
le chargera pas de vendre ou d’acheter du bétail,
à moins qu’il ne foit très—sur de fa droiture &
de fon dénntéreffement.
11 y a fans doute d’autres précautions à prendre
encore pour éviter des inconvéniens qui ne font
pas à maconnoiffance. L ’oeil furveillant du maître
les découvrira, & fes intérêts l’engageront à y
remédier.
jége d'un bergery ôr maniéré dont il doit être vêtu.
Un Berger au-deffous de 2.0 ans n’a ni
la force, ni la facilité dobferver, ni lintelli—
gence qu’il lui faut; on n’en choifira pas qui
n’ait au moins cet âge. Sa conftitution doit être
telle qu’il puiffe fe tenir long-tems fur fes jambes
fans fe fatiguer, & fupporter les rigueurs des
faifons. M. Danbenton, qui a fait un excellent
ouvrage, pour l’inftruélion des Bergers, eft entré
dans beaucoup de détails utiles ; il s eft même
occupé de lfeqr habillement. Comme c’eft plutôt
du froid qu’ils ont à fe garantir, M. Daubenton
déliré qu’ils aient un bonnet, qui puiffe le rabatte
fur le vifage & fur le cou, & qui foit
doublé d’une peau d’agneau ; une cafaque doublée
de peau de moùtoa paffée à l’huile dans1
le dos & à la poitrine des guêtres aufli doublées
de même, pour empêcher que la pluie n’entre
dans fes fabots, & des moufles de peau d’agneau
aux mains. Cès précautions font d’autant plus
néceffaires que le pays eft plus froid.
Signes tr traitement des membres gelés.
Il arrive quelquefois que les Bergers ont les
mains ou les pieds gelés. M. Daubenton indique ,
la manière d’y remédier, connue des gens inf-
truit mais qu’on ne fauroit trop répéter dans
les campagnes. Dèsqu on s apperçoitqu une partie
du corps eft gelée; il faut bien fe garder d’approcher
du feu, dont l’effet étant de dilater trop
précipitamment les vaiffeaux, il s enfuit une
déforganifation totale de la partie, qui ne peut
plus reprendre fon ancien état. La gangrené
aufli-tôt s’en empare, & il n’y a plus de moyen
à employer que l’amputation. Pour prévenir un
fi terrible accident, il faut lorfqu’un membre eft
totalement engourdi par la gelée & d’un blanc
violet, le tremper quelques mftans dans leau
froide; ou le couvrir de neige ; enfuite on le
met dans l’eau dégourdie, ou on le couvre de
linges modérément chauds ; & après de luiges
plus chauds, enfin d’eau-de-vie. On ne l’approche
du feu que quand le fentiment & la couleur
naturelle font revenus. Ces moyens fe trouveront
fans doute dans le DiéHonnaire de Médecine
mais il ne me paroît pas déplacé de les
indiquer ici*, peut-être même y renverrai-je plufieurs
fois dans le cours de ce Dictionnaire.
Quand les grands froids font paffés, les Ber- y
gers fe couvrent moins ; mais ils ont befoin d’un I
grand chapeau, qui puiffe fe rabattre pour les I
garantir du foleil & de la pluie.
Jnfrumens dyun Berger.
Les inftrumens dont un berger doit être muni I
font une houlette, un fouet, un bâton. La hou- ;
lette fert à lancer des mottes contre les chiens I
pour les faire obéir, & même contre les bêtes B
à laine, lorfqu’il fait chaud, & que les chiens!
en les faifant ranger, les agiteroient trop. Les!
jeunes Bergers l’emploient encore comme on!
emploie une bêche, pour creufer & fe former!
en amoncelant de la terre de petits abris contre I
le vent & la pluie. La houlette, qui eft un long!
bâton de 5J16 pieds terminé par un fer de bêche,!
a aufli au-deflous un petit crochet recourbé en ■
haut. Le Berger à l’aide de ce crochet, faifit les!
jambes de derrière du mouton, qu’il veut arrêter;!
le plus fouvent on l’arrête à la main. Le I
fouet eft néceffaire en Eté, fur-tout quand I
on parque. 11 réveille mieux les animaux au I
milieu de la nuit, que la voix du Berger & les!
abois des chiens. Le bâton eft l’appui des niau!
vais tems & la défenfe la plus ordinaire. 11 faut!
qu’il foit gros & d’un bois dur. Joignez à ces!
trois inftrumens *, la pannetière, poche de cuit!
attachée par une courroie, pour porter le pain;!
une lancette pour faigner les moutons, quife-!
roient menacés de la maladie du fang|:fun grat'B
toir pour détruire les croûtes de la gale*, de Ion-!
guent, du linge, du fil, pour panier des plaies!
& un couteau pour ouvrir & écorcher les animaux, I
qui meurent, & vous ^urez à-peu-près tous les!
! inftrumens néceffaires à un Berger. M, Daubenton*
! en a imaginé un, qui fert à-la-fois de lancette!
de couteau & de grattoir, 11 eft très-commode& !
tient peu de place.
Qualités dyun Berger.
Une des qualités effentielles au Berger, c’elll
la mémoire. Il doit connoître tous les animaux,■
qui lui font confiés. Quelque nombreux
foit un troupeau, il n’y a pas deux bêtes q«*!
fe reffemblent. On les diflingue à des nuances*
dans la couleur de la laine, à des taches, à p !
ou moins de laine fur quelque partie du corps,*
à une conformation particulière, à la manière*
de marcher, à la voix même, &c. La grande*
habitude de vivre toujours au milieu de c&*
animaux, rend poflible ce difeemement. J a*v !
un Berger Efpagnol, qui, le jour étant prelque*
entièrement paffé, quand il revenoit des champ!
prenoit les agneaux foibles & embarraffés ® I
donnât à leurs mères fans héfiter. Je;fais qul’ !
Berger Beauceron, à. la voix des brebis J1! !
. entènd bêler le matin, reconnoît celles qui o m
Üagnelé dans la nuit, quoiqu’il n’ait pas encore
entré dans la bergerie. Pour peu qu’on craigne
fle-confondre une bête, qu’il eft intéreffant de
reconnoîrre, on lui fait une marque à l’oreille
ÛU à quelque autre partie du corps. Car il eft
utile de pouvoir indiquer les bêtes à laine jâr-
reufe,-les mauvaifes mères, les brebis ftériles ,
ou celles qui n’ont point de lait, &c. afin que
[Je maître puiffe s’en défaire.
Ce quil doit faire pendant Vagnelement.
I Le tems où le Berger doit être le plus attent
i f c’eft celui de la naiffance des agneaux, lin e
[doit point quitter fon troupeau , afin d’être à
portée de fecourir les bêtes qui en ont befoin
& d’empèchér que les agneaux ne fe confondent.
rtJne brebis âgée, qui a déjà fait plufieurs agneaux,
ragnèle facilement & fans fe plaindre. Elle h a
[.befoin de fecours que dans lé cas où le petit fe
Epréfenteroit mal. Une jeune brebis, qui agnèle
mour la première fois, a ordinairement de la
peine quelle exprime en fe plaignant.fortement.
II eft néceffaire de lui faciliter l’agnelement, en
bafl'ant deux doigts graiffés d’huile ou de beurre
[rentre la tête du petit & l’orifice du vagin. Il eft
mieux degliffer lesdoigjtsle longde l’orifice du vagin
Extérieurement & le long de la tête du petit, qui
[eft au paffage. Ordinairement cela fuffit *, mais
fil ne faut aider la brebis qu’au moment où elle
[fait des efforts pour pouffer fon agneau au-
; dehors. '
[ Le plus ordinairement l’agneau fe préfente
[bien *, quelquefois il' fe préfente mal. La fitua-
[tion naturelle de l’agneau dans les derniers mo-
[jnens de la geftation , eft de préfenrer le bout du
mufeau à l’ouverture de la matrice ou portière;
fies deux pieds de devant font au-deffous du
piufeau & un peu en avant : les deux jambes,
[de derrière font repliées fous fon ventre; elles
s’étendent en arrière, à mefure que l’agneau fort
fde la matrice.
h 11 y a plufieurs fortes de mauvaifes fituations
[de l ag'-caii , qui rendent l’agnelement difficile.
[Les plus fréquentes font, I.° lorfque l’agneau pré- -
Hente le fommet où les côtés de la tête, tandis
[que le mufeau eft tourné de côté ou en arrière ;
§■ •* lprfque les jambes de devant font pliées fous ;
|e cou ou étendues en arrière,. 3.0 Lorfque le j
[cordon ombilical paffe devant Tune des jambes. 1
».e Berger dans le i . er cas , repouffe la tête en i
prière & attire le mufeau à l’ouverture de la
PTiatricc ; dans le i . e cas, il tâche de trouver i
Mes pieds de devant & de les attirer à l’ouverture j
K,e , matrice ou de faire fortir la tête & enfuite l
E attirer les deux jambes de devant ou feule- ,
!? ent 1 une, pour empêcher que les épaules ne
forment un trop grand obftacle à la fortie de
l^gneau ; enfin dans le 3 .e c a s , il faut rompre
j Cj0r. n ^ans attirer le délivre qui fe rompt P U1~même, dès que l’agnèau eft forti. Après,
l’agnelement, le Berger tire le cordon pour faire
tomber le délivre, quand il ne tombe pas feul ;
il l’écarte de la mère, afin qu’elle ne le mange
point. Dans tout ce que le Berger fait, foit pour
aider l’agnelement, foit pour attirer le cordon
& le placenta, il doit n’employer que desmou-
vemens très - doux, pour ne pas bleffer la mère
& l’agneau.
Il arrive quelquefois que l'agnelement eft
démontré impoflible, foit à caufe du peu d’ouverture
des os pubis, foit à caufe du volume
j de l’agneau & de la manière dont il eft placé. Il y
a des Bergers affez adroits pour couper l’agneau
en morceaux & le tirer ai-nfi, fans intéreffer la
matrice. Cette opération, quand on prend des
précautions, fauve la mère.
Sile Berger, en allant aux champs, s’apperçoit
que quelque Brebis foit prête à agneler, il la laiffera
à la Bergerie, en la mettant dans un petit enclos à
part, attention qu’il doit également avoir le foir
quand il fe retire pour s’aller coucher après avoir
fait fa dernière ronde dans la Bergerie ; car il peut
arriver deux chofes embarraffantes. La première,
c’eft que l’agneau d’une brebis trop malade en
sgnelant ou après avoir agnelé, peut s’éloigner
de fa mère & en tetter une autre, ou refter
abandonné au milieu du troupeau. La fécondé,
c’eft que la brebis fouffrante peut être tettée
par un autre agneau qui profite de fen -état
d’affoibliffement pendant qu’elle agnele , de manière
que fon petit, après être n é , ne trouve rien
au pis. Cette fépararion des brebis prêtes à agneler
eft fur-tout néceffaire, quand quelques brebis
font leurs petits beaucoup plus tard que les autres,
foit parce qu’elles ont pris le mâle plus
tard , foit parce que l’ayant pris en même-tems ,
elles n’ont pas retenu, mais font devenues en
chaleur quelque tems après ; fans cette précaution
un agneau fort de la bergerie fruftreroit le
nauveau-né du lait de fa mère. Il n’eft pas rare
encore de voir un agneau teter une brebis nouvellement
agnelée , en paffant entre fes jambes
de derrière ; les fuites de l’agnelement, dont
il s’imprègne alors , trompent la brebis qui
l’adopte ou feul, ou concurremment avec le fien;
ce qu’il eft important d’éviter,:
Quelquefois l’agneau d’une bonne brebis vien t
à mourir & celui d’une autre, foible & délicate, ou
peu fournie de la it, languit. Le Berger revêt ce
dernier pour un jour ou deux , de la peau de l’agneau
mort, ou il le frotte contre cette peau
& le préfente à la brebis qui l’a perdue; elle
ne tarde pas à lui donner à tetter & elle CQn—
tinue jufqu’au fevrage. Il fuffit quelquefois de
frotter contre les organes externes de fa génération
d’une brebis, l’agneau qu’on veut qu’elle
adopte. Souvent on lui fait tetter une chèvre,
ou on lui fait boire du lait tiède de brebis, ou
de chèvre , ou de vache dans un biberon &
enfuite dans un yafe. 11 faut avouer que ces