
jour; par exemple , ils emploient quarante jours
pour parcourir cent cmquàtité lieues, de Mon-,
tanie en Eftramadure. L ’époque., où ils doivent
être dans les quartiers eft fixée • on ne peut la
hâter. Ils voyagent en troupeaux dé mille; a
douze cens ; rendus à leur deftination, 6h les
diftrïbue dans les pâturages, qui-leur font âffi-
gtiés. M. Carlier prétend : que quand les pro^
priétaires des troupeaux ne peuvent envdyer
toutes leurs bêtes à laine en Eté',: dansles
montagnes ; celles qui reftent dahs les plaines,
quelque abondans quen foient les pâturages, dé*
Génèrent au point de ne donner. après : quél*4
qües années d’un féjour: forcé que de la; laine
commune ou efiante, c’eft-’à—dire, laine de troupeau
féden taire.
Il y a des troupeaux , qui rèfterit aufii en
Hiver & en Eté, dans les pârufagès’ .d’Eté', où
plutôt dans lés montagnes. On ne peut, en
Hiver , leur procurer une nourriture iuMante,1
& on eft obligé de les-renfermer'dans des ber-1
geries. Ces deux caufes dégradent beaucoup îa
blancheur & la- qualité des toifons. On les.dif-
tinguê à leur couleur & leur odeur.,
■ Levs: tîoûpeâùx^e'/hètés, 'tràftintabtes; -fèŸfën^
fiéfit àtttt teriné fixe1, tous.les ans, ^our la tonte,
qui eft là rëdolfé[dés P rqpriéùüfés;.'Etlé fë; fait à
Ségôyie au. iriois. de M ai, & en Juin à ; Sorià,.. I
; Le bétail; fortant de. f Eftramadüre pafte nêcefo
fairement par un ■' endroit p ùp ou r péage , on
perçoit un.. droit 4’un.e brebis. for vingt ; 1q Péa—.
ger choifit la ipeilleure..
Les bêtes, : ttafumantes; ne ; font âu^un' féjour
dans les bergeries, elles.. n’éprouvfefiij:guère§ rde
mortalité , excepté immédiatement:après, la wm&>.
où elles fouffrent quolquefqis'du firqid...,
Le climatd’Efpagneeft-.très-chkud en Efé,; ljTaîs
la chaleur fe fait moins fentir dansM pâturages
defimés à recevoir les trôupèaux qué dans le ijefte
de cette grande Monarfchie.
Il y a dé l ’herbe fine dans îesrqLiâi'tiérs d’Et-é
& dé ifoerbë longue dans-‘ceux d-Hiver.- O n ’ en
voit quelquefois d’âüffi haute que lés moutons,
qui. s’êri noüfri'ficnt,.
; On lit, dans un nouveau voyage feit en E ^a:
gné, imprimé en 1780., que, dans lê feizièrhe
fiècle, ôn comptoit/dans ce Royamhe; lèpt millions
de moutons voyageurs. §otrs Philippe I I I ,
ce nombre étoit tombé à deux millions. & demi,
üftariz , qui écriv oit au commencement du dix-
huitième fiècle, Iftporroit à quatre millions,
L’Auteur de quelques obferVations fur les moutons
cfÉfpagné;; inférées. dans dés variétés littéral
«es d’accord avec.cdjiiÜii nouveau voyage en Ef-,
pagne & avec l’opinion générale , dit que, d’après
des calculs très-exâfts, on ÿ compte maintenant
cinq millions de moutons voyageurs à laine fine.
Sf on y ajoute huit millions, üe moutons permànens,
on aura treize millions de Bêtes à laine
Toutes les Bêtes à laine du Royaume, tant celles
qui voyagent , que celles qui ne voyagent pas,
rapportent annuellement dans le Tréfor Royal
plus de trente millions de réaux ( huit réaux de
plate font unepiaftre;) auffiles Rois d’Efpagne
dans îéUrs ordonnances, les appellent-ils le pri~
deux joyau de leur couronne.
' lLés Rois ëtoîéht autrefois propriétaires de la
plus grâridë partie des Bêtes a lâinë. De-là, ce
grand riombrè de loïx pour la confervatioa
& le goüvérnemént des troupeaux ; de-là, ce
tribunal' établi Tous le titre de Confeil du grand
trôüpëau Roy al & qui fubfifte encore aujourd’hui^
quoique- le Roi n’ait pas une Bête a laine. Le
grand troupeau de la Couronne a été aliéné fuc-.
ceflivement pour divers befoins dè l’Etat. Philippe,
premier, fut obligé de vendre au Marquis
dlturbiéta quarante mille moutons, les derniers
qùîi reftaflent à la Couronne,
, Les troupeaux, fur-tout lés troupeaux ambu-
lans ou trafumans., appartiennent à de grands
propriétaires. Il s’eft formé , fous le nom de la
w^/&}’une foci.été de riches monaftère?, de-grands*
d’Efpagne-;. -4’apulens, particuliers, auxquels o»
a accordé, dgs. privilèges & dqs ^prérogatives, relativement
,à leurs troupeaux. ; Ils afferment à un
prix modique -les pâturages, d’Hivef., fans que ceux
auxquels ils appartiennent puiftent le haulîèr;
les propriétaires des troupeaux Sédentaires ont à->
peu-près, les mêmes privilèges.. Quand les .bêtes
trafuman tesy ont dans lesmontagnes ou lo'rfqu’ellej;
en reviennent j on. peut le long de la-route les
fojrepâturer ,0qn#dirigant.leur, marche fur Une
ligne ,; qui leur eft iparqtiéç, çxcepté dans les
pâturages c|o§_& privilégi^s.On Leur abandonne
une largeur- 4e quatre-vingt-dix. Vares. La vare
d’Efpagne ëtânt à; f aune, de. France : comme cinq
e f t à f è p t , c’eft enviî-on quarante?toifes -,
Ces ufagesfont regardés par ’ des auteurs François
comme abnfifs & comme -nuifibleh à l’Ëfpàgnei
Celui du naüv^u voyage’ eft un ^âe ceux qui
réclame avec Je plus-dè force. I f prétend quel«
troupeaux n-qn t pas befoih dé voyager, pour avoir
de la lairte très-^helle êt que d’Efpagne ÿ gagner
rbit behucbup.,.fi'ellës’en teàoirà des' troupeauï
Sédentaires, CettE double prétention, amène iù
l ’examen dë deux importantes queftions.
Ereniiére queftion : la beaàie' ‘dès laines. d'Ef~
pagne dépend-èîlè des voÿages perpétuels dtstroii-
peaux ? Plulieurs caufes contribuent à la beauté
de la laine • le choix & l’entretien d'une belle
race,, là nourriture & lafanté desanitnaux& 1®-
foins qu’on en prend : Routes ces caufes fe trouvent
réunies' dans,la conduite des bêtes traiü-
mantes Si ne fe trqUvcroient pas dans celle des
bêtes, 'fédenfaiîrés. On pourroit fans doute .poui,
les troupeaiïx , qnij né s’écartant pas çomnte
pour ceux qui s'écartent, fiiire -toujours un
»hoix de béliers, rebuter- les Bètesà laine cqm-
fcume, & prendre beaucoup d’attention pour que-
S ie n n’altère la laine de celles quipevoyagentpàs.
Miis en Efpagne, où les Etés font très - chauds;
comment les préferver des maladies, ’auxquëUés’
Mes feroient inévitablement expofée$ ? On en per-.
feroit un grand nombre, où celles Jquî réfifteroiehf
èbuffriroiënt beaucoup & letir lamé7adroit moins
|de qualité. Si, l’on renonçôit à faire voyager |||
troupeaux, bien-tôt il n’y en aiirqit qu^uné pé^
Site quantité en Efpagne. Car il, ne ferolt pas
poi’ible d’avoir de quoi les nourrir en Eté, quand
la chaleur a delféché toutes les plaines ; ’6n
.|ie pourroit leur donner qué des fourrages fobs
dans une faifon, ou les fourrages fraisier oient
fes lèuls, qui leur convinffent. En voyageant,
f c troupeaux font toujours dans une tempèra-
kuie douce & , pour ainfidire , égale. Car l’air des
pontagnes eft . pour eux en Eté ce qu’eft en
lliver l’air des plaines. Ils trouvent dans les pâturages
d’Hiver, dans ceux d’Eté &/en voyageant,
toujours une pâture faine & abondante.
Les herbes des. montagnes fur-tout font .très-délicates;
ce font en grande partie des graminées fines,
H?Je crois que l’Auteur du nouveau Voyage
.èn Efpagne le trompe quand il dit qu’il y a dans
l’Eilramadure ;& aux, environs de Ségovie , des
^«foupéaux fédentaires, dont l'a laine ne diffère
pas îenfiblement de la meilleure laino des troupeaux
voyageurs, Il eft pofliblë que quelques
wrconftànees; ou quelques foins locaux cômpen-
lent dans certains cantons & pour un petit nom-
lire de bêtes les bons effets des voyages & des
pâturages des montagnes ou qu’en renoùvellant
Tans ceffe les béliers qui ont la plus belle laine,
0ü parvienne à entretenir des troupeaux à laine i
fine dans les plaines. Mais il me femble qu’en !
Général, les voyages étant plus fayarables à la
fânté des animaux, ils doivent influer fur la
|beauté de la laine : ce qui le prouve d’une manière
bien pofitive, c’éft la fupériorité des lai—
p s dés troupeaux voyageurs fur celle des troupeaux
fédentaires. Je ne difeonviendrai pas que,
sji eft vendu dans les bons cantons pour aooQO
W r°^es lair?efine > il n’y £n ait un tiers fourni
par les troupeaux fëdentaires, ccaume on fa affuré
al Auteur du nouveau Voyage en Efpagne, parce
mie je n’ai pas la preuve du contraire. Mais, dans
ieslaines finesyil y- a éifférens degrés. Les manu-
^èturiers, qui reçoivent des laines d’Efpagne ,
font encore des choix. Il eft plus que probable
f!Je *a moins belle des laines, qu’ils reçoivent,
■ Acelle des troupeaux fèdentaires.
Au refte, M. d’Aufienton cherchant à expli-
®ier pourquoi un bélier de Roufiillon à laine
uperfine de 2e. qualité & une brebis d’Auxois,
■ aine moyenne, ont produit bélier & brebis à
me luperfine de i . e qualité , & ceux-ci des
II,. ^ * iajne fuperfine au plus haut degré, n’a
H pouvoir attribuer la caufe d’uqe araéliorai
prompte,. q u a ;l’u.%e.quil a.érabJi dans
iop domaine, dè tenir ïçtn-troupeau en plein
a3r . n“ it & {pur en tonl'tems. Gettë obfêrva-
j,° Il<rPeut s'appliqjiier aux* Eûtes trafumantes
dEipagne. qui jamais n'entrçnt àans une ber-
gens.) tapdisque les troupeaux fèdentaires y entrent
foqvent, ' ' -
J.a fécondé quedion cunfifte à favoir f i Us
fiJpagüULS j atiroLcnl plup d’avantages à ne ’ pas
faire voyager , leurs troupeaux &■ par confequent
a en diminuer le nombre t Pour décider cette
quefliqn, il faudrpit cctunoître, i." tous les produits
tle-rEfpagne en Bêtes, à laine ; i . ° ce que
le s te ra s , aujourd’hui confacr^çs aux troupeaux
w g e u r s , ou louces à vil prix, pour les pâturages
d Hiver, rapporteraient de ..plus fi elles étoient
cultivées ; | £ quels feroient.les débouches & la
valeur des denrées qu’on récolterait dans' ccs
terres. Sans ces connoiffances approfondies, fans
ces objets de calcul & de comparaifon, je crois
fin on, pe peut raifonnablement prononcer.
Jufqu’ici je n’a i encore lu fur cela rien d e fa -
ttsfaifant ; j’autbjs, voulu des faits pofitifs, des
calculs, des expériences même, tin François ,
quelque, éclairé qu’il Foit, s’il n’a pas demeuré
long-turns en Efpagne, s il n’a pas étudié toute
la partie économique & commerciale de ce
Royaume ■ s’il ne connblt pas bien la nature
du fol & ce, qu’on pourroit utilement y femer
&c. doit s’abflenir de juger fon adminifiration-ru-
raie. Ily a peut êtreune telle quantité de laines d’Efpagne
vendues^ tous les ans, à l’Etranger, que nul
autre genre de produit ne peut égaler celui-ci i
dans ce. cas, le Gouvernement Efpagnol aurait
raifon de porter fes vue§ fur l’amélioration &
la multiplication des troupeaux. L ’Auteur dii
nouveau .Voyage , en Efpagne, convient que depuis
cent ans, les iaines ont doublé de valeur,
tandis que les grains ont peu augmenté de prix!
Selon lu i, dix mille têtes peuventdonner ,annéè
commune, deux mille arrobes ou cinq cens
quintaux de laine. En évaluant l’arrobe à cent
ÿ aux ou v in g t- cinq livres, ces dix mille têtes
produiront cinquante mille livres, dont il faudrait
/déduire, if ell vrai , la nourriture qu’on
donné quelquçfoù 2ux troupeaux , les frais de
voyage, le loyer des' pâturages, le falaire des
bergers qui ne fe monte pas haut, parce qu’ite
.ont peu de befoins -,,ce qui Iaifle encore un promu
t net confié érable, j-a récolte des -laines efi
prefque toujours certaine & exige peu de frais ■
le débit en efi affuré; car les Érançois, les An-
glois, les.Hollandois viennent.prendre les laines
Ségoviennes & Léonines à Bilbao & à Saint-An-
der. Si. les Efpagnols ne conduifoienr plus de
troupeaux dans les montagnes, les pâturages de
ces montagnes feroient perdus, & cetre perte
doit entrer en dédnélion de la plus value
prétendue des terres ouïes troupeauxpaiffent dans
leurs voyages. Avant de fonger â circonfcrire les
B b i f