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P IÈC E S JUSTIFICATIVES.
leur dénuement. C’est avec des haches en pierre qu’ils coupent
tout leur hois, qu’ils bâtissent leurs cabanes, qu’ils font les
palissades de leurs champs de patates, qu’ils fabriquent leurs
bêches en bois et leurs spatules, et qu’ils construisent leurs pirogues.
De là vient qu’ils ne peuvent élever de maisons solides
ni durables, finir des clôtures, etc., par défaut de fer. Par la
même raison, ils ne peuvent faire non plus que de faibles progrès
en agriculture.
Je pense qu’il y a actuellement dix fois plus de terre en culture
dans les districts voisins de la baie des Iles, qu’il n’y en
avait en i8 i4 , quand l’établissement fut fondé. Cette amélioration
est entièrement due aux outils que la Société a envoyés
de temps en temps.
Le défaut d’alimens rendit la mortalité très-grande parmi
les naturels, dans le premier hiver qui suivit la fondation de
1 établissement. Il est agréable de pouvoir dire que dans les
deux dernières années, il n’y a eu que peu de morts, grâces à
la prudence divine. La raison doit s’en attribuer à l’extension
des cultures qui ont offert de nouvelles ressources alimentaires
pour les habitans.
Les productions et autres douceurs de la vie s’accroîtront
certainement avec les moyens de perfectionner l’agriculture
dans cette contrée. Les bêches et les piocbes seront les objets
les plus nécessaires, jusqu’à l’époque où le pays sera pourvu de
bestiaux, et ou l’on pourra employer 1a charrue. On pourra
facilement tirer le bétail de la Nouvelle-Galles du Sud, et sous
peu de temps la charrue pourra être mise en oeuvre , attendu
que la terre est en général dégarnie d’arbres, et qu’elle n’est
guère couverte que de fougères ou de broussailles que l’on
peut facilement couper et réduire en cendres.
20 septembre i8 ig . Un grand nombre de naturels sont arrivés
de très-bonne heure de districts lointains, quelques-
uns de vingt et d’autres de cinquante milles. Ils étaient
prêts a nous mettre en pièces pour avoir des pioches et des
haches. Un d’eux disait que son coeur se déchirerait s’il n’avait
pas une piocbe. Nous étions harassés de leurs importunités,
et désolés de ce que nos faibles moyens ne nous permettaient
point de subvenir, pour le moment, à leurs besoins. J’ai dit à
plusieurs d’entre eux que ce matin même j’avais écrit en Angleterre
pour demander beaucoup de ces instrumens, et qu’aussitôt
que le navire arriverait, on leur en distribuerait. Ils répondirent
« que plusieurs d’entre eux seraient au tombeau quand
le navire viendrait d’Angleterre ; que les piocbes et les bacbes
ne leur serviraient à rien quand ils seraient une fols morts.
C’étaitsur-le-cbamp même qu’ils en avaient besoin ; qu’ils n’avaient
pour le moment que quelques outils en bois pour travailler
dans leurs plantations de patates. » Ils nous suppliaient
aussi de les assister dans leur détresse. Il est extrêmement difficile
, et pour mieux dire impossible, de les convaincre par quelque
argument que ce soit, qu’il n’est pas en notre pouvoir de
remplir leurs désirs. Il faudrait cinq mille piocbes et bacbes
pour les demandes du moment; et il est plus que probable
que, lorsque ce nombre serait distribué, il en faudrait encore
autant.
Le soir, j’allai me promener à Tepouna, accompagné de
MM. Kendall et Hall, pour voir quels progrès les naturels
faisaient dans la préparation de leurs champs de patates. Nous
trouvâmes sur le terrain plus de cent personnes , bommes et
femmes, dont le plus grand nombre à l’ouvrage : quelques-uns
se servaient de bêches et de piocbes qu’ils avaient reçues des
magasins des missionnaires, et les autres d’outils en bois. Depuis
notre dernière visite, de grandes étendues de terre avaient
été défrichées et préparées pour être plantées.
Village et famille de Shongui à Tepouna.
Shongui a bâti ici un petit village , sur le terrain qu’il cultive,
pour la commodité de ses ouvriers. Nous allâmes pour le
visiter, Shongui était allé à Kidi-Kidi. Nous trouvâmes ses
trois femmes à la maison , deux d’entre elles avaient été prit!