les fourrages. Alors on cherche à les engraiffSr
pour s’en défaire. On cite un Gentilhomme, qui
a prolongé jufqu’à douze ans la vie d un-mouton
privé de lés dents dès l’âge de fix ans. 11 le nour- .
riffoit de pain & de grain broyé , qu’on faifoit.
pétrir. Ordinairement les Bêtes à laine vivent
huit pu dix ans, rarement jufqu’à douze. On affure
qu’en Ruflie il y a des Bêtes à laine , dont la vie
a été prolongée jufqu’à douze ou quinze ans.
Quand on les tient dans des lieux fecs, découverts
& bien aérés, leur vie eft plus longue, que fi
elles, font dans des pacages humides & dans des
bas fonds.
Laine des Bêtes a lame.
Les laines dans le commerce , fe divifent en
deux claffes favoir , en laines de toifon & en
laines mortes. On entend par laines de toifons,.|
celles qlii ont été prifes lur l’animal vivant & ,
par laines, mortes , celles qui ont- été prifes fur
l ’animal mort. On .donne le nom de laine furge
ou en Juin} à la laine qui n’a pas .encore paffé
par le lavage..Les laines de toifon ou mortes,
diffèrent entre elles à raifoh de la co.uleur, de la
finefl'e , de la longueur, de la force & du nerf.
La couleur la. plus ordinaire des laines efl la
blancheur. Suivant M. deBuffon , il y a, en Ef-
pagne, des moutons roux , & en E caffe, des
moutons jaimes. M. Maquarre, Médecin de Par
is , d’après lequel je parlerai quelquefois dés
moutons de Rufiîe, où il a voyagé avec intérêt,
à vu dans cet Empiré beaucoup de moutons
noirs ,'& de moutons, roux. Il rapporte
auffi qu’en Crimée ., il y en a à laine bleuâtre,
qui en fort chere. Je connois des chèvres d Angora
, à poil de cette couleur. En France, on
ne conferve, dans un troupeau , que le moins
pofîïble de bêtes à laine noire ou brune , parce
que la blancheur efl la pluseftimée. Cependant
dans les. petites; troupes , qui ne font que de huit
ou.dix, on çn entretient toujours une à laine
noire, dont le ipêlange efl utile au but qu on
fe propofe.
• « Il n’y à que les lames blanches qui reçoivent
des couleurs vives par la teinture.. Les
laines jaunes, rouffes, brunes1, noirâtres ou noires
ne font employées dans les. manufaélures qu’à
des: 'ouvrages - groffiers , ou poiir les vêtemens
des gens de la campagne , lorfqu’clles font de
mauvaife qualité / mais- celles qui font fines,
fervent pour des étoffes qui relient avec'leur
couleur naturelle , fans p^ffer à là teinture,
- « Les mèches dé la laine font compofées dé
plufieurs filamens qui fe touchent les uns les au-
. très par leurs extrémités. Chaque mèche forme
dans la toifon un flocon dé laine féparé-des autres
par le.' bout. Les laines les plu^.cburtes,
. n’ont qu’un pouce- dè longueur , les plus iongîtes
ont jufqu’à quatorze pouces .& davantage-1
il y en a.,de toute longueur, depuis,.:un poueè
jufqu’à quatorze & même jufqu’à vingt-deu*
pouces. » \
« 11 y a des filamens très-fins dans toutes lè
laines, même dans les plus grofîes mais quelque
foit la fineflé ou la grofleur d’une laine, ®
filamens les plus gros fe trouvent au bout dé
mèches. En examinant .c'es filamens dans m
grand nombre de racés de moutons, on a dit
tingué différentes fortes de laines : on peut le
réduire à cinq dans l’ordre fuiyant. Laines ®
perfines, laines fines, laines moyennes, laines
grofîes , laines fupergroffes. »
, ce Pour favoir fi la laine d’un bélier eftaÜ
ou moins fine que celle des brebis avec lelquell«
on veuf le faire accoupler, il faut couper Iî
bout d’une mèche fur le garrof du bélier &q
placer les filamens fur une étoffe ' noire, m
mettra fur la même étoffe , l.;d:es filameiB
pris au bout des mèches du garrot de quelqui
b r e b i s & l’on reconnpîtra aifémeut li km
laine efl plus ou moins fine que celle du'tè
lier. »
' , cc II fuffit de toucher un flocon de laine
pour lentir fi elle efl douce- & moëüeufe foa
la main, ou rude 5 : lèche , ou l’on etencl in
mèche entre deux doigts, & en frottant lég^
rement les filamens, on connoît s’ils font don
; ou iudes.:» .7. ‘ B . ■ ,• p ' ■ '
« Pour connoître fi là laine efl forte ou fable!,.
on en prend des filamens & on les teii
en les tenant des deux mains par les deux boni
S’ils caffent au premier effort, c’eft une prenc
que la laine efl foible; plus ils réfiftent, pluit
laine a de force. » .
cc On reconnoît que la laine efl molle«
nerveufe, fi, en en ferrant u n e poignée dans!
•main, elle fe renfle autant quelleffâëtoit av»
d’avoir été .comprimée. Au contraire, filajl
efl molle , elle refte affaiffée ._ bu fe rerf
peu. »
a Xes laines blanches, fines, douces,
; & nérvëufes font; les meilleures, Les .laines^
ont une maùvaife.. couleur &, qui font gro«0'
■ rudes, foibles ou molles', font de inoii]dref
' lité. Les laines mêlées de beaucoup de jaffi
font les plus mauvailès. » ; .
« Le jarre| poil mort ou poil de chien,
poil mêlé avec là laine & qui' ,en diffère.
coup ; il efl dur & luifant.-, il n’a' paf h,H
ceur je.J a laine & |il ne prend aucune tewj
dans les manufactures. Une laine . jaj'miife
peut fervir qu’à des ouvrages groltiers ;•ƒ
il y a de jarre dans la ' laine.,. moins' J
valeur.» ;
Les laines Àngloifes & celles du N-
land font longues & fines ; celles du ijp
la France , c’efl-à-dife , de Flandres, M
' Çham
llhampagne , Ifle-de-France font longues St
\îrofl'es , en avançant vers le midi elles f» ,raé-
llurdflent’ & s’affinent. L é Rouffillorj, l’Italie
jg- Kfpagne en ont de courtes & de la .plus
- Jrandè fineflé.1
H Les Espagnols diflinguent 'quatre -fortes/ de
laine fur la même Bête.
B Celle de la première qualité fe trouve fur
Ppine. du dos, depuis le col jufqu’à environ
lin demi-pied de la queue , en comprenant u;n
'«ers du corps ; le deffus du ventre & dés
Jpaules efl auffi de première qualité. On gw-
Selle cette forte de laine floretta.
HCelIe .de la fécondé couvre les, flancs & s’étend
depuis les cuiffes de derrière jufques aux
Bpaules, en avançant vers le col.
B La laine de troifième qualité environne îe col
Je recouvre la croupe.
R Enfin la laine de quatrième qualité occupe,
i f depuis la partie de devant du col jufques
tu bas des piedl, en y comprenant üne^partie
jes épaules ; l . ° les deux feffes jufqu’au bas 4ts deux pieds de derrière. On appelle en Ef-
1 ®agn°l cetto laine Cayda.
B M. Daubenton , perfuadé qu’il étoît impor- •
faut pour le commerçant & pour lé manufac-
B r ie r , d’avoir un moyen, de connoître préci- ;
®ment lè degré de fineffe ou dé ,groffeur des !
wines, parce que ces degrés ' même .dans les
Btfrêmes, varient beaucou p , a imaginé de fou-1
jmettre toutes fortes de filamens de laine à un
«îicromètre placé dans un microfeope. Le mi-
«romètre repréfentant un petit refeau ou un !
Æompofé de mailles, on juge de la . groffeur ou i
,de la fineflé des filameps de laine, par le plus :
moins de mailles qu’ils recouvrent. Il n’y s
Ævoit qu’un dixième de ligne entre les côtés pa- ;
^rallèles des quarrés du micromètre , dont fe
Jervoit M. Daubenton , & fa lentille groffiffoit
;|uatorze fois. Ayant reconnu, par des obfer-
vations répétées foigneufement , que les. gros!
•filamens de vingt-neuf échantillons de laine fu-
pperfme ; apportés de diverfes manufa6hires, o c - 1
r^ipoient rarement plus de deux quarrés du
jÉucrotçètre, il a fixé le dernier terme des laines
fuperfines à celles dont les plus gros filamens :
■ «eropliffent, par leur largeur , un quarré .du mi-
||romètre, & dont le diamètre efl la foixante- i
^»dixième partie d’une ligne. La largeur des;
»lus, gros filamens de laine la plus groflière
m cup01t 'iu%u>à fix quarrés du micromètre ,de
^P^Dâubenton , qui valent la 1 3.^partie d’une
«1 f us Sros filamens du jarre rempliffoient
H J ? * ° nzc <ïuarr^s du micromètre , ,& leur;
ï . ,e,ur P^r conféquent étoit la douzième par-
F 5nc fi§ne- Il - y a .des jarres moins gro$ &;
^culture. Tome JJ.
B E T io*:
même aaffi fins que des,filamens de laine lu-,
;> Entre;ie s ‘laines fuperfines, dont le s ‘filamens
'oM ;pour'diamètre là fôixante-&i-rdixiè'iné partie
■ d’une ligne ‘ & -les plus greffes dqnf lès “filamens
’ohf poni> 'diainètre la 25.'0 partie d'une ligne',
•il ÿ .à des ’ intermediaires, ‘qui permettent dé dif-
tinguer plufieurs fortes de- laine & dans ehaque
■ forte, des'degrés différetis.
M. Daubenton ne propofe’pas aux propriétaires,
dé troupeaux & aux bergers1 d’avoir 'dès
microfçopes &. dés, micromètres’ .qu'ils’ ne fé-
roient en ép.t, ni de fe procurer, ni d’employer ;
mais, il croit que ieS ;co;mmcrçâris & les 'grands
manufaéluriers dèivent s’en fervir. Il fuffi^poür.
les autres i qu’ils aient des échantillons dés
cinq fortes de laines, vérifiés an microfçope.
En appliquant de petits floçcons de ces laines
fur Une étoffe noire , i is . pourront leur comparer
les'laines/dont ils: defirerbnt conftàtef la
qualité , ..ce qui peutleùr être’très-ùtilé pour les
alliances 'dis béliers avec les‘brebis. La quantité
de laine , .qu’on tiré dé ces .animaux , varie
félon le u r ‘ taille1 & la réçé dont ils font. Des
béliers de la j^ a v a r re , en donnent dou ze'!
treize livres ; des Bêtes Flandrines' en ont donné
jufqu’à feizé f ie produit a’un'bélier Efpagnol, à
RambouiJJet, a été de oùze. livres-, fix brebis
Efpagnolqs que.j’entretenois;en Beance’j in’ônt
fourni des tôifqns .du poids'de trênte-fix’ livres
ou fix livres par Bête. La toifon d’un bon bélier
de Beauce ejl de cinq à fix livres ; celle d’un
bélier de Sologne ne va pas, jufqu’à trois livres.
On trouve des pays où les béliers & les. brebis
ne portent pas une livre & demie de laine.
A S M C L 1 I I .
V e la manière (P améliorer , élever & foigner
les Bêtes a laine.
Je rapporterai à cet article la compofition & le-
choix d’un troupeau, la manière de le marquer,
de le faire voyager, lêsalimensquilui conviennent’
le choix des béliers & des brebis, leurs acconpîe-
mens, l’agnelement, lanourriture.& lefevragedès
agneaux, la caftration, la feéKon de la queue ;
la nourriture de toutes les bêtes .à laine , l’engrais
des agneaux , des moutons & moutonnes
la, conduite des troupeaux aux champs & leurs
logemens & parcs.
Contpojùion & choix elun troupeau.
Quoique le nom de troupeau foit quelquefois
donné à l’alfembiage dés,gros animaux ’ tels
que les fi oeufs 8t vaches., cependant il convient
C c