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à une charrette bien chargée, & le piquer foiifent
de l’aiguillon. On confeille encore de lui lier les
quatre jambes pour le terraffer, & de ne lui donner
que peu à manger.
M. Vaillant, dans fon voyage d’A frique, rapporte
fur les Bêtes à cornes'quelques particularités
, qui m’ont paru mériter d’avoir place ici ,
d’autant plus quelles tiennnent à l’éducation de
fes animaux.
Chez les Hottentots, on élève les boeufs pour
iranfporter les bagages. Pour en faire des bêtes de
Tomme, il faut les manier & les fliler de bonne
heure. Loriqu’unboeiifeft jeuneencore, on perce la
cloifon , qui i'épare fes deux narines ; on y paffe
un bâton <te huit à dix pouces de longueur, fur
un pouce de diamètre.. Pour fixer ce bâton . &
l ’empêcher de fortir, une courroie attachée aux
deux bouts l’affujétit ; on lui laiffe jufqu’à la mort
ce frein, qui fert à l’arrêter & lé contenrr. to r i que
le boeuf a acquis toutes fes forces, on commence
par l’habituer à une fangle de cuir, que
de temsen tems on relferre plus fortement f ans
qu’il en loit incommodé ; on l’amène au point
■ que tout autre animal . envers qui on n aurait
-pas pris cette précaution, feroit étouffé & pérr-
Toit. On charge le jeune boeuf de quelquesfarr
deàux ’légers, comme de peaux, de nattes, &c.
On augmente infenliblement la charge par degrés
& on parvient à lui faire porter & à fixer fur
fop dos jufqu'à ;oo livres pefant & davantage.
Souvent le boeuf fert de monture au Hottentot,
qui ne .connoît ,pas le cheval. Le Hollan-
dois Colon le monte auffi quelquefois. Le mouvement
du boeuf eft frès-doux, fur-tout quand
il .trotte; M. Vaillant en a vu’ , qui dreffés.pàr-
ticulièrement à l’équitation ne le cédoient point
pour la vîteffe au cheval le plus lelbe.
M. Vaillant, en entrant dans la Caffrerie, fut
étonné d’y voir les boeufs avec des- cornes dr—
vifées comme dès bois de cerf ou femblablès à
des Lithophytes. 11 a découvert que ces divifions.
dépendoieutde procédés.qu emploient les Gaïfres
par goût. L ’animal étant dans l’âgé le plus tendre
dès que fes cornes commencent àfe montrer, les
Cames leur donnent verticalement un petit trait
:de fèie ou: les partagent en deux avec un autre
iriftrument. Cette .première divifion s’ifole d’ellemême,
en forte qu’avec le tems, l’animal a quatre
cornes frès-diflinéles. Si l’on veut qu il-y en
ait un plus grand nombre, le trait de feie çroifé
plufieurs fois en produit autant qu’on en defire.
Chaque corne forme un cercle parfait, quand
on en élève une petite épaiffeur à côté de la
pointe & qu’on renouvelle de tems en tems cette
amputation, .elle fe courbe de plus en plus & la
pointe vient joindre la racine.
Un Officier François V qui a voyagé plufieurs
fois çlans i ’Inde en allant' par terre d ïg y p te à
la côte de Coromandel, allure que les Indiens
B E T
empêchent aux boeufs d’avoir des cornes en faîâ I
fantdansun tems convenable une petite incifion; I
à l’endroit de la tête, où elles devraient paraître I
& en y appliquant le feu. 11 croit que, dans cet-1
tains cantons , il y a des boeufs fans, cornes, I
Nous favons qu’en Angleterre il y en a auffi. I
M. Arthur Young, célèbre Agriculteur anglois I
en a engraiffés de cette efpèce.
Le boeuf ne doit travailler que depuis trois I
jufqu’à dix ans. A cet âge on l’eiignüfl'e pour I
les boucheries, . .. ■ i . f .
On attèle les boeufs toujours parallèlement à l'une
charrue ou à une charrette , . foit en leur F
paffantune bricole avec un petit collier, pout 1
fes faire tirer du poitrail, comme, les chevaux;B
foit en fixant,leur, tête fous un joug. On appelle
joug une pièce de bois, qui fe pôle fur-la tète
de deux boeufs. Elle eft creufée à fon milieu pour j.
ne pas gêner la bafe de la corne droite de l'uni
& celle de la corne gauche de l’autre; on met u n i
tampon de paille , fur la tête de chaque boeut,
afin que le joug ne le bleffe pas , & on i’affu-l
jettitavec de grandes courroies, dont on entouré I
les cornes. Le bouvier a foin que le joug foit I
fixé folidement, parce que le tirage fe ferait mal I
& les boeufs fatigueraient davantage. Les jougs fe I
font d’orme ou de hêtre.ou de frêne bien lises. I
On en vend dans les ..marchés & dans les foires, I
Il faut les effayer, parce qu’ils doivent être con- I
formes à, la tête dès paires de boeufs. 11 feroit I
mieux de les faire faire exprès, en prenant me- I
,fure fur les animaux. On eu, a toujours en ré- I
ferve dans'les métairies bien conduites. Le bon- I
vier, au retour des champs place fes jougs 1 1
l’abri de la. pluie &. du foleil:
Au Printems, en Hiver & en Automne, on I
met les boeufs a la charrue a neuf heufes du ma-1
-tin jufqu’à cinq heures de l’après-midi. Ils paf- I
fent le relie du- tems' à manger & à rumînet I
au pâturage ou à Fétâblé. • /’ '
En Eté, ils commencent: à travailler à ta pointe!
du jour jufqu’à neuf heures du .mâtin,& retour-!
nehb l’après-midi à; deux heures pour revenir après!
le foléilcouché. Il mè femble qu’ils ne. devroient
retourner qu’à quatre heures dans les grandes cbs-I
leurs parce'que de deux heures à quatre, ils!
peuvent foùffrir beaucoup. Quelquefois il van-
droit mieux fie les pas mener aux champs. I f!
l’après-midi. On ferait bien dédommagé de hH
privation de leur .travail pendant quelques jour-,
par l’avantage qui réfulteroit de le u r , confcH
vation. J’ai-prime 'à dire que'i j’ai vu <jol
cultivateurs qui faifoiént, dans de gramlo
■ chaleurs * travailler leurs boeufs depnnl-
neuf heures jufqu’à quatre ou cinq heures
foir, tandis que ' c'étdit pendant 'ces heures cm
ccs jours-là on rie dévoit pas les mettre a !
charbue. Cette inattention & cet çntétéiuét-t |
, coûté cher à plufieurs,.. j
B ET
J t f^ur fe procurer des boeufs de travail, ordi-
wtei-remeni on « ou vu les aciieic , a. v~
l ï e s nourrit toute F année, fort en les envoyant
à des pâturages, d’où on les ramène à volonté-,
» fo it en leur donnant des alimens à rétable. En
'Italie dans les environs de Rome, les cultiva-
' iteurs ne gardent point de boeufs chez eux, ou ils
■ j^’en gardent pas la quantitédont ils auroientbefoin
JR a n s certaines laitons -, mais ils en .trouvent à
»louer aux époques du labour •& des récoltes.
Suivant M. Dupaty, .c&ns fes tertres fur l’Italie ,
»tome i , page 7 9 , des particuliers fe rendent
«dans une place publique, avec cent,deux cens,
»trois cens paires de boeufs ( ces boeufr ne feroient-
i|is pas des bufles ? ) Les propriétaires de terres en
{louent un certain nombre , & les conduifent
Mur leurs pofleflions, fouvent à huit ou dix milles
«de Rome ; alors, dans l’efpace d’une feule jour-
■ pée, on .exécute toute l’opération de la faifon.
«En un jour onlaboure, en un jour on feme , on
Imoilîonne & on emporte les récoltes en un jour.
m . Dupaty , ne citant ce fait que par occafion,
•in’en dit pas davantage ; il y a lieu de croire
»que ces boeufs font partie de ces nombreux
Mroupeaux de bufles, qui paiflent habituelle-
«pient dans les marais pontins, ; où ils retour-,
|nent quand on ne les emploie plus. Peut-être
mes terres que ces animaux labourent font-elles,
.{comme on en trouve en France:, dans quelques
endroits , de nature à ne pouvoir être
r labourées qu’à une époque, dans une circonf-
•fiance qu’il faut faifir ? Peut-être auffi eft-il né-
Jfeeffaire de les enfemencer de les récolter
Jpromptementdans la crainte que le tems ne continue
pas à être favorable?
K Lesjflesde la Camargne, en Provence, for-
imées par les lits multipliés du Rhône-, vers fon
«embouchure, font des terres baffes , maréca-
Jjgenfes, plus ou moins fertiles. Leur culture
étant difficile., il faut une grande quantité de
boeufs, qui coûteroient beaucoup , fi on vouloit
Jles entretenir dans les étables • mais ces foins &
»es frais font inutiles ; .car lès marais nourrifient
itoute l ’année beaucoup de bêtes à cornes, qu’on
Jpeut regarder comme faüvages quoiqu’on s’occupent
cependant à les multiplier. C’eft une ef-
» è c e ou plutôt une race à p art, qui fe foutient
|§^ dépend de la .nature du pâturage. Une épizootie
en 1745, en détruifit totalement la racé;
;3®n ^ remptaça par des bêtes à cornes d’Au-
«■ çrgne , qui ne tardèrent pas à repr oduire l’e f-
jpece qu on avoit perdue •> ces animaux font
n°^rs ’ ^ennent du bulle , par la forme
îBalle & étendue de leur ventre , par leur
,aii to u c h e , & menaçant, &. par de grandes
.cornes en croiffant parfait & dont les pointes
raPprochent; forme qui efidûe au foin qu’on
Fond de choifir les'taureaux, ainfi coëffés pour
QY0'r ^es manier 6ç les faifir plus aifément. ils
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font très-agiles à la courfe. Un cuir épais les
4 \’°bri des piqüüres des infeéles.
, Les, O B’estrem jamal*
dans les érables. Des gardiens a cy— ^1 «u*oa
nomme boutieis, armés d’un trident, les rallem-
blent , les mènent aux champs pour labourer
8l les en ramènent de la même manière en troupes
; s’il furvient par hafard de la neige & de
grands froids, on les conduit dans une grande
cour appellée buau à portée des marais. Gettô
coût en formée de fagots fou tenus par des pieux,
arrangés en forme de muraille; là, on leur donne
un peu de fo in , feulement dans ce tems.
Les vaches, defiinéès à renouveller les' troupeaux
, font auffi libres que les boeufs ; on les
garde féparément : les hommes qui ont Cè foin,
font auffi à cfreval. A inefure qu’elles vêlent
on conduit les veaux dans un endroit fe c , à portée
du marais , où l’on plante autant de piquets
qu’on attend de veaux ; chacun d’eux eft attaché
avec une corde de chanvre treffée ; quand
les mères font incommodées de leur dait, ou
preffentent que leurs veaux ont befoin, elles
viennent d’elles-mêmes leur donnera tetter &
s’en retournent au marais.
Tous ces animaux font dangereux, les vaches
comme les boeufs, fur-tout dans la partie méridionale
de la Camargne, où ils ne font pas
accoutumés â voir du monde ; on eft fouvent
obligé de monter fur des arbres, d’ou l’on ne
defeend que par le fecours des gardiens. Les
mornens les plus critiques font, 1 .° ceux où l’on
veut les marquer, afin qu’ils ne fe mêlent pas
dans les marais & que chacun puifle retrouve*
les fiens ; ‘i.° ceux où l’on cherche à les dompter
pour les mettre la première fois à la charrue
; & 3 .* ceux où on les conduit aux boucherie®;
& où on les tue.
L ’adrefle, le courage & la rufç font employés
pour difpofer de ces animaux, quand
il s’agit de les marquer, opération qu’on appelle
fer rade. On forme avec des charrettes &
des voitures un d em i-ce rc leau centre duquel
on allume un grand feu pour faire rougir les
fers, propres à marquer. Deux hommes feuls
y relient, l’un pour abattre l’animal , l’autre
pour le marquer. Les boutiers ou gardiens amènent
leur troupeau entier de boeufs & de vaches.
à la tête du champ où efl l’enceinte. Un
gardien s’avance parmi ces animaux, & d’un
coup de trident lance & force celui qu’il
veut faire fortir de la troupe, pour le faire
arriver à l’enceinte que l’animal craint ; alors
un grand nombre de cavaliers fe mettent à fa pour-
fuite & lui ôtent les moyens de rejoindre les
autres; malgré lui il efl contraint d’aller du côté
du' feu, Des deux hommes, qui s’y trouvent &
qui font couchés par terre , l’un fe relève, faifit
le boeuf par la queue , & d’un coup de pieÆ
dans le jarret, le renyerfe ; l’autre fur-le-champ*