
prend le fer rouge & l’applique fur le gros
de la ouille de l’animal ; celui-ci <“
furieux. Bientôt les f e * t— nnes fe font jet-
tés à ter— , ICS bras étendus * le boeuf court
iSx eux, les flaire & les voyant fans mouve-
mens, ne leur fait aucun mal. Dans l’injjjant
la foule des fpeétateurs, qui afliftent toujours
en grand nombre à cette opération, fait de
grands cris, qui l’engagent à fuir ; le troupeau
n’efl pas loin, cet animal va le joindre.
On continue le même exercice, tant qu’il y a
des'animaux à marquer.
L ’art, de dompter cçs boeufs pour les fou-
mettre au joug, n’exige pas moins de précautions
& d’intelligence,y pour y parvenir, on
place aux charrues des jougs particuliers, fem-
blafiles à ceux, des Romains, & qui portent fur
le col. Ils font préparés pour recevoir trois
boeufs, un d’un côté deux de l’autre y du
côté où il n’y,a qu’une place, on met un vieux
boeuf appercevant, fage & docile, pour réprimer
la fougue de celui qu’on veut dompter y
*' on l’appelle le domptaire ; de l’autre côté du
joug & loin d u , timdn, on met encore un
vieux boeuf lur & tranquille,,. & . on laifle la
place ,lav plus vojfine du timon pour le jeune
boe u f, qui doit fe .trouver contenu, par deux
vieux. '
Lorfque le troupeauefl; arrivé du marais, ie
boeuf domptaire fe préfentefèulau joug, au lignai
du gardien. Aufli-tôt on lance, le .jeune boeuf
avec le trident - il vague, il court, fe fait chaflery
attaque un des cavaliers , uui lui préfente fon
trident, appliqué fur fâcuifie; le boeuf Le fentanr
piqué prend la fuite. Alors le. cavalier le potir-
fuir, le frappe fur-la. croupe.: Si le boeuf attaque un
homme à pied-, celui-ci. fe jette ventre à-terre.
Ôn force le boeuf à s’approcher de la charrue,
QU les plus adroits' le "faillirent par la queue ou
par les cornes y on le place, fous lë joug, on lui
met le collier , qui efl un morceau de bois plié
en demi-cercle, St qui entrant, par deux trous
dans le joug, yeflarrêiéfupérieurenient par deux
chevilles. Pour fe mettre à l’abri des. mouveinens
& des coups imprévus du jeune boeuf, le laboureur
fe place du côté-du domptaire, & attache
le joug en opérant par-deflus le c.ol de ce dernier.
L ’animal étant une fois attaché, on ôté celui
des deux vieux boeufs/, qui étoit du même
côté & loin du timon-, pour ne laifler que le
jeune boeuf & le domptaire-, on a foin de relever
le foc c|e îa charrue, afin qu’il, ne fe brifè pas y
Un coup d’aiguillon où l’impatience fait
prendre la courfe au jeune boeiif-, le domptaire
le fuit du même train. On lès laifle aller ainfi
deux ou trois cens pas. Alors le laboureur parle
au domptaire, qui fur—le-ehamp fe roidit fur
fes jarrets, & pliant fon cou.fur l’autre, l’arrête
en un clin-d’ceil fans$£qu’il puifle remuer. On
recommence à les faire, courir, & on les arrête
avec un mot dit au domptaire, jufqu’à ce que I
îs, jwuaiw noeur, epuiie uc fuciu & a« fatigue . per_ I
mette qu’on mette le foc dans la terre. Par ce I
moyen, on lui apprend à tirer. Deux ou trois I
jours de labour fuffifent pour accoutumer ces I
animaux à la charrue. Les jeunes boeufs, quand I
on les détèle,. font encore à craindre. A ce mo-1
ment, on place à vingt pas d’eux'un bâton avec I
un haillon, & l’on amène le troupeau de boeufs
à cent pas de lui. Le laboureur fe ièrvant encore I
du rempart de fon vieux boeuf , détache le jeune I
& fe jette par terre y l’animal court au haillon, I
qu’il fait voler en l’air-, revenu à lui, il gagneI
aufli-tôt le troupeau.
Les Italiens & les Corfés, pour avoir leurs I
boeufs qui errent dans les forêts, les courentI
montés fur de petits chevaux, & leur jettent I
adroitement une corde qui les laifit par les cornes ; I
lorfque le labourage efl fini, l’animal reprend !
fa liberté & retourne dans les bois.
Les vieux boeufs de la Camargne fe vendent I
aux bouchers; leur chair en efl: toujours dure, L
rouge & filandreufe,,& jamais bonne. Elle efl |
moins mauvaife en Eté, parce que ces animaux I
fè repofent y & fe font nourris au printemS.I
' de bonne1 herbe. L e peuple cepen dant I
mange, parce qu’elle efl à bon marché.
Pour éviter les dangers y on ne les conduit que l
la nuit dans les villes ou ils doivent être tués. I
encore envoie-t-on en avant desTiommesàche-1
val , qui écartent & avertiflent les v o y a g e u r s ;!
d’autres conducteurs font fur les ailes & fu r les |
derrières, armés de tridents , afin qu’aucun neI
i s’écarte du troupeau. On les fait entrer dans une.|
étable communiquant à la cour de la b o u c h erie , I
par une porte à deux battans. Pour les faiiir
on entrouvre cette porte; un homme tâche de I
jetter un noeud coulant aux cornes du premier I
boeuf qui fe préfente ; fouvent l’on jette à terre I
un haillon noir qu’il vient flairer, & c ’eft dans
ce moment qu’on le faifit. Ce noeud efl à l’extré- l
mité d’une corde attachée à un fort pieu au milieu I
de la cour; alors on ouvre tout-à-fait la porte pour..
laifler fortir l’animal, qii’on force cîe tournerI
autour du piquet jufqu’à ce que la corde enriè-j
. rement roulée lui fixe la tête. On le cott),
c ’e f l - à - d i r e , qu’on enfonce un ftilet tranchant
des deux côtés dans la jonction des- v e rtè b re s dm
c.ol au crâne; l’animal, tombe roide, & on Ici
faigne fur-le-champ.
Dans les villes de Tarafcon, Beaucaire, Arles I
& Avignon, où l ’on mange journellement dej
ces boeufs, on eft perfuadé que, pour en attendrit I
. la chair,, il faut les faire courir avant que de les!
tuer. On les- fait fortir l’un après l’autre de b I
boucherie pour les fatiguer, & on les livre au ■
peuple, qui s’acquitte volontiers de cette coin* I
miflion., quelquefois dangereufe. I
M. le Préfidént de, la T,our-d’Aigues, doiitl
{’ai extrait ce qui concerne les bcéufs de la Ca--
ifinargne, entre encore dans quelques détails fur
les amufemens que prend le peuple à laflèr les
jfboeufs qu’on veut tuer. Je crois que ce
Uni précède fuflït pour donner une idée de la
Sanière dont vivent ces animaux, de l’ufage
qu’on en fait & des précautions à prendre pour
en tirer parti. Le Mémoire de M. le ÎPréfident
de la Tour-d’Aigues efl dans le Trimeftre d’Été
■ des Mémoires de la Société d’Agriculture de Paris,
. année 1787.
I- Des foins qu’on doit avoir des Boeufs,
& de leur Nourriture.
» L’homme qui foigne & conduit les boeufè fe
nomme Bouvier. Dans les domaines & métairies
ùù il y en a un certain nombre, plufieurs valets
font employés à les conduire. Le principal efl
te bouvier ou le laboureur ; les autres lui font
ftibordonnés ,8c partagent avec lui lé foin des
animaux. Un bon bouvier doit être fort, vigou-
t eux, adroit, patient & doux.
■ T La marche & l’allure naturelle des boeufs efl
lente. Il convient dé ne point chercher à l’accé-
^rer. Ilfuffit de la rendre confiante & régulière.
|infi le 'Bouvier, loit en allant aux champs ou
ea revenant, foit en labourant ou en faifant
irer une toiture, ne doit pas mener fes boeufs
plus vite que leur pas ordinaire, fur-tout quand
ij fait chaud. Dans les endroits’ difficiles à paffer
ou à labourer , lorfqu’ils font prêts à faire un
Jffort, lorfqu’ils viennent de le faire, on leur
|ifle un moment pour prendre baleine. On lé
Jprt pour les faire aller de -l’aiguillon. Voye{
epmot. Chaque boeuf a fon nom ; le Bouvier
en le nommant fe fait entendre de lui; quand
jl e fl bien drefle, & aufli aélif qu’il peut, l’être,
jf i°n de là voix du Bouvier fuffit peur diriger
les mouvemens. On ne doit pas faire traîner,
aux boeufs des fardeaux au-deflus de leur force.
Si une ou deux paires font infuffifantes, on
epattelera trois ou quatre, félon lebefoin.Les
uefriçhemens & les premiers labours en exigent.
Plus que les terres déjà en culture & lès-
«prniers labours. Le Bouvier prend garde"
f f e fes î>oe«fs ne . fe bleflent , ne foîèntv
piqués par des taons &. autres infeèles qui les
ij lmentent', & veille à leur cônfervation pour-
% intérêtsJde fon maître.. ‘ W Ï Ï
beaucoup de moyens pour écarter -
ciamoeUfT CS moilGlies qui les tourmentent aux
|ampS. Les uns dilent qu’il faut les frotter avec
de baies de làuriersyd’âutres qu’il faut
w lurleur corps des branches de noyer,des riges
qfcntra| e <?U Perfica)re brûlànte ; d autres indi-
^on lpc>ltreS ^réiervat^ : 6 ? des cantons
toile r r °UVre> môme aux champs, d’une grande
S î i ï ïn - ï l l® me Pâfoît le meilleur.
■ f ' e ^ ' dan faifon où le Bouvier fait '
travailler fes boeufs le matin & le foir, dès qu’il eft
de retour de la première attelée, il leur donne
de la nourriture, &les fait boire. Dans lesarandes
chaleurs, il leur préfente de: teins en tems des
iceaux d eau acidulée de vinaigre, & quelquefois
nttree, ou de 1 eau dans laquelle on délaie du
Ion. Ces moyens font propres à calmer l’effer-
vefcence du fang & à prévenir les maladies inflammatoires
& putrides, auxquelles les boeuf
font- fujets. Il elt falutairé de les bouchonner
quand ils arrivent à i’étahle , couverts de pouf-
here & de lueur. Dans ce cas, on ne lés expofe
pointa un courant d’air qui puifle trop les refroidir.
On leur lève lés pieds pour en ôter les épines
ou les- pierres qui les feraient boiter. Le retour
du loir doit être luivi des mêmes attentions. On
garanties râteliers pour la huit, on fait de benne
otière, il on .en éft bien pourvue
Dès le matin, le Bouvier, attentif & foismeux
étrille, peigne & bouchonne les boeufs • il leur
lave les veux,, i l leur donne, de la ’nourriture
il les conduit, après qu’ils ont mangé, à l’abrcul
voir & examine leurs pieds dans les pays du
on les ferre., J *
De tems en tems f f faut voir ff fes joues Ê
courroies & les paillaflbns font en bon état ”
& enlever les litières qu’il feroit à délirer qu’on ,
ne laiffât pas d un jour à l ’autre dans les établès
t n les y laiffant f^burner, il sien élève une
chaleur humide,mal-faine ; les cornes des pieds
des boeufs fe ramolliffent& déterminent des maux
a; leurs pieds..
Le froid n’efl dangereux pour les boeufs que
quand il ont chaud. Excepté dans Ces Cas o'n ne
doit pas craindre qu’ils aient froid dans les éta-
bles, Cette vérité a bien de la peine à' percer.
On féroit excufable de vouloir qu’une vache fût
chaudement, pour en obtenir plus de. lait, fi on
le contentoit d’une chaleur modérée, & fi ou
renouvellent, tous les jours au moins une fois l’air
qu elle refpire. Mais le produit qu’on attend des
noeufs n étant que du travail au-dehors pour,
lequel ils ne fauroienr avoir trop de. force
un air frais dans les. étables eft celui qui leur
convient. M. l’Abbé Rozier a vu dans uneéta-,
blé à boeufs le thermomètre de Réaumur monter
à vingt-quatre degrés àu-deflüs du terme de la
glace, lorfque la température de l’air extérieur
étoit. de huit à dix degrés do froid. Un boeuf
loi tant, de certc. étable devoir éprouver un chan gement,
de trente- quatre degrés , capable de
luppnmer fa transpiration &de cauferles maladies
qui dépendent de cette fiipprdliôn.. Je voudras
qu.on pratiquât aux étables des fenêtres,
qui feraient tenues ouvertes, même en Hiver
On ne les fermerait d9ns cette faifon que quand,
les boeufs arriveraient du travail, ayant chaud
pour les rouvrir quand ils ferment- entièrement
refroidis. On les fermerait: encore en Eté au*
milieu du jou r , pou r écarter les ntoucb.es, &.