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trop ferrées. Mais comme elles périflent ordinairement
lorfqii’on les tranfplante, il faut les
femer tout de fuite dans l’endroit où l’on veut
quelles relient à demeure, ou les tranfplanter
avec. leur motte.
(Si le ferais d’Automne n’a pas réufli, on peut
•nfaire un fécond au Printems. Mais, dans ce cas,
pour bâter la maturation des femences, on doit
prendre quelques précautions, foit en mettant
quelques pots fous des châlits, foit en les renfermant
dans la ferre, ou même en les plaçant
- feulement dans une ficuation chaude & abritée.)
La quatrième efpèce peut fe multiplier de boutures
qu’on peut faire avec de jeunes branches
au commencement de l’Automne , & qu’on fait
paiTer l’Hiver fur les appuis des croifées dans une
ferre rem.pérée. Par ce moyen on peut.les conferver
plus longHtems, & elles fleuriffent l’année fui-
vante plus promptement que les pieds provenus
de femences. '( M. D a ^ph ivo t,')
/ C E N D R E S .
Ce nom ne convient, à proprement parler,
qu’au réfidu des corps organifés, après leur com-
buflion à l’air libre : cependant on l’a fouvent
donnéy & on le donne encore, mais, très-mal- 1
à-propos -, aux fubftances métalliques qui ont :
perdu également par l’aéHon dii feu, leur liaifon ,
leur' continuité & leur forme-, e’eft ainfi que les
Potiers d’étain , par exemple appellent Cendre
d’étain, la chaux de ce métal , quoiqu’elle
n’ait avec les Cendres , foit des végétaux ou
des animaux , foit de leurs débris , d’autre
refTemblance que l’état pulvérulent & la couleur
grife. Indépendamment de ces propriétés
qui appartiennent à toutes - les efpèces de
Cendres, elles en ont de particulières, comme
d’être inodores dans l’état fec, & d’exhaler une
odeur de lefîive dans l’état humide; d’augmenter
de poids à l’air, & d’abforberl’eau, avec avidité &
de la perdre avec la même promptitude, d’imprimer
fur la langue une faveur âcre-, & de
répandre dans la bouche une odeur urineitfé; d’offrir,
étant agitées avec quelques gouttes d’huile,
une efpèce de favon ; de ne contenir aucune matière
charbonneufe, d’approcher enfin le plus
de cette nuance , vulgairement nommée couleur
cendrée. Tels font les caraélères les plus généraux
d’après lefquels on peut reconnoître que le corps
huileux & extraélîf a été parfaitement détruit,
& que les Cendres font bien faites ; mais il pà-
roît difficile, pour , ne pas dire impoffible, d’amener
au même degré de bonté les Cendres de
toutes les matières inflammables qui en fournif-
' fent, & de tous les foyers ou elles fe préparent.,
C’eft à la Chimie fpécialement qu’il conviènt
d’indiquer la nature des principes confiituans des
Cendres, les procédés employés en grand pour
les appliquer aux Arts & Métiers. Elle nous a
déjà fait connoître que ces. parties conflituante?
font la glaife le feb%des fels neutres à bafe
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terretife, du fer, des alkalis, & de la terre calçaîre
rédüite à l’état de chaux, qui ne diffère en rien dè
celle qui eft d’ufage dam la maçonnerie. Sans doute
que les Auteurs auxquels font confiés les développe*
mensdes'connojfTances acqiiifes dans cette Science,
n’oublieront pas de donher fes détails propres à
éclaircir tons ces points; mon objet principal doit
fe borner à cônfidérer Amplement les Cendres
fous leur rapport avec l’économie rurale & do-
meflique.
Cendres de B o i s .
La nature du fol & des engrais, le climat &:
les afpeéls concourent' pour beaucoup à la formation
de -différens fels qu’on retire des végétaux
par la cpmbufiion ; mais c’eft toujours l’al-
kali qui s’y trouve le plus abondamment. Un
arbre qui a végété au Nord & dans un terrein
humeélé, en fournit moins que le même individu
placé dans un terrein fec & fitué au Midi. Le bois
d’orme en donne plus que le chêne, & ce dernier
davantage que le charme & le tremble : l’âge
& l’état de l’arbre, la faifbn où il a été coupé, le
procédé employé à fa combuflion en font fouvent
varier encore la proportion;d’où il fuit que fouvent
deux à trois mefures de Cendres n’en valent pas
une, quoique provenant du même végétal, re-
lativement a la quantité d’alkali qu’on en retire;
car c’efi toujours de cetre quantité-que réfulte
le prix qu’on met- aux Cendres : elles font répurées
de bonne qualité quand elles en donnent
dix livres par quintal;les Cendres des bois flottés en
contiennent d’autant moins qu’elles ont féjourné
plus long-tems fur l’eau qui a extrait Ta majeure
partie de leurs principes les pliis folubles.
La matière faline connue dans le commerce
fous le nom de potajje eft entièrement comparable
, pour les effets, à l’alkali qui fe trouve contenu
dans les Cendres produites par la combufiion-
des bois & de beaucoup de plantes; mais la pins
grande quantité qu’on en- confomme vient des
bois qu’on brûle fur place, dansées forêts (lu
Nord de l’Europe & de l’Amérique : elle fe
trouve toujours mélangée avec une petite portion
de terre. Son ufage eft fi commun dans- lef
Arts, qu’on cherche à en tirer de toutes lès fubftances
végétales. L ’eâu cronpiffanre du fumier
& le fumier lui -même, defféchés & brûlés
dans un fourneau particulier., -fournifient une
Cendre que l’o'n vend dans quelques cantons de
la Bretagne à- ceux qui veulent fertilifer leurs
terres, & qui ont befoin de la potaffe que ces
fubftances contiennent ; mais il faut être bien
dépourvu dès autres rkffourcçs pour ne pas con-
facrer cette dernière à l’augmentation des engrais
dont la furabondance n’a jamais entraîné d’èmbarras
dans les campagnes, ni préjudicié en*aucun^
manière à l’Agriculture. Des labours fuffi-
fans & des engrais convenables, voilà les grands
moyens de fîcheffe approuvés par l’exemple
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6c la profpérité de toutes les Nations Agricoles. j
Cendres gravelées.
Elles font le réfultat de la combuftion des Iies-
de-vin defféchées, & des menus tartres. On les
prépare en grand dans les pays de vignoble ; dans
d’autres, au contraire, ces fubftances font vendues
en nature aux Teinturiers & aux Chapeliers.
Il paroit étonnant qye, dans certaines brûleries,
on laifie perdre les extraits qui fe trouvent dans
les chaudières après qu’on en a retiré l’eâu— de-
vie, lorfqiul feroit poffible, en les calcinant
dans des fofies,. d’en obtenir de la Cendre grat
t é e qui peut fervir à tous les uPages où la
potaffe eft employée, principalement lorfque,
comme celle-ci, elle a été purifiée au même
degré.
Cendres' de Plantes.
Elles font plus abondantes en potaffe que celles
des bois,qui en foiirniflent le plus, puifque vingt
livres de Cendres d’orme ne donnent que deux
livres d’alkali 9 tandis que la même quantité de
Cendres de tournefol en produit le double; celles de
bled de Turquie jufqu’àcinqjivres, & celle de tabac
huit livres. D’après ces exemples inconteflables,
il paroîtroir qu’un des meilleurs moyens de fe
procurer, en abondance & par-tout, des Cendres
bien chargées de potaffe, feroit de faire fécher,
avant quelles aient porté des graines à maturité ,
toutes les herbes qu’on farcie dans les champs ,
dans les jardins, & que les befliaux refufenr de
manger, de les réduire en Cendres vers la fin
dé 1 Eté,, comme cëla fe pratique dans les environs
(le Paris par les Bianchiffeufes. Parmi ces plantes
il en exifte qui fe trouvent réduites à rien dès
qu’elles font pourries, tandis que d’autres ne
parviennent à cet état que.très-difficilement, à
caufe.de leur texture dure & lignenfe ; en les
jet tant d’ailleurs fur le fumier, leurs femences,
qui bravent les effets de la putréfaéHon, infeftenr
les . terres en y répandant , avec l’engrais le
germe de mauvaifes herbes. Malgré tous les
avantages reconnus des Cendres en qualité d’en- ;
graîs, il feroit ridicule de réduire confiant-,
menr fous cette forme des fubftances végétales
dont le tiffu a de la molleffe & de la flexibilité j
par la raifbn qu’étant enfouiqs dans la terre, elles -
Tour ni fient, en fe décompofant, un engrais plus
abondant & fouvent plus analogue à la nature
du fol qu’on velu fertilifer, à moins cependant
que ces fubftances ne fervent de chauffage pendant
l'incinération : mais alors c’eft un malheur
pour l’Agriculture que le befoin force d’employer
ainfi les feuilles ramaffées fous les arbres
& la fuie de cheminée, puifque dans cet état-
clles ont plus de volume, & un effet plus g é - .
népalement efficace pour toutes les qualités 4e
fonds. Cette vérité a déjà ^té connue fur les
cbtes de Normandie «ù l’on abandonna tous
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les jours l’ufagc de brûler les plante? maritimes
pour former ce que l’on appellent Soude de
Varech : leurs habitai» préfèrent de les laiffef
paffefà l’étar de fumier. Il feroit encore à de-
firer qu’on interdisît l’ufage où l’on eft dans les
Villes de brfder la paille des lits fous prétexte
qu’elles peuventpropager certaines maladies côh-
tagieufes, & qu’on les fît fervir de litière aux
befliaux plutôt que de les condamner aux flammes
dans des ruesj_ très- peuplées ; plufietirs gtands
incendies n’ont pas eu d’autres origines.
Cendresdt Soude.
Elles'font le produit de la contbuflion à l’air
libre dit kali, & de plufieurs autres plantes maritimes
qujon brûle fur les tords de la Méditerranée
dans des foffes pratiques exprès', & aux- .
.quelles la chaleur néceffaire, pour les réduire
en Ccndies, a fait futur une demt-fufion d’où
réfutent ces niafles dures.& pefantes connues
dans le commerce fous le nom de Soude : l'a U
kaliqu’ellpscontiennent diffère de celui des bois&
des plantes & des lies-de-vin ,• en ce qu’au'lieu
de fondre en eau , il s'effleurit à l’a ir,. criflal-
life plus aifément & a moins de caufticiré. On
tire parti également fur les bords de l’Océan , &
notamment fur les côtes de Normandie,-de plufieurs
plantes, telles que les Algues, les Goef-
mops, les Fucus', Sic. en fe fervant du même
procédé que celui qtt on emploie pour la coin—
bnfiion des diflèrens kajis ; ces- Cendres qui portent
le nom.générique de Cendres de Varech,
contiennent infiniment moins ''d’alkali, & plus
de fels neutres; ce qui les rend par confëquenc
moins propres aux ufages pour lefquels on recommande
l’emploi de la Soude. Aufli prend-o»
le parti de ne leur faire, fubir aucune préparation
pour les-employer à l’engrais des . terres. v
Cendres de Ga^on.
Dans les recoins négligés , des chemins & de.
mille places gazonées, répandues en divers lieux y
on peut encore trouver les moyens d’augmenter
la fource des Cendres; voici le procédé dont on
fe fert avec fnccès dans les pays montagneux
comme la Savoie,&c. Il mérite d’autant plu
Confiance, qu on le trouve décrit dans le théâtre
d’Agriculture d’Olivier de Serres.
Après avoir „coupé & enlevé les gazons suffi
mince qu’il eft poffible avec unfnflrumerit bien
tranchant, on les laifTe fécher ; & .pour en venir
à bout plus promptement, les uns les retournent
plufieurs fois deffus, défions au foleil ; lès autres
prétendent qu’en changeant feulement les gazons
de place de teins â autre fans les retourner , ils lèchent
plus promptement ; une fois bien féçhés.
on fait un petit fagot de bois-fec d'environ déni-
ou trois pieds de long, & d’un pied de diamètre
on le pofe à „terre, mais foulcvé à un 4e fes bouts,