
les beftiaux, fur-tout les bêtes à Cornes, en font !
très-avides. Aufii les Jardiniers, qui ont des vaches,
ont-ils foin de Gouperde tems-en-tems les
fanes de leurs Carottes. C’eft peut-être une des
raifons, qui les détermine à dire que les Carottes '
en font plus belles.
Les racines de Carottes entrent dans les potages
& dans beaucoup de ragoûts. C’eft après
les Oignons, ce qu’on emploie le plus. Tous les
be diaux les mangent crûes, comme oh le verra
plus loin, & ce doit être un des principaux objets
de la,Culture de cette Plan redans les fermes,
où l’économie eft bien entendue. On les confit au
Sucre en Europe 5 en Égypte , on les confit au vinaigre.
Les racines de Carottes peuvent être def-
féchées & confervées foit par morceaux, foit en
poudre pour les ufage's de la Marine. J’ai en '
tendu dire, qu’en Ruffia,& même en France à
Breft, on avoir une manière de les bien def-
fécher pour les embarquemens. A Paris, il y a
quelques années, un particulier m?apportade la
Carotte en poudre bien, féche, qui a dû être
embarquée fur les vaiffeaux de. l’inforiuné M.
de la Peyroufe.
M. Margraaf a retiré de la Carrotte cultivée
comme de la Betterave, un véritable fucre. Il
en a moins retiré de la Carotte fauvage.
■ Moniteur Hornbi d’Yorck, Agriculteur An-
glois, Tachant qu’on peut retirer une- liqueur
ipiritueufe des Carottes a voulu en déterminer
avec -exa&imde la quan tiré. Voici fon procédé,
tel qu’il eft rapporté page 25 des Mémoires
de là Société Royale d’AgricuItitre, année
1780, Trimeftre d’Hiver :
ex Le 18 Oéîobre 1787, M. Hornby prit
2,240 livres de Carottes qu’il avoit laiftl féefter
pendant quelques jours : il les nétoya, lava, &
dans cet état elles pefoient.154 livres de moins.
Il coupa alors ces racines par morceaux & en
mit un fiera dans un vaiffeau de cuivre avec'
pintes d’eau II couvrit foigneufement le
Vaifleau & l’échauffa pendant trois heures, au
bout de ce tems, toutes les racines fe font trouvées
réduites en une ëfpèce de bouillie. Il traita
ée la même manière les deux tiers reftans, &
à mefure que les Carottes- en bouillie étoient
enlevées de dedans les chaudières, on les paf-
foit à'la preftê & on'en exprimoit ainfi très-"-
âtïëtfîent tout le fue. M. Hornby obtint, par
ce moyen, 8oo_ pintes d’une liqueur très-dçuce
& femblable au moût ; il la Tjerfa dans une
chaudière, en y ajoutant une livre de houblon.
Au bout de quarante—huit heures ou environ,
la liqueur a commencé à bouillir* on l’a laiffée
dans cet état, pendant cinq heures, après quoi
on la mife dans le bafltn où elle a demeuré
jtrfqu’à ce que le degré de chaleur ait été au
é6e degré du thermomètre - de Fahr. du feaffm
on a verfé la liqueur dans la cuvé , & on y a
•joutéj comme cela fe pratique ordinairement,
pour les autres liqueurs, ilx pintes de levure
de bierre. Le mélange a fermenté quarante-huit
heures, & pendant tout ce tems, la chaleur a
diminué, ce qui eft contraire à ce .qui arrive
dans les autres liqueurs. Lorfque la levure a
commencé à tomber, le thermomètre plongé
dans la liqueur a marqué cinquante-huit degrés.
M. Hornby fit chauffer alors quarante-huit
pintes de fuc de Carottes qui n’av oient fubi
aucun degré de fermentation,.& l’ayant verfé
dans la liqueur, le thermomètre eft monté de
nouveau jufqu’au foixante-fixiènle degré. 11 laifla
la fermentation s’établir de rechef, pendant 24
heures, au bout defquelles le mélange a fait monter,
comme auparavant, le thermomètre au 5 é.edé-
gré.La levure commençant à fe précipiter, il remplit
quatre bariques de cette liqueur qui a continué
de travailler encore trois jours. Pendant la
fermentation, l’atmofphère de la Brafferie étoit
au quarante - fixième ou au quarante - .quatrième
degré. Comme la liqueur perdoit dans la
cuve d’heure en heure, de fa chaleur , M.
Hornby Crut qu’il étoit à propos d’avoir du fett
dans l’attelier 3 .tant que dureroit la fermentation.
Le tout étant refié trois jours dans la banque
fil le mit dans une alambic, & en retira
par la diftillatioh deux cens pintes de liqueur
qui, reéïifiée le. jour fuivant, lui fournit fans
addition d’aucun liquidé, quarante-huit pintes
d’eau-de-vie dont il a envoyé un échantillon à
la Société d’Agricuîture de Paris à laquelle élis
à paru d’un bon goût, & très-limpide.
Le mare des Carottes a peféfix cens foixante-
douze livres, ce qui, joint aux iffues, telles que
les queues &. les têtes des racines, a fourni une
très-bonne nourriture pour les cochons,-meilleure
même à ce qu’en croit M. Hornby j que
celle qu’on obtient dès grains braffés. On peut
éneore ajouter le réfidu de l’alambic qui a
donné quatre cens cinquante-fix prnïes. Comme
on le voit, un arpent de Carottés ainfi traité,
fournit un réfidu plus confidérable qiïe celui
du produit d’un arpent d’orge, ce qui eft tnt
objet important, forfqu’on nourrit des porcs.
L’eau-de-vie de Carottes peut devenir un
article très-utile, en donnant lieu à une épargne
de grains confidérable. D’après l’expérience
de M. Hornby, un acre produifant vingt
tonnes de Carottes, doit donner neuf cens-
fôixanté pintes d’eau-de-vie delà force de celle
qu’il 'a envoyée; c’eft beaucoup plus que ce
qu’on peut obtenir du meilleur produit d’un
âere de terrain femé en orge. U porte les frais,
de culture d’ûrr acre de Carottes à deux cens
livres y compris le fermage , les labours, les
farclages, &e. Autant qu’il peut croire, les frais.
de î’éxfraétion de I’eau-de-vie doivent fe mon-
rér à trois' cens foixante livres : airrfi, évaluant
cette eau-de-vie, non compris les droits a
quatre livres quatre fofe les quatre pinte?,
vingt-un fols la- pinte, prix ordinaire de l’eau-
de-vie de grain, on voit qu’r.n acre doit donner
quatre cens huit livres de profit, fans- compter
les ifftieâ qui forment un article confidérable
dans de grands attellera. \ .
j Expériences fur la culture des Carottes, faites en
Angleterre & erz
On lit, dans les Mémoires' de là Société Economique
de Berne , année 1767, T. 2 , des |Éffe
tails fur la culture des Carottés jaunes, & fur
leur grand u'fage pour nourrir & engraiffer le
bétail, par Robert Billing, Fermier à Weafenham,
dans la province de Norfolk, en Angleterre. Je
crois d’autant plus convenable d’en donner
ici un précis, qu iis offrent clés don nées, & des
calculs de produits toujours inléréflàns, quand
bien même ils ne feroient pas complets.
L’ufagi des Carottes; pour nourrirle bétail pendant
l’Hiver, étoit connu & pratiqué depuis lông-
temps, dans les parties orientales d'ê la province
de Suffolk. M. Billing eft le premier quiTaitinm>
uit dans le Comté de Norfolk à cinquante mille dès
lieux où on leseuhivoit pour cet objet. U en a fait
leffai en i j 6 i , & l’a répété en 1762 en petit, ù
ce qu’il paroît. Mais, en 176$ & 1764 , l’expé-.
rien ce fut faite en grand.
M. Billing enfemença trente arpens & demi,
divifés en trois piècès, dont une de treize ar—
pens, qui avoir produit du froment en 1.762,
une d un demi-arpent feulement, qui venoit
de produire du trèfle, & une de dix-fept arpens
, dans laquelle on avoit récolté des Raves.
Là première ; étoit une terre froide', tenace &
repofant fur de 1 argile; la fécond ë, étoit une
terre mêlée , fur un fond de ferré graffe &
humide. Quatorze arpens dé la troifieme, étoient
un excellent fol, léger, adouci, fur un fond de
marné. Le fond des trois autres arpens,. étoit
un fable noir, afîis fur une molaffe imparfaite.
Les champs-, où on avoit récolté du froment
& du trèfle, furent labourés en Novembre. Le
champ, qui avoit porté des Raves, ne fut la- .
■ botiré qii à la fin de Janvier, ou au commencement
de Février. La'culture des Raves l’avoit
luflifamment désherbé & ameubli.
De la pièce des trois arpens, fix avoient été ;
fumés, comme on fume pour mettre du Fro- |
Ilîentj e eft-à-dire abondamment : on ne mit
point d’engrais dans quatre arpens & demi, Sri
on rie fuma que légèrement deux arpens & demi,
ai£" que-le demi-arpent, qui avoir produit du
trèfle; une partie dés dix-fept arpens avoit été
parquée par les- moutons.
M. Billing employa, par arpent, quatre livres
oc graines, pafféés par un tamis fin, en la frottant
avec les mains. '
If a remarqué qu’en femant de bonne-heure ;
c? Carottes, on eft obligé de les fàtcier plus -,
fou-vent, parce que les herbes mau vaifes peu fient
plutôt, &â plufieursreprifesau Printems. Dans
le tems des chaleurs , elles ne croiffent pas
avec autant de promptitude, ou fe fortifient
moins. Les Raves qu’on fème tard, ont peu
befoin d être fardées, ce qui leur donne , à cet
égard, un avantage fur lés Carottes. Cependant-,
il eft à craindre qu’en femant trop tard les Carottes,
elles ne montent aufii-tôt ; & qu’on ne
üu-ifeji la récolte. On doit donc, dans chaque
paysétudier le tems ,, qui empêche de tomber'
dans 1 un ou dans 1 autre inconvénient. Les premières,
en état d être fardées, furent celles du
champ, qui avoit produit du trèfle, quoique
les dernières feméès. M. Billing voudroit qu’orr
trouvât un moyen de hâter la germination de
la graine.,, qui pût difpenfer de la rïécefîité de;
la femer de bonne-heure, &-faire une com-
penfation , parce qu’il croiroit que cc moyen,
en permettant de femer tard, épargneront des*
farclages. Mais il ne faut pas perdre de vue,,
que dans notre climat, ' fur-tout, les plantés,. 4
qui lèyeront par la chaleur monteront auffi-tôt,.
& -ne donneront que de petites racines de mau-
varie qualité.
Aurefte, les Carottes, même fuivant M. Bif-
hng, fou firent peu de féjournef au milieu des-
mauvàifes herbes; on peut retarder le premier -
farclâge. Il eftime le premier farclage îîx livres,,
& cinq livres fi le champ eft infefié de mauvai-
fes- herbes.
Dix . ou quinze' jours après , il fit paffér
pafier la herfe , fur le femis,-autant poup enlever
les mauvaifes herbes coupées par le farcloir,
que pour donner une légère façon à- la terre';, '
les Carottes n en furent pas endommagées. La
herfe n’en arracha pas une fur cent.
Trois femaines après le herfage, itdonna le fécond
farclage, & on herfa encore. Le fécond farclage
eft eftimé de trois livres, à quatre livres.
, Sur les deux .'arpens. & demi, qui l’année
d auparavant avoient produit du Froment, &
qu’on avoit fumé légèrement avantf enfemence-
111 ent en Carottes, M. Billing récolta cinquante-*
cinq à cirtquanre-fix chars de Carottes-; c’eft.
vingt-deux à vingt-quatre par arpent.
Le demi-arpent, fumé auffi légèrement, après
avoir produit dix trèfle, donna environ douze
chars de Carottés. .
Les fix arpens & demi, fumés abondamment^
rendirent cinq cents Vingt-quatre chars, ou de
dix-huit à vingt-quatre par arpent.
Le champ de dix-fept arpens,' ou on avoir
récolté des Rayés en petite* quantité , rapporta:
fetze à*dix-huit chars par arpent, dans les quatorze
arpens de bonne terre, dont une partie-
avoir été parquée par les ‘moütops. Les trois
aufres arpens^ en rapportèrent bien peu. Le
produit de ces di^-fept arpens, a été de deux
cents foixante-dix chars; ce qui, joint au pro»