PIECES JUSTIFICATIVES.
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ser, firent deux fois feu sur la troupe innocente; alors les naturels
les attaquèrent, et il y eut deux blancs de tués : ensuite les
marins tuèrent l’oncle de Tarcba , et dans cette affaire il y eut
encore un Européen tuç. Comme il avait péri trois Européens
, et seulement un Nouveau-Zélandais, conformément .à
la loi du talion , les cbefs de la partie méridionale de la baie
des Iles demandèrent satisfaction pourla mort des deux Européens
; en conséquence, ils tuèrent deux naturels de la tribu
qui avait tué les deux Européens ; puis ils transportèrent leurs
corps dans une pirogue le long du navire, pour montrer au
maître qu’ils avaient fait justice à son équipage, en puniss.ant
de mort leurs propres compatriotes, pour le meurtre des marins.
Ils citèrent des circonstances où des Zélandais avaient
été tués par des Européens, sans que ceux-ci leur eussent fait
aucune réparation : un grand nombre de naturels avaient été tués
par le capitaine Howell, qui commandait un navire de Port-
Jachson, dans un bâvre entre la baie Mercure et la rivière
Tamise. Nos bôtes déclarèrent que les peuples de cet endroit
vengeraient la mort de leurs parens dès qu’ils pourraient en
trouver l’occasion.
Je leur annonçai qu’on avait promulgué en Angleterre une
loi pour la punition de tout Européen qui tuerait injustement
un Nouveau-Zélandais ; et que si un Nouveau-Zélandais, après
avoir tué un Européen, allait ensuite à Port-Jackson , il serait
pendu. Cette nouvelle leur fit beaucoup de plaisir. Je leur dis
que le roi Georges désirait les protéger contre toute espèce de
violence, à l'égal de ses propres sujets, et qu’il punirait les
coupables, quand on pourrait s’cn rendre maître, qu’ils fussent
Anglais ou Nouveaux-Zélandais. Ils disaient que, si un
Européen tuait un Nouveau-Zélandais, ils seraient bien aises
de le voir exécuter.
Après avoir causé jusqu’à une beure avancée sur ces divers
sujets qui nous procurèrent une satisfaction mutuelle, nous
nous coucbâmes tout babilles pour reposer.
Arrivée à Tae-Ame.
20 octobre 1819. Ce matin nous nous levâmes de bonne
beure, et nous nons préparâmes pour notre voyage à Tae-Ame,
où nous arrivâmes sur les cinq heures et demie du soir, très-
fatigués de notre marche. Nous estimâmes la distance à plus
de vingt milles. Sur notre route nous trouvâmes plusieurs
marais, nous franchîmes les uns à gué et les autres à dos
d’homme : l’un d’eux a près d’un mille de largeur. Nous
n’eûmes que deux petits bois à traverser. Le pays est généralement
découvert et le terrain assez uni. Quelquefois il est
d’une très-bonne qualité, et en d’autres endroits graveleux,
pierreux et marécageux ; cependant la plupart des marais
pourraient être desséchés. La campagne est bien arrosée dans
toutes les directions , et il y aurait de belles cascades pour des
moulins de tout genre. Tout le territoire que nous eûmes à
traverser appartenait aux cbefs qui nous accompagnaient.
A la distance de cinq milles environ, avant d’arriver à
aucun des villages du district de Tae-Ame, nous passâmes
dans une superbe plaine dont le so l, quoique pierreux, nous
parut très-fertile. D’après la nature de l’herbe qui y croissait,
elle .semblait avoir été naguère cultivée en entier, et l’on y
distinguait les traces évidentes d’une population considérable.
Sur la lisière de cette plaine nous passâmes près des ruines de
deux villages, aujourd’hui complètement déserts. A une époque
peu reculée, ils avaient été solidement fortifiés. Le cbef
nous apprit que ces villages lui avaient appartenu à lui et
à ses amis, et qu’ils avaient contenu jusqu’à mille habitans :
mais ils avaient été assiégés, et enfin obligés de céder à
leurs ennemis et de quitter leurs forteresses. Les collines sur
lesquelles ces villages étaient situés, étaient fort élevées, et
tellement fortifiées par la nature, qu’il eût été très-diflicile de
réduire leurs babitans autrement que par la faim.
Quand nous arrivâmes an premier village de Tac-Ame, on
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