
arbres ne fruétifiant jamais dan» notre climat,
& les graines perdant très - promptement leur
propriété germinative, celles que l’on tire de
leur pays natal arrivent hors d’état de germer.
EJpeces.
1. Cacaoyer, cultivé.
T heobroma cacao. L. Cacao fativa. La M.
Diél. n.° i. ï> de l’Amérique méridionale.
2. C acaoyer lauvage.
Cacao Jylvejîris. Aubl. Guian. ï> des Forêts
de la Guianc.
3. Cacaoyer anguleux.
Cacao Guiancnjis. Aubl. Guian. ï) des Forêts
de la Guiane.
Eefcription du port des ejpcces.
1. Le Cacaoyer cultivé eft un arbre d’une
groffeur médiocre, qui s’élève, dans les lieux
où il fe plaît, de vingt à vingt-cinq pieds de
haut. Sa racine efteompofée d’un pivot qui s’enfonce
à la profondeur de trois à quatre pieds, &
de ramifications qui s’étendent au loin & tracent à
quelques pouces feulement de la furface de la terre.
Son tronc eft dur, couvert d’une écorce couleur de
canelle, plus ou moins foncée, fuivant l’âge des
arbres» fon bois eft poreux, tendre & fort léger.
Il pouffe, de l’extrémité de fon tronc ,
plufieurs branches qui le divifent en rameaux, &
forment une cime arrondie dans fa circonférence
, & terminée en cône obtus, par fa partie
fupérieure. Ses feuilles font entières, liffes ,
longues de huit à dix pouces, & larges d’environ
trois pouces. Elles font difpofées alternativement
fur les branches, & dans une polition
pendante. Les fleurs font réunies par petits faif-
ceaux, placés fur les branches, & même fur le
tronc. Elles font petites, couleur de chair, &
en fi grand nombre, qu’elles produifent un e ffet
fort agréable. Cet arbre étant dans une végétation
perpétuelle, il eft chargé de fleurs pref-
que toute l’année*, cependant ellçs font plus
abondantes vers les folftices qu’en toute autre
faifon. Une grande partie de ces fleurs avortent
& tombent : celles qui reftent, produifent des
fruits delagroffeur de nos concombres. Ils font
pointus à leurs fommets, longs de fix à huit
pouces, & relevés, comme nos melons, par
une dixaine de côtes un peu faillantes. Leur
couleur eft d’abord verte, enftiite elle devient
d’un rouge foncé, & lorfqu’ils font mûrs, ils
font parfemés de petits points jaunes, Il exifte
une variété de cettç efpèçe, dont les fruits font
couleur de citron,
Ce fruit, dont l’enveloppe épaiffe de trois à
quatre lignes, eft fort dure, renferme un grand
nombre de femences ou d’amandes applaties, &
qui rempliffent fon intérieur. Elles font accompagnées
d’une fubftance blanche & ferme, qui
fe change en une efpèce de mucilage i
dité très-agréable. Ces amandes, qu’on aD fi
Cacao dans le commerce, font ovoïdes
plus groffes qu’une olive, charnues, d’un viôll
tendre, & au nombre de vingt-cinq à ( *
dans chaque fruit.
2. Le Cacaoyer fauvage ne s’élève que dW
ron quinze pieds de haut ; fon tronc don)
naiffance à des branches qui fe divifent en j
meaux épars, & qui n’affetfem aucune f0J
déterminée. Les feuilles font alternes oblol
gués, entières, un peu arides, verdâtres en deî
fus, & couvertes d’un duvet rouffàtre en deî
fous. Les plus grandes ont huit pouces de loi
gueur fur trois pouces & demi de large. $
fleurs qui font jaunâtres, viennent par iàifcea*
fur les groffes branches & fur le tronc comr1
dans l’elpèce précédente; leur fruit eft une ca1
fuie ovale, coriace, qui n’a point de côtés à l’e^
térieur ; mais qui eft recouverte d’un duvet |
& de couleur fauve. Elle eft divifée intérieur
ment en cinq loges, remplies d’une fubflair
blanche, pulpeufe, & gélatinetife, dans laquef
font placées les femences. Ce font des amanl
ovales, applaties, couvertes d’une peau blanc
& difpofées les unes fur les autres. Lorfqu’elf
font nouvelles, leur goût eft affez agréable, J
on les mange avec plaifir.
C a c a o y e r anguleux. Cette efpèce eft la pj|
petite des trois qui compofent c e genre. El
pouffe de fa racine une ou plufieurs tiges *
s’élèvent de quatorze à quinze pieds de haut, i?
branches s’étendent peu, & font inclinéesvf
la terre. Elles font garnies d’affez grandes fer*
les liffes, vertes en-deffus & couvertes en-tté
fous d’un léger duvet grifàtre. Les fleurs font dg
jaune pâle, raffemblées par paquets de qua*
ou fix enfemble, difpofées fur les hranclr
& fur le tronc qu’elles recouvrent en partie. Il
grand nombre d’entr’elles avortent; celles £
nouent, produifent des fruits ovales, coriacî
à cinq côtes faillantes & couverts d’un dut
jaunâtre, Leurs çapfules font divifées en cinq J
ges, par des cloifons membraneufes & retnpljj
d’amandes enveloppées d’une fubftance g&j
neuf® Sl blanche. Les amandes font arrondi«!
comprimées, blanches Abonnes à manger, I
quelles font fraîches.
Culture*
Nous ne pouvons que nous en rapport« jl
Ouvrages qui ont été écrits fur cette ma™ri
n’ayant pas été à portée d’obferver par n0l
mêmes la culture de cet arbre précieux; fl»
parmi ces Ouvrages, nous chaifirons celu i
Jofeph de Juftieu qui nous paroft ryin j
l’obfèrvarion la plus exaéle, la théorie la pi
fiùre. Ce que l’on va lire, eft le précis dei0D
l'rc envoyé, en 1737, à l’Académie des Scien-
[de Paris.
1' Qn nomme Cacaotière, ou Cacaoyère, un
oa'verger de Cacaos. »
[T oes arbres demahdent une terre qui ait du
L . qw foit phttôt forte que légère; fraîche
Aien arrofée ; mais non pas noyée. Ils ne réuf-
" ent pas dans une terre argilleufe. Le fol qui
*ar convient le mieux eft une terre noire Ou
-reâtre, alliée d’un tiers ou d’un quart de fa-
le°aveç quantité de gravier. Dans des terreins
% forts & plus humides, le Cacao devient
fnd & vigoureux ; mais rapporte moins, les
ftrs y étant fort fujettes à couler, à caufe du
ad & des pluies fréquentes. »
1« On eft affez dans l ’ufage de défricher des
teins, pour y établir des Cacaoyères. Quand
»prend -des terres qui ne font que repofées ,
I arbres durent peu , & ne rapportent com-
Jnéraent que de médiocres fruits, & en pe-
I quantité. »
[Miller indique les ravines formées par les eaux,
lime étant des emplacemens favorables pour
I Cacaoyère. C’eft, dit-il, un moyen d em-
lyer utilement ces terreins, que l ’on aban-
Jmeprefque toujours. D’ailleurs les arbres y
iivent un abri naturel, que l’on eft obligé de
ï procurer par art dans d’autres polirions. Il
j cependant lieu de douter que les ravines
jTentles garantir du vent, qui leur eft très-pré-
iciable. D’ailleurs les Cacaoyers pourroient
ïlquefois être trop refferrés dans ces endroits :
| arbres délicats ont befoin d’une certaine
gdue d’air qui les environne,
trop ou trop peu d’a ir , les vents, & I’ar-
J du foleil, pouvant beaucoup nuire aux ca-
1 , on tâche de prévenir ces inconvéniens
lia difpofition du terrein , l’étendue que l ’on
fouvé être avantageufe à une Cacaoyère, eft
çviron deux cents pas en quarré, mefure des
J ; ceft-à-dire, à-peu-près cent toifes. Si
lerrein eft plus grand, on le divife en plu-
:s Çuarrés, réduits à cette proportion; &
Jque quarré doit être environné de bonnes
|s.»
f la Cacaoyère n’eft pas au milieu d’un bois,
Rue, dans ce bois même, elle foit découverte
iquelque endroit, on l’abrite par des arbres
.ables de réfifter à l’impétuofité du vent. Ces
jes peuvent être formées de grands arbres ;
J 5 °n a heu de craindre que dans des cas où
l ?raSan tes abattroit, leur chûte ne fît
£ » ■ de cacaos. C’eft pourquoi il peut
I « râ b le de planter au-dehors de la Ca-
Jliers P n**eitrs rangs de citronniers, de |co-
rU-de bois imm<>rtel, qui étant plus
fc. > diminuent la force du vent; ou dont
TvoifinC pas ^ re Srand tort’ aux ca-
[ujAj s* sutres couvrent encore les lifiè-
s avec quelques rangs de bananiers ,
ou de bacoYÎers, ( qui font les figuiers des Iftes : )
arbres qui croiïlent fort v ite , garniffent beaucoup,
forment un très-bon abri, & donnent dei
fruits excellens. »
On peut ajouter aux moyens que donne l’Auteur
de cet article, la plantation des bambous.
Ce rofeau croît fort vite, s’élève très-haut, fournit
beaucoup, & c’eft par fon fecours que les
Hollandois, au Cap de Bonne-Efpérance, ga-
ramiffent leurs plantations. Ses feuilles (ont
très-utiles pour les, animaux, & les Nègres font
friants de la moelle fpongieufe de cet arbre.
Il croit dans l’Inde & en Afrique, & en 1759,
l’cfcadre de M. de Bompart le tranfporta dam
les Ifles-du*-vent de l’Amérique, où il a pro-
digieufement multiplié. U fe reproduit de boutures
, chaque noeud portant le rudiment de la
racine & des jets. Plus il fait chaud, plus fa
végétation eft étonnante; chaque brin, gro»
comme le bras ou comme la jambe, s’élève
dans l’efpace de quelques mois, de 40 à 50 pieds
de hauteur. Lorlque les fouches font fuffifam-
ment efpacées, elles peuvent fournir jufqu’à
cent jets & plus.
Pour défricher un terrein, on y brûle les
plantes & les arbuftes que l’on en a arrachés,
ainfi que les arbres qu’on a abatrus; puis on
laboure à la houe le plus profondément qu’il
eft pofiible ; on en ôte toutes les racines qu’oa
rencontre, & on applanit la furface.
Le terrein étant préparé, on prend les ali-
gnemens avec un cordeau divifé par noeuds,
vis-à-vis de chacun defquels on met nn piquet,
en forte qùe tous enfemble forment un quinconce.
. '
On garnit la Cacaoyère, foit en graine, foit
en plant. Le Cacao fe muhiplie même do
boutures à Cayenne, mais le fuccès en eft beaucoup
moins certain.
Quand le terrein eft déjà fatigué, ou lorfqu’il
eft rempli de fourmis, de criquets, & c ., on préfère
d’y mettre du plant, plutôt que de la graine.
Ce plant doit même être un peu fort, afin que
les infeéles l’endommagent moins.
Tandis que l’on abat les arbres du terrein
où l’on veut planter du Cacao , on fait, le plus
près qu’il eft poflible, une pépinière, qui, n’occupant
qu’un petit efpace, peut être affez facilement
garantie des animaux nuifibles. On choiïit
pour cette pépinière, un endroit voifin de
quelque rivière ou d’un marécage, afin de
pouvoir l’arrofer fans peine ; car on la commence
en Eté. On y met les graines à fix pouces
les unes des autres. Quelques mois après, c’eft-
à’-dire vers le commencement de lTiiver, dès
que les premières pluies ont humeélé la terre
à une certaine profondeur, on coup! la terre
tout autour à trois pouces de chaque arbre,
que l’on tranfporte ainfi dans des paniers à
l’endroit qu’en lui a deftiné. L'arbre peut avoir