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une vache diminue de produit, devient fèclie
& perd un ou deux mammelons. Il faut traire
avec précaution, éviter de meurtrir & épuifer
tout le lait.
On lave d’abord avec de l’eau le pis de chaque
vache, & fur tout les mamelons. On les.
preffe enfuite avec deux doigts de haut en bas,
fans toucher à la fubftance du pis. Les vaches
ayant quatre mamelons , on en trait deux du
même côté à-la-fois, on pafle aux deux autres
pour reprendre les deux premiers, & ainfi de
fuite jufqù’à ce qu’il ne vienne plus de lait.
Pendant qu’on trait les mamelons d’un cô té ,
ceux de l’autre côté fe rempliffent, tanrqu’il y
a du lait au pis. Il defcend d’un jet dans le !
vafe où il fait l’arrofoir, ce qui dépend de la
manière de traire , & quelquefois de l’ouverture
des mamelons. Au milieu de l’aéHon de traire,
les mamelons fe lèchent • on a befoin de les
adoucir en les hümedant de lait. .
Ordinairement on trait les vaches le matin &
le .foir, à des heures réglées. On les trait une
troifième fois au milieu de la journée, quand
elles abondent en lait y ce qui arrive lqrfqu’elles
ont vélé depuis peu. On ne ceffe point de les
traire, fi elles font bonnes, jufqu’à ce quelles
vêlent. Cependant on ménage davantage _ une
Renifle qui eft pleine pour la fécondé fois, fi
elle a pris le taureau de bonne heure, parce
qu’en continuant de la traire, on l’empêcne de
prendre fon entier accroiffement.
Quand une vache a le pis chatouilleux, ce
qui peut être un défaut d’éducation, on prend
des précautions p,our la traire, Afin d’éviter fes
coups de pieds, on trait les deux mamelons
d’un côté, en fe plaçant toujours du côté oppofé
& en changeant de place chaque fois qu’on a
vuidé deux mamelons, La vache donne des
coups avec le pied qui eft du côté des deux
mamelons qu’on trait. Souvent cette difficulté
n’a lieu que pendant un teins : Si elle continue
& devient .considérable, pn lui plie une jambe
qu’on attache avec une corde. Dans cette attitude
gênante ellç fe laiffe traire- Suivant M. Vaillant,
les Caffres emploient le même moyen.
Chez les Hottentots, 1? mort d’un veau eft
un grand malheur, parce que la vache retient
fon lait. Pour la forcer de fe laiffer traire, on
lui fouffie avec-force dans le vagin. Son ventre
enfle -, alors elle laiffe échapper fon lait. On
réuflit aufli pour quelque tems en couvrant
un autre yeau de. la peau .du .lien. L ’Auteur
du voyagé en Auvergne, M. le Grand d’Auffi,
dit que, dans les montagnes, Içs vaches ne fe laif-
fent bien traire qu’à là vue de leurs veaux qui
font dans une. loge près de leur parc : on les en
fait fortir, ils approchent de leurs mères qu’ils
tètent un inftant ; alors elles fe laiffent traire.
Il n’eft pas rare dans tous les pays de voir des*
lâches perdre leur lait pendant quelques jours
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après l’enlèvement de leurs veaux. Cette fup_ I
preffion ne dure pas ; le lait revient au piSi I
On emploie, pour traire les vaches, de petits I
fceaux de bois de chêne ou de fapin, qu’o0 1
tient très-propres. Chaque fois qu’on doit s’en I
fervir, il faut les laver & les nétoyer.
Souvent la perfonne qui trait fe met à ge- I
noux; mais cette pofition n’étant pas commo- I
d e, les Suiflés, qui ont dans leurs Chalets & I
vacheries beaucoup de vaches à traire, em- I
ploient ftn petit liège rond ; ce fiège n’a qu’un I
pied terminé par une pointe de fe r , afin qu’il I
entre dans les planches de fapin, dont font for-1
més les planchers y ils fe l’attachent, pour n’ê-1
tre pas obligés de le tranfporter de vache en I
vache. Appuyés fur ce fiège, en écartant les deux I
jambes, qui forment deux autres pieds ,“ ils fontI
à leur aife & ne fe fatiguent pas.
Après qu’on a trait les vaches, on jlaffe le lait clans I
un couloir de cuivre ou de bois pour le mettre dans I
le lieu qui lui eft deftiné. Il y a différente efpècel
de couloirs -, les uns ont la forme d’une petite ter-1
rine creufe percée au fond de trous fins, s’ils font I
en cuivre, ou garnis d’une toile de crin,, s’ils I
font en bois 5 les autres font des vafes de bois I
cerclés en forme de cônes tronqués * on pofel
un linge fur la partie évafée; & on place def-1
fous un petit baquet pour recevoir le lait, I
Les Suiffes appellent ce vaiffeau un Bagnolet. I
Des foins & de la nourr iture des Vaches.
Je ne puis donner des idées exaéles fur les
foins & la nourriture des vaches, fans les pla-1
cer dans les diverfes pofttions où elles fe trou-1
vent, relativement aux pays, à la manière dont I
on les conduit & aux reffources des proprié-1
tairès. I c i, les vaches relient une grande-partie I
de l’année dans des étables & elle9 font en Eté, I
jour & nuit dehors, foit dans les montagnes, foit I
dans les vallons ou les plaines* là , ■ après avoir I
paffé feulement la plus mauvaife faifon fans for-1
tir, dès que le tems eft doux, on les mène!
dans les bois ou dans les communes, le matin,!
pour les en ramener le foir - ailleurs elles ne I
paiffent aux champs que trois mois de l’année,!
•étant nourries le furplus du tems dans les éta-1
blés, le. plus fouvent au fec• enfin, on voit!
les vaches des pauvres gens dans certains can-|
tons ne refpirer l’air libre que quelques heures I
dans le beau tems, en paillant le long *des I
chemins & des haies. Jè rapporterai un exem-|
pie du genre de vie des, vaches dans chacune I
de ces polirions.
, Vaches qui reftent aux étables une partie de I
née & vivent dans la montagne en plein cih I
une autre partie.
L’Auvergne eft une Province où les vactejl
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I font uû des gros objets de produit. La partie
montueufe fur-tout, fertile en pâturages , élève
& entretient un grand nombre ae ces animaux ,
Inour faire le commerce de beftiaux & celui
E ç fromages. Dans un Mémoire que m’a communiqué
M. de.Brieude, qui a exercé long-
items la Médecine dans cette Province, j’ai pui-
îfé les renfeignemens, q u e je configne ici. j?
V On diftingue en .trois claffes les vaches qui peuplent
les montagnes. Lesplusbelles& les plus nom-
Kreufes font furies montagnes de Sallers, dans
îin e étendue de fix lieües de diamètre. L ’e f-
*>èce moyenneupccupe dix lieues en quarré fur
les Monts-d’or & pays voifins. On trouve la plus
iftetite fur la montagne du Cantal. Cette diversité
dans la taille tient à la nature des pâtu-
Jages, plus fubftanciels & plus abondans lur les
montagnes de Sallers, que p ar to u t ailleurs. Les
fiiabirans de Sallers ne veulent que des vaches à
fboil roux -, ceux qui avoifinent les Monts-d’or
Préfèrent la couleur pie de blanc & de noire ; &
auprès du Cantal, on ne recherche que la
.Couleur fauve. On ne peut rendre raifoft de ces
goûts, qui dépendent d’ufages & d’opinions de
pays. Les vaches de prefque toute la Suiffe,
font de coulçur fauve ; celles d’une partie du
Mâconnois & du Beaujolois font blanches -, la
plupart de celles de Nort-Hollande font pies
de noir & de blanc. Quelques particuliers en
ont, qui font pies de fauve & de blanc; bien
des gens croient que les noires font les meilleures.
Il eft vraifemblable qu’il y a de bonnes
lâches de tout poil ; on s’accorde cependant à
fce point faire de cas des vaches bai-blanc-
jdâle.
1 La vacherie, dans les cantons à pâturages en
Auvergne, eft la principale partie des domaines.
Mie eft compofëe d’un certain nombre de vaches,
qu on ne fait jamais travailler , mais qu’on def-
Jfjne à donner des veaux & du lait. Une vache-
ne en a depuis zo jufqu’à, 100, jamais au-def-
lïis de 100, parce que l’exploitation en feroit
trop pénible, jamais au-deffoüs de 20 , parce
qu on n’auroit pas ee un feul jour de quoi faire
tin fromage entier ; le lait de la veille feroit aigre
quand on l’emploieroit.
[La moitié des veaux naiffans eft vendue au
poucher ; l’autre moitié eft élevée dans la vache-
.ne jufqu à l’âge de /rois ans, époque où l’on li-
JLe es geniffes au taureau pour la première fois.
acun des veaux confervés tette deux mères. Dès
que les geniffes font pleines, elles tiennent leur
^ng parm, jes vacjles>
Les veaux font appellés tendrons jufqu’à l’âge
j prennent enfuite le nom de Bour-,
1 >^a i année ; ils fe nomment
°nS î a fèconde année, & pendant la troi-
Semfes ou terçons. *
lain U?e vac^er^e on nourrit toujours un cer-
I veaux de trois années différen-
§ inculture Tome IL
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Itfes, deftinés à être vendus à fétrangter, ou 4
remplir le vuide de-, la vacherie. La totalité de
la jeuneffe s’appelle vajjive. Elle égale prefqu®
toujours le nombre des vaches.
Én Hiver, les vachers, dès le matin, fe diftri—
huent le foin de la vacherie; L ’un nétoie les
; auges & en emporte les relies de fourrage, qui
une fois rebuté par les vaches ne peuvent plus
leur être présentés. Ils fervent de nourriture aux
jumens, auxpoulains, &c. D’autres vachers étrillent
& broffent les bêtes. On ne prend pas tous
les jours ce dernier foin, fi utije à la fùnté. Hv
feroit à defirer qu’on l’exigeât des domefiiques.
On cure les vaches de tems en tems. La dilette
de paille & le préjugé où T on eft que, pour avoir
de bons engrais, les litières doivent pourrir fous
les animaux, empêchent d’enlever les, fumiers
aufli, fouvent qu’il le'faudroit.
On mène boire les vaches & on met le fourrage
dans les auges. Une botte eft la ration de deux.
Vers les trois heures après midi, on nétoie également
les auges ; on conduit les vaches à l’abreuvoir
& on leur donne pour la.foirée & la
nuit la ration du matin.
L ’ordre & l’économie, qu’on emploie dan»
la confommation des fourrages des vacheries
baffes, me paroiffent bien entendus. Les vaches
au retour des montagnes, où elles n’ont vécu
que d’heihe fraîche, ont befoin d’être accoutumées
par degrés à la paille féche. Dans les premiers
tems on leur en donne mêlée avec beauL
coup de foin ; peu-à-peu on diminue la proportion
du foin & on augmente celle de la paille,
qu'elles mangent feule dans le mois de Décembre.
C’eft de la paille de feigle ou de froment. Vers la
mi-janvier, lorfqu’elles font prêtes à mettre bas,
on les remet à 1 ufage du foin pur & on leur
en donne plus largement. Après qu’elles ont vélé,
on augmente leur nourriture *von choiflt pour elles
la meilleure qualité de foin ; on leur donne fur-
tout les regains, qui leur procurent beaucoup
de lait. Vers la fin de l’Hiver, on revient encore
au mélange de paille & de foin. Si l’Hiver
eft très-long & que les fourrages manquent, on
finit par leur donner de la paille feule. Dans
les vacheries hautes, où il y a abondance de
foin, elles ne mangent pas autre chofe depuis
leur retour de la montagne jufqu’à ce qu’on les
y reconduife.
M. de Brieude fe plaint avec raifon de la
mauvaife conftruélion des étables, qui font mal
pavées, trop baffes & humides, fans pente pour i’é-
c.Qulement des urines, fans fenêtres, ou avec
des fenêtres étroites qu’on bouche toujours. Les
auges font mal - propres & trop baffes, les murs
mal-crépis & lalpêtrés, les portes trop étroites.
Lorfqu’on cure les vaches, on place le fumier
devant les portes , fans le porter à une certaine
diftance. Toutes ccs caufes rendent infeét & in-
falubre l’air des étables. Je un plan
Y ?