
fuperpurgation , ce qui arrive foiivênt } on
mange , pour l’arrêter , des. fruits acides d’une
des deux efpèces , n.os i & 2 ; ou J)ien l’on boit
un petit verre de vinaigre préparé avec, l’eau
acide de riz , connue fous le nom de. K a n g e . Si
cela n’arrète pas fuffifamment cette lu per purgation
alors on lave la tête du malade avec
Ècau froide -, ce qui eft une pratique employée
vulgairement parmi les Indiens. Camelli allure
?;ue, pour opérer cet effet, on lave à l’eaur
roide les tempes & les poignets, puis enfin les
pieds, s’il cft néceffaire. Cette pratique eft très-
digne de remarque. Suivant le même "une once
du fuc de cette racine , purge aufli violemment
que le remède employé par Acoffa, & s’emploie
principalement dans le même cas d’afthme. La
poudre de l’écorce de cette racine , bue à la
dofe d’un demi-gros., fait ferrir l’arrière-faix,
couler les mois, & eff utile dans la difficulté
d’urine. On la donne encore à boire dans les
fièvres , en la mêlant avec le fantal. Suivant
Rhéede , la même racine , unie avec le fruit de
l ’efpèce, n.° 1 ,. arrête le cours de ventre immodéré
, & guérir la difficulté de refpirer. La dé-
coélion des feuilles de cette efpèce, n.° 3 , s’ôr-
donne comme fudorifique, pour faire fortir la
petite vérole. Cette même décoétion avec le
Curcuma, s’emploie en bain, qui diflipe puif-
ïamment certaines douleurs des membres. Suivant
Camelli, on fait avec les mêmes feuilles des
fomentations & des bains utiles dans la lèpre,
ia galle, les maladies vénériennes , & certaines
xlou leurs de tête. Les ufages & les vertus du
Carambolier , Pomme de Dragons , n.° 4 , font
encore très-analogues à ceux des trois autres ef-
■ pèces. Lorfque fes fruits font parfaitement mûrs,
on peut les manger cruds , quoiqu’ils ne perdent
jamais leur acidité : ils font agréables au goût &
à l’odorat, cuits comme cruds. A Amboine , on
îes laiffe rarement mûrir parfaitement ; mais on
les emploie avant leur maturité , cuits avec le
poiffon ; & ils forment ainfi un affaifonnement
aufli agréable au goût qu’utile à l’eflomac. Dans
la même Ifle, on plante cette efpèce ordinairement
proche des maifons , afin d’avoir fes fruits
fous la main, pour s’en fervir habituellement,
au lieu de limons : on fe fert du fuc exprimé de
•ces fruits, dans lequel on mêle le fruit pilé du
poivre d’Inde (C a p jicum . Lin.) pour affaifonner
la bouillie de Sagou. Dans rifle de Baleya , on
fait un beaucoup plus grand ufage de ces fruits
qu’à Amboine-, & l’on y eff dans l’ufage de donner
à boire le fuc des feuilles, comme un remède
rafraîchiffant dans les maladies inflammatoires.
( M. Lancr y . )
CA RAPA, C a ra p a .
Genre de plante dont on ne connoît point les
fleurs, & duquel il eff.par conféquent impofli-
ble de de terminer la teille.
Ce genre comprend de grands arbres qui croif.
fent dans les pays chauds de l’Alie ■ & de l’Amérique,
qui ont les feuilles alternes & ailées, fans
impaires ,& dont jes fruits font des. groffes cap-
fules à quatre valves, emplies d’amandes irrégulières
& anguleüfes.
Ces arbres ne font point encore parvenus en
Europe, où ilparoît qu’ils exigeroient l’abricon-»
tinuel dune ferre .chaude.
On en connoît deux efpèces 5c une variété.
E fp è c e s & Va riétés^
I. Carapa de la Guiane.
C a r a p a G u ia n e n ji s . Aubl. ï) de la Guiane.
2. Carapa des Moluques.
Carapa M o lu e n f i s . LaM. Diét.
B. Carapa des Moluques , à feuilles p'ointueî.
C a r .4P A M o lu e n f i s a c u t i f o l ia A ) des Moluques.
D e s c r ip t io n d u p o r t d e s E f p è c e s .
1. Carapa de la Guiane. Le tronc de cet
arbre, un des plus grands de Ja Guiane, s’élève
de 6© à 80 pieds de hauteur, fur 3 ou 4 pieds
de diamètre. Il eft couvert d’use. écorce épaifle
& grifâtre ■ il fe divife à fon fommet en branches
rameufes qui s’étendent horizontalement
ou s’élèvent perpendiculairement.
Les feuilles font ailées à. deux rangs de folioles,
tantôt alternes & tantôt oppofées, difpofées
à-peu-près fur un' périol commun, long de trois
pieds, cylindrique, & dont ïa partie inférieure
eft une dans la longueur d’un pied. On y compte
quelquefois jufqu’à dix-neuf paires de folioles
longues, d’un pied fur trois de largeur, vertes,
liffes & terminées par pne longue pointe.
Aublet, qui a décrit cet arbre, n’en a point
vu les fleurs, mais le fruit qu’il a trouvé en
maturité, vient par grappes. Ce font des capfu-
les sèches & irrégulières de quatre pouces de diamètre
à quatre côtes arrondies, dont l’écorce,
graine de deux lignes, s’ouvre en quatre valves.
Elles font remplies d’amandes irrégulières, fei-
rées les uns contre les, autres, de manière à ne
ne former qu une feule raaffe ovoïde. Ces amandes
font couvertes d’une peau rouflatre, dure &
coriace, & leur fubflance blanche ferme & folide.
H ifto r iq u e . Ce bel arbre fe trouve dans presque
toutes les forêts de la Guiane , & fur-tout
à Caux. C arap a eft le nom que lui ont donné
les Galibis, Les Garipons l’appellent Y - a u d i r o h .
C’eft dans les mois-de Mai & de Juin qu’Aublet
l’a trouvé en fruits.
U fa g e s . Quoique le bois de cet arbre foit blanchâtre,
il fournit des mâts efiimés des marins-
Mais ce n’eft pas-là fa principale utilité.
On tire des amandes de fon fruit une huile,
çonpue fous le nom d'h u i le d e C a ra p a . (Qu’ilPS
I fent pas confondre avec l’h u i l e d e C a r a p a td e la .
I Martinique, qui n’eft autre chofe que l’h u i le de
I f Vaima C h r i f i i, ou R i c in commun. )
I; Pour obtenir celle dont nous parlons ici,
I les Galibis font bouillir les amandes dans l’eau -,
I ils les retirent enfuite & les mettent par mor-
I ceaux pendant quelques jours. Enfuite ils les dé-
I pouillentde leur peau, les écrafent fur des pier-
■ res, comme on fait à l’égard du Cacao , ou bien
■ illes pilent dans un mortier de bois, & en font
I une pâte qu’ils étendent fur les faces d’une dalle
I creufée en gouttière, un peu inclinée & expo-
Ifée à l’ardeur du foleil. La pâte en cet état ,
■ laiffe fuinter l’huile dont elle eft imprégnée.
I Cette huile fe ramaffe dans le fond de la gout-
Itière, & va fe rendre dans un calebaffe qui eft
■ placée à fon extrémité pour la recevoir.
Les Nègres de quelques habitations fe contentent
de mettre la pâte des amandes dans une
couleuvre (efpèce de chauffe) que fon charge
de poids, pour comprimer la pâte & lui faire
Irendre toute l’huile quelle peut contenir. On
reçoit cette huile dans.un vafe placé^au-deffous.
C’eft le même procédé que l’on oblèrve pour
preffer le manioc.
I Cette huile eft épaifle & amère. Les Naturels
I de la Guiane la mêlent avec du racou, & en
lenduifent leurs cheveux & toutes les parties de
I leur corps, ce qui leur donne une couleur de
Iféu.'Us prétendent par-là fe préferver des pi-
Iquures des différens infèéles, & fur-tout des
Ichiques. Cette huile ainfi appliquée, peut en-
Icore leur être fàlutaire en les garantiffant dès
limpreflions de l’humidité à laquelle ils font fi
Ifouvent expofés étant toujours nuds, & habitant
Iles bois dans un pays où les plaies font fi fré-
Iquentes &fi abondantes, pendant quelques Caillons
de l’année.
I A Cayemie , on fe fert de -cette huile pour
■ frotter légèremrnt les meubles que l’on veut
■ garantir des mitres & d’autres infeéles qui ne
■ peuvent Rapporter fon amertume.
I Mêlée avec le brai iec & le goudron, cette
■ huile efi encore excellente pour préferver les
Icanpts des vers.
Les fruits font de grands cap fuies qui reffem-'
blent à des grenades • elles contiennent douze à,
vingt, amnades, allez fémblabJes à celles de l’ef-
■ p.èee . précédente, qui font couleur de châtaigne,
& qui rempliflent toute la capacité des
capfules.
H ifto r iq u e . Cet arbre & fa variété, croiffent
dans les Moluques, vers les bords de la mer,
ou à l’embouchure des rivières dans les lieux
fablonneux & pierreux. Son bois eft blanchâtre
à l’extérieur, & d’un rouge pourpre vers la
centre du tronc.
C u ltu r e . Ces arbres n’owt point encore été cultivés
en Europe. Il eft probable qu’ils exigeroient
la plus grande chal-.ur de nos ferres. Vraifem-
blablement même ils y réuffiroient mal, & la
première efpèce fur-tout, ne nous donneroit
que des individus dégénérés, incapables de pro-,
duire des fruits. (AL D a u p h i n o t . ' ) ,
CARAPICHE. C a r a p i c h e a .
Genre de plantes à fleurs monopétalées, de
la famille des Rubiacées , qui a des rapports
avec le Tapogome & le Céphalante.
Ce genre fe. borne jufqu’à préfent à une feule
efpèce. |
Carapïche de la Guiane.
C a r a p i c h e a G u ia n e n jis . Aubl. î ) de la
Guiane. C’eft un arbrifleau dont la tige cylindrique
noueufe & branchue, s’élève à cinq ou
fix pieds de hauteur.
Les feuilles naiflent deux à deux à chaque
noeud , & font oppofées alternativement en
forme de croix. Leurs pétioles font unis par
deux ftipales oppofées & intermédiaires, qui ont
chacune à leur naiffance, deux efpèces de petites
glandes. Ces feuilles font longues d’enyiren cinq
pouces fur deux de large , liftes , vertes , entières
, ovales, & terminées par une longue
pointe. -
Les fleurs naiflent à l’extrémité des rameaux.
Elles font réunies plufieurs enfemble en forme
de tête, & font envelopées par quatre écailles,
dont les deux extérieures font longues de plus
d’un pouce fur quatre à cinq lignes^de large j
& les deux intérieures, beaucoup plus courtes,
font terminées par une pointe recourbée. Ces
fleurs font petites, blanches, & féparées les unes
: des autres par plufieurs petites écailles.
Le fruit eft une capfule anguleufe qui s’ouvre
en deux loges, dont chacune renferme une fc-
mence oblongue.
Hiftor iq ue . O n a confervé à cet arbrifleau le
nom que lui ont donné les Galibis , habitans
de la Guiane. Il croît dans les grandes forêts
qui aboutiflent à la crique des Galibis. Il fleurit
& donne fon fruit dans le mois de Mai.
Il ne pâroît ]$as qu’on en ait jufqu’à préfent
retiré aucune utilité.