enlevé une à la baie des Iles, une sur une petite île vis-à-vis
Bream-Head, et une à Bream-Cove ; que de là ils étaient allés
à la rivière Tamise, où ils avaient altiié Houpa et l’une de
ses filles, dans le dessein de les emmener aussi. Cependant,
quand le Vénus appareilla de la rivière Tamise, la pirogue
de Houpa suivît le navire, et celui-ci, saisissant un instant
favorable, sauta pardessus le bord et fut repris par les siens,
mais aucune des femmes ne reparut. Le Vénus était un brick
appartenant à MM. Campbell et O “- de Calcutta ; il avait été
enlevé au port Dalrymple par quelques convicts qui se trouvaient
à bord, et qui s’enfuirent avec leur proie. Tels sont les
crimes horribles que des Européens, qui portent le nom de
cbrétiens , commettent envers des nations sauvages !
Nous passâmes la nuit à l ’ancre dans la baie Bream, car
je souhaitais voir le cbef qui réside aux environs, et dont le
fils nous avait fourni du poisson à notre passage, en allant
à la rivière Tamise. Nous nous mîmes à pêcher, et en peu de
temps nous prîmes une quantité de brèmes et d’autres poissons.
Je m’attendais à voir le chef, mais le navire n’avait pas encore
été aperçu.
On appareille de Bream-Bay.
Vendredi 20janvier. Au point du jour nous fîmes voile;
peu de temps après avoir dépassé Bream-Head, nous fûmes
aperçus de terre , et une pirogue s’en détacba pour venir à
bord. Aussitôt qu’elle fut près du navire, je reconnus que le
cbef qui s’y trouvait était celui queje désirais voir. Il nous
dit que la veille au soir il n’avait pas vu le navire, parce que
lui et ses hommes travaillaient dans leurs champs de patates.
Moiangui, le jeune bomme mentionné dans le récit de
M. Savage sur la Nouvelle-Zélande, et qui accompagna ce
gentleman en Angleterre, à son retour de la Nouvelle-Galles
du Sud, se trouvait aussi avec ce chef. Il s’informa de plusieurs
personnes qu’il avait vues en Angleterre, et qui lui
avaient fait amitié.
Le cbef désirait beaucoup que nous retournas.sions au mouillage
pour un jour ; il m’assura qu’il avait beaucoup de cochons
et de patates, et qu’il fournirait à tous nos besoins. Je
lui répondis que je ne pouvais retarder le navire, puisque le
vent était bon, et qu’il me fallait continuer ; je lui donnai un
peu de blé pour semer, quelques clous, et un chat qu’il
emporta à terre, enchanté de cette acquisition, et regrettant
seulement que je ne pusse m’arrêter assez pour lui donner le
temps de m’offrir quelque chose en retour. Peu après leur
départ, le vent varia et resta incertain tout le jour.
On débarque au district de Koultoupa.
A six heures après-midi nous étions arrivés à deux lieues du
rivage. La mer étant paisible et tout annonçant une belle
nuit, je me déterminai à rendre visite au chef. Le canot fut
sur-le-cbamp mis à la mer, et M. Nicholas m’accompagna.
Nous n’avions dans le canot que des Nouveaux-Zélandais ; le
soleil était couché avant que nous eussions atteint le rivage.
Les naturels aperçurent bientôt le canot, et l ’un d’eux, debout
sur une roche, agitait un pavillon pour nous indiquer
le lieu où nous devions accoster. Il y avait en travers de ce
bâvre une barre, sur laquelle la mer brisait avec une grande
violence. Quand nous approchâmes, il nous parut impossible
que le canot pût franchir ce ressac. Deux pirogues s’avancèrent
au travers des vagues, comme si elles eussent défié
les rocs menaçans et les lames mugissantes qui roulaient sur
elles à grand bruit, pour nous montrer l ’endroit où nous
pouvions débarquer avec sûreté. Quand le canot arriva près
de terre, une foule de naturels descendus dans la mer s’en
saisirent, et le traînèrent en sûreté au rivage.
La résidence du chef était sur le côté oriental du bâvre;