
efpèces herbacées, charnues, fouvent grimpantes,
d’une forme pitrorefque & affez agréable.
Leur fleur eft compofée d’un calice à cinq
divifions, terminé poftérieurement par un éperon
terminé en pointe , de cinq pétales rangés
irrégulièrement, & d’une grandeur un peu inégale.
Enfin, de huit étamines inégales , & d’un
ovaire fupérieur qui fe change en une capfule à
trois loges; monofpermes , tellement féparées,
qu’elles paroiffent former trois capfules appliquées
Furie à l’autre*, fouvent une ou deux des
loges avortent, & changent un peu la forme du
fruit,
JEfpèces,
I . C apucine à feuilles larges, ou grande Capucine.
T r q p æ o l u m . m a ju s . L. © du Pérou.
£ La Capucine à fleurs doubles, l2L .
y Capucine bâtarde!. La M. Enç.
%. C a p u c i n e à petites feuilles ,ou petite Capucine.
T r o p æ g z v m minus. L. © du Pérou.
3 . C a p u c i n e l a c in i é e .
T r o p æ o l v m p er eg r in um . L © du Pérou.
4. Capucine à cinq feuilles.
T r u p æ ô z u m pentaphyllum. La M. Diél. du
Monte - YideOj près de Buénos-Ayres.
Les deux premières efpèces de Capucines fë
reffemblenf par la conformation générale de leurs
parties ;- par 'leur port, elles diffèrent par la
hauteur différente où elles s’élèvent. La première
monte jufqtfà cinq ou fix pieds autour des flippons
qu’on lui fournit ; la fécondé ne s’élève
qu’à deux pieds, & fes tiges font toujours plus
rameufes, plus torrueufes & plus touffues. La
forme de leurs feuilles, quoique ombiliquée, diffère
dans les détail-. La première* a des feuilles
arrondies, avec trôis'enfoncemens très-légers qui
font reffortir cinq lobes ou cinq angles arondis,
fouvent à peine yifiblesla fécondé a des feuilles
un peu plus larges que longues, & prefque uniformes
dans leur contour : elles font toujours la
moitié plus petites que celles de l’autre efpèce. Ces
efpèces diffèrent, enfin, parla grandeur & la couleur
confiante de leurs fleurs. Celles de la première
font grandes, d’une-couleur orangée, tirant
fur le rouge; leurs deux pétales fupérieurs font
rayés de pourpre à leur bafe : celles de la fécondé
font plus petites, d’une couleur orangée
tirant fur le jaune, les deux pétales inférieurs
tachés de rouge.
■ Hzftorique. La Capucine à feuilles étroites,’ a
été apportée, du Pérou en Europe, en 1580, &
celle à feuilles larges en 1684. On prétend qu’elles
font vivaces dans leur pays natal. Ce fait, qui ne
feroit pas fans exemples, ne me paroît pas démontré
d’une manière viétorieufe ; car la conf-
truétion de la racine des Capucines n’indique
point qu’elle puiffe fe conferver aufli long-teriis.
Je fais mèmç que dçs amateurs Hollandpis ont
effayé d’en conferver dans l’orangerie & dans j*
ferre chaude, fans y réuflir, ;.tandis que l’expérience
réuffic fur le ricin commun, qui eft
reillement vivace aux Indes, & qui ne paroît annuel
en Europe que parce que le froid fait périr
la racine;.car la conftruélion de cette partie annonce
fa durée, au lieu que la. racine des Capucines
paroît vifiblement annuelle, Il feroit
important, comme point de Phyfiologie végétale,
que les voyageurs yérifiaffent fi les Capucines
font vraiment vivaces aux Indes, fi leur racine
y eft la même qu’aux individus d’Europe, ou fi
le •changement. de climat l’a modifiée. On éclair-,
ciroit, par ce "moyen, jufqu’à quel point l'influence
de la naturalisation peut changer une |
efpèce, &, par. conféquent, quelle latitude on
peut donner aux caractères Spécifiques-,
C u ltu r e . On sème les Capucines fur couches1
dès le mois de Mars, & même plutôt, lorfqu’on;
a des moyens de garantir les jeunes plantes des
nuits froides du Printemps. La graine doit être j
enterrée d’un pouce pour n’être pas gênée dans
fa germination, & doit être arrofée fréquemment!
lorfque la chaleur peut aider l’aélion de l’humidité
; car l’humidité avec un tçms froid, eft plutôt
nuifible. Lorfque les jeunes plantes, ont trois à
quatre feuilles,; on les,lève & or? les replante
dans des petits foffés pleins de fumier bien con-
fommé, ou de terreau. L’expofition du Midi eft
la plus favorable à ces plantes , & celle où on
peut les planter le plutôt; mais, en général, elle
réuflit à toutes les expofitions,. lur-tout lorfque I
la faifon eft avancée, & que l’air eft réchauffé,
Les Capucines exigent des arrofemens fréquens
pendant leur jeuneffe, & veulent être ombragées
les premiers jours de leur tranfplantation; lorfque
les fleurs commencent à paroître, on peut
ceffer les arrofemens, fans néanmoins qu’ils cef*
fent d’être utiles. La graine mûrit vers le mois
d’Aoûtou de Septembre. Après l’avoir cueillie on
l’expofe pendant quelques jours au foleil, &on
la conferve tout l’Hiver dans fa capfule ou enveloppe,
comme celledes afperges. Desamateurs
de cette plante pourroient en faire deux ou trois!
femis différens , à un mois ou fix femaines dç I
difiance : le premier en Février , fous ;chaflîs; par
ce moyen ils pourroient prolonger la floraifon
de cette plante, q u i, de fa nature, refte déjà long* j
tems en fleur. v;- • n e ; ' ' !
U fa g e . Les Capucines ont Un goût de creffonj
très-prononcé , même plus fort que celui de «
plupart des creffons ordinaires. Leurs qualités)
médicales font les mêmes que celles des plantes
de cegenre * preuve que-les/caractères chymiquesj
& les caractères extérieurs des végétaux ne coïncident
pas dans toutes lés circonftances, cominçj
plufieurs perfonnes l’avoietît imaginé. On en rai
ufage dans lès cuifines, moins cependant que “e
creffon ; & l’on confit les flou tons à fleurs &
jeunes fruits au vinaigre, comme;les captesH
> gornichons', ; auxquels ils font préférables pour le
goût, & peut-être pour la falübrité. La petite
! Capucine donnant plus de fleurs que Tautrè, èfl
i préférée pour cet ufage. V oy e% Câpre & Cou-
| NICHÔrï'.
Le principal ufage des Capucines eft comme
objet de décoration ; elles viennent facilement
rapiiTent bien les murs', & fe couvrent, pendant
plufieurs mois, de fleurs fle la plus grande beauté,
qui fe fùccèdent les unes aux autres. On la placé
devant dés murs, entre les efpaliers qui ne fé
joignent pas encore, devant les maifons qui ont
des terraffes, fur les 1er rafle s mêmes, en guidant
leurs tiges en guirlandes autour des fupports ou
fils difppfés pour cela. L’ouvrier dans les villes,
en décore fa croisée ou le flevant de fa boutique,;
& fe prépare une' verdure, la feule qu’il
peut voir pendant fes jours de travail. Enfin , en
; Yafcôu en pleine terré , elle vient également
bien lorfque la chaleur èfl. fufiifanté'& la terre un
peu profonde ; Car,'dans un vafe trop petit,-ou
dans lin terrein fort flérile, les Capucines fe ra-
bougriffent & ne donnent que des fleurs maigres
& peu nombreufes. -
Le confeil que j’ai donné, de femer les Capucines
fous couche , a pour but d’accélérer fa
floraifon; car on peut la femer en place dès le
[mois d’Avril, & cette plante eft affez peu dèli- j
cate pour que des graines: mûres, tombées'à terre
en Automne , y paffent l’Hiver, &germent l’année
privante. Je l’ai'vu même à Paris. :
Quelques perfonnes répandent des fleurs de
Capucines & des fleurs de bourache fur la fa-
jlade ; cette manière fitnple de les orner a l’avantage
de corriger l’cxcemve1 froideur de la laitue,
& de la rendre plus digeflive.; car certainement
pe falade'de fleurs de Capucine feroit plus
Haine.
, ^ -------•« —— — — — u a u i u u v , UiJC
fODtervation d’un \genre;abfolument neuf, & qui
|dl des plus intéreffante. A la cliûfè du jour ,
lorfque la journée a été chaude, il fort des; fleurs
,, Ia grande Capucine, des éclairs lumineux que
|°n a jugés électriques. Je les ai vu très-fouvent
pSuiffe & plus rarement, à Paris; mais j’ai cru
pvoir élever des doutés fur les qualités éleCtri-
|Ues,^e c.es éclairs? car ils n’ont aucune influence
S 1 éleCtromètre, ce dont je me fuis affuré par
ppénence. Seroient-ils d’une électricité telle—
^°ible que l’éleCtroniètre qui recueillit les
|g|f moins fenfibles, n’en fôient pas af-
r tes. C’eft ce qu’il eft important de vérifier.
C a p u c in e à f l e u r d o u b lé .
t t e Natiiralîfles décrivent cette Capucine
^ v arié té de celle à, feuilles larges, n.° 1,
Pe en par fa tige tortueufe prefsrimPante;
& plus petite par fes
L flt6s couvertes de duvet, & plus encore
F - a durée, puifqu’elle eft vivace par fes ra- 1
cmes. & aufli par fes tiges. Ce dernier carac-
tère, qui hé feroit pas très - important s’il eft
vrai que les Capucines font vivaces au Pérou,
îlf,.®^yiei?;clr9^r § eefte opinion n’eft pas, fondée.
11 eft certain que les tentatives qu’on a faites
pour rendre la Capucine ordinaire vivace n’ont
eu aucun/fuccés tandis que la Capucine à fleur
double eft tellement vivace qu’on ne l’a multiplie
que de boutures.' :
Un fait milite cependant contre l’opinion de
ceux qui voudroient s’appuyer de la durée
, des-tiges pour dtflinguer cette plante comme
efpèce : cette durée éft une fuite naturelle de
a -multiplication par boutures i‘qui intervertit
1 ordre des faifons, puifque ce font des déVeloa-
pemens faêlices qu’elle occafionne. J’ai confulté
les plus anciens ouvrages de Botanique qui ont
parlé dés Capucines, pour voir fi la Capucine
au motnent où on- Ta apportée en Europe étoit
vtvacé; &’les foins qu’elle exigeoit’; j’ai lu avec
quelqu’étônnèoeent, dans l’Hiftoire' des plantes
‘Kleles Capucines de fen temf étoient
multipltéft de graines ou de bôutures, & la déf-
cription qù’il dbiiùe prouve que c’eft de la
Capucine g fleur fîmplé qù’il vouloit parler. Il
eft finguliér qtie çêttè nianière dè les multipiier
ait été tellement abandonnée depuis ce Natura-
Iifle qu’on en ait même perdu le fo.uvénir
Dodîjens qui dit la même chofé, ajoute que
la graine des individus qu’il en a vu avoitété
apportée d Efpagnè. D où on pourroit conclure
jue la Capucine à fleur double que l’on a toujours
tenue-dans l’orangerie', s’eft moins 'éloignée
de fon orgahifation première que la Capucine
à fleur Ample qui a dû s’habituer à un climat
plus froid que celui dont elle étoit originaire
&1 e fentiment des Naturaiiftes qui les .regardent
comme conflituant une même efpèce, feroit
fondé. Voy?i C l i m a t . '
M. Thouin à qui j’ai communiqué ces obferL
varions, m'a dit que les Capucines font vivaces
aux Indes de la même manière que lés bafelles
parce quelles tiges prennent racine dans tous
les endroits où elles touchent la terre &
que ce font ces jeunes plantes ; prodùifér’pâr
ces nouvelles racines, qni paffent l’Hiver quoique
la racine ou foùchc primitive périffe. II m’a dit
à l’appui de cette idée, qu’il a effayé quelquefois
de faire des boutures de Capucine Ample qui
Ont rénfft, & ont paffé l’Hiver comme ceiles-
» fleur double, malgré que la plante elle -
même périffe en Automne.
C u l t u r e .L a Caputine à fleur double cfl plus
délicate que celle à fleur Ample ; elle craint le
froid, & une trop grande humidité la fait périr-
lorfque l’orangerie eA huniide & peu aérée elle
eA fujette à chancir; auffi les Jardiniers’ qui
par défaut, de moyens, ont des ferres mal conf!
truites, en perdent-ils, chaque année, un grand
nombre fle pieds.