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ovales, cordiformes, d’une odeur défagréable,
neuf, onze ou treize nervures qui partent du
pétiole , f\uvent le contour de la feuille & convergent
vers la pointe. Les fleurs font axillaires,
folitaires, & répandent une odeur défa-
gréable: dans l’état fauvage, elles avortent pref-
que toutes. Rumphius n’a obtenu les fruits qu’en
culti;vant la plante.
La racine principale eft tranfverfale , noueufe
comme celle du Gingembre, & de l’épaiffeur
du petit doigt ; il en fort des racines féçondai-
res qui s’enfoncent en terre de la forme d’un
navet, mais amincies aux deux extrémités, d’un
pied ou deux de longueur fur deux doigts de
diamètre dans la partie la plus longue. Ces racines
font au nombre de vingt à cinquante fur
chaque pied. Cette plante croît aux bords des
forêts, dans les taillis humides, & fur les bords
des rivières boifées , dans les Moluques.
Ufage. Les Chinois ont effayé les premiers de
confire les racines de cette plante-, ils l’ont appris.
aux Européens établis dans les Moluques,
qui en ont adopté Tufage. Rumphius a vu de
ces rapines préparées qui venoient du Japon &
d’autres du. Bengale, d’où il a conclu que cette
plante croît pareillement dans ces deux pays.
Pour confire ces racines on les nétoye ot les
fait bouillir dans de l’eau, puis on les fait macérer
pendant deux jours dans de l’eau de chaux,
cette eau fe jaunit & fe charge de leur amertume.
On les fait enfnite macérer pendant fix
ou fept jours dans de l’eau de pluîe qu’on
change tous les jours jufqu’au moment où elle
ceffe"d’être colorée. Alors on coupe ces racines
en morceaux de la longueur du doigt, qu’on
fend pour enlever le coeur, où fe trouve une
partie füandreufe. On lés cuit enfuite dans un
firop, d’où elles fortent tranfparentes comme
du luccin. Les habitans des Moluques en corf-
lemment beaucoup en prenant leur "thé, & elles
font l’objet d’un commerce affez çonfidérable
avec les autres pays. La faveur de ces racines
préparées eft toujours fade, & déplaît dans les
premiers momens.
Les racines venues du Bengale , que Rumphius
a reconnu pour être de- cette plante, y porre
le nom de Ciel ou Ci cor ; elles diffèrent feulement
en ce qu’on les prend plus jeunes. ( M.
R e y n i e r .')
CAN NABI NE, D a t i s c a . L.
Genre de plantes très-voifin du chanvre par
fes caractères fexuels, & même par le port des
plantes qui le compofent. Ce font des plantes
vivaces par les racines, élevéeSs;& garnies d’un
beau feuillage , leurs fleurs n’ont aucune apparence
; ainfl, le moment de la floraifon eft trèsr*.
indifférent pour les Cannabines, & même le
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moment qui la précède où la plante a toute ft l
igueur, eft celui de fa plus grande beauté. H
Les Cannabines diffèrent des chanvres payi
leurs feuilles ailées & non digitées ; par le nom» I
bre des étamines dans chaque fleur mâle qui c(|]
de quinze , tandis que dans le chanvre il eft'J
de cinq -, par la conformation du c a ly c e des
fleurs femelles -, enfin par le fruit qui eft triau-'j
gulaire, muni de trois cornes & rempli de plu.
fleurs graines, au lieu qu’il eft fpliérique dans!
le chanvre & ne contient qu’une amande. Quel-1
quefois, dit M. de.la M a r k , les côtes du fruit j
& fes cornes font au nombre de quatre.
Efpeces.
1. Cannabine glabre.
Datisca Can n ab ina. L. 2^ de r i f l e de Candie.I
2. Cannabine hériflée.
Datisca h if îa . L. 2^ de la Pènfylvanie.
La première efpèce eft une plante vivace,]
'dont les tiges périffenc chaque année : elless’é-l
lèvent à la hauteur de quatre à fix pieds, &]
montent en faîfceau par le rapprochement des
■ branches & le nombre des feuilles. Ces dernières
font longues , d'un beau vert, & fortent de
la tige & de tous les rameaux. Les fleurs ter-]
minent les ramifications de la tige, elles font]
petites & fans apparence. ,
La fécondé efpèce diffère de la précédente]
par fa grandeur, qui furpaffe celle de la pre-j
mière efpèce , & par les poils droits & roidesj
qui recouvrent fa tige. Joint à ces cara&èresj
- qu’elle eft de l’autre hémifphère , ce qui indique!
fuffifamment qu’elle doit en être féparée.
C u ltu r e . Cette plante ayant les fleurs de cha-J
q u e fexe fur des pieds différens, rl eft néceflairel
de réunir l’individu mâle & l’individu femelle!
pour avoir de la bonne graine -, fans cette pré-
■ caution , les graines avortent en tout ou du moins
en partie. Lorfqu’on a dé la bonne graine, on]
doit la femer fur couche, fans chaflis,, à l’entrée'
-de l’Automne, époque de leur maturité. Il dlj
néceffaire de les couvrir pendant les grands froidsJ
Ces jeunes plantes fleuriffent tr è s -fo u v e n t l’an-]
* née fuivante. D ’a u tre s perfonnes attendent 2«
Printemps pour femer la graine. Cette méthoad
dont le fuccès eft plus affuré, retarde la jôuifj
fance, car la plante ne peut - fle u rir qu e la »H
conde année. Les plants femés au Printemps!
doivent ê tr e tranfplantés en Automne ; pendanfl
' l’Été ils n’exigent que des farelagés, & doivenj j être éclaircis lorfqu’ils font trop épais. En kj
: plantant à demeure-, on doit, aurant que p°*"j
; ble, ehoifir un lieu découvert où la plante pu)J J
j s’élever fans fe trouver abritée par les arbres.-,
| terreindoit être meuble & moins humide p°lJ
‘ la première efpèce que pour la fécondé, <1
! croît naturellement près des eaux.
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CANNE a s u c s e .
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iltiplie suffi les Cannabines en éclatant
Ls'Vacines en Automne : ce moyen, dont il
P faut cependant ufer qu’avec modération ,
Accélère la jouiffance, mais les plantes qu’on obtient
font moins belles.
Ufage. Les Cannabines, par leur beauté, iné-
Lent d’occuper une place dans les grands par-
1 dans les intervalles entre les arbuftes,
[dans les bordures d’allées & dans les clairières
bofquets. Comme elles durent plufieurs ailles
une fois établies elles forment tous les
[ns des touffes qui embelliffent les lieux où elles
[font plantées. ’Jufqu’à préfent les Cannabines
n’ont été cultivées avec un peu de fuite que
dans les jardins de Botanique ; mais l’ufage qu’on
[peut en faire pour la décoration , engagera fans
CANNE. Mefure de longueur dont on fe
[fert beaucoup en Italie , en Efpagne & dans les.
[Provinces méridionales de la France , & qui a
[plus ou moins d’étendue en différens endroits.
A Naples , la Canne vaut fept pieds trois
pouces & demi Anglois, ce qui fait une aune
& quinze dix-feptièmes d’aune de Paris ; ainfl,
dix-fept Cannes de Naples font trente-deux
aunes de Paris.
1 La Canne de Touloufe & de tout le Haut”
Languedoc , eft femblable à la Varre d’Arragan >
& contient fept pieds huit pouces Anglois
& un cinquième.
A Montpellier, en Provence, en Dauphiné
& en Bas-Languedoc , elle contient fix pieds
cinq pouces & demi Anglois.
1 La Canne de Touloufe contient cinq pieds
cinq pouces fix lignes*'de notre mefure , qui
font une aune & demie de Paris-, ainfl, trois de
Lces Cannes font cinq aunes de Paris.
L’ufage de la Canne a été défendu en Languedoc
& en Dauphiné, par arrêts du Confeil
des 24 Juin & 27 O&obre 1687 , fuivant lef-
! quels on ne peut fe fervir dans ces Provinces,
[pour l’achat & vente des étoffes, que de l’aune
de Paris au lieu de Canne. Ane. Encyclopédie.
(M. l’Abbé T e s s i e r . ).
CANNE ou ROSEAU de jardin. Arundo
donax. L. Voye[ Roseau cukivé. ÇM. Thovin.)
CANNE à lucre. Nom d’une graminée d’un
! ufage général ,& fous lequel elle eft plus con-
! nue que fous fon nom Botanique. Voyei C an a -
I melle officinale. M. du Trône, dans fon précis
\Jur h Canne, &c. diflingue deux parties de la
Canamelie, la Canne a fucre , qui efi la partie
de la tige, dont les noeuds ayant encore leurs
[ feuilles ne font pas encore mûrs ; & la Canne
Ifacrée qui eft la partie de la tige dont les noeuds
dépouillés de leurs feuilles ont élaboré leurs fucs
| « font dans l’état de maturité. ( M. Re yr ier. )
62,9
En traitant cet article, je n’ai pas l’imcKtion
de propofer à la France, la culture delà Canne
à fucre , quoique je fois perfuadé qu’à la rigueur
elle put y végéter dans les parties les plus méridionales
& les plus abritées -, mais je fais en
. même-tems qu’une culture n’a de fuccès, qu’au-
tant que le climat, par fa température, la lavô—
tife complettement. Celui de la France eft fi
éloigné du degré de chaleur qui convient à la
Canne à fucre , qu’aucune perlbnnc éclairé? ne
fera tentée de l’y introduire. J’ai encore-moins
le defir de donner des leçons aux Colons d’Amérique
, plus inflruits & plus à portée.que moi
de perfectionner ce genre de culture. Je' ne veux
que fatisfaire la curiofité de quelques Lecteurs.
qui feroient étonnés ■ de ne pas trouver dans
l’Encyclopédie, fur une plante d’un fi grand
produit, des détails que j’ai eu foin de j,onner
fur d’autres moins importantes. Afin que l’article
fût bien fait, j’ai cherché quelque Américain
qui voulût bien ;s’en' charger • des occupations
plus preffantes n’ayant pas permis à ceux auxquels
je me fuis. adreffé de rendre ce fervu:«
au Public il m’a fallu le rédiger moi-même,
d’après deux ouvrages qiî’on m’a procurés.
L’un eft intitulé : Précis fur la Canne à fucre
fur les moyens d’en extraire le fcl ejfentiel. par
M. du Trône de la Couture; Fàutre dont l’Auteur
eft M. de Cafeaux, a pour titre : Ejjai fur
l’art de cultiver la Canne & d’en cxtrâire le fucre.
Enfin, l’article étant fini & approuvé même
par plufieurs Américains, je l’ai confié à M. du
Trône de la Couture, en le priant de le faire ,
puifqu’il avoir paffé quelques années à la Martinique
& à Saint-Domingue, uniquement pour
étudier la Canne à fucre & pour pei fcclio.nner
l’extraélion du fucre. Les connoiffances approfondies
qu’il a dû prendre fur les lieux, le
mettoient en état de s’en acquitter mieux que
moi. Il y a confenti & a fait ufage .des idées &
des obfervations répandues dans fon livre. ; mais
je me fuis réfervé la liberté d’y ajouter ce. que
j’ai pu prendre dans l’excellent ouvrage dé M. de
Cafeaux, & mes propres réflexions.. Ce que
M. du Trône de la Couture a fait fera diftin-
gué par des- guillemets.
La Canne à fucre , Sacebirutn officinaram,
Lin. eft la première efpèce de Canamelie du
Dictionnaire de Botanique de M. dé la Mark.
Hijloire de la Canne à Sucre.
a La Canne eft un dès végétaux' qui, par fa
nature & par la riebeffe de fe$ produits, mé-“
rite le plus de fixer notre attention».- L’hiftoire
de cette plante eft tellement liée à celle du