
marais de la Charente, du Poitou & de 1’Aunis.
Celles de Suiffe, des Cëvennes & de l’Auvergne
occupent le fécond rang. Je placerois enfuite
les vaches du pays de Caux. Il y en a de
communes & au-deffous de celles-ci par-tour.
Les plus petites font celles d’Oueffant & de
la Sologne. Si l’on en croyoit l’Auteur de la
Maifon ruftiqiie, édition de 1775, les Flandrines,
les Breffanes & les Hollandoifes auroient été
apportées de l’Inde par les Hollandois. Mais
M. l’Abhé Rozier les fait defeendre, avec plus de
rraifemblaiice, des vaches que les Hollandois
rirent tous'les ans du Danemarck, où elles font
très-belles. On verra, à l’article Bêtes à laine,
que les Hollandois ont, à la vérité, importé de
l’Inde une grande efpèce ou race de brebis,
connues fous le nom de Flandrines. 11 eut été
poflible qu’ils euffent apporté en même-tems des
bêtes à cornes ; mais rien ne le conftate. Je
préfume que l’Auteur dé la Maifon ruftique a
lait une confufion.
Taille des Vaches.
Pour donner une idée de la différence de
taiHe de plufieurs fortes de vaches, j’en ai pris
moi-même les mefures. Deux Flandrines avoient
quatre pieds fept pouces de hauteur de terre
au garôt ; iept pieds quatre pouces du fommet
de la tête à la queue ; l’une, fix pieds trois pouces
& l’autre, fïx pieds un pouce de groffeur fur la
poitrine. Elles étoient maigres & avoient beaucoup
défait.
L e troupeau du Roi à Rambouillet, à fon arrivée,
étoit compofé de vingt vaches , elles avoient la plupart
quatre pieds & demi de hauteur, fept pieds
de longueur, & fix pieds deux pouces de groffeur.
Les autres avoient feulement quelques pouces
de moins ou de plus en hauteur, longueur ou
groffeur. Deux de ces dernières cependant avoient
plus dé taille ; car l’une avoir quatre pieds fept
ppuces dè hauteur, fept pieds dix pouces de
longueur, & fix pieds cinq pouces de groffeur;
& l’autre quatre pieds onze pouces de hauteur,
fept pieds dix'pouces de longueur, _ & fix pieds
neufppuçesde groffeur. Elles étoient plusgraiides
même que les Flandrines.
Une belle vache,. élevée en Normandie, &
faifarit partie d’un troupeau de Beauce, a voit
quatre pieds & un pouce de hauteur r fix pieds
& demi de longueur, & cinq pieds & demi de
grofieur.
Enfin, une vache de la taille de celles de
Sologne avoir, trois pi^ëds neuf poucesde hapf.çur,
cinq pieds & demi de longueur, & cinq pieds ,de
groffeur.
Il y a fans doute de plus grandes .& de plus
petites.vaches que cellesclont je viens de. .décrire
la taille. Mais, en ne prenant les extrêmes
que dé céUes'-cij on voit guede,1a .plps^iaute
à la plus baffe il y a une différence de qtlaïo^y
pouces; de la plus longue à la plus courte , unj
différence de leize pouces, de la plus groffe à
la plus mince une différence d’un pied neuj|
pouces.
Pour avoir les plus belles produétions, il nj
fufïit pas de faire un bon choix de Taureau 1
il faut que les femelles lui correspondent. PluJ
elles auront de taille , plus les veaux qui en
naîtront feront gros & forts. Il fera utile d{
renouveller & d’entretenir le troupeau, en fe
débarraffant des vaches tarées, ou trop vieilles, ou
incapables de produire, ou peu abondantes en lait,
On élevera les geniffes, iffues de mères reconnues
pour bonnesj ou on en achètera dans le pays,, ou on
en fera venir de lieux éloignés. Dans ces achats, on
doit confulter les reffources du canton qu’on ha-J
bite, afin de n’introduire dan* fes étables quel
des vaches, qu’on puiffe nourrir:' les grande*
confomment beaucoup; dans les pays mêmel
des meilleurs pâturages, en Suiffe, par exemple,!
lés plus intelligents économes ont dir à M.l
de Malesherbes, qu’ils préféroient des vacliesl
d’une grandeur moyenne à celles qui font l’admi.1
ration des voyageurs ,. parce qu’elles nè pro-l
duifoient pas à proportion de leur taille. A exa-l
miner la chofe théoriquement on obfervera que®
une grande vache donne plus de lait qu’une I
petite, il faut plus de fourrage pour la nour-l
rir- Veu t-,on connoître celles qui mériteciI
la préférence, il y a uu calcul à faire J c’el I
de favoir fi la même.-quantité d’herbe donnil
plus de lait, quand elle a paffé par le corpsI
de huit grandes vaches , que par celui ü<l
douze petites. Or je crois que ce calcul ni I
pas été fait. J’ai feulement lu qu’en Suiffe, 01 I
eftimoit la conffommation d’une vache à lait «kl
taille moyenne , pour la faifon du pâturage, I
c’efi-à-dire, du 10 Mai au 15. O&obre, au pro-1
duit en herbe de 4 arpens, chacun de 36,0001
pieds quarrés, & à 15.0 livres de trèfle vert, parjoi I
en Eté, repréfentées en Hiver par 25 livres de trèfi®
fe c , leitrèfle perdant les quatre cinquièmes par ü I
deffication. Il faut donc s’en t,enir à l’expérience, I
& comme, il efiv d’expérience que les grande I
vaches du Holfiein, de Hollande & de Suiffe, mai- I
griffent, languiffent & meurent fouvent dans df I
pâturages moins gras, la queiKon femble décidé I
11 y a cependant une remarque à faire, ca®
qu’on peut choifir les plus belles & les meilleures®
dans la clafle de celles qui conviennent au pays®
& que dans beaucoup d’endroits-, pour être e»
état d’avoir de grandes races, il fufet d’améliora®
& de multipliçr les pâturages.
En France comme dans beaucoup d’autit®
Royaumes, pour renouveller leqrs trou.pea^H
fes Cultivateur achètent des vaches à des foirej
pu ,à,des iparchés- On leur vend ctes.getttff&jM
•dppx .ans;,4 )^ ^ .a être, r^ipplies. J ’ai, vu un gras®
;noinb£ev çgs^ genifïçs languir &, -mouik,, J:
B E T
jfenai cherché la caiifè. Les pays, où je faîfois
4es recherches, font des pays où les vaches
jeflent une grande partie de l’année à l’étahlé,
$ font nourries le plus fouvent d’alimens fecs.
]I m’a paru que ce* genifîes venant dè pays
d’élèves f c’ efi-à-dire, de pays où il y a des pàtu-
îfeges humides, dans lefquelles elles paffent les
.journées entières, ne pouvoient s accoutumer
d’une manière de vivre, trop oppofée à celles
quelles avoient menée depuis leur naiffance. Tout
Changement, lorfqu’it efi brufque, efi touj'ours
ècheux. Il faudroit que les cultivateurs de pays
fecs, lorfqu’ils achètent de ces geniffes, les riour-
iffent quelque tems d’herbe fraîche, & enfiiite
4’herbe fanée, en paffant par degrés à la nourriture
sèche, ou qu ils ne les acheraffent que dans
if faifon, où ils envoient leurs vaches paître aux
Champs, foit dans ceux, qui ont produit deé
grains, foit dans les regains des pâturages artificiels.
Plufieurs, depuis quelques années, prennent
le parti d’élever eux-mêmes lèurs geniffes, & je
Crois que ce parti efi très-fage, pourvu qu’ils
aient un bon taureau, & qu’ils n’élèvent que
tes veaux des belles vaches, qu’ils les nourriffent
bien, qu’ils ne les faffent pas couvrir avant deux
ans & demi ou trois ans.
•P o u r entretenir & renouveller un troupeau de
ïo vaches, il fuffit d’élever, tous les ans,
fois ou quatre geniffes. On voit des vaches, qui
font bonnes au-delà de douze ans; on les conserve
tant quelles fe foutiennent; mais com-
mîmément, après douze ans, on ne doit pas en
attendre un grand profit ; c’efi l ’âge où on s’en
défait. Ainfi, en élevant tous les ans trois ou quatre
geniffes, on peut. remplacer les vaches qu’on
Vend & celles qui meurent.
des bêtes a cornes.
■ . - - ;
Dans l’état fauvage les vaches, comme les
semelles des autres animaux, ont fans doùte une
goque à-peu-près fixe dans l’année, où elles
deviennent en chaleur. Mais la domefiieité a
dérangé la nature. Dans nos climats, les vaches
reçoivent le taureau en tout tems ; on remarque
«pendant qu’en général elles' ont plus de dïf-
pontion à le recevoir au Printems & en Eté.
« L e!larrangemens d’économie^ de nourriture
^:.^r«des ^confiances particulières, on par-
trou ha ne/ aire couvrir la majeure partie d’un
favo?aWU de vaches, que dans la faifon la plus
tcur Sa aiU 1 propofe.Suivant l’Au-
U; r\„_ , ^ ailon ruftique., édition de 1775 :
» varif 6S Pa^s c^a.uds > on ne fait faillir les
w s. -es ^ u^ x mois de Février & de Mars,
# rl H | en d’autres tems; C’eft .l’ufage de
n Rempnt6 tous cs Itahens. Ils condamnent hau-
w faifon CaUX e? ufent autrement. Leur
j elt que leurs vache«, qui vêlent en
T E T t ÿ .
J # Novembre &. Décembre, allaitent leurs veaux
1 » pendant qu’elles fe nourriffent de fourrage
» & elles font libres quand les herbes renâiffent.
» çn forte que comme le lait efi alors plus abon-
» ,.nt> P^us §ras & de meilleur goût, que quand
» elles ne mangent que du fourrage, par ce
» moyen, on a tout le lait; on ne le partage
n point avec les veaux ; on l’a meilleur ; on en
» a davantage, & on tire tout le profit des bons
» beurres & des bons fromages qui le font alors. »
Cette fpéculation des Italiens efi fondée fur de*
calculs de profit. Ils n’ont que le tort de blâmer
indillinélement ceux qui ne fuiyent pas leur
pratique. Des motifs aulfi puiltans déterminent
une conduite différente. En Auvergne, pays ott
il y a beaucoup de vaches, les uns donnent la
taureau à leurs vaches à la fin de Mal, 0«
au commencement de Juin, & les antres au commencement
de Mai; par cet arrangement, les
veaux naiffent pour les premiers en Février à
rapproche du Printems, & pour les autres un
mois plus tôt. Ces derniers font dans tin pays abondant
en foin, & les premiers n’ont que très-peu
de fourrage. r
Quelques fermiers en paysdeplainefont, par le«
mêmes motifs, couvrir leurs vaches en Hiver, afin
d avoir des veaux en Automne & du lait en Hiver
faifon où les veaux & le lait font plus chers. Les
payfans, qui ont peu de reffource pour nourrir
leurs vaches en Hiver, font en forte qu’elles fe
rempliffent en Eté, afin que les veaux naiffarit
au Printems, où on trouve abondamment de
1 herbe à leur donner, même quand il n’y a pas
de pâture commune, ils aient en Eté beaucoup'de
lait qui puiffe leur procurer du caillié & du fro-
magè, dont ils fe paifenr plus aifémenten Hiver.
Les lignes de la chaleur de la vache ne font
pas équivoques. Elle faute fur les vaches, fur les
boeufs, fur les taureaux même; fa vulve efi gonflée
& proéminente, elle mugit alors très-fréquemment
& plus fortement qu’à f ordinaire, il faut’
autant qu’on le peut, profiter de cet état, pour
,ul-.d.on.her le taureau; fi on le laiffoit paffer ou
s’affoiblir, elle ne retiendroit pas àuffi sûrement.
Quand les animaux mâles & femelles font en-
femble dans les pâturages, le taureau couvre en liberté,
fans qu’on s’en mêle; les vaches qui font en
chaleur ; mais quand il fert d’étalon à tout un pays
on lui en amène qu’il ne connoîtpas. Quelquefois
h les dédaigne, ou ne les couvre qu’à regret ou
parce qu on lui infpire dé la crainte, en lui montrant
un bâton. 11 arrive auffi au taureau de
fortir avant d’avoir éjaculé la liqueur féminale
de monter plufieurs fois inutilement, de vouloir
répéter 1 aéle de la génération, &. d’être dérangé
par les divers mouvemens de la vache. Dans
tous ces cas, on lui- ôte la vache, pour la faire
reparaître quelques irflans après; alors il la
couvre.
Les vaches retiennent fouvent dès la première
T ij