
a peu de profit à nourrir des troupeaux de Bêtes ;
à laine dans le canton cité. Mais on en retire- J
roit davantage, fi les fermiers confentpient à
l’amélioration de leurs laines par des races étrangères.
La crainte de ne pouvoir fe défaire dans
les marchés de bêtes, qui n’auroient pas la forme
de celles du pays, ralentit le zèle de plufieurs ■
& rend inutile leur intelligence. Une augmentation
de vaches, dont le fumier convient à leurs
terres, leur feroit plus utile à quelques égards.
Mais n’ayant plus d’intérêt à nebâttre leurs fromens
que peu-h-peu, à caufe du troupeau,' ils fe ver-
roient furchargés de pailles , que les rats & les
fouris dévorerofent. Dailleurs il y a dans lés fermes
tels terrains, qui font mieux fumés par le
parc ou par le fumier de bergerie. En fuppo-
fant que la recette n’excédât pas la dépenfe, une
ferme eft mieux meublée & plus vivante avec
un troupeau, que lorfqu’ellen’en a pas. Enfin,
lorfque les terres en jachères pouffent de l’herbe,
elles s’épuiferoient & produiroient moins de froment
, -fi le troupeau de tems en tems ne les
broutoit.
Boijfbn des Bêtes a laine.
La boiffon des Bêtes à laine fait partie de
leur nourriture. L ’eau des rivières & des ruiffeaux
courons eft la meilleure. Celle- des lacs & des -
étangs, qui coulent en partie, tient le fécond
rang. La plusmauvaife eft Celle des marres , des '
foffés, des marais, des filions, lorfqu’il s’y putréfie
des plantes & des corps d’animaux..L’eau
des citernes, l’eau de puits, pu de pluie, doit être
expofée quelques heures à l’air, avant d’en abreuver
les Bêtes à laine.
Un mouton de vingt pouces.de hauteur, quand
il eft nourri au fe c , lèul tems prefque ou il ait
fo if, boit en un jour trois à quatre livres-d’eau.
Si on ne lui préfèntoit pas à boire pendant un
mois en le retenant à la bergerie 3 il ne feroit
qu’altéré , fuivânt une expérience de M. Daubenton
, mais il n’éprouveroit.pas d’autre mal.
Il ne faut faire boire lès moutons qu’une fois
par jour, parce qu’ils boivent plus en deux fois
qu’en une & qu’il eft dangereux de les faire
trop boire. Ils ont la fibre lâche & très-difpo-
fée aux infiltrations. Il vaudroit mieux ne 'leur
donner, à boire que tous les deux ou trois jours.
Si on retârdoit davantage, ils boiroient trop à-
.la-fois.1 v " r ?
M. Daubenton a remarqué que des moutons
qui avoient mangé de la neige., ne s’erj étoient
pas trouvés incommodés.. Une . grande privation
d’eau, dans laquelle on lèsavoit tenus, leur avoir
caufé une grande foif , & un grand befqin qui
rf étoit que momentané. Je ne doute~;pas que
s’ils avoient quelque tems de fuite mangé de la
neige, ils n’en enflent éprouvé les inconvénient
des gelées blanches, qui relâchent les Bêtes à.
laines, parce qu’elles rendent trop aqueufesl«
herbes qu’elles couvrent.
Ufaêe du fe l pour les Bêtes h laine. I
Quelques perfonnes regardent l’ufage du fri
pour les Bêtes à laine comme inutile. En géni,
ra l, on le croit avantageux k ces animaux. A en
juger par le goût qu’ils ont pour cette denrée
il femble que la nature leur en ait fait un besoin.
Les propriétaires de grands troupeaux en
Efpagne , en Angleterre, en Suiffe & en France
dans -les pays où le fel étoit à bon marché
leur en ont fait toujours donner. On remarqué
que les moutons, dont les pâturages font des
- prés falés, ont plus de vigueur & une meilleure
chair que les autres. Cependant M - Daubenton
fondé lur les qualités fondantes & apëritives du
f e l , eft d’avis qu’on n’en donne q u ’aux Bêtes
à laine des pays marécageux , où e lle s font fit-
'jettes à la pourriture & aux autres rriala-j
■ d;es, occasionnées par l'humidité. Le fel ln[
i psroît plutôt un remède préfervatif $
i curatif même, qu’une fuhftance à mêler
; âüx alimens , comme effentielle dans tous les
I cas, Il veut qu’on en fafle prendre aux bêtes
Ianguiffantes & dégoûtées, dans les tems de brouillard
, de pluie, de neigé & de froid', fur-tout
fi elles font nourries- au fec. La fu p p reflion totale
de la gabelle ayant réduit le fel à un fou
la livre , qui fe payoit quatorze fous, bien des
propriétaires de Bêtes, à laine commen cen t!
.leur en donner fans difiinéHon d’état de fanlê
des animaux, ni de la qualité des alimen s qui
prennent. On ne tardera pas à Lavoir fi l’ufaêe
du fel doit & peut être général. Je., fais porté
à croire qu’il feroit utile, même dans les pays
; fecs , en n’en donnant- qu’une, foible'dofe, & qu’il
pourroit prévenir, les maladies' inflammatoira
& charhonneufes., au moins eft—il fùr qu’il de-
termineroit ies animaux à boire plus'abondamment
dans ces eirconftances. dû les boilibris fout
importantes.'’
Pour donner du fel aux Bêtes "à l'aine, on*
broie, on l’étend dans des auges ou on le rep2W»
furies fourrages. Quelques, bergers l ’enferment
dans un nouet de linge, qu’ils fufpendent àuK
. corde dans la bergerie ; les. animaux en arrivé
; lèchent^ ce nouet à l’envie..
M. le Blanc, Infpeéleur des manufaélurp«
• Languedoc',, a imaginé dès gâteaux compole
trois quarts de. fariné de froment, d’orge & y®
; quart de Tel & cfe fufîifante quantité dé
On pêtrifioit d’abord un tiers de la çompo)!t!.
avec de l’eau ; on-le laiffoit lever ; pws on v
joignoit un autre tiers de la compofition
K I’eaü ; on paltrifloit & on Iaifloit lever cn-
K r e • on ajoutoit enfin de la même manière le
R rnier tiers. La totalité étant bien levée on la di-
Kfoit en gâteaux d’une livre, très-minces, qu’on
K fo it cuire & qu’on confervoit pendant un an
R l’abri des rats. Ces gâteaux étoient donnés aux
, l 0utons dans des auges , après avoir été con-
ïafi'és. Un gâteau étoit la dofe de-vingt moulons.
M. le Blanc s’applaudiffoit de l’nfage de
Ses gâteaux. . ' .
B Les Efpagnols ne donnent point de tel en
jfliver mais ils en donnent deux livres
demie par bête pendant les cinq mois d’Eté
qu’ils paffentdans les montagnes. Ils en donnent
tousles trois jours une ration, d’environ fix gros -,
l e Giii forme vingt-cinq quintaux pour mille bêtes
ï n cinq mois. Cette dofe èft plus forte que celle
'Jjui eftpreferite pârM. Daubenton | car it ne con-
ftillc d’en, donner qu’environ fix gros par fé-
Snaine ou trois quarts de gros par jour. Une trop
4rande:qùantité de fel purgeroit les animaux & leur
Bccafionneroit une diarrhée mortelle,comme je l’ai
tojàobfervé depuis la fuppreffion de la gabelle. -
B Le fel de tartre, la potaffe, les cendres gra-
Belées, le fiel de verre , & c . , remplaceroient
Me? fel marin. J’ai confeillé.ces fels , par éco-
fhomie, lorfque le fel niarin n’étoit pas mar-
fehand ; mais ce dernier , étant à vil prix-,
B ’efi maintenant, le feul auquel on doive avoir
Recours. :
Maniéré d'engraijfer les Agneaux.
K Ce que . j’ai dit jufqu’i c i , fur Ta nourriture
Kes Bêtes à laine , n’avoit pour objet que d’in-
Kiqucrvcomment on les entretient en bón, état..
Jff fuffit, pour qu’elles répondent aux foins des
propriétaires, & à ceux des Bergers, quelles
ifoient habituellement en chair, & bien por-
■ tanres. Il faut quelque chofe de. plus, lorfqu’on
liesi defiine aux boucheries.' On dèfire qu’elles
■ oient graffes, ■ pouf"être .meilleures., mieux
|vendues. On n’ÿ parvient qu’en leur donnant
Rice nourriture' plus abondante.,
RPour engraifler les agneaux,, on les- tient à la
■ bergerie ■ -ils tettent leurs mères matin & Toir,
pendant la nuit. On leur fait tetter , dans
■ è jour, des brebis qui ont perdu leurs agneaux,
■ ou celles dont on a Vendu l'es:agneaux, quand
a commencé à en vendre. On répand, dans la
■ bergerie, toits les jours, de la litière fraîche,
ren°uvelle fouvent l’eau , dont on les
■ abreuve Ces jeunes animaux, nourris de la it,
Ktant fiijets a avoir , dans un de' leurs
■ eitomacs, beaucoup d’acides qui les incommo-
■ eroient, en empêchant le lait de fe digérer, &
RpUr caufant du dévoiement, il faut mettre^ à
une pierre de craie, qu’ils lèchcnf,
K J ? & dont ils fe trouvent bien, parce
■ M èn en t fieu dWorbam.
A Quinze jours, on châtre les mâles, dont
la chair devient aufti bonne, que celle des femelles.
Ils font moins gros que s’ils n’étoient
point châtrés -, ce qui engage beaucoup de Fermiers
à ne ies pas châtrer, pour lès vendre
plus cher. Tant que les agneaux font nourris
de cette manière, ils font agneaux de lait.
Dix-huit jours, ou trois femaines, après leur
naiffance, ils font en état de prendre d’autre
nourriture. . Alors on leur donne, comme je
l’ai dit au mot A gn e au , de-la farine d’avoine
feule, ou mêlée de Ton, des pois blancs, gris
ou bleus, les plus tendres de tous; de L’avoine
ou de forge en grain, du foin le plus fin ,
de la paille battue deux fois pour l’attendrir,
dit trèfle fe c , du fain foin, de ta luzerne, de
la dernière coupe, & des ?gerfeées d’avoine. Avec
.cesalimens ils engrajflent. Cètte-dernière manière
eft celle, qu’on, emploie pou engraifler les agneaux
nés tard, appeilés Tardons, T ardillons j Tou^ards ,
&c . • -
Manière d’engraijfer les moutons & les moUtcfnp.es.
Il arrive quelquefois que, dans un fro'ùpeatf,
mèine d’un pays où le pâturage eft médiocre,
; on S:oit, en. Automne, quelques'moutons gfaS,
fans' qu’on ait pris aucun foin pour les eù—
graiffer.. Cet .état, qu’ils perdroient en Hiver,
reprendroient en Eté, fi on ne les tuoit pas,
d'épbnd de leur bonne fauté', & de leur conf-
litudon. particulière. La graiffe de "ces moutoris
eft ferme, & la chair très-faine.
I a plupart des moutons, pour .engraifler,,
ont befoin de quelque chofe de plus- que la
noun iture .ordinaire.
II y a des Propriétaires d’herbages, qui achètent
des moutons de-trois ou quatre ans, dans
des pays à pâturages médiocres, pour les; en-
.graiffer, & les vendre, enfuite à des Bouchers.
On a remarqué que, f^lon leur âge, les moutons
profitent dans tels ou tels terrains. Ceux
d’ au an, ou de deux ans, font mieux dans des
pâturages médiocres, tandis qu’i l . en faut de
.plus abondajis à ceux de trois ou quatre ans.
d II y a trois maniérés d’engràiffer les moutons.
L ’une eft de les faire pâturer dans de bons
herbages; c’eft ce qu’on appelle T engrais d’herbe ,
ou la gt'aijfe T herbe. L ’autre manière eft de
leur donner de bonne nourriture au râtelier &
dans des auges ; c’eft l’engrais de pouture, ou la
graiffe feche , c’eft-à-dire la graiffe produite par des
fourrages fecs. La trodfième manière eft de conir
jnencer par mettre les moutons aux herbages,, en
Automne, & enfuite à la pouture.
n Le tems qu’il faut poitr les engraifler, dé-1*
pend de1 ^abondance & de la qualité d'es herbages;
lorfqii’ils font bons, on peut èngraifleV
E e ij