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parce qu’il eft entièrement cultivé, elles exigent
plus de foins & plus d’attention^ qu’ailleurs.
On mène les troupeaux aux champs, tant que
la terre n’eft pas couverte de neige. S’il tombe
de la grêle ou de la pluie froide, ^ comme il en
tombe quelquefois dans les mois d’Hiver, on les
retient à la bergerie, parce que dans cette fai-
fon les brebis font, pleines ou allaitent leurs
agneaux.
Vers la Touffaints, on commence à labourer
les terres, qui ont rapporté du froment, afin de
les difpofer à recevoir les grains de Printems ou
de Mars. Ces labours ne fe font que fucceifiveinent.
Les troupeaux paillent fur celles des terres,
qui n’ont pas été labourées. En même-tems, ils
font conduits dans les champs, qui ont rapporté
récemment des grains de Mars. Quelques bergers
les leur ménagent autant qu’il eft poffible,
parce qu’ils en eftiment d’avantage l’herbe ; c’eft
d’ailleurs leur feule reflource, quand les terres, qui
ont produit du froment, font toutes labourées.Mais
les propriétaires doivent s’oppofer à cette rélerve
des bergers, parce qu’en laiflant fortifier les plantes,
qui pouffent dans ces terres nouvellement
.labourées, on les éfruite & on diminue leur produit
au prochain enfemencement. Il vaut encore
mieux nourrir un peu plus long-tems à la bergerie
les bêtes qui ne trouveroient rien aux
champs.
1 A cette époque ou quinze joursaprès, on commence
à nourrir à la bergerie. Parmi les fermiers
le» uns commencent plutôt, les autres plus tard,
félon qu’ils font plus ou moins portés à foigner
leurs troupeaux ou félon que les gelées avancent
ou retardent. D’abord on ne les nourrit qu en
partie, parce qu’il refte encore un peu d'herbe
aux champs ; enfuite on les nourrit entièrement *,
on diminue la nourriture au mois d’Avril à mefure
que l’herfie poulfe & devient abondante.
Je fuppofe qu'à l’entrée de l’Hiver, un trou-
peau foit compofé de quatre-vingt-dix à cent
antenois, ou agneaux de l’année d’auparavant,
& de cent à cent dix brebis portières , qui doivent
donner de quatre & vingt - quinze à cent
agneaux , voici la manière , dont on nourrit ces
différentes claffes d’animaux, & les frais de cette
nourriture.
Nourriture des Brebis à la Bergerie-
La nourriture en partie a lieu depuis la Touffaints
ou le i$ Novembre jufqu’au premier Décembre
, & depuis la mi-Avril jufqu’au premier
Mai ; dans l’intervalle , on nourrit en entier ;
en réunifiant la nourriture en partie & la n ou rriture
en entier, on peut eftimer que les brebis
font entièrement nourries pendant cinq mois.
B E T
Quand on nourrit les brebis feulement eu
partie, on ne met dans leurs râteliers que du froment
en gerbe, dont la plupart des grains ont
été enlevés par le fléau & dans lefqüellesil en
refte un peu -, on leur en donne dans la journée
douze douzaines de gerbes.
Pendant le tems de la nourriture totale, à
ces gerbes en partie battues, qui font l’affouragement
de la journée, on ajoute le matin quatre
gerbes de froment non battu, & dont les épis
contiennent tous leurs grains, & le foir quatre
gerbes de véfee ou de pois, aufli non battues.
Les gerbes de vefee font d’un tiers plus fortes
que celles de froment.
Il paroît prouvé que les douze douzaines de
gerbes de froment prefque entièrement battues
& cependant encore chargées d’une certaine quantité
ae grains, données lors de la nourriture en
partie , contiennent encore un boiffeau de froment
, mefure de Paris ; ce qui fait trente boif-
féaux par mois, & pour les cinq mois dé nourriture,
cent cinquante boiffeaux ou douze fe-
tiers & demi, à 18 livres le feptier.. 215*
L ’appréciation de la quantité de grains
reftante, m’a été facile. J’ai fait battre
entièrement & à net quelques douzaines
de gerbes de frôment, & le même
nombre de la manière, dont on les bat
pour nourrir en partie les troupeaux.
En comparant les produits, j’ai vu ce
qui reftoit de grain dans ces gerbes»
Les quatre gerbes de froment non
battues données chaque jour, forment
dix douzaines par mois, & cinquante
douzaines pour les cinq mois. Chaque
douzaine rend, l’une dans l’autre, deux
boifieaux & demi, ce qui fait vingt-
cinq boiffeaux par mois , cent vingt-
cinq pour les cinq mois, ou onze fe-
tiers ou environ, à 18 livres.. . . . •
Quatre gerbes de ve fe e , par jour,
font pour les cinq mois cinquante douzaines
, q u i, à neuf boifieaux de grain
187
par douzaine , rendent quatre cent
cinquante boiffeaux ou trente-fëpt fe-
tiersfix boiffeaux, à io livres le fetier.
Total de la nourriture des brebis..» 787 '
Nourriture des Antenois.
375»
On commence à leur donner à manger à b
bergerie vingt jours plutôt qu’aux brebis, &
finit aufli vingt jours plutôt. Pendant cinq mois,
on leur donne neuf douzaines de gerbes de lf0'
ment imparfaitement battues, qui contienne
trois quarts de boiffeau de grain ; ce qui fa* ^
B E T
en cinq mois, neuf feriers & quatre boiffeaux,
*18 livres............; • • • ................... .. 170*
WtEa outre, le matin on leur préfente .
Jois serbes de froment entières, dont
la quantité étant en cinq mois de trente-
huit douzaines ', prçduit environ huit
f e r s , à 18 livres........................... . . . 144
■ Le foir, on leur donne deux gerbes'
delVefce ou de pois, dont la quantité
étant en cinq mois de trente-cinq douzaines,
à n e u f boiffeaux de grain par
f§mzaine, le produit eft de dix-huit fe-
fiers, à 10 livres.. ........................... i8ott
notai de la nourriture des antenois.. . 494
Nourriture des jeunes Agneaux.
HkAü mois de Février , on leur met un peu
d'avoine dans des auges. Quelques fermiers y
joignent du fon, où donnent feulement du fon
dé froment ou de méteil. On augmente la quantité
à mefure qu’ils prennent de la force. Enfuite
oneffaieune demi-gerbe de froment -, quinze jours
après, une gerbe entière de froment & une gerbe
dé pois ou d’avoine non battues. On continue
âanfi jufqu’à la mi-juin. Alors on leur fait mange^
àdiferérion delà vefee en vert fur pied, juf-
qu’à la récolte, époque, où ils vivent de ce qu’ils
irouvent aux champs.
IjMLes agneaux dépenferit, 1 en avoine en
grain , à un boiffeau & demi par jour , pendant
quatre mois & demi, dix-fept fe tiers , mefure
| | pays, ou huit fetiers & demi de Paris, me-
litre d’avoine, à 15 livres.. . . . . . : . . . izy a
B ° En froment en gerbe non battu,
Vj|gt-cinq boiffeaux & demi ou deux'
. fc|ers &. un boiffeau 8c demi, à 18 lir. 38
3-° En avoine ou pois en gerbes non
ja|ti!es, cent vingt boifieaux, ou dix
; »ftiers du pays, à 10 livrés.'., . . , . io c*
^K>tal de la nourriture des agneaux. . 16^
faut obferver que les Bêtes à laine
^onfomment pas la paille du froment
fd& , i ‘ats P°is qu’on leur pré-
- c ,îe \ ne mangent-que les épis
d lP f 0ll,flcs> /emplis de graiiis ; une
| | | f e ÿ Faille d l employée pour
enli, n^Te 5 C re^e ramafi^ '& mi§
ferv;)0r;CV Pf?l!r ^trc Ô on fer y é & pour
Peàfbm a iÜnre dcs aiùres beftiaux
geàt V t<?iUe j.ann^e- Mais elles man.-
gT blen les lanes de vefee.
fiKohaifv^UCS’ on donne la première
T.erres q,1^ ont produit des
wlture. Tome JL
B E T M
grains de Mars ; ce qui dure jufqu’à la
mi-Mai, tems où fe donne, mais lentement,
le fécond labour, appelléàz-
nage. On ne s’occupe du troifième,
qu après la moiffon. S’il vient un tems
favorable, il croît de l’herbe dans les
labours de première & deuxième façon.
Elle eft propre à rafraîchir les Bêtes à
laine & à corriger les effets de la nourriture
fèche & échauffante, qu’elles
prennent à la bergerie. Mais s’il fur-
vient un tems de féchereffe, qui empêche
l ’herbe de pouffer, on nourrit encore
le troupeau plus ou moins de tems ;
en lui donnant des gerbes de froment
prefqu’entièrement battues & on lui fait
manger un peu de vefee fur pied.
Dès que la moiflbn eft ouverte, les
troupeaux font conduits d’abord dans
les chaumes de froment, où il y a de
bonne herbe, & enfuite dans les champs
où on a récolté des mars. C’eft ainfi
qu’ils parviennent jufqu’à la Touffaints.
Dépenfe pour les brebis.. . . . . . . . .
Pour les a n t e n o i s ^ . f .
787*
Pour les agneaux......................... 2d*
Si l’on ajoute pour les gages & la nourriture
du berger & de fes chiens, trois
cent foixante livres, à raifon de trente
livres par mois, il s’enfuit que le total
de ce que coûte à fon maîtrele troupeau
que je cite pour exemple , eft de. . . f . 1306»
On doit fur cette fomme défalquer 1 .•
toifons deieobrebis; celles de la mere &
de l’agneau fe vendent enfemble 2 liv. 270®
^ J ' ,
2.0 Les toifons de 100 antenois.. . 20®
3 -° La valeur de 90 à 100agneaux, à
14 livres la paire.................. T. 630 ou 700
4-° L e parcage & le fumier de t
bergerie.. . . . . . . . . . . . . --------- rroo
Il y a maintenant des. fermiers affez intelli-
gens pour né plus donner de frôment, d’avoine,
de pois , deS vefee en gerbes à leurs
Bêtes à laine. Ils préfèrent de les.leur donner en
grain dans des auges;:une poignée le matin, &
une le foir pour chaque animal fuffit à fon entretien
; par ce moyen, leurs pailles font ménagées
pour leurs autres beftiaux ; & les toifons.
toujours propres.
Cet apperçu fans doute fera penfer qu'il y
Ee