
après avoir donné une defcription exaCte de
cette plante, fe contente de dire : « Les boeufs
& les vaches mangent avec plaifir fa tige & Ion
grain, d’où on lui a donné le nom d ^ bled-de
vache. Quelques Auteurs difent que ce pain caufe
des pefanteurs à là tête, d autres, au contraire,
le regardent comme très-fain, & même agréable.
Il eft peut-être facile de concilier leurs opinions.
Si le grain eft encore frais, trop rempli de l’eau
de végétation, il peut très-bien arriver qu il pro-
duife des effets jfuneftes, en cela femblable au
manioc, à la brione, &ç. Cette première eau-
eft toujours dangereufe, même dans le meilleur
froment *, mais fi une forte,,exfic.ation a fait dif-
paroître cette eau, alors le pain- eft fain. Ce
qu’il y a de certain, c’eft que dans les pays, ou
cette plante fourmille dans les bleds , dans la
Flandre, par exemple, le payfan ne fépare pas
ce grain de celui du bled ordinaire , &. le pam ,
qui en réfulte, ne produit aucun mauvais effet.n
11 eft certain qu’il n’eft conftaté nulle part, que
la graine de Bled de vache jfoit nuifible à la faiitë
des hommes. Je n’en jugerois pas par 1 ufage Ou
font les payfans ^de ne point la lëparer de leurs
fromens. Car ils ne féparent^ pas davantage les
grains ergotés du feigle , quoiqu il foit prouvé,
"que quand on en mange une certaine quantité,
il en réfulte la gangrène fèche •, le befoin d augmenter
la foin me des alimens, 1 ignorance fu r ,
ce qui peut être dangereux, & le rems qu’il
faudroit mettre à ces fortes de foins, fuffifént
pour expliquer leur négligence à cet égard. Mais
on n’a pas de certitude que , même après la
déification totale, ïê Çled de va'clie ne puiffe
Jamais incommoder. Il me femble qu il eft plus
prudent de ne, rien affirmer. En fuppofânt ion
innocuité , toujours eft - il vrai que le pain,
dans lequel entre le Bled de vache, n eft agréable,
ni à la vue, ni au goût..
La graine de Bled de vache communique au
pain, dont elle fait partie, i.q De l’amertume,
ii elle v entré. pour plus d’un dix-huitième , car
•à la dofe d’un dix-huitième, cette faveur n eft
prèfque plus rien. 2.° Une odeur piquante &
défagréable, très-fenfible'à un neuvième, & m-
fenfible à un dix-huitième. 3:0 De la noirceur,
moins intenfe que celle qui vient de la carie.,
dans le rapport de deux à trois. Voye\ Carie.
Cette couleur noire eft facile à diftinguer de
celle que donnent au pain d’autres R ia n te
s } parce qu’elle a une teinte rougeâtre. Elle,
fe, diftrihue par taches, çà & là, & rend le pain
comme marbré. Quand on traverfe les campagnes,,
fur-tout peu de tems après la récolté ,
en voit dans les mains dés enfans, de celles
des journaliers, & quelquefois dans celles des
domeftiques de ferme, un pain-d un noir rougeâtre.
Il eft fait communément de cribltires ,
de grains & graines ramaffés dans- l’aire des
granges, après une fuite de battages, dàtis |efquels
le bled de vache eft abondant. Ces nj
tifs feuls feraient fuffifans , pour amorifer l
recherches que j’ai pu faire fur le Bledÿ
vache. Il en eft un autre, qui a du m\
gager encore - c’efl le tort.qu elle fait aux Cyl
tivateurs,. Le filence de M. l’Abbé Rozier, (ij
ce tort, prouve qu elle eft peu' abondante dam
les provinces, du Midi, dont ii connoit pü
particulièrement les cultures. Les champs
la Flandre, de la Picardie , de Flfle-de-Francc
,<&c., en font fouvent infeClés, au point que^
Cultivateurs la regardent comme un fléau. |
Le Bled de. vache, dans le climat de Pari
ne commence à lever qu’à læ fin de Mar
Peut-être germe-1-il dès avant l’Hiver, On J
voit des- pieds qui fortent de terre, pendani
la première moitié du mois d’Avril. 11 ^
vient peu-à-peu à la hauteur d’un pied, J
pied & demi. La plupart de fes racines f|
traçantes, il ..y en a une qui pivote. Celle-ci
la plus greffe , eft dure & comme ligneule
ceft d’elles que partent les autres. La tige e
également dure ,& forte -, elleeft quarrée, ayatj
deux ou trois lignes d’épaifîeur. Il en fort,]
dif lance en difîance , dé petites branches ol
pofées , & dont .les fines / eroifent les autres
Les inférieures font plus longues que les fu
périeures.
Chaque épi, fur-tout le plus .élevé, eft forai
d’un grand nombre de fleurs, en mafque,«
les capfules contiennent communément dei
graines , quoique qüelquefois il y en ait m
& quat-re dans les. fleurs les. plus baffes.
belle plante de Bled de vache peut produifl
jufqu’à 100 graines. La fubftance înrermédi:
re, par laquelle la graine eft attachée à
capfule , s’en Téparé par la déification , 4
bien 3 fi elle y refte collée, elle noircit & I
ride. H ; I H H N j •. J
La graine de Bled de vache eft d’abord du
jaune pâle, qui augmente d’intenfité, par■
grés, à mefiire quelle approche du ternie
la mâturité. La couleur en eft toujours ter
Sa fofme eft cylindrique , quoiqu’un peud
étroite à l’extrémité .fupërieufe. Elle eft fi l
au fortir de fa capfule, qu elle ghffe entre!
doigts. Quand elle eft defféchée, elle eft moi
arrondie. Toutes les parties en font ferrées,!
du même jaune , terne que/la furface. On ni
peut féparer • l’écorce. Au lieu de réduire
graine de Bled de vache en farine finCijj
meule, en l’écrafant, en formé des lames J
écailles groffièrès, rudes au toucher, & “ll
faveur légèrement amère.- I
Cette farine, qui, peut-être, contient fj-j
ques parties fermentefcibles, ne s’oppo*® 1
la fermentation de là pâte dans laftuelle 1
entre. . „ 1,^ iJ.t, .• ' v J
Si on met la graine de ' Bled de vacine
, l’eau-, elle s’y précipite cpjnme le frojnenf- v
B L E
&e |çms après elle laiffe échapper une odeur
Eieitfe, indice de la fermentation fpiritueufe-,
[L furface de l’eau fè couvre enfuite d’une peb
feule huileufe, qui graiffe les doigts. Des grains
<Je Bled de vache fournis à une digeftion, pen-
lant quelques jours, prennent la pjupart une
puleur noire; > 1. .
f Le Bled de vache ne vient pas. indiftin&e-
lient dans tous les terreins. C’eft ordinairement
Sans -ceux de mauvaifé qualité que cette plante
le plaît- J’en ai rarement vu dans les champs,
K dans les parties des champs, qui ont du fond,
fis que ceux qu’on cultive aux. environs des
■ liages, telles que les fommières ou. petites élévations,
qui font aux extrémités des champs,’
©ii la .charrue amène toujours la bonne, terre,.
Ile pays Chartrain y eft, en général, moins
lijet que les cantons de" la Beàuce, qui avoifi-
lent le Gâtinois, & ou le fol a moins de qua-
raté. Il paroît que la terre rouge, ou martiale,
■ néublie, eft celle qui produit le plus de'BJed
!de vache, du moins., j’én ai toujours trouvé
Ine plus grande quantité dans cette èfpèce de
E r r e , Iorfqu’ell,e èft très-près de là furface.
■ M. Duliamel, dans fes élémens d’Agricalture,
■ dernière édition , parle du Bled de vache à
grticle extirpation des mauvaifes herbes. Il penfe
Rue fes graines fe confervent en terre deux ou
fois ans, & qu’on ne peut les faire lever plutôt,
en les cultivant même avec foin. Il fe-
ro)it poffible cependant qu’elles .levaffent tous les
fi elles fe trouvoient dans des circonftances,
■ vorables. Quoi qu’il en foit, voici des faits
[qui pourront éclaircir ce point.
■ En Oélobre 1778, j’ai lemé, dans une terre
B>uge, du Bled de vache, feul, fans autre grain.
B n en a pas levé un pied.
1 En 1779,^ j’ai répété la même expérience ;
gps, foüpçonnant que cette graine ne lëvoir
fia la faveur d’une autre plante, je l’ai fe-
jlée avec du froment, il en a levé trois pieds-,
Rn avois femé quelques graines feulement.
®utr^s pjanches, qui éteient à côté, & dans
■ quelles je n’en ayois pas femé, n’en por-
Bient pas. C’étoit un terrein qui n’y étoit
Bas fu je t;-* :'f--V " '•- 1
Eu 1780,, j’en femai 400 graines , avec du
■ )lTlPnt a-i-OC ) . 1, ■>' . 0 . ' .
ment, dans une planche de treize pieds, fur
lc>jFnches,(
au milieu d’un grand nombre d’antres
d’égale grandeur, dans lefqudks je
planch°int cette graine. Ces dernières
I .s en ont produit beaucoup. Mais il y
J|Yoit quatre fois plus dans la planche où.
■ 400 graines de Bled de vache ont été ré-.
|ndijeS exprès. Le terrein y étoit fujet.
g ‘ n>,Ie1}; ai femé deux gros, en 1781 ,
Lsmc riavois Eait dans l’expérience précédente. '
™ • u tats ont été les mêmes, c’eft-à-dir-e,
RB?ît. h!J P!anch ue, où j’en avois femé, en a pre-
plus.
Upi‘uUu,e. Tom, IJ.
B L E 2.89
Dans tous ces cas, il s’en eft fallu de beaucoup
que le quart des graines femées ait
levé, d’où il me femble probable , \i'.° Que
la plus grande partie des graines de Bled de
vachequi fe trouvent avec la femence, ou
dans les fumiers, ne lève pas, mais qu’il en
lève une partie, z.9 Que cette plante fe produic
d’elle-même, par les graines, qui tombenrdes cap-
fules, : & qui fe confervent plufieurs années ,
comme Ray,, & beaucoup d’autres l’ont obfervé,
àl’égard d’un grand nombre de graines. 3 ..Q Que fa
graine rie germe, & ne pouflé des tiges, qu’à la faveur
de quelques autres, plantes, & fur-tout du froment
; il y a beaucoup d’exemples de plantes,
qui ont ainfi bèfoin d’être abritées, pendant
qu’elles font jeunes* ‘
En fuivant la floraifon du Bled de vache ,
j’ai remarqué que les fleurs inférieures s’épa— -
nouiffent les premières , &. fucceffivement celles
qui font au-deflus. Ce qui dure l’efpacë de
plus d’un mois. Les graines des premières .fleurs,
les mieux nourries, ont le tems de mûrir, &
de tomber fur le champ, avant la moiflbn. Iî
n’en eft pas dé même de celles des fleurs ' fu-*-'
périeures, qui, au moment de la récolte1' n’ont
pas encore acquis leur degré de mâturité. Qertë
obfervatiôn m’a fait penfer que les graines de
Bled de vache, qu’on fème, étant le produit
des dernières fleurs, & n’étant pas mûres, doivent
être, pour la plupart, infécondes; aiifiï
n’en lève-t-il que très-pèu , tandis quil en lève
beaucoup de celles, qui fe font femées d’elles-
mêmes, & dont la mâturité, d’où dépend la
fécondité, a été parfaite.
Au refte j je ne préfente ces dernières idées-
que comme de Amples conjectures. Elles ont
befoin d’être àppuyées de plus de faits , & je
me propofe de multiplier, furr cet objet, lés
plifervations & les expériences.
Le Bled de vache talle beaucoup , puifque
fes branches occupent quelquefois au moins un-
efpace de deux pieds & demi de circonférence.
Lorfqu’un Printems pluvieux en favorife J’ac-
croiffement & le développement, il prend le
deflus, & étouffe , dans certains terreins,' le
froment, trop'foible pour lui réfifter. Ses fibres.
font dures & compactes, fa tige forte , & fes racines
nombreuses & longues.’Cetté plante doit donc-
épuifer, ou les • lues deftinés au froment, ou-
l’eau qui fert à l'alimenter, & dans ce cas elle,
fait tort à cette utile production. Quaild le
Bled de vache poufle tard , fes tiges & fes
feuilles, ne font pas mûres au tems de la récolte
; elles font, en cet état, portées à la grange,
où elles firent dans le tas, & excitent le froment
à fermenter ; ce qui altère fa qualité, & lui
donne un goût âcre, fenfible lorfqu’ou le mâche,
& une couleur plus foncée, pour obvier
à cet inconvénient, les Fermiers coupent les
derniers, les frojnens remplis de Bled de vache ,
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