
pointe du jour , dans les endroits abondans en
cette efpèce de Cafle, pour jouir du fpeétacle
raviffant que préfente un grand nombre de ces
arbres, tous couverts de leurs belles grappes de
fleurs brillantes, & pour favourer l’odeur de
ces fleurs, q u i, quoique foible dans chacune à
p art, eft cependant très-fenfible & très-fuave,
lur-rout le matin dans ces lieux où elles fe trouvent
réunies en quantités immenfes. M. de
Cofligny me rapporte qu’il étoit dans l’ufage,
à fille de-France , d’adminiftrer à fes Nègres
l’infufion de ces fleurs fraîches ou fèches, ou I
celledes feuilles de la plante, en forme de tifane i
j>our les purgerdoucement. il m’aflure qu’ilatou- j
jours trouvé l’odeur de ces fleurs défagréable . Ces
arbres font aufli un ornement conlidérable pour
les ferres chaudes.d’Europe lorfqu’ils font fleuris.
La Cafle lancéolée , n.* 2 3 , efl aufli d’un
très-grand ufage dans-la-Médecine. J ’ai^déjà dit
que ce font fes feuilles qu’on trouve dans les
boutiques fous le nom de Séné d*Alexandrie. Suivant
Geoffroy, on doit les choilir récentes, d’un
verd jaunâtre, odorantes, douces au toucher ,
entières , non-broyées, non-tachées , nettoyées
& purgées de leurs tiges, & dont la teinture,
préparée dans l’eau commune, foit d’une couleur
foncée. Ses fruits ou gouffes font aufli employées
en Médecirte.& fe trouvent dans les boutiques fous
le nom à.efollicules de Séné. Les anciens Médecins
Grecs & Latins ont ignoré l’ufage duSéné. Il efl vrai
que Mefué,fuivant quelques-uns de fes Interprètes,
cire Galien au fujet delà décoction de Séné; mais il
eft certain que Galien ne fait aucune mention de cet-
teplante; & ce n’eft pas la feule fois que les Médecins
Arabes citent fauflement les Médecins Grecs. Ce
font les Arabes qui ont introduit l’ufage de cette
plante. Serapion & enfuite Mefué, font les premiers
qui en aient fait mention. Entre les Grecs
modernes, Aétuarius en a parlé le premier, &
a expofé fes facultés. Suivant le même Geoffroy,
le Séné poflède éminemment la vertu de purger
par bas. Il n’y a point de médicament purgatif
employé plus fréquemment & plus utilement :
à peine trouve-t-on aucun remède qui évacue
aufli puiflamment les humeurs -corrompues
épaifles ou endurcies, & qui lève aufli bien les
vieilles obflruéHons. Son ufage efl ftngulièrement
falutaire, fuivant Fernel, dans les maladies lentes
& chroniques, engendrées par l’engorgement des
vifcères, & par d’anciennes obflruéHons, dans les
fièvres lentes & anciennes, contre la mélan-
cholie, certaines épilepfies, la gale, les dartres
l’éléphantiafis, &c. Ce purgatif a fouvent l’inconvénient
de eau fer des tranchées : ce n’eft pas,
dit Geoffroy , qu’il engendre des vents ; mais
c’eft parce que ce ne peut être fans douleur qu’il
purge, comme il fait, des humeurs très-adhérentes
& fouvent âcres. Les Médecins ont cepen-
dant eflayé de corriger cette incommodité du
Séné par pUifieurs chofes, q u i, fans la détruire
entièrement, au moins la diminuent : les uns
mêlent à ce purgatif des chofes capables de fortifier
l’eftomac & les inteftins, comme le gingembre,
la canelle ou le fpic-nard : les autres
y mêlent des adouciflans, comme les prunes, les
jujubes, les raifins fecs, les fleurs de violette
la racine de guimauve, le polypode ; d’autres y
mêlent des chofes capables de chaffer les vents
ou de rendre plus coulantes les humeurs vif-
queufes, gélatineufes & tenaces, comme font les
fomentes d’anis, de fenouil,' de coriandre, les
fels de tartre, d’abfinthe, &c. Suivant Geoffroy,
un des meilleurs moyens de diminuer lés tranchées
que caufe le Séné, eft d’étendre fa fubftance
irritante dans une grande quantité de liquide:
les fels alkalins peuvent aufli produire le même
effet, en neutralifant fes particules âcres & réfi-
neufes : les huileux le peuvent aufli en émouf-
fant leur aétion. Ainfi une teinture de Séné,
étendue dans une grande quantité de tifane ou
de bouillon, purge avec moins d’incommodité
que lorfqu’elle efl concentrée dans une petite
dofe du même liquide. On a obfervé que le
Séné eft très - nuifible, & qu’il faut s’en abftenir
dans toutes les inflammations & difpofitions inflammatoires
, dans les hémorrhagies, & dans les
maladies de poitrine. Les écrivains Médecins ne
décident pas unanimement fi les feuilles de Séné
poflèdent la vertu purgative à un plus- haut ou
à un plus bas degré que fes follicules. Mefué,
Aétuarius, Serapion , Fernel, Lobel , Fena ,
difent que les follicules purgent plus fortement
que les feuilles: mais Monardès foutient le contraire
, & , fuivant Geoffroy J prefque tous les
Médecins font maintenant du fentiment de ce
dernier, & font përfuadés que les folliculescau-
fent beaucoup moins de tranchées, mais purgent
beaucoup plus foiblement que les feuilles. Cette
opinion a été adoptée par le public ; & on lit
dans l’Encyclopédie ancienne, que dans les grandes^
villes , où la plupart des malades fe font
gloire d’être délicats^ ils regarderoient comme
incivil & greffier qu’on leur ordonnât les feuilles
plutôt que les follicules de Séné. Dans un des
Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris,,
année 1701, Marchand rapporte que les feuilles
de la fcrophuîaire aquatique , ( fcropkuUria
aquatica. Lin. ) mêlées en partie égale avec le
Séné & infufées avec lu i, en corrigent la faveur
défagréable d’une manière fmgulière. Cette efpèce
de correélion efl cependant très-peu en
ufage. C’e ft, au contraire , une pratique très-
commune , fuivant la même Encyclopédie, de
mêler, à l’infufion de Séné, du jus de citron en
affez grande quantité pour en corriger le mauvais
goût : on a coutume , en fuivant cette pratique
, d’étendre finfufion de Séné dans une affez
grande quantité d’eau, qui prend alors le nom
dé tifane royale, & qu’on prend en pliifievtrs
vérres. On adminifire ordinairement le Séné, fois
fes feuilles, foit fes follicules, ou en fubflance,
ou en infufion, ou en décoéHon. Sa dofe, en
fubftance ou en poudre, efl depuis un fcrupule
jufqu’£ un gros ; mais on le donne rarement de
cette manière , parce qu’il caufe ainfi plus de
tranchées, & .parce que le volume conlidérable
de cette poudre la rend très-importune & très-
défagréable aux malades. La teinture deSéné, par
macération ou infufion, ou bien par décoéHon ,
eft préférable, pourvu qu’on ne laifle pas bouillir
trop long tems la décoéHon; car Mefué obferve
qu’une forte coélion dépouille le Séné de fa vertu.
LadofeduSéné, pour Fadminiftrer eninfufion ou
en décoéHon légère, eft depuis un gros jufqu’à
une demi - once. On préfère généralement l’in-
fufion à la décoéHon. On prépare aufli un extrait
deSéné, dont la dofe eft depuis un demi-gros juf-
qu’â deux gros. Mais, fuivant Geoffroy , on fait
rarement ufage de cet extrait, car il a peu de vertu,
& il caufe de plus fortes tranchées que la teinture.
( Voye\ de plus grands détails, fur les vertus
& les ufages de cette efpèce de Cafle, dans le D ic t
io n n a i r e d e M é d e c i n e , faifant partie de la
préfente Encyclopédie. )
La Cafle lancéolée linéaire , n.° 15 , B , dont
on trouve fouvent les feuilles dans les boutiques,
fous le nom de Séné de la Mecque , a , fuivant
Cartheufer, les mêmes vertus que le Séné d’A lexandrie
, & s’emploie de même à tous égards.
Suivant Geoffroy , ce Séné de la Mecque eft
moins efficace que le Séné d’Alexandrie.
La Cafle d’Italie, n.° 24 , dont on trouve les !
feuilles dans les boutiques , fous le nom de Séné
d Italie ou de Séné de Tripoli, s’emploie aufli aux
mêmes ufages que la Cafle lancéolée n.° 23 ;
mais, du confentement de tous les Médecins,
il poffède la vertu purgative à un degré beaucoup
moins haut que cette dernière.
La Cafle velue, n." 25, fert, fuivant Boër-
haave, aux Indiens de l’Amérique, polir prendre
le ooiffbn. Pour cela, ils infeéîent les eaux
poiflbnneufes avec le fuc de cette plante , ce
qui affoupit les poiffons de telle forte qu’ils flottent
comme morts fur la furface de l’eau, &fe
laiflènt prendre à la main.
La Cafle à feuilles glauques, n.° 29, qui ne
fe dépouille jamais de les feuilles , orne les jardins
des Indes orientales, où on la cultive à caufe
de fa beauté. Suivant Rhéede, toutes les parties
de cet arbre, excepté fa racine , s’emploient utilement
avec le cumin, le fucre & le lait, pour
guérir la gonorrhée virulente. On fait avec les
feuilles cuites dans du lait de vache, un bain
très - utile contre la goutte. L ’écorce broyée
avec du fucre & de l’eau , Remploie avec avantage
contre la diabète. L ’écorce de la racine
employée dans du lait avec le fafran fraîchement
cueilli, efl bonne dans la goutte noueufe que
les Malabares nomment Sonida badda.
La Cafle à gouffes ailées n.* 31, eft employée
' très.-communément dans les Indes orientales,
& notamment à Java , contre la dartre miliaire ,
& contre la dartre rongeante. Pour cela, on triture
les feuilles fur le porphyre avec de l’éati ,
& on les réduit en bouillie , dans laquelle on
ajoute quelques gouttes de fuc de limon : on
emploie cette bouillie en liniment fur la dartre
ce qui étant répété deux ou trois fois, guérit ce
mal. Les Javanois regardent ce remède comme
fpécifique & fi efficace qu’ils"aflurent que les
dartres qu’il ne guérit pas font incurables par
tout autre remède. On guérit aufli heureufement,
par le même remède, la gale maligne & rompante
; & il eft remarquable , dit Rumphius f
que cet excellent liniment ne caufe aucune cuiffon
ou# prefqu’aucune, quoique les autres linimens
qu’on emploie contre ce mal foient douloureux.
Il ne faut pas préparer en une fois une dofe plus
grande de cette bouillie que pour un ou deux
linimens ; car quand on la conferve pendant
quelque tems, elle devient extrêmement fétide.
Selon Defportes, la décoéHon de cette planta
efl un dés remèdes les plus renommés à Saint-
Domingue , pour la guérifon dés dartres, & l’on
y prépare avec fes fleurs uii onguent qu’on
dit être merveilleux contre cette maladie. Cette
plante, très-belle, orne beaucoup par fes grandes
grappes de fleurs, les ferres chaudes d’Europe
& tous les lieux où elle exifle.
La Cafle de Maryland, n.* 32, fait un bel
effet en Août, par fes fleurs nombreuses, dans
les jardins du climat de Paris.
La Cafle de Siam , n.° 35 , efl employée dans
l’Ifle de Bourbon & danspluiieurs autres endroit*
des Indes orientales, pour la décoration des jardins.
La Cafle à feuilles de galega, n.° 36, s’emploie,
fuivant Rhéede, dans l’Inde orientale, en
décoéHon qui eft utile contre la fièvre fymptô-
matique produite par la goutte. Ses feuilles font
bonnes en boiffon avec le fucre , contre lajau-
niffe. Suivant Rumphius, on fait cuire dans les
Indes orientales, les feuilles tendres de cette
plante avec la lymphe de cocotier, pour les
manger comme herbe potagère ; & , cuites
de cette manière , elles font une nourriture
agréable qu’on n’attendroit pas d’une plante
fi puante. On fe fert des feuilles de cette plante,
pilées & appliquées fur les jambes caffées des
poules & des autres oifeaux, pour guérir ces
rraétures.' On met cette plante en ufage contre
prefque toutes les maladies des poules. Il arrive
fouvent à Amboine, qu’en certain tems de l’année,
elles périffent en grand nombre : alors elles
font morveufes, puis elles paroiffent avoir- des
vertiges, & courent de tous côtés jufqifà 'ce
quelles tombent mortes : dans ce cas, on donfie
à ces poules le fuc des feuilles de cette efpèGe
avec un peu de la plante que Rumphius nomme
Ryngus ou Calamus pilée. Dans les mêmes payf*
on emploie contre l’épilepfie des hommes *
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