Prunes.
Menthe.
Poivre.
Sauge.
R iz .
Soucis.
Lilas.
Roses.
OEillets.
E t plusieurs espèce
de fourrages.
Tous les Européens qui avalent visité cet établissement,
avaient exprimé leur surprise de voir tant de terrain défricbé
et en plein rapport, des jardins si bien entrenus, et le tout en
aussi peu de temps. Les naturels de l’intérieur venaient souvent
visiter les missionnaires et montraient le plus grand désir de
s’instruire. Enfin tout allait si bien qu’on avait déjà conçu les
plus hautes espérances; mais le retour de Shongui changea
totalement la face des affaires. Sans doute tous ceux qui furent
témoins des peines qu’on prit pour le combler de faveurs,
seront surpris qu’il ait pu rapporter d’Angleterre à la Nouvelle-
Zélande nn coeur exaspéré contre la société. A son arrivée
Sbongui instruisit ses compatriotes de ce qu’il avait vu. „ Le
» roi d’Angleterre , d it -il, a beaucoup de fusils, de munitions
» et de soldats ; je lui ai demandé s’il avait ordonné de ne pas
» me donner des armes, il m’a répondu que non. Cependant les
■ niissionn,aires ont écrit pour défendre qu’on m’en donnât;
» ces mêmes missionnaires, dans leur pays, ne sont que des
» malheureux, des esclaves dn roi Georges. » Il n’en fallut pas
davantage pour enflammer ces sauvages insulaires; et dès-lors
plus de respect pour les apôtres de la mission. Les ouvriers
Itîl; .
quittent leur travail. Shongui leur a défendu de faire rien
pour rien. Ils demandent à être payés ,si les missionnaires ont
besoin d’eux ; ils exigent de la poudre , des fusils, ou de l’argent
pour en acheter. En même temps , une femme parente de
Sbongui lui apprit, ainsi qu’à ses autres amis, que pendant
son absence mademoiselle Puckey, enfant de douze ans,
avait dit à la fille de Sbongui que, quand celui -ci reviendrait,
elle voulait lui couper la tète et la faire cuire dans le pot de
fer. Cette femme parvint par là à mettre le comble à l’irritation
des naturels. Depuis ce moment, il ne sc passa pas un jour que
les missionnaires n’eussent à se plaindre de leurs rapines et
de leur brutalité sauvage. Un jour, ils enfonçaient les palis-
•sades et enlevaient les bestiaux et les volailles ; une autre fois,
ils entraient dans la maison, jetaient la porte à bas, si elle
n’était pas ouverte, et volaient ensuite tout ce qui leur tombait
sous la main. Il y eut des momens où les colons furent
en danger de perdre la vie; heureusement un cbef les protégea
par son influence et son autorité.
Sbongui n’ayant paru cbez les missionnaires que quelques
jours après son arrivée, fut questionné sur les motifs étranges
d’une pareille conduite; il parla de l’histoire que sa fille lui
avait contée et de l’opiniâtreté que les missionnaires mettaient
à ne pas lui fournir des armes et des munitions. Ils curent encore
à souffrir quelque temps de la présence des partisans de
Shongui, jusqu’à ce que l’esprit de vengeance qui l’animait
l’eût mis à la tête d’une expédition guerrière qu’il projetait
depuis long-temps pour aller ravager les bords de la rivière
Tamise. Les travaux de cet armement extraordinaire donnèrent
encore lieu à des vexations cruelles pour les missionnaires.
Enfin Shongui parut dans la baie des Iles le 5 septembre 182).
Quelques jours auparavant, il avait fait manoeuvrer dans la
rivière plusieurs de scs pirogues, afin de les exercer à tous les
inouvemens dont la rapidité demande le plus d’adresse. Les
embarcations longues et étroites, montées par cinquante