gréement à descendre, avec promesse de leur conserver la vie
s’ils voulaient détacher les voiles des vergues. La terreur les
porta à obéir ; mais ils furent sur-le-champ garrottés, envoyés
à terre pour être égorgés et dévorés, destinée qu’ils eurent à
subir après des soullrances prolongées.
» Le City o f Edinburgh fit voile pour Taïti, après avoir délivré
de captivité les quatre personnes que l’on a mentionnées,
mais sans avoir pu se procurer à la Nouvelle-Zélande les espars
qu’on comptait y prendre, à cause de l’effervescence qui
régnait encore parmi les naturels.
D E S T R U C T IO N DU N A V IR E L E BO Y O .
La copie suivante de l ’intéressante lettre laissée à la Nouvelle
Zélande par le City o f Edinburgh, et transmise par
le capitaine Sw an , par la voie de l ’île Norfolk, contient le
récit original de la catastrophe du Boyd.
« Tous les maîtres des navires qui fréquentent la Nouvelle-
Zélande sont prévenus de ne pas admettre à leur bord un
grand nombre de naturels à la fois, car ils pourraient bien
être surpris et enlevés en un instant.
» Cette pièce a pour objet de certifier que, pendant notre séjour
dans cette baie, nous avons fréquemment entendu parler
d’un navire enlevé par les naturels dans un bâvre du voisinage
nommé Wangaroa, et appris que l’équipage avait été tué et
mangé. Afin de constater la vérité de ce rapport, et pour sauver
le petit nombre de personnes qu’on disait avoir échappé au
massacre général, M. Berry, accompagné de M. Russel et de
Mafengaro ( l ’un des principaux chefs de la baie des Iles, qui
nous offrit ses services), se dirigea vers Wangaroa, avec trois
canots armés, le dimanche 3i décembre 1809. A leur arrivée,
ils trouvèrent les tristes restes du Boyd, capitaine John Thompson
, que les naturels avaient brûlé jusqu’au ras de l’eau , après
en avoir emporté tout ce qui pouvait avoir quelque valeur.
Par la belle conduite de Matengaro, nos compatriotes réussirent
à sauver un garçon , une femme et deux enfans , les seuls
qui eussent survécu à cette horrible catastrophe. Suivant les informations
les plus satisfaisantes, le complot fut entièrement
dirigé par ce vieux scélérat de Tepabi, qui avait reçu à Sydney
tant d amitiés si peu méritées. Ce malheureux navire qui venait
pour se charger d’espars, fut enlevé trois jours après son arrivée.
Dès le second jour les naturels dirent au maître que le lendemain
ils lui montreraient les espars. Le matin Tepabi airiva
de Tcpouna et monta à bord; il n’y resta que quelques minutes,
puis il descendit dans sa pirogue; mais il demeura le
long du navire qui fut bientôt entouré d’un grand nombre de
pirogues qui paraissaient s’y réunir pour commercer; peu à
peu un grandnombrc de naturelss’introduisirentàbord et s’assirent
sur le pont. Après le déjeuner, le maître quitta le navire
avec deux canots pour aller examiner les espars; alors Tepabi,
qui avait attendu le moment convenable, donna le signal
du massacre. En un instant, les sauvages, qui semblaient paisiblement
étendus sur le pont, fondirent sur les gens de l’équipage
, désarmés et dispersés sur le navire , pour vaquer à leurs
divers travaux. La plusgrande partie fut massacréesur-le-cbamp,
et plusieurs étaient à peine terrassés qu’ils furent coupés par
morceaux, encore tout vivans. Cinq ou six matelots se réfugièrent
dans le gréement. Tepabi, ayant pris possession du navire,
les héla avec un porte-voix, et leur ordonna de déverguer les
voiles, de couper les agrès, avec la promesse qu’on ne leur ferait
point de mal; ils exécutèrent cet ordre, puis ils descendirent;
alors Tepabi les amena à terre dans une pirogue et
les tua sur-le-champ. Le maître était allé à terre sans armes,
aussi fut-il bientôt dépêché. Les noms de ceux qui ont échappé
a ce désastre sont madame Morley et son enfant, une autre
lemme, et Thomas Davis , jeune garçon. Les naturels du district
des Espars, dans cette baie, se sont bien comportés,
au-delà même de toute attente; ils semblent désolés de ce mal