m’ont conduit à cette
vérité , contraire à l’opinion généralement reçue
que toute racine proprement dite, a pour axe des
fibres ligneufes, & jamais de canal médullaire.
y.° Ces expériences & obfervations apprennent
& prouvent furabondamment qu’une des
fuites néceffaires de l’arrêt du Cours de la fève
defcendante , par une plaie annulaire, efi que
depüis^e moment de tel arrêt , il ne fe forme
plus de fibres ligneufes o,u corticales fur la plante
au-deffous du point d’arrêt -, c’eft-à-dire , au-;