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ment à-la-fois, fait bouillir toute l'eau dont il
a befoin, & y éteint fa chaux; mais celui qui
chaule beaucoup de froment à chaque Chaulage,
éteint toute fa chaux dans l’eau bouillantè’, &
verfe la diffolution dans le furplus de l’eau né-
ceffaire.
Au moment où la chaux fe fond dans l’eau,
il fe fait une vive effervefçence, capable de répandre
une partie de la diffolution , fi les vaif-
feaux ne font pas grands. On l’appaife en ver-
fan t deffus un peu d’eau froide; mais feulement
dans le cas & à l’infiant où l’on craindroit: que le
bouillonnement ne fit perdre beaucoup de chaux.
On a:foin de remuer avec un bâton ou unepelle,
afin de faciliter la diffolution. Si l’opération du
Chaulage dure quelque tems, on jette, dans les
vaiffeaux qui contiennent la diffolution de chaux,
quelques pierres de chaux vive, de tems eh tems,
pour la réchauffer & la' ranimer.
J’ai remarqué qu’un grand nombre de Propriétaires
de terres & de Fermiers fe préfervoient
de Carie, en ne fe fefvant que de chaux &
d’eau, à une grande dofe. Moi-même, je n’ai
employé que cette feule méthode dans les grandes
cultures, & dans des années oùla contagion de
la Carie s’étoit très-répandue, & je n’ai prefque
pas récolté de Carie. Lorfque, dans des expériences
comparées, j’ai employé des dofes plus ou. moins
foibles de chaux, j’ai eu plus ou moins de Carie,,
comme il m’a été facile de le çonftater par
mes Journaux. Mais, dans ce cas, le froment
avoit été bien criblé & lavé, avant d’être chaulé ;
car fi on effayoit diverfes proportions de chaux
fur du grain très-entaché de Carié , fans faire
précéder le Chaulage d’une dépuration, il arri-
verôit que la femence, préparée avec une forte
dofe de chaux, produiroit autant d’épis cariés
que celle qui le ieroit avec une moindre ; je l’ai
du moins éffayé, en affoibliffant les proportions
jufqu’à un 8.e~ La raifon en efi fimple ; c’eft
que , quand le froment efi tellement entaché
qu’il en efi noir , quelque quantité de chaux qu’on
emploie, elle n’en enlève qu’une partie, & il
en fubfifie toujours beaucoup. Ce n’eft pas la totalité
de la poudre qui agit pour la produétion
de la Carie, ce n’en efi qu’une portion; dès que
cette portion refte, on doit s’attendre à récolter
un grand nombre d’épis cariés ; or, dans la cir-
conftance dont il s’agit, la chaux, & toute autre
fubftance qu’on y joindroit, portant leur aétion
fur le plus gros de la Carie , n’attaquèroient pas
celle qui efi intimement adhérente aux grains de
froment, & fon effet auroit lieu en entier ; ce
qui prouve encore la néceflité d’une dépuration.
11 y a , fans douté, des Pays on on a difficilement
de la chaux. Les Cultivateurs de ces cantons
doivent en diminuer la dofe, foit en faifant
ufage d’une des méthodes fui vantes, dans lesquelles
il en entre moins, foit en fubfiituant à
une partie de la chaux quelques autres fubf-
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tances afllves. Dans le cas ,où il y auroit im*
poflïbilitè d’avoir de la chaux, il faut qu’ils eii>
ploient un des moyens de dépuration précéder^.,
& qu’ils paffent enfuite leurs fémences dans des
diffolutions de fels.
Chaux, Sels & Eau.
Pour rendre le Chaulage plus aétif, on emploie",
avec la chaux, différentes fortes de;fels
contenus, la plupart, dans des liquides qui les
tiennent en diffolution. Selon les facilités, la fan-
tâifie & l’opinion, les Cultivateurs, fe fervent
d’eau de mer, de faumure, de diffolution de fel
marin, ou de lalpêtre, d’eau-mère des Salpê-
triers ou d’eau minérale chargé de fel, d’eau
de marre, de jus de fumier, d’urine d’hommes
& d’animaux , d’infufion ou décoétion de fiente
dé volailles & de quadrupèdes, de fuie de che-.
minée, d’eau de leffive de linge, d’inrufion ou
décoélion de cendres de bois, ou de fougères,,
ou de farment, de fonde, de potaffe, de fel ou
fiel de verre, d’arfenic ,’de cobolt, de fublimé,
corrofif, de réalgar , de. couperofe verte, d’alun
, &c. Tous ces ingrédiens font bons, & leur
effet efi proportionné à leur aélivité & à la dofe
de chaux. Ils n’ont aucun inconvénient réel pour
les hommes qui préparent la femence ou la répandent
aux champs, fi l’on en excepte Parié-
nie , le cobalt, le. fublimé corrofif & le réalgar,
que je confeille d’exclure abfolument du Chaulage,
i.° parcev qu’ils font dangereux ; j’ai vu des
Semeurs contracter des inflammations , quelques
fois mortelles, aux bras & au ventre, des ophtalmies
rebelles, quelques affections de poitrine,
& des coliques , parce qu’on leur donnoit à
répandre du grain préparé avec ces poifons. Il
efi rare que, clans ce cas, il ne périffe des oi-
feaux de baffe-cour, qui ramaffent quelques
grains ainfi chaulés. 2.° Parce qu’on peut rem-
' placer des fubfiances auffi capables d'inquiéter,
par d'autres moyens non moins fûrs & non moins
efficaces. Je rapporterai l’emploi de ees derniers
à trois méthodes préférvatives de la Carie, fa-
voir : à celle dans laquelle la chaux efi unie à
quelque fel neutre ; à celle dans laquelle elle
efi unie à l’alkali volatil, & à celle dans laquelle
elle efi unie à l’alkali fixe. La méthode précé-«
dente, dans laquelle on emploie la chaux feule
& l’eau ; peut-être regardée comme la quatrième,
Méthode préfervative dans laquelle la Chaux ejl unie
à quelque Sel neutre.
Les Riverains de la Mer emploient l’eau fa-
lée, dans laquelle ils font diffoudre leur chaux;
M. Tull, & d’autres Agriculteurs Anglois, c«n-
; feillcnt la faumure; M. Tillet faifoit ufage tantôt
de ladiffolution de nitre , tantôt de celle du fel
marin, pour fes expériences de recherches fur la.
Carie| & ces deux fels lui réuffiffoient également,
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3*ai entendu dire qu’on fe préfervott auffi de la
Carie, en joignant à la chaux l’eau-mère des
Salpêtriers, certaines eaux minérales falées, &
des diffolutions d’alun & de vitriol verd.
Pour unir à la chaux le fel marin cryfiallifé,
on fait fondre , dans fuffifante quantité d’eau
bouillante, quatre libres de fel pour huit fetiers
de froment, mefure de Paris; on fait fondre, à
part, quatre boiffeaux de chaux vive dans deux
cents foixante pintes d’eau, qu’on chauffe fortement
auparavant, on réunit les deux diflolu-
tions, & on en imprègne la femence de la manière
qui fera expofée plus loin. Je ne puis
indiquer la quantité de fel de nitre , d’alun &
de vitriol, qu’il faudroit fubflituer au fel matin,
parce que, ces fels m’ayant paru trop chers,
je n’ai pas vérifié leur efficacité. Je préfume
qu’on pourroir les employer à la même dofe que
le fel marin. A l’égard des eaux minérales falées
delà faumure, de l’eau de mer & des eaux-rr.ères
des Salpêtriers, elles auront d’autant plus d’efficacité,
qu’elles entreront en plus grande proportion
dans le Chaulage. Si l’on peut n’employer
que ces eaux, fans eau commune , le
préfervatif en fera plus afluré.
La méthode qui confifte à unir le fel marin
à la chaux , s’eft introduite dans un canton de la
Beauce, en 1777 ; les Fermiers de ce canton n’y
récoltent plus de Carie. La première expérience
en a été faite de la manière fuivante : Un Fermier,
auquel il 11e reftoit plus , que quatre fetiers
de froment à femer , en préleva quelques
boiffeaux, qu’il donna à un de fes Métiviers,
voye% Metivier , pour enfemencer fon champ ;
il paffa le refte dans une eau de chaux, à laquelle
il ajouta deux livres de fel marin ou de
Gabelle. Le Métivier sèma Ton grain fans aucune
préparation, & il récolta une quantité pro*-
digieufe de Carie, tandis que le Fermier n’en
eut point dans la pièce de terre où il fema le
fien. En 1778 , cette méthode fut appliquée à
la femence de cent arpens, & , les années, fui-
vantes,à celle de plufieursmille. J’ai effayé cette
méthode un grand nombre de fois, dans le tems
où le fel valoit i4 fols la livre; elle me paroif-
foit avantageufe, malgré le prix de cette denrée;
J’ai engagé ceux qui y avoient confiance
à continuer de s’en fervir. Le bon marché du
fel doit les y attacher davantage.
Méthode préfervative , dans laquelle la chaux efi
unie à Valkali volatil.
L’urine & les excrélnens putréfiés des animaux,
contiennent, indépendamment des autres fubf-
tances farinés , une certaine quantité d’alkali
volatil : il s’en trouve auffi beaucoup dans la fuie
des cheminées, même de celles où l’on ne brûle
que des végétaux. Plufiéurs recettes , données
pour préferver de la Carie , confeillent d’em-
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ployer dans les leffives de. la fuie des chemin-
nées ordinaires.-M. Tillet a éprouvé de bons
effets de l’urine humaine putréfiée; Parmi un
grand nombre de Fermiers, les uns diffolvent
Amplement leur chaux dans de l’eau de mare,
où s’égouttent les jus de fumier, produir des
urines & d’une partie des excréméns desbeftiaux;
d’autres font infiifer dans du jus de fumier, de
la fiente de volailles, chargée, comme on fait,
d’alkali volatil. C’eft çette dernière méthode qu«
je vais décrire, comme la plus fûre.
Pour leffiver deux fetiers de froment, mefure
de Paris, on met dans deux cens'foixante pintes
d’eau, un boiffeau ras de crotiri de pigeons, &
autant de crotin de poule. On préfère l’eau des
mares ou puifards, qui font dans les cours des
Fermes, fur-tout celle qui s’amaffe dans, les colombiers
découverts, parce qu’elle contient les
fels des. excrémens des animaux. On laifle ce
mélangeinfufer dans un tonneau, pendant douze
ou quinze jours, ayant foin de le remuer de tems
en tems avec un bâton. Il ferait un bouillon-
nément qui exhale une odeur défagréable. Au
bout de ce tems, on rire à clair ; on prend
une partie de la liqueur, qu’on fait chauffer &
même bouillir; on y diffout deux boiffeaux ras
de chaux vive, qui pèfent de trente à trente-
lix livres : fi , lors de la diffolution, l’effervefcênce
efi trop confidérable j on y jette un peu d’eau
froide pour l’appaifer; on mêle enfuite cette eati
-de chaux avec le furplus de l’infufion des excrémèns
d’animaux, & on emploie cette leffive pour
préparer la femence.
•T; Cette méthode efi praticable par-tout , & ne
peut conflituer les fermiers en dépenfe, puifqu’â
l’exception de la chaux qu’ils font obligés d’acheter
toujours, ils trouvent les autres ingrédiens
avec la plus grande facilité.
Je connois trois fermiers qui, depuis plufienrs-
années, fe fervent fous mes yeux de cette méthode
avec fuccès. Un quatrième a bien voulu,
en 1782 , préparer cinquante fetiers, qui for-
moient toutes fes femences, feulement avec du
jus de fumier & de la chaux vive, dont il a employé
en tout cinq minôts : il n’a point récolté
de Carie. Un Cultivateur du canton de Berne,
avoit toujours des fuccès en faifant tremper le
froment dans de l’égoût d’écurie, & en répandant
fur ce froment, retiré du vaiffeau plein
d’égout, de la chaux fufée. ( Mém. de la Soc.
économ. de Berné' année 1764 , tome 2. ) Certô
méthode a, pour ceux qui préparent & fement
les grains, l’inconvénient de leur faire refpirer
une odeur très-défagréable, mais fans danger.
Méthode préfervative , dans laquelle la chaux ef
unie a Valkalifixe.
Les cendres du bois qu*cn brûle dans les
cheminées 1 contiennent environ dix livres d al