
confervent & favorifent les plantes élevées fur
'les couches. Du fumier chaud mis à côté, ’les
réchauffe quand elles en ont befoin. v
. On arrofe dans, les potagers les planches de
Carottes, s’il fait fec, pour les empêcher de
monter, & pour faire groffir les racines. On
les farcie à la main ou avec un infiniment,
& on les éclaircir. Celles qu’on arrache en far-„
clant, font propres à être mangées par les hommes
ou par les befliaux. Les Anglois fe fervent
pour fârçler, d’une petite hoüe , avec laquelle
ils remuent la terre des planches de Carottes
trois fois, à cinq femaines de. difiancc. La première
.commence quand les Carottes ont quatre
feuilles. Pour avoir de belles racines , il faut
que les pieds foient à huit ou dix pouces les
uns des autres.
Suivant la ‘Feuille du Cultivateur, du i 3 Juillet,
1790, M. Trolly confeillè de„fe fervir , pour
le dernier farclage, d’un long crochet de fer,
tel que celui à fumier, dont les .dents aient de
quinze à feize pouces de,longueur , fur. fept
lignes-, dans leur plus grande largeur. Il regarde
cet infiniment comme très-commode, fur-tout
pour farder les Carottes repiquées & difpofées
en rangs bien efpacés. Les Carottes façonnées
de cet.te. manière , félon lui, croiffent avec une
grande facilité', & deviennent très-belles. .
Les Carottes femées en Automne, doivent
être éclaircies au mois de Mars,-fi elles ont
levé trop dru.
La Feuille du Cultivateur que je viens de
citer, rapporte, d’après M. Yong , la manière
de foigner les Carottes cultivées en grand, dans
une Province d’Angleterre. « Lorfqu’elles ont
acquis trois, ou quatre pouces de longueur, ou
pour mieux dire, lorfqu on- peut les difiinguer
aifément, on donne le premier binage avec. la
hoüe-, on choifit, pour faire cette opération,,,
un rems fec, & on emploie à-la-fois autant de
bras qu’il eft.poffible de s’en procurer, afin d’avoir
fini avant q.ue la.pluie ne furvienne. Lorf-
qne les mauvaifes herbes font très-abondantes,
les ouvriers employés à ce travail, fe traînent
fur leurs genoux, pour appercëvoir plus fûre-
ment les Carottes- les hoües qu’ils emploient
o»t quatre pouces de largeur, & le manche n’a
que dix-huit pouces de longueur; fi les roau-v
■ vaifes herbes font peu abondantes ,* ils font
cette opération-debout, &• avec des inftrumens
ordinaires. Dans dette première façon, on éf-
paee les Carottes de cinq ou fix pouces entre
elles ; & fi on découvre deux plantes trop rapprochées
, ou de mauvaifes herbes trop près
des Carottes, ' on les éclaircit à la main. r>
' « Quinze jours ou trois femaines après cette
première façon , fuivànr la : faifôn , on choifit
un tems fec pour paffer la herfe fiir tout le
champ ; cette opération efl indifpenfable pour
ameublir la terre, & détruire les mauvaifes
herbes qui ont repouffé ; la herfe n’arrache
prefque point de Carottes.
« Dès que ces Plantes ont fix pouces ou envi-
» ron, on donne uùeyfeçonde façon à la houe.
» On emploie cette fois les houes de neuf pouces
» de large,. & on laiïfe les Carottes à-la clifiance
n de feize ou dix-huit pouces entre elles ; il vaut
» mieux les. elpacer plus que moins. Tontes les
.» mauvaifes herbes fe trouvent détruites par cette
« opération, & la terre efl ameublie. On arraçhe
» à la main les mauvaifes herbes qui fe trouvent
j, trop près des Carottes, on tâche de nétoyer
» le terrein autant- qu’il efl poflible; on remue
„ même les places où il ne paroît point de mau-
» vaifes herbes, afin de détruire toutes celles qui
j, pourroient repoufler. S’il arrive par la fuite
j, qu’on voie paroître encore quelques mauvaifes
j, herbes, on emploie de tems-en-tems des en-
w fans pour les découvrir & les arracher- le fuc-
3, cès de cette culture dépend-fur-tout des far-
3, clages & des binages; il ne faut pas les négliger
„ même dans les teins, pù les Cultivateurs font
,, Ie plus occupés, comme dans le teins delà
,, fenaifon ou à l’époque de la moifen. »
Beaucoup de Jardiniers font „dans l’ufage de
fouler lès fanes des Carottes en marchant fur
elles, quand elles font avancées; quelques-uns
même les coupent à certaine époque. On prétend
par - là renvoyer la sève aux racines, pour
les faire groffir. Je ne contefte pas cette prétention,
quoiqu’elle paroiffe contraire aux principes
que je>me fuis formés de la végétation. Mais je
voudrois qu’on eût fait l’expérience comparée
des Carottes, dont on auroit foulé ou coupé les
fanes & 'de celles auxquelles on les adroit laiffé
intaéles. En attendant, je crois que l’époque où
on peut les couper fans inconvénient, eft celle
où elles commencent à jaunir. Daps les Cultures
en grand, on paflèvdans la même intention un
rouleau ou un tonneau vuide fur les Carottes,
quand elles font bien levées, .& 011 réitère ce rou-
lage toutes les fois qu’on s’apperçoit que le vert
veut monter.
Ce qui peut nuire aux Carottes.
Les feuls infefles, qui nuifent aux Carotte?,
font le vér du hanneton, la courtillière bu taupe-
grillon. Le ver du hanneton- efl fan plus grand
ennemi;il en ronge lés racines. On s’én apper-
çoit, parce que les .feuilles fe fanent. 11 n’y a
d’autre moyen de s’èn débajrraffer, que de fouiller
aux pieds, où on le trouve toujours & de le
tuer«-La courtillière n’efl à craindre que quand la
Carotte efl jeune. Voye{ pour là manière de la détruire
le mot courtillière. La trop grande féche-
reffe durcit lés racines ; fi elle efl accompagnée
de chaleur, les tiges montent à graine, & W
C A R
racines groffiffent peu. Trop d’humidité les noîr-
ciroit & les feroit pourrir;
Pour que les ^Caro-tes foient belles, il faut que
leurs racines foient longues & groffes, fans divi-
fion. Elles p’ont'ces conditions, qu’àprèslés avoir
femé dans une terre profonde, légère, & bien
meuble, fans mottes ni groffes pierres, & ftiffi-
fammént fumée d’avance,fi on lésa biné ou farclé
aufli fouvenr qu’elles en ont befoin,. fi on les
a éclairci. Les racines, qui troüveroiènt un obf-
t^cle fût à caufe de.la terre dure., ou des pierres,
ou du fumier non confommë, fe diviferoient &
formeroient la fourche; ce qui diminueroit de
leurs prix & qualité. Trop de fumier leur caufe-
roit de la vermoulure. Les mauvaifes herbes les
étoufFeroient, fi on négligéoit de les farder ; on
les détruit en binant & on rend la terre perméable
à la pluie /enfin,.c’eft en les éclairçiffant qu’on
donne à celles qui refient', plus de facilité poür
S’étendre, &: pour groffir. Quelques personnes,
croyen ravoir remarqué que les Carottes de moyenne
grofieuf , ont plus de fineffe, c eft-à-cïire, font
plus délicates au goût, que les plus groffes.
Récolte des Carottes.
Le? Carottes femées en Mars, Avril & Mai,
font bonnes à cueillir en Oélobre & Novembre.
Elles ont acquis toute leur perfection & ne profitent
plus.- On doit lès arracher, qüand lés fanes
commencent à rougir. Si fon ne craint pas qu’elles
gelent ou pourriffent, on les laiffe en terre pour
les fouiller à mefure qu’on en a befoin. Lorf-
qu’on en doute,, on en arrache une partie, à
l’approche des fortes gelées.,. & on les met dans
une ferre, & même au-dehors dans des rayons,
prelfées les unes.contre les autres & avec un peu
de terre intermédiaire. Toiites les fois que le rems
le permet, on arraçhe celles qui font refiées en
terre, afin de les employer les premières. Dans
les pays où le froid eft toujours affez fort pour
les geler dans la terre même quand on les coij-
vriroit de litière,, il ne faut pas héliter de fouiller
toutes les Carottes en Octobre ou Novembre.
On les lave & on les fait fécher au foleil, avant
de les .rentrer. Dans la ferre, elles doivent être
rangées les unes contre les autres, &ks fanes en
dehors. Il y.a des pays où on le tir coupe entièrement
la tète, pour les.empêcher.de pouffer. On
prétend quelles fe confervent mieux : la ferre
doit .être,médiocrement chaude. Il fuffit que la
gelée n’v atteigne pas les Carottes. Quelquefois on
eft obligé de jet ter fur elles quelques bottes de
paille dans les plus fortes gelées.-
La fourche de- fer à trois.denré, efl l’infirument
!r P^lls commode pour arracher les l Carottés. Les
dents s’infinuent entre lés racines, & n’en attaquent
qu’un petit nombre. Je c.onfefile do ré-
jétrer celles qui àuroient été altérées ou par les
vyrs de hanneton ou pat la fourche, lorfqu’oa
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les arrache, parce qu’elles gâteraient les autres.
Si on n’a pas coupé les fanes des Carottes ayant
le rems de la récolte, on doit les- çouper avant
de les ferrer; mais .on les laiffe à celles,'qui font
d eft i nées à donner de la graine. On choifit à cette
inrenrion les plus groffes, les plus droites & les
.plus rudes; on les replante à la fin dp Février,
J à un pied les unes des autres.
Les Carottes , qu’on laiffe en pleine terre ou
celles qu’on repique au Printemps pour donner
de la graine, pouffent leurs tiges au mois de Mai.
Leur graine eft mûre au mois d’Août; on le re-
connoît à fa couleur rouffeâtre & au désordre
des ombelles partiels.. On coupe alors les tiges, on
!. laiffe fécher la graine; on fa bat, on la met-au fo—
. leil & on la conferve dans des fa es, en lieu fec.
On croit que fix beaux pieds de Carottes, peuvent
fournir de la g-aine pour un arpent.
On adfienYemarqué que quand les graines de
CarottesTb-formoient & approchoient de la ma^
turité, l’ombèfie entier fe difpofoit en entonnoir.
Mais on n’a pas dit que ce fût la fécondé, fois
que l’ombelle fe difpofoit de cette ’ manière.
Avant répanoiiiuement des fl^utsf^iL a aufli la
forme d’entonnoir, qu’il perd a>-Qéfure que les
fleurs fe développent pour la reprendre quand
elles font paffées. Il n’eft un véritable• om-:
belle ou papafol que dans fa parfaite floraifon;-
S’il étoit ibi queflion de Phyfîque végétale, je
pourrois chercher les caufes de ce phénomène ;
mais je rai contente de rapporter l’obfervation.
iffages & avantages des Carottes.
La graine eft /employée en Médecine pour
provoquer, les urines & les graviers. On
la donne infuféèdans du vin blanc.ou de la per
| rite bierre. C’eft fur-tout la graine de Carottes
j fauvages. Souvent L s Droguifles lui fubftituent
ï celle de la Carotte cultivée, qui trop vieille, pour
• femer, peut être bonne à des ofagescle Médecine;
Les feuilles font regardées, commevyulnéraires
! & fudorifiques.
j. Les racines ont long-tems paffé pouj? être at-
! kalefcentes, c’eft-à-dire, pour caufer, de la pu**
î aridité. Mais quelqu’un affuçe qu’elles font an*
j ri - feptique?, c’eft - à dire anri-putridés, Je le crois
d’au tant.plus, qu’on les emploie avec fnccès dans
les cancers.,, non pas pour les guérir, mais pour
en retarder les progrès ; on applique la racine
de cette Plante pillée fur le -cancer en la changeant
une ou leux fois tous les jours. La per-
fonne attaquée de cette maladie, en mange beaucoup,
apprêtées de toutes les manières. Voye[ pour
les vertus des çliverfes parties des Carottes, le Dic-
tionnaire de Médsçine.;
Dans l’ébonomîe domeftique & rurale, on ne
fait d’autre ufage .de la graine de Carottes que
pour la femer.
Les hommes n’en mangent^pas les feuilles; mai$
C c c c c i j