
qui font entr’elles, le bout de leur mufeau,-
dans la laine.
A ces motifs, propres en apparence à décider
en faveur du féjour habituel des troupeaux à
l ’air , on peut en oppofér, qui ne l’ont pas
moins puiiïans. 11 y a long-tcms que les Bêtes
à laine font forties de l’état fauvage -, h domesticité
leur eft devenue fi naturelle, qu’il paroit
difficile de croire qu’on leur rendroit fans# jn-
convéniens leur état primitif. Elles font d’une
conffitution foible ; mille circonftances peuvent
déranger leur J ’anté. On ne les.trouvé lauvages
que dans les pays chauds. Les exemples de quelques
brebis égarées, qui n’ont pas l’ouffert pour
avoir vécu plufieurs mois dans les bois, fous
un ciel rigoureux , ne prouvent pas que des
troupeaux entiers y fublifteroient toujours. Les
Anglois, il eft v ra i, ont fait des efl'ais & ont
vanté le féjour total des Bêtes à laine en plein
air*, mais, outre qu’ils font louvent extrêmes,
çette pratique n’a point été fuivie dans toute
l’Angleterre, & des cultivateurs de ce royaume,.
fuivant M. Ç.arlier , commencent ù s’appercevoir
qu’elle n’eft pas bonne pour leur pays •;
quoique l’Angleterre foit plus au nord que la
France, les Hivers y font communément Supportables
*, en France, il y en a de très-rigoureux.
Dans les provinces d’Angleterre, qui approchent
de l’E coffc, on eft fi perfnadé d’après
M. John-Nickolls, qu’il faut garantir les Bêtes
à laine du grand froid , qu’on les enduit de la
tête aux pieds, d’une compofition de gaudron,
de graiffe, &c. bouillies' enfemb-le : cette composition,
ajoutert-ii, qui gâte étrangement les laines,
qu’on n en purge que difficilement, n’empêche
pas plufieurs animaux de mourir de froid. Ce
que font lés bergers Espagnols & ceux de la
Crau & des Pyrénées , qui promènent toute
l’année leurs troupeaux dans des terreins Secs &
fous une -douce température, ne peut être propofé
pour modèle aux pays froids & humides du
nord. La laine fans doute prélèrve jong-tems
de l’humidité l,s parties qu’elle recouvre* mais
quand elle eft Surchargée d’eau & entièrement
pénétrée , elle conferve tong-tems cette humidité.
Les parties, privées de Taine, telles _ que les
jambes, le deftons de la tête, les environs des
mammelles, par les précautions dp l’animal ,
peuvent bien être à l’abri de _ la pluie ; mais
rien ne les garantit dp l’humidité du fol &
de celle des litières. M. Daubenton a eu de,s
fuc.cès dans des pays montueux & feçs. On né
fait point fi Ses imitateurs ont fait leurs effais
dans des pays humides, ce qui eût été de ja
plus grande impprtan.ee. On allure que plufieurs
opt perdu une partie de leurs troupeaux.
En rapprochant ainfi les raifons, pour & contre,
il femble, au premier eoup-d’oeil, qu’on
^e puiffe prendre de parti, & que la queftion
refte indécife. Cependant, fi l’on fe donne la
peine de peferla valeur de ces raifons , on dillk
guera les cas, où les logemens pour les Bêtes à
laine font néceffaires, Soceux où l’on peut s’eu
paffer.
Je fuis affuré (pie des Bêtes à laine d’Efpa.
gne lùpportent bien le froid. Celles que le Roi
a fait venir, pour fon Domaine de Ramé
bouiliet, ont pafl’é l’Hiver rigoureux de iyjjjj
à 17851, où le thermomètre eft defeendu à dix-
fept degrés, fans la moindre incommodité ;
dans une grange, qui n’avoit que le toit'
& qu’on avoit percée de fenêtres de tous (&
tés. Les brebis ont fait, pendant ce tems-li
icurS'agneaux, qui font devenus très-vigoureux,
La neige entroit dans la bergerie par les fenê->
très-*, les animaux s’en garantiffoient, en feplj.
çant dans les endroits où elle ne tomboit pas,
Des litières, renouvelléesltous les jours, abfor-.
boient le peu d’humidité que caufoit la neige,
Suivant M. Macquart, lés bergeries des payfans
en Ruflie , font mal xlofes, en général ; fou-
vent la neige y entre, Quand une brebis veut
mettre bas j le payfan la fait entrer dans fi
chaumière, & l’y retient plufieurs jours. Les
bergeries des gens riches font mieux entretenues.
Tous les jours, d’onze heures à une heure, on fait!
fortir les Bêtes à laine, excepté lorfque le froid
eft d e . 22 à , 36 degrés, & -quand il y a des;
tourbillons, de neige. Vers le mois de Mai, ei
les font à demeure aux champs , jour & nuit,1
jufqu’aux neiges , ayant des hangards, en cas
de pluie. Si-lés Bêtes à laine étoient, tout l’Hiver
expofées à l’air, elles auraient quelquefois
beaucoup à fouffrir du verglas, qui enveloppe?*
roit leur toifen humide d’une écorce de glace.
Dans le troupeau de M. Daubenton, à Mont-?:
bar, il y avoit, il eft vrai, des Bêtes efpagno?]
les & Roufiillonnoifes, qui n ont pas louffert
du froid. Mais le parc domeftique de M. Dau-
benton éroit dans un pays, & dans un endroit
fcc, puifqu’on pouvoit y parquer bien avant
dans l’Hiver-, ce qu’il eft impoffibie de faire
dans les pays à terres fortes, & naturellement
humides,
Il fuit de ces obfervations ,,que fi l’on n’a
point à redouter le froid, pour les Bêtes à
laine, dans les pays fecs , on ne peut fe flatter;
de les y expofer impunément dans les pays humides,
parce que c’eft l’humidité , plutôt q®
le froid, qui les incommode. On peut donc,
à la rigueur, fedjfpenfer .de les loger, dans les
uns, niais on y eft forcé dans les autres.1^
Bêtes à laine ont la fibre lâche, & une difpo-
fition habituelle aux infiltrations. 11 eft certain
qu’on augmenterait, cette difpofinon, & q11 °n
déterminerait la pourriture, fi , dans les paR
où elles font fujettes à cetrç maladie, & c?
pays font ceux qui font humides, on les tenon
■ ■ umm
rttiiourt dehors, ou expofées à la pluie ou h
la neige ? qu’on ne faur.oit trop leur éviter.
« J n e des raifpfis qui doivent détourner dés
«1res domeftiques d’Hiver," même en pays fecs,
niais froids, c’eft le défagrément qu’éprouvent
les Bergers. Quand des ferviteurs ont de la répugnance
pour une pratique, à moins quelle
nef foit indifpenfable, & que. rien ne puiffe la
remplacer, il faut y renoncer. Or des Bergers
confenfiroient difficilement , à paffer des
nuits ou quelques lieures de nuit, . en plein
air, par le.froid, la pluie ou la neige, pour
fecourir des brebis dans leurs agnèlemens.
D’ailleurs .on remarque, que quand lés brebis
mères arrivent mouillées dès champs, leurs
agneaux ne. les reconnoiffent pas, ; parce que les
gliânarions maternelles font émouffées & éteintes
par la p lu ie .Si jes trebis & les . agneaux
Æpient mouillés, là- difficulté, deviendrait plus
Igande.
M g ’eft dans les pays chauds,.;où il pleut rarement
, que décidément les bergeries font fu-
p|rflues. Je’ confeilLe , aux Propriétaires des
troupeaux de. ces pays;,; d’économifer les frais de
Ignflrudion, & de; n’avoir, pour l’Hiver, qu’un
parc domeftique. Ceux des autres pays doivent
felconteriter de-les loger ,dans des b'ergeries
tré-fpacieufes, élevées, ouvertes de tous côtés,
oh l’ous dès: hangards, .acceffibles à tous les
cfûrans'd’air. Eh adoptant cette opinion , je
n’en rends pas moins hommage à la découverte
de|M. Daubentom Elle eft très-intéreffante pour
lésfoays c h a u d s ,m êm e pour les pays froids;
oul-on voudrait prendre des précautions contre
ttiimidité. Je penfe feulement qu’il fautTap-
pfécicr & la réduire à fajufte valeur. Je renvoie au
mot Ferme 3 pour la conftraérion des bergeries &
des hangards. *
Des Tares & du Parcage.
Lefpace, dans lequel eft contenu un troupeau
('epètes à laine,1 au-dehors, & fans abri , fe
mfmme parc.
JjPn en diftingue de deux fortes, l’ un domef-
tme ou a Hiver 8c l’autre des champs ou
d’Ete.
a F'-11 J a. §uère que des Propriétaires, curieux
■ Hs inftruire, qui, à l’exemple de M. Dauben-
, ° r aient leurs troupeaux, ou une partie de
troi>peaii:X;, en Hiver, ■ dans des parcs to-
â découvert. Ils les ont formé avec
iJE lfP ^ 1 .^rvent pour les paires des champs,
jJhns> ^ niiHeu des cours, de.Ferme, profitant
drLvl*?V i •es ï les'autres, dans: des ehl’âir
S’ ^ expofés à toutes les injures T de
Vlens.^e tendre compte de mon opinion
p 5 e. Prattque. . j f
- %ricillpure. Tome JJ,
Beàuèôtip de Cultivateurs, après ayoir renfermé
leurs troupeaux dans lèsL bergeries, pendant
1 Hiver, lés font coucher, aù rPrintems, en attendant
le tems du parc des champs, au milieu
de leur cour, fur le fumier, ayant foin de leur
fournir, tous les jours, de la litière fraîche;.,
& les contenant entre des claips. Cette manière
de les loger les -foulage de la chaleur
exceflive des .bergeries,- &. les accoutume à l’air.
La. conftruéHon d’un tel parc eft fnnple'î, i&
n’exige point dé frais.- IHuffit d’attacher, S éôté
les unes dés autres, quelques claies1, & de mettre
dans Fenceinte lés râteliers & les auges, pour
placer la nourriture,
Si l’on vouloit établir un parc, f àomeftique
particulier,. & entoifré de iriurs';;"aù .lieu; de
claies, il faudrait que ce fût d’après les' principes
de M. Daubenton,
ƒ,< JL.es meilleures ex,pofin.ons font celles du
Midi, du Sud-Oueft & du Sud-Eft, parce que
les murs du parc mettent le, troupeau à l’abri
dés vents de bife & de galerne;. . Les .mouton«
y réfiftent, comme aux. autres exposions, mais
ils y font - fatigués'. Des Bête^ a laine, qui fc*
raient répandues dans la campagne, coinme les
animaux fauvages,, y trauverbient dés abris *, il
faut donc placer leur parc dans le lieu le plus
abrité de la baffe- cpùr: Il faut àuffi que le
terrein du parc foit en pente, afin que les eaux
des pluies aient de l’écoulement/
M. Daubenton a donné aux murs de fon
parc fept pieds de hauteur *, il. né lès a fait confia
traire , qu’en pi'erres fèches , cependant des
loups qui en ont approché, ri’onf pu y entrer.
Chacun peut lès„ conflruire avec lés matériaux
du pays, qu’il habite, en pierres, en pifaÿv,
en torchis ,, ou en planches, 8cc. L ’étendue que'
M. Daubenton a donné au fien , étoit, telle ,
que chaque Bête avoit dix pieds quarrés.. Il
falloit -cette étendue!, . poùr que ’ les brebis
pleines, & les. agneaux , nouveaux nés, ne fuf-
fent point expofés à être bleffés, .
On attache, dans le parc domeftique, les
râteliers fimples aux murs ou aux claies; on
place au milieu les râteliers doubles, & on met
les auges fous les. râteliers,
Tant qu’il y a du fumier dans le parc domeftique,
il faut 4e la litière renouvelléè, pour
empêcher les Bêtes à laine de fe‘ falir. Si on
n’ayoit plus de litière à leur donner , iî: faudrait
tous les jours ^balayer le parc , & en
enlever les ordures-;: on pourroit même le Tabler.
Le parc des champs, ou d’Eré, eft celui qui
eft employé pour le parcage. On appelle âinïi
une opération rurale, par laquelle on enfermé
un troupeau' dans une enceinte, non couverte
qu’on tranfportè dans, différens champs, & dans
diffifrentes plaçes ;4e ces champs, pendant piu-
F f