
fouijeau fe forme , la trompe du mâle relie
toujours inférée dans l’écorce de la plante,
comme elle l’étoit avant cette formation , &
comme elle continue à l’être en fuite ■ jufqü’àu
moment delà métamerphofe du mâle en infeéle
parfait. C’eft par le moyen de cette trompe
ainfi inférée que le mâle demeure attaché & pendant
à la plante, tant qu’il eft entouré de ce
fourreau. De quoi eft formé .ce fourreau r Thiéry
dit que c’eft un® larve fous laquelle le mâle
relie caché jufqu’à la puberté.. Ainfi, il penfe que
ce fourreau d l alors la peau de l’mfeéle. Cela
paroît très- vraifemblable ; & fe peut voir aufli
plus aifément fur la cochenille fine que fur la
cochenille filveftre, à caufe de ce coton abondant
& vilqueux qui cache cette dernière.
On ignore où la cochenille fine habite naturellement.
Thiéry allure qu’elle n’habite naturellement
en aucun endroit du Mexique* qu’on
s e la trouve ni dans les campagnes, 'ni dans les
forêts du Mexique ; & qu’on ne lTy voit en aucune
part ailleurs que dans les jardins & dans
les castes des Indiens qui la récoltent. On ne. l’y
élève que fur le Caélier Nopal. On ne l’y voit
fur aucune autre plante que fur ce Caélier Nopal.
On a dit à Thiéry, au Mexique., qu’elle
fe trouvoit aufli quelquefois fur,le Caélier fplendide.
Cela elî. plus que probable * car Thiéry
s’eft 'affûté par expérience, qu’on peut l’élever
tout auili bien fur le Caélier fplendide que fur.
le Caélier Nopal; & qu’elle profite & pullule
suffi bien fur l’un de ces deux Çaéliers que fur
l ’autre. Thiéry a découvert que le Caétier de
Campêche , n.° 3* , p eu t,. au moins pendant un
certain tems, être employé à nourrir la cochenille
fine,, non pas à beaucoup près avec autant
d’avantage que le Caélier Nopal; non pas même
allez pour que la cochenille fine, élevée uniquement
fur ce Caélier , n.° 3ér.puifi'e y. être récoltée
en affez grande abondance pour indemnifer le
cultivateur de fes peines ; mais allez pour entretenir
une plantation de mères cochenilles propres
à multiplier cette efpèce ; allez pour empêcher
des générations de cette efpèce de périr lorfqu’on
n’a pas d’autre nourriture à leur donner. Certe
cochenille vit deux mois & demi fur ce Caélier
quoiqu’elle n’y devienne pas aufii greffe que fur
le Caélier Nopal. Cette particularité eft remarquable.
Voyez ci - defiias, pag.. 47.5, col.. 2, ce
que j’ai encore dit à ce fujet; & ce que j’ajoute
ci-après, pag. 491, col. 2. Thiéry aflnre qu’aucune
autre efpèce on variété qu’il comibiflé de Caélier
jéu d’autre plante quelconque, n’efï propre à
nourrir la cochenille fine :. que les petits des
mères cochenilles fines-placées fur le Caélier en
raquette à longues épines, n.° 25. G, y périfC.nt
très - promptement que la même choie arrive
cenfammem fur fe Caélier Patte - de-tortue,,
m®’ 54 : que- l’expérience a aafiï appris que 1$.
Caélier jacme, n .' 35, eft inutile pour nourrir
cet infeéle.
Thiéry demande fi la cochenille fine eft llnç
efpèce diftjnéle de la cochenille -filveftre ou ett
eft feulement une variété, modifiée par la cul-1
ture & par fon habitation fur le Caélier NopaM
depuis un tems immémorial ? Sans prononcer
fur cette queftion , il fe eonte'nte de rapporra-
les faits fui vans qui , ajoutés aux autres faits
détaillés ci-deffus, tendent à la réfoudre. Il a Vu
plufieurs fois les mâles delà cochenille fine s’unir
aux femelles de la cochenille filveftre. Il atro;ni
plufieurs fois, à Saint-Domingue, en fouillant
aux racines des Çaéliers Nopals, à trois pouces
de profondeur en terre , des grouppes de cochenille
filveftre. 11 n’exifioit de cochenille fine !
aux environs, qu’à une diüance fi conlidérah'e ;
fous le vent, qu’il étoit impoffiblc que ce iùt
cette dernière qui fe fût placée en cet endroit.
Les cochenilles de ces grouppes étoient moins
groffes que la cochenille fine, mais étoient plus
groffes que la cochenille filveftre. Elles n’étoient
point couvertes de coton ni de foies : elle n’él
toient point qon plus poudreufes ou farineufes;
mais elles paroifloient n’être pas éloignées de
le devenir. J ’ajoute cette réflexion ; fi la cochenille
fine n’eft qu’une variété de la cochenille
filveftre, comment arrive t .- il que. le CaéHer
Patte - de- tortue, par exemple., ne puiffe aucunement
nourrir la cochenille fine , tandis que
ce même Caélier eft une Nourriture extrêmement
convenable à la. cochenille filveftre ?.
D’après cette hiftoi're Bien certaine db co*
chenilles fine & filveftre',. il eft naturel de.de-
mander comment Plumier, Obfervateur d’ail—
leur fi exaél, a-n-il- donc pu affurer aufli poli-
tivement qu’il l’a fait-, dans un Mémoire inféré
dans: le Journal des Savans-, en Avril 1694,
que la cochenille dm commerce habite natu-'J
rellement à Saint-Domingue,, fur les Acacias ;
qu’il a montré au Gouverneur de cette Colodie,
de cet infeéle qu’il- venoit de cueillir fur cette
forte de plante &c. fans parler des autres
Auteurs graves „ qui ont répété depuis cetre
aflertion ,. en ajoutant que k même infeéle fe
trouvoit fur pliificurs autres plantes de Saint-
Domingue,qui font aufli éloignés que lès:Acacias
du genre des Çaéliers. Pour fa voir quel jugement
porter de cette fauffe aflertion,. il elt a
propos de favoir -que cette erreur n eft pas
étonnante *; car i l exifte en effet, & il dl *
pour ne s’y pas tromper de nouveau,, d en êft*
prévenu ; il exifte,, dis-je , à Sain^ûntingue,.in*
des AcacieSyfur des Gaffes, fur l’Orme tîe Saint—
Dcmingue, ( Theobroma: gua\uma.. L. ); h-,1 ç
Vigne, fit fur plufieurs antres plantes, un ®
du genre des cochenilles, qui reffemble te e
ment aux deu» coekeHîik& du Commerce, %
ta différence tic s’apperçoit pas au premier coup-
Jj. ü y pici, en peu de mots., une defeription
, cet infeéle, luffifante . pour ne pas le confondre
avec ces deux dernières cochenilles.
Suivant M.Dubourg, Membre du Cercle des
Philacidphes établi au Cap François, la femelle de
cette cochenille inutile parvient àla grandeur d’un :
?.ifl de poivre, eft de forme prefque fphérique, 1
niais pourtant un peu concave en-deffous. Scs
antennes font. prefque .aufli longues que fo.n
corps, 'terminées par un bouquet de longues
foies ' & çompofées de cinq pièces articulées
jjout à bout, non fphétiques, mais cylindriques.
Le corps eft, de couleur, non écarlate, mais'
cantlle. Les antennes & les pattês font d’un
brun très-foncé. Cette cochenille n eft pas co- |
tonucuie, mais elle fe couvre aufli d’une poudré
blanche . npn adhérente, qui sdiuiie aifbment
avec le doibt.-M. Dubourgn’a pu ;réu.lîir à découvrir
,lfi mâle de cette cochenille, Thiéry ■
dit qu’il éfi fans ailes. M. Chanvallon dit que
lorfqu’on a réuni une certaine quantité de
; cette cochenille, elle exhale une odeur défa-
gréable. . t " ;
Il eft plusque probable que c’eft cet infeéle
que Plumier a trouvé fur des Acacias, & qu’il
a pris pour la cochenille du Commerce. On ne
trouve jamais cette cochenille frtr les Çaéliers.
M. Dubourg, fit pliificurs autres, l’ont feméé fur
i différons Çaéliers propres à nourrir les coche-
nillefine & filveftre, & jamais fes petits ne s’y
font' fixés.
Des Cacher5 propres a Véducation de la. cochenille
filveftre & de la cochenille fine.
\ Tous les Çaéliers propres à nourrir la coche-
tiille filveftre, ne font pas convenables à fon
éducation. Le Caélier Patte-de-tortue, n.° 34,
| & le Caélier filveftre, n.° 37, qui font très-
[ propres à nourrir ie cochenille filveftre, étant tout
j deux fi épineux, qu’on ne peut toucher avec le
doigs, la furfaeç de.leurs articulations;, il eft aifé
de concevoir que quelqueschargés qu’ils puiflenc
étrede cochenilles, il feroit impoffiblc d’y recueillit*
ces infcéles finon un par un, pour ainfi dire , • &
avec, des épingles ou des petites pincettes. Le plus
habile ouvrier n’en pourroit pas recueillir deux
I onces dans fa journée, -pendant qu’il en peut
I recueillir vingt livres dans- le même efpace dé
I ferns, fur les Çaéliers prefque fans épines , qui
I font également propres à nourrir cette Coche-
I oiHe; favoir, le Caélier jaiiné, n.°: 35, le Caé^
I tssr de Campêche, n.°’ 36, le Caélier,fplendide;r
I J- $Vv& le Caélier Nopal n.7'39::;'-Ges^ .quatre :
| derniers' Çaéliers font donc , .par’ cette 'raifon,
es ftuls que f on ccnnoifle, jufqu’à préfent,
pouvoir être employés avec avantagé, pour
‘ éducation de la cochenille filveftre.; De ces-
Çtiatre béliers., Içs dçux derniersr hîoS jS .&•
J9, font de beaucoup préférables aiïx deuî
autres, puifque la cochenille filveftre y devient
beaucoup plus grofle & moins coton—
neufe. Il n’y a aucune comparaifon à faire,
foit pour la quantité, foit pour la groileur,
foit pour la qualité entre la Cochénille filveftre,
élevées fur les .Çaéliers Nopal & fplendide,
& celle élevée fur aucun autre Caélier. Le
Caélier, n.° 36, eft moins avantageux pour cette
culture, que'celui, h.° 35, parce que célui-ei
étant plus grand, & ayant dés articulations
plus variés, peut noürrir üri plus grand nombre
dé cochèmltés, & encore parce qu’il eft d’expérience
qué lçs coèhenilles fé diftribuent plus
également fur fa fupérfici'e. entière, que fur
celle du n.° 36; ce qui fait qu’il n’y a point
dé place perdue, & que les cochenilles en font
plus groffes ; car elles fé trouvent quelquefois
fi proches lés unes dés .autres'fur le n.° 36,
qu elles s’affament réciproquement, & ne parviennent
pris;à leur grandeur naturelle.
Quant à la cochenille fine, j’ai déjà dit que
lès Çaéliers fplendidé & Nopal, n,os 38 & 39,
font les deux feuls, fur lefquëls on puiffe
l’élever avec avantage; & que lé n-° 36 n’cft
bon à employer pour nourrir la cochenille fine,
que lorlqu’cn n’a pas d’autre nourriture à lui
donner pour en confervèr la race. J1 eft d’ex-
périëùce que là moitié ou lés trois quarts des
cochenilles fines, qui nàiftent fur ce dernier
Caélier , y périftent avant de s’y fixer ; & que
le refte qui s’y fixe né parvient point à fa grandeur
naturelle. Déplus, cette petite, quantité de
cochenille fine qui s’y fixe, y étant deux mois &
demi à croître,Tl faut par çônléqiierit un efpace
dé fept mois &: démi, pour en faire trois récoltes
que l’on fait, en.6 mois, fur les n.oS 38
& 39; d’où il rèfiuré qu'on ne., peut faire
su Port-au-Prince, qüe^ déux ffès'-mauvai.fes
récoltes de cochenille fine par àn , fur ce
Caélier n.° 36, pendant qu’on y fait trois bonnes
récoltes de la même cochenille fur les Caéliops
■ n.os 38 & 59.
De la femii'lté de la Cochenille Silveftre , fur
les Cddiers propres h fon éducation.
On bit femer une. planté. Il peut paroître
ex r faon! in aire de dire femer un infeéle. Il pa-
: roît qûe cette expreflion tient encore à l’erreur
, où Ton étoit ancienn-îment que la cochenille étoifc
lune graine. Néanmoins, quelqu’impropre qire
; foit cette .expreflion , il convient de la conferver,
i parce qu’elle eft ufîtée par les Efpagnols & par
r lès Indiens, cultivateurs de çocheniile dans toute
j rétefiduedu Mexique';:& éheare parce qu’on ne
! pourrèit la remplacer quç par-une périphrafe quj
j jetteroirde l’embarras dans le .difeours. Semer de
la pochenille, p’eft pofer des raère^ cochenilles,
t prêtes, à! faire leurs jeunes, fur Tes Cachiers pro-
! pre& à jeur éducation, fur le-Caélier Nopal, pgf
S î ï I