
feule l’odeur de Carie. Cette eau évaporée j-ufqu’à
confifiance d’extrait, adonnédeux gros d’une matière
brune & tenace, différente de la colle; elle
bourfoufiloit fur les charbons ardens, fans jeter
de flamme, répandant une fumée blanche qui
fentoit la paille brûlée : c’étoit donc un véritable
extrait.
• Si l’on fait bouillir de la Carie, qu’on la filtre
& qu’on l’abandonne à elle-même, au bout de
trente à trenre-fix heures., elle fe trouble ; on y
voit nager des flocons blanchâtres , indices de la
fermentation putride ; la liqueur a une odeur
înfèéte -, & verdit le firop de violettes. Au contraire,
l’eau dans laquelle le froment a bouilli
•paffe fueceffiyement par les divers degrés de fermentation
connues, & ne fe putréfie pas ayant
iept à huit jours.
Une infufion fimple de Carie, en foixante
'heures, fe couvre de moifiiTure, communique
■ -une odeur infeéle à l’éau qui verdit le firop de
violettes, tandis qu’une infufion de froment, pen-
*laht le même-tems, ne contrarie aucune altération,
& ne change point la teinture bleue des
végétaux.
' Pour m’affurer fi la partie cxtraélive de la
Carie provenoit de la Carie entière, ou feulement
de la poudre , fans que l’écorce en fournît,
j’ai fait bouillir d’une part, dans fuffifante quantité
d’eau i une once de poudre de Carie féparée
de l’écorce, en la concaflant & la tamifant ; & de
l’autre part, une once d’écorce de Carie féparée
<ie la poudre par le lavage à froid. Les liqueurs
-.provenantes de l’ébullition ., ont été filtrées &
évaporées : chacune a donné de l’extrait, plus
'abondant dans la déco&ion de poudre que dans
"celle de l’écorce. Ces deux extraits différoient
encore en ce que celui de la poudre avoir beaucoup
déliant, défit manquoitprefqu’enrièrement
celui de l’écorce.
Analyse h feu nu y ou par la voit féclie.
Quatre ofices de grains Cariés , renfermés
dans une cornue , & expofés fur le feu au fourneau
de réverbère , ont donné d’abord trois gros
& demi d’une eau limpide, défagréable au goût
& à l’odorat, laquelle coloroit la teinture de
tournefol en rouge très-foncé.
Quatre onces de grains de froment traités de
la même manière & en même-tems, ont donné,
dèslespremières impreflions de la chaleur, d’abord
cinq gros & demi d’une liqueur jaune, d’une
faveur acide & piquante, d’une odeur de pain
brûlé, & fur laquelle commençoient à nager
quelques parcelles d’huile : elle teignoit la teinture
de Tournefol en rouge moins foncé que
Tefprit de Carie, & ne faifoit pas d’effervef-
cence fenfible avec les alkalis, comme il arrive
quelquefois, lorfque les liqueurs acides font là-
vturées d’huile.
ïï à paffé etifuite dans le récipient, delîîné i
pour recevoir les produits de la Carie, cinq
gros .& vingt-quatre grains d’une huile qui avoir
la confifiance du beurre ; elle nageoit dans une
once & deux gros d’une liqueur rouffe, acide
d’un goût piquant, & ayant l’odeur d’empy.
reume, jointe à une odeur particulière très-dé-
fagréable.
Le récipient du froment a reçu en- même» j
tems trois gros & dix-huit grains d’uhe huile qui
ne s’efl point épaifiie ; elle étoit en grande partie,
tenue, de couleur brune , exhalant l'odeur
d’huile empyreumatique, & mêlée à une once
& quarante grains d’un efprit roux,. foncé, fé- i
ride , qui ne changeait point la teinture bleue
des végétaux : cette huile étoit par conféquent
moins abondante de deux gros & fix grains dans ’
le froment que dans la Carie, qui a fourni moins
d’eau en tout.
Le feu avoit été pouffé jufqu’à fondre les
cornues. Le charbon refté dans- celle qui avoir
contenu la Carie, étoit léger, fpongieux, pil-
lant, ainfi q.ue l’intérieur du vaiffeau, & pefoit
fept gros. Les grains cariés y a voient’ confervé
leur forme , & s’écrafoient aifément fous les
doigts ; en quinze heures ce charbon fut incinéré.
Je le fis bouillir enfuke dans : l’eau dif-
tillée ; la liqueur paffa trouble par le filtre', tant
étoit tenue la partie terreufe de la Carie. Je
foupçonne que c’étoit une terre calcaire, réduite
à l’état de chaux. Cette même liqueur,
foumife à l’évaporation, a fourni del’alkali qui
a verdi le firop de violettes.
Le charbon de froment pefoit une once, la
forme- des grains y étoit aufli eonfervée ; ils
avoient beaucoup de confifiance & de brillant,
comme l’intérieur de k cornue. Ce charbon ira
pu être incinéré complètement qu’après que le
creufet, dans lequel je l’ai mis, a été tenu rouge
pendant trente heures ; au lieu qu’il n’en a fallu
que quinze pour incinérer le charbon des grains
Cariés. Je l’ai aufli fait bouillir dans l’eau dif-
tillée j & j’ai filtré la décoélion , qui a paffé claire
& limpide, tandis que.celle.dé la Carie étoit
trouble. Elle a donné par évaporation un peu
d’alkalie fixe.
Dans fanalyfe par diflillation ou par la voie!
humide, j’avois examiné féparéinent ,1’écoree &
la poudre des grains Cariés. J’ai cru devoir fore
aufli fur ces deux parties des expériences a il:
tinèlès par la voie fèche. Une once de poudre
de Carie a été mife dans une cornue, & foi-|
■ lement une demi-once d’écorce dans une autre;
les ayant expofées fur le même fourneau,I
j’ai difliilé jufqifà ce qu’il ne paffât plus rien.
La poudre de Carie a fourni deux gros du® 1
efprit acide, jaune, d’une odeur piquante & dél
fagréable, mêlée à trois gros d’une matière J111" j
leufe , moins épaifle que l’huile obtenue delà j
Carie entière par l’analyfe à feu nu. J’ai
I tiré de l’écorce un gros & vingNquatre grains
I efprit femblable à celui que la poudre de
I Carie avoit donné ; il. étoit feulement plus coloré
en jaune mêlé à un gros & demi d’huije
noire, fétide, empyreumatique. Le charbon de
.l’écorce étoit plus léger que celui de la poudre.
, Cette dernière expérience confirme celle qui .la
précède, puifque les réfultats en font les mêmes.
Comme il étoit- poffible que la connoiffance
delà nature des gas contenus dans la Carie &
I dans le froment, donnât quelques lumières de
I plus fur les différences. qui fe trouvent entre;
I ces deux fubfiances, j’ai difliilé à la.cornue une.,
K ,demi-once de grains cariés , & une demi-once
.de graine de froment, en employant un appareil
fimple , décrit par M. de Lafl’one , premier ;
Médecin du Roi. Il confifloit à placer une cor- j
,nue de verre fur un fourneau , & à faire paffer
I le bec de la|cornue à travers de l’eau conrenue-
I dans une terrine, de manière qu’il s’infinuât
I fous un récipient aufli rempli d’eau. Après avoir
I laiffé échapper l’air atmofphérique de la cor-
I .nue dans laquelle j’avois mis de la Carie, j’ai
I reçu, i.° vingt-fix pouces cubiques d’un gas qui
I .étoit en grande partie de l’air inflammable; car
I l’eau n’en a abforbé qu’un peu, & le relie s’efl:
[ enflammé. 2.0 Vingt-fix autres pouces- de gas,.
I qui contenoit moins d’air fixe & plus d’air in-
I flammable ; il a j.etté une flamme bleue & du-
I rable. $.° Huit pouces, qui n’étoient que de J’air
[ inflammable , püifqu’il a répandu une flamme
blanche, vive, & puifqu’il a brûlé jufqu’au fond
[ du vaiffeau. 4.0 Enfin , treize pouces d’air in-
| flammable pur, qui s’efl enflammé même ,avec
| un peu de détonation. Le froment a donné-d’a -,
I bord trente-un pouces d’air prefque totalement
| fixe , enfuite vingt-fix pouces d’air inflammable,
& vingt-quatre pouces d’air inflammable
[ qui détonnoit.
Cette analyfe meparoîtjpropre à faire connoître
j en quoi le froment fain & le froment Carié, qui
| en ell une altération , diffèrent l’un de l’autre ; le
[ premier ne communique à l’eau dans laquelle
| on le difliilé , ni faveur ni odeur; ■ l’autre lui
| communique un goût défagréable & une odeur 1
[fétide, & la rend légèrement alkaline. La dé-
[ coétion de froment produit par l’évaporation
I one matière gélatineufe , qui ne beurfouffle pas
[fur les charbons ardehs. On obtient de celle de
[ Carie un extrait tenace qui bourfouffle au feu ;
[le froment analyfé à feu nu , donne plus d’eau
[ & moins d’huile que la Carie, dont le char-
[ bon efl plus atténué ; le froment contient
Iquelques.pouces de gas de plus que la Carie;
| ®ais ’ dans ce gas, il y a plus d’air fixe & moins
[ uair inflammable ; d’où il fuit que, dans la Ca-
■ fiejes principes deflinés à former une fubflance i
I «rineufe , fe trouvent détruites. ; -
| Pour m’en affurer davantage, j’ai traité, fe-
I *0Q U méthode de Keflelmeyer, de ja farine de ,
froment & de larpoudre.de Carie féparée de
1 écorce. La première, comme fl efl aifé de le
croire, a fourni une partie glutineufe très-éJafr-
tique ; la fécondé, quelque foin que j’aie pris,
n en: a "pas donné du tour. J’ai délayé de cette
poudre dans. 1 eau , & je l’ai expofée au feu:,
fans pouvoir en faire de la colle; elle n’efl pas
difloluble dans l’eau froide, au fond de laquelle
elle fè précipite fans la teindre4
Lè principe odorant de la Carie réfide dans
la poudre & non dans l’écorce, puifque cello-
ci, dépouillée de fa poudre par les lavages, n’a
point d’odeur. ; ce principe fe refferre» quand
on fait macérer de la Carie dans l’eau, mais le
feu le développe.
La partie colorante dépend aufli de la poudre.
L écorce efl un milieu à travers lequel on
lapperçoir. On ne parviendroit que difficilement
à féparer ces deux parties par l’ébullition;:
car, à chaque décoétion, il fe détache un peu
de la poudre , qui -n’efl qu’en frtfpenfîoq dans
leau, puifqu’elle fe précipite entièrement par
le repos, laiffant à, l’eau fa limpidité. Le feul
moyen de. l’énlever totalement, efl d’exprimer
la Carie. & de la laver dans l’eau.
Préfumant que cette partie colorante avoit
pour caüfe une huile qui étoit à découvert,
j ai fait digérer de la poudre de Carie pendant
un jour,«dans une pn.ee d’efprit-de-vin qui efl
devenu^ jaune — clair. Ayant filtré cette teinture,
j ai verfé à deux fois différentes1 de nouvel
efprit-de-vin fur le réfldu ; il s’efl toujours
coloré, mais foiblement, en forte que la poudre
de Carie n’en paroiffoit pas altérée. Je ver-
fai deflus de l’éther vitrioliqüe, qui, après quelques
heures de digeflion, refia limpidef enfin
de l’acide nitreux , qui étoit très-clair & très-
pur , en deux heures, enleva, à une chaleur
douce, toute la partie colorante de la poudre
de Carie, en produisant une effervefcence &
biffant échapper beaucoup de vapeurs rouges
ou gas nitreux. Dans ce cas, l’aèlion de l’acide
nitreux étoit pareille à celle qu’il exerce fur les
fubfiances--qui contiennent des matières huileu-
fes, de la nature des huiles, graffes, ainfi que
M. Cornette m’a dit l’avoir obfervé pluficurs
fois.
Si 1 on jette de la Carie entière’ flir des charbons
ardens,- elle brûle & s’enflamme comme
les fubfiances huileufes; la poudre, privée de fort
écorce, brûle plus long-tems, parce qu’elle con-;
tient plus d’huile. J’en ai rempli un creufet,
que j’ai expofé au feu : à un léger degré de
chaleur, il s’efl dégagé une odeur défagréable :
la poudre s’efl: enflammée en jetant une flamme
claire qui s’eft élevée à un pied de hauteur, &
qui étoit furmontée d’une fumeé épaiffe, analogue
à celle qui réfulte de la combuflion des
huiles., Le creufet ayant été retiré, lorfque la
flamme a ceffé, la furface en étoit couverte