
depuis cet inflant, jufqu’à celui de leur arrivée
à leur deftination, en couvrant fa furface avec
de la moufle verte feulement , & en l’arrofant
très-légèrement de teins à autre, pour empêcher
qu’elle ne fe deflèche exceflivement. Un pot
d’un pied de diamètre & d’autant de profondeur,
pourroit contenir de cette manière plufieurs
livres de femences, II faut femer ces graines aufli-
tôt qu’elles arrivent, en quelque faifon que ce foit,
dans de ^petits pots remplis d une terre qui foit en
même -rems légère, fubftantieufe & piçrreufe ,
comme feroit, par exemple, une terre compofée
d’un tiers de bonne terre à potager, un tiers de
terreau de bruyère, ou à fon défaut de terreau de
vieilles couches bien eonfommé , & . d’un tiers
de décombres calcairés pafi'ées au crible médiocrement
fin. On fait ce. femis en répandant
la graine également fur la furface de la terre de
ces pots, & en la recouvrant de l’épaifleur d’une
ligne ou deux de la même terre, mais plus fine.
Aufli-tôt que ce femis eftfait ; fi c’eft au Printems,
on enterre fur-le champ ces pots jufq’aux bords
dans le terreau* d’une couche chaude, couverte
d’un chaflis, & expofée au midi. Si c’efi en toute
autre faifon qu’au Printems, on place ces pots
dans le terreau d’une couche tiède fous des chaf-
fis où on les arrofe de tems à autre dans les
beaux jours , mais feulement autant qu’il eft
néceflaire, pour entretenir une très-légère hur
midité : pendant les gelées, on couvre les chaf-
fis de paille & de paillaflons en quantité fuffi-
fante, non—feulement pour empêcher le froid
d’y pénétrer, mais même pour maintenir le
thermomètre de Réaumur à trois ou quatre dé-
grés au-deflus du terme de la glace : fi les couvertures
ne fuffifent pas pour produire cet effet,
on y fupplée par des réchauds que l’on fait
à la couche. Il ne s’agit pas, par cette pratique,
de faire1 lever ces femences au plutôt; il fçroit
au contraire fort peu à propos qu’elles levaf-
fent à la fin de l’Eté ou en Automne ; car alors
elles n’auroient pas le tems d’acquérir allez de
force avant l’Hiver pour réfifter à fa rigueur
qui les feroit périr; fi elles levoient pendant
l’Hiver même 9 elles périroient encore plus certainement
; le traitement que l’on adminiflre à
ces femis jufqu’au Printems fuivanr, doit donc être
dirigé de manière feulement à leur conferver juf-
ques-là, leur faculté de germer, & à les dif-
pofer à' fortir de terre au commencement de
cette faifon. Il faut avoir foin chaque_fois que
le tems eft doux de foulever les panneaux des
chaflis pour renouveller l’air qu’ils renferment,
afin de l’empêcher de fe corrompre, ou d’acquérir
une chaleur au-deflus de dix degrés, &
afin de préfer ver ainfi les femences de la moi-
fiffure ou d’une germination prématurée. Vers
la fin de Février, on tranfportera ces pots fur
une couche chc’ide nouvellement faite, dans le
terreau de laquelle on lçs enterrera jufqu’au 1
bord. Depuis cette époque, foit que le femîJ
vienne d être fait, foit qu’il ait été fait auDaJ
ravant, il faut le bafliner légèrement deux foil
par jour, jufqu’à ce que les plantes paroiffentl
ou julqu à ce qu’on ait renoncé à l’efpérancd
de les voir lever dans le cours du Printems b
ou au moins dans le commencement de l’pj
de 1 année lors préfente ; car ils ne lèvent quel]
querois qu’au Printems fuivanr. En ce dernie
cas, vers la fin du mois de Juillet, on ôterd
les pots de deflus la couche chaude pour y
placer fur une couche tiède, où on les traiJ
fera comme il vient d’être dit de traiter kd
qu à.la fin de l’Hiver, les femis faits entre’toutd
autre faifon qu’au Printems, & où on les laifferal
julqu a la fin de Février fuivanr, lors de lai
quelle il faudra les remettre dans une nouvelle
couche chaude, pour faire lever celles de cesi
graines qui n’auroient pas entièrement perdu leur'i
propriété de germer. Dès que les jeunes Câpriers
commencent à fortir de terre, il faut modé-
rer les arrofemens, n’en adminiftrer qu’au be-|
foin, fur-tout tant que le jeune plant eft foi-j
ble, que 1 atmofphère eft froid & humide,
que le foleil ne paroît pas, & donner aux jeu]
nés plantes les foins ordinaires néceflaires pour
les préferver de l’étiolement, de la pourriture
& du froid, en éclairciflant, en fardant, enfermant
exactement les chaflis lorfqu’il eft à-propos,
les couvrant avec de la paille & des pail-l
laflons, chaque fois & autant qu’il eft. nécef-J
faire, les découvrant foigneufement, les ouvrant
chaque fois que le tems Le permet ; il eft mêmej
utile de réchauffer la couche lorfque fa chai
leur tombe au-deflous de huit ou dix degrés,]
afin de hâter !a végétation de ces jeunes plan-l
tes. Elles font très- délicates pendant leur]
première jeunefle ; à cet âge, elles craignent beaucoup
le froid, & elles craignent encore plus la]
privation du foleil , & d’un air fréquemment]
renouvellé. Quand elles auront environ qua-l
tre pouces de hauteur, on les tranfplanterapar]
un.terris brumeux, chacune dans un pot rem-j
pli d’une terre pareille à celle indiquée pour!
le femis, en leur confervant toutes leurs raci-J
nés, & en ne tarifant cès dernières expofées]
à 1 air que pendant le moins long-tems qu’il eft]
poflible. On place enfuire les pots dans lé ter-1
reau^ d’une couche tiede couverte d’un chaflis]
ou l’on garantit les plantes du foleil, par (te
paillaflons, & on les arrofe deux fois par jour,,
jufqu à ce qu’elles foient reprifes ; après quoi]
l’on ôte les abris par degrés, & l’on arrofe moins]
.fouvent. Il'ne faut jamais négliger depuis qu’el-j
les font reprifes, de les aérer aufli fouvent que1
la chaleut de la faifon peut le permettre : Ccirl
ces plantes aiment extrêmement le grand a>r.
On lève même entièrement les panneaux (M
chaflis lorfqu’il tombe des pluies douces en
Mai S t Juin; & iorfqu’une fois la chaleur (te
fatmofphère fera fixée au-deflus de dix ou douze
degrés, on les Jaiffera entièrement expofées à
J’air libre ; elles pourront même alors fe paf-
fer rie la couche, & les pots pourront être transportés
en plein air au pied, d’un mur expofé
au midi, où on les taillera jufqu’à la mi-Sèp-
tembre. On les arrofe fouvent pendant les
grandes chaleurs : car cette plante aime à-avoir
fa tête au foleil, St beaucoup d'humidité à fon
pied ; mais il faut les arrofer beaucoup moins.
fouvent, & moinsabondamment pendant le mois
de Septembre, afin que les plantes puiflent s’endurcir
fuffifamment pour être en état de réfifter
à la rigueur de l’Hiver fuivant. Ces plantes
font beaucoup, plus fenfibles au froid pendanr
leur première année, que iorfqu’ellesfont plus
âgées. Ainfi, à la fin de Septembre, on les rentrera
par un tems fec , fi faire fe peut , dans
une bonne orangerie , où elles pafîeront le premier
Hiver ; mais 11 faudra les y placer prochë
des croifées : car ces plantes font très-avides
’’air & de lumière; & faute de cette précaution,
elles font très-fujettes à fe pourrir &à en .
périr. Le plus fur .moyen de les conferver l’Hiver,
eft de les placer fous une caifle de vitrage
feche & aérée, où on les fera jouir du foleil
& de l’air , pendant les tems doux. Il faut les
(arrofer très-rarement pendant cette faifon, &
[feulement lorfque la terre des pots eft fèche de-
buis fa furface jufqu’à un pouce de profondeur.
Chaque fois qu’on les arrofe, il faut leur donner
très-peu d’eau à-la-fois, avec i’arrofoir à
jouldt, làns mouiller aucunement ni tige ni
branche. Vers la fin d’Avril, on fortira ces
plantés de là ferre, & on les mettra en plein
air par un tems couvert, ou encore mieux pendant
le moment d’une pluie douce. Avant de
•'tes fortir, on les aura aérées fouvent pendant
h dernière quinzaine, pour les endurcir & les
difpofer à cette fortie. Aufli-tôt qu’elles feront
forties, on les mettra pendant une autre quîn-
zaïnè à l’abri du foleil, afin de les endurcir encore'par
degrés & de la difpofer à fupporter fe s
rayons à l’air- libre, fans en être endommagées.
[Après cette dernière quinzaine, on pourra fortir
Ns plantes des pots & les planter en plein air
ja demeure, foit en pleine terre au pied d’un
[mur expofé au midi, comme j’ai dit, foit dans
res trous pratiqués de part en part, dans un
|®ur de fourenement, comme j’ai aufli dit, foit
Pans de grands pots, ou des caiffes, ou dans
fs écailles-, des pierrailles, des ruines, &c.,
pdiftance réciproque qu’il convient de mettre
[entre les Câpriers plantés en pleine terre , dans
r tintât de Paris, doit être beaucoup moindre
Pe dans les pays chauds, i.° parce qu’ils vé
ptent beaucoup moins rapidement dans le climat
de Paris ; i . ° parce qu’ils y perdent fouvent
S ^°nne partie de leurs branches pendant
fitver. Ainfi, il convient, dans le climat de
Paris, d’efpacer les Câpriers plantés en pleine
terre , à fix ou neuf pieds environ les uns des
autres. Comme ceux plantés dans des trous pratiqués
dans les murs, végètent encore moins vi-
gonreufement dans le climat de Paris, que ceux
plantés en pleine terre , parce que la terre dans
laquelle ils jettent leurs racines eft prefque tou-
jours fort ç-ompaébe & ne peut être labourée,
il funira de mettre quatre ou fix pieds de dif-
tance de 1 un à I autre. Pour les planter en pleine
terre, il eft à propos d’avoir fait d’avance, à
ta place deftinée à chacun , un trou d’un pied de
profondeurau moins,fur un piéd& demi ou deux
de largeur en tout fens. On ôte la motte du pot
avec précaution , en prenant foin de ne pas la
rompre ; on laplace aufli-tôt tout auprès du mur
en mettant le collet de la racine à trois pouces.environ
au-deflous de la furface du terrein d’autour
des trous u enfin on remplit fur-le-champ
le trou. Pour les tranfplanter dans des trous de
mur ; fi ces trous fout aufli larges que les mottes ,
on y plantera les mottes entières ; s’ils font plus
étroits , on taillera les mottes & on leur donnera
la petirefle néceflaire pour qu elles purifenr paffer
au travers de ces trous fans être brifées ; en les
tairiant ainfi, on épargne le côté de chacune,
dans lequel on apperçoit le plus de racines :
puis on fait le plus bas que l’on peut, dans la
terre qui forme la parois poflérieure de chacun
de ces trous, une foflètte qui foit inférieurement,
ou horizontale, comme il efl d’ufage ou
mieux , inclinée à l’horizon d’environ quarante-
cinq degrés en defeendant depuis le mur ; par
le moyen de cette inclinaifon du bas-fond de
la follette, les racines du Câprier qu’on y plantera
feront maintenues plus folidement feront moins
lujettes a être découvertes par l’éboulement de la
terre d autour d’elles, & il n’en végétera pas
moins bien : puis on introduit dans cette
follette la motte entière ou taillée, fans la bri-
ler & Ion place lè collet de la racine à fleur
de la face poflérieure du mur ; puis on remplitf le plus quil eft poflible, la foflette, enfai-
fam defeendre fur la motte la terre fnpérieure
à la foflette, & en introduifant dans le vuide qu’on
occalion ne ainfi au-deflusde cette foffette la terre
qu on a tiree de cette dernière , ou des pierrailles
calcaires, le tout comprimé de manière que la
terre d au-deflus de la foflette ne puifle s ébouler.
Enfin on place, comme on peut, entre le
mur & la terre qui lui eft adoffée à l’endroit
& autour du trou, des tuileaux que l’on nofe
du c,olkt de la racine , de manière qu’en
débordant dans toute fa circonférence, l’orifice
poftérieur du trou, ils empêchent la terre de
s ébouler en-devant, & puiflent céder à l’effort
que 1 augmentation de groffeur du collet fera
par la fuite pour les écarter de fon axe. Après
cette plantation , fi fes mottes n’ont pas'été.
bnfées en plantant, il ne fera pas néceflâiîe.