
une, ..efpèce. Je n’ai à parler en détail que des .
Bêtes à laine connues d’Europe.
Je ne crois pas qu’on ait penfé à introduire !
en Europe le mouton dü Bréfil, la Vigogne &
le Lama, qui ne peuvent vivre que fous un cli—
ma très-chaud, & qui,, par rapport à beaucoup
d’autres circonftances, femblent faits pour le Pérou
uniquement.
J’ignore fi la brebis de Crête & quelques autres
efpèces ont été apportées dans nos pays tempérés
pour s’y . multiplier. Mais je fais qu’on y
a pofl'édé le mouton a large queue & le mouton
à poil ras d’Afrique. M. le Prélident de la Tour-
d’Aigues ( Trimeftre d’Eté de la Soc. d’Agric. an-
née 1787, ) a eu dans fa terre de la Tour-d’Aigues
en Provence, des métis de moutons à large
queue , qui avoient imprimé leur caraélère dif-
tinélif à tous les troupeaux des environs, llafliire :
que c’eft une bonne efpèce pour les boucheries,
que les agneaux en font excellens à manger &
que la grailfe de la queue, qui ne fent jamais
le f u i f , eft très-délicate au goût. Cette queue
eft à - peu - près quarrée par le haut. Il
y en a de fept à huit pouces de larges & de
plus larges encore. Elle eft terminée inférieurement
par line petite queue ordinaire, relfortant
du centre de la malle.
On l i t , dans le voyage d’Afrique de M. Vaillant,
que cette queue n’eft absolument qu’un
morceau de grâilfe qui a cela de particulier
qu’étant fondue, elle n’acquiert point la con- ;
‘fiftance des' autres grailles de l’animal. C’eft une
efpèce d’huile figée à laquelle les Hottentots donnent
la préférence pour fe Boughouer, c’eft-à-
dire , pour leurs onéHons. Les Hollandois. Colons
remploient aufli aux fritures , & elle remplace
le beurre, fur-tout dans les cantons qui font trop
arides pour qu’on puilfe y élever des vaches.
Feù M. le Comte de Vergennes, Miniftre des
Affaires étrangères, fit venir au Roi pour fon domaine
de Rambouillet, trois moutons à poil ras
d’Afrique, c’eft-à-dire, de Guinée & d’Angola, &c.
Ils avoient les caractères indiqués ci-delfus par
Linnæus. J’ajouterai feulement qu’en les examinant
de près, on appercevoit, fur-tout fur leur
c o u , quelques floccons de laine, placées entre
les longs poils qu’ils avoient à cette partie du
corps. Ces floccons de laine fe perdoient & il
en repouffoit d’autres,
C ’eft donc avec raifon que <^s animaux ont
été mis dans la claffe des Bêtes à laine ; let^poils
de la crinière avoient plus d’un demi-pied de
longueur. Deux de ces trois moutons étoient
mâles, & l’autre femelle. Celle-ci foit par vice
de conformation, foit par vieilleffe ou à caufe
de la différence du climat, ne put concevoir.
.Les mâles alliés avec des brebis Flandrines & Ef-
' pagnoles produifirent des.métis, qui avoient plus
de laine que leurs pères, & moins de poil. Les
pères font tous morts, avant qu’on ait pu faire
couvrir.par eux les femelles, iffues de. leur ac, I
couplement. Car j’avois l’intention de voir eh I
combien de générations la laine dégénérerait en I
poil. En ouvrant un des béliers à. poil d’AfrUl
que, on a trouvé dans fa caillette, quatrièmeefto1* I
mac des ruminans, deux noyaux de dattes, qnî
s’y étoient confervés entiers & n’avoient d’âufl
altération , que d’être noircis. Par le caîcuUln
tems ou ces animaux étoient à Rambouillet^
par celui qu’ils avoient pàffé en chemin, pour
venir de Marfeiile où on les avoit tenus misaoù?«
en quarantaine, & enfin par la durée du trajet de
m e r , on peut conclure qu’ils avoient avalé cçs
noyaux de dattes, deux ans avant leur mort..]j
s’enfuit qu’en Afrique ils mangent des dattes.Si
ue les noyaux peuvent fe conferver long-tems
ans un de leurs eftomacs fans nuire à leur lanti
Car ils ne font pas morts de cette caufe. Cejl
par oeçafion que je configne ici ce fait.
Quoique les Bêtes à laine d’Europe nefoieni
que des variétés , cependant on les diftingue
de plulieurs manières : i.° Par races ou par
branches. Cette diffinéHon , fondée, fur la diver-
fité des Royaumes & des Provinces , dont les
animaux font tirés, eft la meilleure & la plus
ordinaire : on dit : ce troupeau eft de raft
EJpagnole ou Angloife , ou Flandrine ou Flamand
ou Bèrichone, ou Solognote , &c. Les races fe per*
nétuent & s’entretiennent, quand les pâturages,
dépendans du fol & du climat, leur conviennent;
elles dégénèrent dans les cas contraires; les
alliances des races mêlées & le défaut de foin
hâ'tent la dégénération & forment des races mutes
& nuancées, pour ainfi dire, à l’infini.
1 A raifon des endroits où ces troupeaux paillent;
delà les dénominations de troupeaux Valluis,Moir
tagnards , Bocageis, ou Bofquins , ou Sij-
quins , ou Boquins, félon qu’ils paiffent dans te
vallées, fur les côteaux fur les montagnes, &
dans les bois.
p i Par rapport à leur manière d’exifler,!«
uns voyageant beaucoup, les autres ne s’écartant
pas du pays, auquel ils font attachés. Il y a donc
des troupeaux voyageurs & des troupeaux per*
manens ou fédentaires. L’Efpagne & plufieun
Provinces de France fourniffent des exempte
des premiers ; en Angleterre & dans la majeua
partie des Provinces de France, les troupeau*
font permanens ou fédentaires.
4.0 La taille, le corfage & le poids établirent
core une diftinétion entre les Bêtes à laine, puilip
y en a de très-petites, d’autres très-hautes, d autre
d’une hau teur moyenne & plus ou moins pelant^
Les Bêtes Solo|notés, les Flandrines & les\ &
cardes, qui different de taille , de corfage' » *
.poids, en offrent la preuve.
5.0 Enfin la laine variant en cou leur, ®
fineffe, en longueur ,;en abondance , il y a<î
moutons rouges, jaunes, noirs, blancs, ü r f
* - . |HH
» jaiue ■ courte ', plus, -ou . moins, frifoe , à l^ipe,
longue»' à laine grofl’e .& à laine fine..'
f v:j jy a eI] France-, une forte-de iimutons^qu’oni
Appelle i’moutons do Faux. A cçtteM^npmfoatioo
En croiroit que c’eft upe;rg;eç à part;iis ije rii-ept
}pojnt leur nom d’un territoire , ni d’une Profr-
fcince • mais en voici l’origine. -Faux eft. un lieu
litué' aux confins, de la Hauqe-Marche & du Li-
Eioulin,.à cinq lieues, de Tulles. On y.tient
felufieüfs marchés, confidéràbles a moutons,, qu’on
|4 aifiène du Périgord, duQijérçj, du Rpuergue.,
®c la Guienne & quelquefois de' la Ga.fcogne ,
Iju Lîmoufin 8t de là Marcne^Tl y ,a. dôfic~des'
feioùtons de Faux de f ôliite taille. La plupart onf
Iles cOfnes.'"
Troupeaux d'FJpagne.
Ce qui'. èarâélé'rifë/ pârfiçülièrçmçrit’ les t'rou-
-Ipeau'x' d’Èfpagné aux' .yeux .dp ’ refte ■ de T'Éu^-
Ipop.e ; c’eft la iupériorité de fi nèfle d é leurs lai-'
:l|j'es ; maisj il nç faiit* pàV’ croire'que ,:dans tout
/ce Royaume, la laine foit égalément fine. Il'y a
Ides parties où elle eft m é d io c re& d’aiitres1 où
telle:efl groflière. M. le Pféfiderit de -la 'Tour-
vîd’Aigtiés ( Trimëftfé d ’Etéi dé;.là Société d’Agri-
iculture , année : 17^71|, rapfiohe , dès -faits quî
Iliïi font perfonnéls Û l ’àppui; dé cetle3 Vérité. Il
.(Ici; roi t avoir un troupeau d’Efpnsne laine hnc.
|On lui envoya' d’aboïcl désdo'êtés prifes parmi'celles
nqui paillent fur les 'bords de Ét Méditerrafïéë ;
«leur lainepétôir .très-inféfiê'ufë - Sèlîêf d e ‘-:Pr©£
Ivencé.0!! en1 reçut ensuite de la Navarre’,-de
p ’Ârri^on • - & de. Murcie , dont ldÿ: hHièrs poha,
Inoient; dé doiizë à -treize livres de - féiiië l 'SL !îe|
|brebfs-âup mdinâ fept "à huit dïvfës.} 'IÂi-! Ilaidd1â'è
Kel'le^6^'-étoi¥':fi^érieuçè-'à la laihé' dès^Eêtè^deJ
, Provinces'V:Oiftiiés; de la - Méditerranée; s Ge ‘ îïé
»ut -qidà-'4 a• tfôîfièiiie''’•‘fois” qu’il lui"en-'fVint- ies:;
penvirons dé'Sé^d'viér& div royàtiriie cdë- Léoù^
|Depijls';çe t.enis,..nbn^fpulément .les. laines égalent
ï fn ; finë.flë ;• ,àe^ ii)plus;èb£sllesj d’Elpagûe r fnm;
2êlles; ont plus de herfi&'plus} cîe fo.' ^eub" ;
» 'Selon :-M. ÇàVlier.Q- lès- trpiipeaux àulaine
.;.'“ne fout . diflingués;. des autres pàr. lè nom
■ dp trafumanis tranjrmgr.-ints ; on .. les : jianime
l^infi, parce>quéf %ux fois l’arinéeq ils ■ fo i s d e
feraodsj,VQyagés.: _IlS: fe trouvent dans, une partie
Rs a Caftille neuve , aux environs) dè Sègovie
•j.fct- en divers ..captops^ d.e. la Çaflille, vieille , dr
ippft .^7urgPs > en- fuivant. les.montagnes J '.ou la
W* i S S î ! »; jùfqu’aux frontières d’Arràgôn
f l If Nayarrp,. enfilant de l’Ôgcçgne .àAgrèda]
B « .în • pépétrànt. .dans, l’intérieur du pays’ilu’ ç^të
WAliuazân., ville .fituée fur la' grande rçultéde
Hi: .Navarre : à Madrid. .
B u ■ ; P^lls be.lles branches de bêtes trafumantes
fe p llli# d e ,S e g o v ie ,. de Paulàrd, de, i’Efcurial,
| ;tC ^W îo yp e ., d e B e x a s d e l’Infantado ,'.de
l.xuc ç (le; N^gretti , de. l'Efcoba^, &c. Qn af-
^gncidtùre: Tome IJ.
fure;;qdÇ Jes(plus fines, laines de toutes., font
celles des troupeaux de' Buytrago , â fept ou
bùit. iiëues 'au-Tel^nt' Vie *Sëgoyié , de Pécîraza
ail nord de ; cettë. villé , & • en tirant vers le
Dopro , celles.d’Àvilla. & de Léon.
Il y, a aufli,quelques, troupeaux de bêtes, tjrâfii-
mante% en Aa:ragpn,& :.en.. Eftram<iduré, niais tout
ce bétail n’a pas dé patrie ; il eft toujours ambulant,.
' ‘Les -Efpagnols ont tiré leurs>belles . .Vaces de
bêtes’ â laine du > royaume de Maroe. La Province
de Duquella:, dans ce Royaume fitiié fur
l’Océan Occidental a toujours .joui des .plus
fi nés qualités-.-, U n Roi Maure-, per mi t à Dom
Pèdre, quatrième Roi /cle Caftille , cîe choifir, dans'
fes Etats, des béliers.& des brebis.qu’il intro-
çiuifiçdanS:la yi-êilie, Caftille. Le Cardinal Ximé-
pès fojU-tint. cette. ifiiportaBon , dorijt .les, fuccès
•Çe/ra'lentiffoit, par une Fécondé qu’il lit faire par
force-, . en profitant des avantages. que' les armes;
Espagnoles avoient remportés fur les côtes'
de Barbarie. .
- L a furv eillaneedes nombreux» troupeaux en -Ef-
pagne fe. confie à. des infpeéleurs nommés;
May or0.11x1qrti» pn t; dçs. bergers.fpbordonnés.. Ils peu*
vent préiider à diiç jirtilje ;mQÙ|;qns. commander à
cinquante bergers en fouverairis,.' Ils. doivent être
propriétaires- de cinq cens beres ;• il cil nécclidire
qu’ils Foient vigoureux, iptelhgèns , habiles dans
la/ ictlre dëS bêtës hialàdes^' côîïnôiffeurs en pâ-
turages". Je rends;Volontiers* juftice à deux qua
j’aFeuJocc!àuôh dé voir 'à Rambouillet , pendant
les fix mois qu’ils y ont veille fur fe ' troupeau
du ifei.' IlS'FaVoiencconduire: & foigner parfai-
te'mënt des- 'MtÈs»àvlame'r exee'ptë! dans, les ‘cas de
uVdlt^méi? / o'ù;ÜSr;ne m’ont pas paru fuffifamment
ihftfÙitS.-'bfotl'fd) - ,
- : L’iéfir«éffftté dé? eerres incultes offre aux trou-'
pèÿiMl'tii|ë '4ongue' Fuite de pâturages contigus,.
où rè§'lirffpè<9:eurs &. ; les : bergers lés fon t voyàger
pendant toute Tannée.-! Lorfque les troupeaux
fcâtb Qfeiigétrde?: g arrêter. -, ;Fur-tout pour paffer
la.; m e t,. 'lesi/bqrgers jies raflemblent & les. ren-
ferm€?ktrÿlani unè enepimo pu parc , formé-de
çordés de fpàrtri qu’ils aflujétiflçnt.ayed dès fîclie&.
dans-la ; .ils difpo.fent les chiens auprès/; dix
parç^& dfeftent pour fe fepofer une tente légère &
portative., qn^/enlèyênt ie' lendémaiti. ■
C’eft en- Avril "oif reîi; Mai qùë les bèfès
Wafùinanfês rerrio.nfent vq'rs les montagnes de
Léon., .de . la vieille Çàftillè1, clé Cti;ënçàu& d’A r -
ragofo. lUes/tofit dè-Fét'dùr'êù Novembre dans
Iqs Ta^Mànfch.é, d’Eftràma^
dure, & d’Àndaloufie Elles! Remploient environ
deiix mois,',/pour/ arriver, dans* leurs quartiers
dçs;. m o n ta g n é s '& alitant de tems pour
f.eyéqir dans. çëüX dés plaines o ù . ellès doivent
pafter.,THiyçr/ Cçs animaux marchent à. petites
‘ journées/', fàifànt .trois bu "quatre lieues par
B b