
auroit tin mille de cesinfeéles dans la Nopalerie,
tous y courroient & s’y nQyeroient. Ce moyen
efi employé communément à Saint-Domingue,
& réuffit toujours fort bien.
• Le troifième ennemi du Nopal eft plus nui-
lible que les deux premiers: c’eft la chenille
d’une phalène que l’on n’a pas encore vue^ Elle
eft jaune, tranfparente, fans poils, de la grofleur
d’une plume de perdrix. Elle fe place toujours :
environ fur le milieu d’un bourgeon -nailTant, & j
s’y met à couvert, par une galerie de toile quelle
file- fur elle, à mefure quelle avance endévo- :
Tant la furface tendre du bourgeon. Lorfque |
3a furface du bourgeon commence à s’endurcir ;
St qu’il eft développé en articulation d’une cer- !
saine grandeur, alors cette chenille fait un trou
dans l’écorce, ou plutôt l’épiderme, & pénètre
dans l’intérieur de la fubftance charnue, de
l ’articulation . qu’elle dévore, en confervant
3’épiderme qui fert alors de parois à fon logement.
Une feule de 'ces chenilles dévore la moitié de la
fubftance d’une articulation avant que cette dernière
ait reçu tout fon accroiflement. On recon-
noît la préfence de eet ennemi, à la toile qu’il
file avant de pénétrer dans la. fubftance de l’articulation
, à la tranfpàreHce de l'articula non,
dont il ne bleffe pas l’épiderme, & enfin à
fies excrêmens en forme de bouillie jaune, qui
font répandus fur l’articulation. Il ne faut pas
négliger de faire la recherche de cette chenille
foir & matin, & de l’éerafer après l’avoir tirée de
fon repaire. Lorfqu’une pépinière eft en f è v e ,
cette chenille s’y trouve très-communément fur
tous les Nopals & autres Caéliers. à articulations
en forme de femelles. Cet ennemi du Nopal
eft comme leurs maladies, moins dangereux
pour une Nopalerie que pour une pépinière.
Il nuit plus, à ce lle -c i qu’aucun autre ennemi
eu maladie.
Le quatrième ennemi des Nopals eft une cochenille
inconnue à Linnasus & aux autres
Naturaliftes avant Thiéry, & découverte par ce
dernier. On peut la nommer, Cochenille jaune.
Coccus îuteus. Coccus CaS&rum folexformium,
luteus 9 cîypeiformis , minimum. Cochenille des
Cachets en forme de femelles, jaune, en forme
de bouclier, très-petite. Coccus de VOpuntia,
Thiéry, page 335. Cette cochenille eft d’une
petiteffe extrême. Son mâle eft prefque imperceptible
à la vue. Il s’enfuit que Thiéry, qui,
comme il le dit lui-même, n avoir pas de mi-
■ crofeope , n a pu décrire que les traits les plus
-grofSers de cet infeéle. Sa dfcfcription ne donne
•.pas une connoifiance détaillée des différentes
parties de cet infeéle ; mais elle ftifiît, pour
fiairç connaître que'c’cft une cochenille, & pour
apprendre au Cultivateur à connoître la préfence
de cet infeéle fur le Nopal & fur les
amrçs G r é fe s> & Iç? moyens ds fie n délivrer.
Les articulations du Nopal Tont quelquefois !
couvertes de petits points jaunes, que l’on
pourroit prendre, au premier coup-d’oeil, p0llr]
une maladie de l’écorce de la plante. Ces points
jaunes font l’efpèce de cochenille dont il s’agit.
Chacun de ces points s’accroît en largeur juf,|
qu’à un quart de ligne de diamètre. Il eft de forme
o rb ic u la ire , & a dans fon centre u ne pointe I
noire, proéminente, de manière q u ’il refl'emblc I
dit Thiéry, à un de ces anciens boucliers ronds dd
troupes légères. La hauteur de cette pointéI
élevée à fon centre, eft d’un douzième de ligne, I
Il faut une bonne loupe, pour vo ir que ce
point jaune eft une fem elle de cochenille. Parmi
le nombre infini de ces petits boucliers, on
apperçoit, fi l’on y donne affez d’attention.I
des petits cylindres jaunes, longs d’un douzième]
de ligne. Ce font les larves des mâles de cette I
efpèce de cochenille. En obfervant ces cylindre» I
tous les matins, au foleiL levant, avec uneI
bonne loupe,*on voit, u n mois après la naïf-1
fance de ces in feé les, fortir de ce fourreau cylin
d riq u e jaune, un très-petit infeéle muni de
deux ailes jaunâtres & élevées. Ainfi, cet infeéle |
vit aufli long-tems que la cochenille fine, fil
m étam o-rphofe de même & au x mêmes époques.!
( Voye[} ci-après, la defcriptîon de la cochenille!
fine., & de la cochenille filveftre. ) On n’ap-l
perçoit rien de plus fans microfcope. Le Cultiv
a te u r n’a pas befoin d’en fa v o ir davantage. Le
nombre de ces infeéles eft prodigieux, eft fouveutftl
confidérable, qu’il cache totalement la furface!
de l’écorce, qui alors paroît veloutée plutôt que
couverte d ’in fectes. Lorfqu’un Caélier Nopal en]
eft attaqué, il s’en trouve en deux mois de
tems entièrement couvert depuis la bafe de :
fon tronc, jufqu’au fommet de les tiges
branches: il en forrffre tellement, que foal
écorce, auparavant d’un verd vif, devient cl abord-1
d’un jaune pâle. Quand; un Nopal eft une fois;
, couvert de tes infeéles, fi on le Îaifle fans y
toucher, il en eft tellement épuifé en deua
! mois de tems, que fes articulations potirrineDEj
& tombent toutes, les unes après les autres,al
qu’il périr enfin entièrement ; henreufementj
qu’il n’y a jamais dans une Nopalerie, quuaj
petit nombre de Nopals qui foient attaques
par cet infeéle. Iî èftfortaifé de^appercevetr
! de fa préfence; ainfi l ’on peut aifement,aJev
un peu de foin, fe mettre à 1 abri du aég I
! qu’il fait faire. Pour cela, fi—tôt qu^on apper-|
çoit la moindre quantité de ces cochenilles, ‘ 1
un Nopal, il faut prendre une éponge « I
l’eau, puis en frotter fortement les articulauo 1
qui en font infeétées; on frotte de vsmxmk^ I
écrafer & à balayer tous, ces infeéles;.puis |
lave aufii-tôt la plante* avec uae autre épo
& d’antre eau que l’on a dans un autre
Que le Cultivateur ne craigne pas de le d
à çet égard., furchargé d,’ ouvrage : pojtf r
iu’il y mette d’attention^ cet ennemi ne lui
[ caufera pas plus d’une matinée de travail par
mois- & il ne fera jamais un dommage fenfible
à la5 Nopalerie. Cette cochenille habite fur
joutes les cfpèces & variétés de Caéliers à articulations
comprimées en forme de femelles,
& fait à chacune de ces efpèces, le même tort
qu'au' CaÀier Nopal.
Le premier des accidens qui nuit au Caélier
Nopal, eft la rupture avec renverfement, par
la violence des vents. JP ai déjà dit que les Nopals
provenus de boutures trop petites, font
[ beaucoup plus fujets à cet accident, que ceux
provenus de fortes boutures. Lorfque le vent
renverfe ifn Nopal en rompant fon tronc vers
la bafe; fi ce Nopal eft-jeune, & fi la bafe du
zronc reliant en terre n’eft pas trop endommagée,
on la Iaifle en terre, eh retranchant
par une coupe proprement faite, les éclats que
celte rupture a laifl’és. Elle pouffe bientôt après
de vigoureux bourgeons, & devient en peu de
Items un bel arbre. Si ce Nopal renverfé &
[rompu eft vieux, ou fi fa bafe reliant en terre,
|d trop endommagée par cette rupture, on
Il’arrache, & l’on replante en place, une bou-
[ture formée des deux plus fortes articulations
[du Nopal renverfé.
tenlS. Cet accident peut avoir lieu plus fréquemment
fur les pentes des céteaux , que fur
les furfacesplates : mais par-tout, il eft très-rare.
Le troilième accident qui peut nuire aux
Nopals , c’eft la grêle. Elle eft fort rare en Amérique.
11 n’en t'nibe quelquefois pas une feue
fois dans l’ofpace/de cinq ou fix ans. Le quinte
Mai 1778, il en ,tpmhz an Port-au-Prince, de
la grofleur d’une piaftre. Une telle grêle nuit
fans contredit, beaucoup aux jeunes articulations
des Nopals. Il n’y a rien autre chofe à y
faire que dejetter bas,'par des coupes proprement
faites, toutes celles qui auront étébieffdes.
Le dommage, qui en réiulte, fe borne à retarder
quelquefoisies progrès de la plante, de lamoitié
du produit d’une demi-fève.
Tout ce qui vient d’être dit de la culture du
Caélier Nopal, n.° 5 7, de fes maladies & en.
nemis, & des accidens qui peuvent lui nuire
doit s’entendre, mot pour mot, du Caélier
fplendide, n." 38 , qui n’en diffère que parce
que fa végétation eft toujours plus rapide & plus
vigoureule, & qu’il réuffit mieux dans lés ter-
rems lés' plus maigres-, que le Caélier Nopal.
Cependant il fait aufli des progrès plus rapides,
& .fes articulations font plus amples dans un
bon terrein que dans un moindre.
Non-feulement cèTdeux Caéliers, n.°s 38 &
39. les feuls fur lefquels on puiffe cultiver
la .cochenille fine ; mais ils font encore .préférables
à tous autres , pour la culture de la cochenille
filveftre. Ainfi, lorfque ces deux efpèces
de Caélier feront affez multipliées dans les Colonies
, on fera bien de s’en tenir à elles pojir
l’éducation de la cochenille filveftre, & de-né-
gliger la culture des autres Caéliers fur lefquels
on peut l’élever avec profit 3 parce que ce
profit qu’on peut retirer de1 ccur-ci efl beaucoup
moindre, que celui qu'on peut retirer de
ceux-là. Mais, en attendant que ce moment de
rieheflé, pour les Colons & la Métropole, foie
arrivé, il eft indubitable que ces Caéliers de
qualité inférieure pourront, d’ici à ce tems,
être d’un grand feconrs à nombre de Colons
pour qui il fera très-avantageux d'élever de la
cochenille filveftre. 11 fera donc à propos, ju f-
q u a c e feras,.de s’attacher à les multiplier conjointement
avec le Caélier Nopal & le Caélier
fplendide.
On verra, ci-après,, que ces Caéliers qui peuvent
être employés très-utilement pour l’éducation"
de la cochenille filveftre, fofit le Caélier
jaune, n.“ 35, & le Caélier de Campêche, n,"
3'é, Ces deux efpèces réûiiiffent encore mieux
dans .les' terreins les plus maigres & les plus
»rides que le Caélier fplendide ; & à plus force
raifon ils y réufliflérit beaucoup mieux que le