hauteur de fix pieds au plus, afin d*y pouvoir
femer, foigner & récolter la cochenille, fans
avoir befom'd’échelle. Ils parviennent ordinairement
à cette hauteur dans l’efpace de deux
ans.
On eft dans l’ufage de femer les Nopals en
cochenille, pendant fix années confécumes, ,&
au bout de ces fix an s , de renouveller la Nopa-
lèrie. Four cela,; ou bien on arrache tous les
Nopals, pour en replanter aufli-tôt de nouvelles
boutures*, ou bien, on fe contente de
récéper tous les Nopals à un pied & demi au-
k deffus de terre. Ce dernier procédé eft beaucoup
plus expéditif & moins difpendieux. Cependant
Thiéry le regardée mme le moins utile,
non-leûkment parce qu’une Nopalerie, qui a
été airfi récépée, a toujours iramaife grr.ee,
mais principalement, parce que les vieilles louches
réçèleiit beaucoup d’infeétes nuifibles.
Comme ce renouvellement oçcafionne une
interruption de la durée d’une année entière, au
moins dans la culture de la 'cochenille, & laiffe
le Cultivateur de cochenille pendant une année
entière fans revenu *, le Cercle des Philadelphes
confeille avec raifon de ne pas, planter une
Nopalerie toute entière pendant la même année.
On pourroir en planter, par exemple, la fécondé
moitié un ou deftx ans après la première.
Ï1 en réfulteroit que, lorfque le rems feroit
venu de renouvdler une moitié de la Nopalerie,
l ’aune moitié feroit encore en rapport, & le
Cultivateur n’éprouveroit pas une interruption
totale dans fon revenu II peut même s’arranger
de manière à avoir, chaque année, une égale
quantité de Nopals, en rapport de cochenille.
Four cela, il lui fuffit de partager fa Nopalerie
en f x pièces, & d ’en planter une, chaque année,
perdant fix ans confécutifs. Après la fixième
année de récolte, il fe trouvera, par ce moyen
avoir conflamment, chaque, année, une pièce
de Nopals à renouvelLr, & cinq pièces en rapport
de cochenille.
Lorfqu’on a fes raiforts pour planter les boutures
de Nopal en pépinière, plutôt qu’à demeure,
comme, par exemple, lorfqu’on n’a
qu’ une très-petite quantité de plantes, & qu’on
defirc les multiplier promptement, on ne met
que deux pieds de diftance d’un plant à l’autrè.
Lesplames étant ainfi plus rapprochées, & n’occupant
qu’un petit efpaee, il eft plus aîfé de
les foigner,' on peut les arrofer plus fouvent
pendant les Téehereflès, il efi plus facile d’amender
terfêin, avec: du fumier confommé en ter-
veau,, comme j’ai dit; enfin il efi fouvent plus
ÿ fé d’abriter une pépinière qu’une Nopalerie,
a caufe de cette beaucoup plus grande étendue
de terrein qu’exige cette dernière. Thiéry a fait
des effais peur connoître quelles feroient les
expoûtioas içs plus favorables aux pépinière de
Nopals. Voici le? réfultats de ces effais T-J
de l ’O tiefi a été plus favorable à la Déninîi i
que l’abri de l’Efi. Le fuccès a été K ] Z J
deux pépinières abritées, l’une du Sud,
du Nord; de forte cependant que pendant
Printems & l’Eté, lors d’une partie defm, 3
le Soleil efi au P^rt-au-Prince du côté du Nord!
à l’heure de midi; les plantes de la pépinière*
expofées au Nord ont végété plus YigfireufeJ
ment, que celles de la pépinière expofée a l
S u dm a is , pendant l’Autrmne & l'Hiver Cefl
dernières plantes ont végété plus rapidemenï
aue les autres, malgré la féchereffe. pcrpétuellJ
de ces deux dernières faifons..
Des mal ad; es' & des enncm’s du Cacher Nopal»
& des accitLns qui peuvent lui nuire.
Aucune maladie, aucun ennemi , aucun;]
accident ne peut ruiner une Nopalerie bien;
établie. Quelques articulations, quelques plante!
entières même, peuvent en fouffrir & périr J
& cela même efi rare. Mais le dommage qui
peut en réfulter, n’efi jamais fort conlidérablc4
bien loin d’être jamais complet , comme il le:
fouvent dans les autres grandes cultures cl$
nos Colonies de l’Amérique méridionale, dans
les cotoneries, par exemple, & les indigoteriesj
que les chenilles dévorent fouvent dans l’efpaca
d’une suit ou deux. Le Cultivateur de cocliM
nillc ne doit pas, pour cela, négliger les foinl
néceffaires pour diminuer la fomme de ces domJ
mages quelconques.
Thiéry a découvert trois fortes de maladie]
auxquelles le Caélier Nopal eft fujet. Aucune
de ces maladies n’efi contagieufe, ou ne paffel
par contagion, d’un CaéKer à l’autre. Il-nomma
ces trois maladies, i.° la pourriture ou gangrène
*, z.® la diflblutioti; 3 “ la gomme. Toute!
ces trois maladies font locales; & en retranchant
jufqu’au vif, chaque partie qui en effj
attaquée , on fauve le refie de la plante.
La pourriture ou gangrène fe manifefte
une tache d’un noir terne, fordide & déiagrm
ble à la vue, arrondie, plus ou moins, large!
qui paroît fur la furface des- articulations. I<|
fubftance du Caétier eft déforganifée, morte ni
pourrie, dans route l’étendue de cette tache!
depuis la furface, jufqu’à une profondeur phj
ou moins grande. Si l’on abandonne cette tacha
à elîe-mêmê, fans y toucher, cette forte da
gangrène fe communique aux parties voifiiie$|
fa pourriture s-'é’tencl en largeur & en proron-J
deur, corrompt rarticularion entière, gasr
quelquefois les articulations voifines, & peU!
faire fur la plante qui en eft attaquée,1“?
dommage confidérablc, fi l’on n’y pourvoi
Quelquefois, une telle tache de:- pourrituie■
s’étend pas beaucoup,. le mort Te % are
■ „Hement du v if, la portion pourrie tombe
d’elle-niême,- & le refte fe guérit. Mais il,eft à
Ipropos de ne pas attendre cet événement: &
aufli-rôt que l’on s’apperçoit d’une telle tache
|il faut enlever tout ce qui efi corrompu, juf-
ïo u ’au vif; & même au-delà, en le coupa:
[très-proprement , avec un infiniment bien
[tran ch an t, dût-on, pour cela, percer l’articu-
[ lation de part en part, ou en retrancher la plus
[crande partie. Cette opération fuffit le plus
[fouvent pour arrêter ce mal, & la partie atta-
I pilée fe guérit parfaitement. Le Caétier Nopal
eft plus fujet à cette maladie qu’aucun autre
I CaéKer à articulations en forme de femelle.
I La di Ablution efi une autre forte dé pourri-
Iturc, qui paroît avoir fon principe dans l’in-
Itérieur de la plante, & ne fe manifefte à l’extérieur,
que lorfque la partie qui en efi attaquée
eft pourrie, dans toute fon épaiffeur, qui
jlembie ainfi être décompoféc toute entière en
lun fcul moment. Un© articulation ou une
[braaclie, ou toute la tige feule de la plante, bien
I verdoyante, à. l’extérieur, paroiffant de la fanté
lia plus brillante & la plus parfaite, perd, tout-
Kà-coup, fon éclat, fa verdeur,Ton air de fanté,
devient d’un jaune fordide, paroît pourrie, &
l’efi anfli dans toute fon épaiffeur. Si on la
[ fonde alors avec une épingle, on voit fortir de
Il’endroit piqué de l’eau en abondance; fi on la
Itranche avec un couteau, on ne rencontre
Iqu’une matière pourrie & entièrement déforga-
Inifée dans toute fon épaiffeur. Il n’y a pas
[d’autre remède que de retrancher aufli-tôt
K jufqu’au vif, & au-de-là, tout ce qui eft atta-
I qué, en le coupant bien proprement avec un
infiniment bien tranchant. Cette opération fauve
Ile refte de la plante, qui continue de remplir
[néanmoins fa deftination. Si les racines font
I attaquées, ce qui arrive très-rarement, il faut
Iarracher la plante entière, changer la terre
i ou elle étoit plantée, & remettre un autre
[Nopal à la place. Le Caétier Nopal efi moins
Ifouvent attaqué de cette maladie, que lé
i Caftier de Campêche, qui y eft plus particulièrement
fujet qu’aucun autre.
| La gomme fe manifefte ainfi; on voit une
1 partie quelconque fe tuméfier, fans que la cou-
jleur en foit altérée. Il fe forme enfin fur cette
I tumeur, mae crevaffe, plus ou moins grande ,
I fouvent d’un pouce de longueur, dont il dé-
Icoule une liqueur, qui fe fige promptement
i^n braies d’un afpeél farineux, opaques, jaunes
aD$lc Caôlier Nopal, & blanches dans le Cae-
I S ÿ len% * dénier eft très-fujet à cette
l’attaque plus fouvent que le
1 ler Nopal. Il me paroît que c’eft un fuc
I de ^e’ cxtravafé,.. comparable aux extravafions
I * ftUe l ° n obferve fur nos arbres
- ers à noyau. Thiéry, en fuivant ceue Uihfc
tSnce extravafée dans fes routes, au travers
de la fubfiance de la plante, a obfervé que
c’étoit une liqueur éparffe & blanche comme
du lait. Il confeille, pour cette maladie, le
même remède que pour les deux précédentes,
favoir: de retrancher tout Ce qui paroît en
être attaqué, en le coupant proprement,
jufqu’au v if, avec un infiniment bien tranchant.
Ces trois maladies font quelque to r t. aux
pépinières, & retardent fouvent les progrès de
ceux qui commencent à multiplier le ÇaéHer
Nopal; mais elles font heureufement rares dans
les Nopaleries n’y portent jamais une aN
teinte lenfible. Thiéry en a parlé principalement,
dit-il, pour prémunir le Cultivateur qui commence
cette culture, contre les alarmes qu’il
pourroit concevoir, en voyant fa pépinière
attaquée.
Les ennemis du Caélier Nopal ne font pas
plus redoutables que fes maladies.' Le premier
eft le rat. Thiéry l’a vu manger les Nopals
jeunes où vieux, pendant la difette; & cela
n’efi arrivé que deux fois; encore, c’eft dans
une chambre, où l’on avoit renfermé une caiffc
de l^opal pour des expériences; & ce fat
avoit fes petits dans un trou de cette chambrç.
Il n’a pas vu ce dommage en plein champ;
Comme tout le monde connoît les différente*
méthodes de détruire cet ennemi, il n’eft pas
néceflaire de m’étendre à cet égard.
L e fécond ennemi du Caélier Nopal, dont
les délits, contre cette plante; font plus nombreux,
plus fréquens, & mieux conftatés que
ceux du rat, c’eft l’infeéle fi connu dans le*
Colonies fous le nom de Ravet, & que Linnæus.
nomme Bletta lucifuga. Il fe trouve rarement
parmi les Nopals, car il préfère les maifons,
les ruines, les vieilles haies, les débris des corps
végétaux & fur-tout des animaux. Quand il Te
trouve dans la Nopalerie, ce qui n’arrive que
par hafard, ou quelquefois par négligence,
lorfqu’on y a laiffé introduire avec du fumier
mal confommé, des débris de végétaux ou
d’animaux qui contenoient cet infeéte ; quand,
dis-je, il fe trouve parmi les Nopals, comme
cet infeéte défôlateur , s’accommode de tout,
il ronge leurs jeunes bourgeons. Lorfque c e .
cas a lieu ; quelquefois, l’Araignée chafferefle,
( Aranea venatoria. L. ) , qui eft pour -le ravet
un ennemi naturel très-aétif, vigilant de jour
& de nuit, & fur-tout très-avide, a délivré la
Nopalerie de cet infeéte, ayant qu’on fe foie
apperçu qu’il y fût. S i, par cas extraordinaire,
il caufoit un dommage fréquent & confidérabie,
alors*il faudroit mettre des jattes, d’un orifice
étroit, & à demi-remplies de firop de fucrc
non aigri, fous quelques Nopals; le Rave*
préféreroil ce firôp ; & quand même il £
F p p *i