PIÈCES JUSTIFICATIVES.
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point envoyer MM. Hall et King dans leur pays, dans la
crainte qu’ils ne fussent aussi tués et mangés.
MM. Hall et Kmg attendaient depuis plus de quatre années
quand M. Kendall arriva d’Angleterre, avec l’intention d’aller
instruire les Nouveaux-Zélandals. Il resta quelque temps à Port-
Jackson , puis je l’envoyai avec M. Hall, rendre visite à Doua-
Tara, pour savoir si les habitans de la Nouvelle-Zélande désiraient
voir les Européens venir s’établir chez eux. Dans ce cas,
j ’mvitais Doua-Tara , avec deux ou trois autres ebefs, à venir
à Port-Jackson avec MM. Kendall et Ha ll, pour venir chercher
les familles de ces missionnaires. Doua-Tara revint avec
MM. Kendall et Hall; Sbongui et Koro-Koro les accompagnèrent
aussi. Tepabi étant mort, et Sbongui, de concert avec
Doua-Tara, promettant de prendre soin des missionnaires,
ceux-ci firent le voyage, et je les plaçai sous la protection de
ces deux chefs. Je leur dis que je serais venu lors du premier
voyage de l’Active, si le gouverneur Macquarie me l ’eût permis;
mais qu’il ne voulut pas me donner cette permission,
dans la crainte que les naturels ne voulussent me tuer et me
manger, comme ils l’avaient fait de l’équipage du Boyd.
Nous leur représentâmes en outre que leurs crimes inspiraient
une telle horreur aux Européens, que ceux-ci redoutaient de
venir parmi eux ; que s’ils désiraient voir les missionnaires s’établir
dans leur pays, il fallait montrer beaucoup d’égards à
ceux qui y étaient déjà , pour dissiper dans l’esprit des Européens
les fâcheuses impressions que leur conduite passée avait
fait naître.
A tout cela, les naturels répliquèrent qu’il était juste que les
premiers colons fussent allés chez Shongui : ils ne prétendaient
point avoir aucun des missionnaires qui vivaient sous sa protection;
mais ils désiraient posséder chez eux au moins un de
ceux qui étaient arrivés dernièrement. Je leur dis que les colons
étaient en trop petit nombre pour pouvoir les séparer;
que si je le faisais, il nous serait impossible de leur montrer les
avantages d’une métairie, et les améliorations que nous médi:
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tions dans leur intérêt : je leur assurai que s’ils se comportaient
bien envers les missionnaires maintenant établis dans l’ile, j ’en
amènerais, dès que je le pourrais, un ou plusieurs pour demeurer
chez eux; mais j ’ajoutai que je ne pouvais faire une
promesse positive, attendu que s’il n’en venait qu’un seul,
peut-être il ne consentirait pas à venir habiter avec eux. Ils
répondirent qu’ils ne voudraient point obliger un missionnaire
à vivre avec eux contre son gré; mais que si on leur en destinait
un, et qu’il se refusât à venir parmi eux, ils demanderaient
du moins qu’on le renvoyât à Port-Jackson, et qu’on
ne lui permît point de rester avec Sbongui. Te Marangai, l’un
des principaux cbefs de cette contrée , et qui avait habité
quelque temps chez moi à Parramatta, dit qu’il avait besoin
d’un homme qui pût instruire ses enfans, leur apprendre à lire
et à écrire, administrer les médicamens aux malades, et leur
enseigner à cultiver leurs terres.
A l’égard des reproches de cruauté qu’on leur faisait, les
chefs représentèrent que les Européens avaient tué plusieurs de
leurs compatriotes sous les prétextes les plus frivoles : en certains
cas qu’ils citèrent, on avait tiré sur les naturels, sans que ceux-
ci l’eus.sent mérité en aucune façon. Souvent aussi les Européens
les avaient dépouillés de leurs propriétés, et avaient
maltraité leurs femmes. Le Boyd fut déti u it, parce que le capitaine
avait fait fouetter un chef du pays. Quant au navire le
New-Zealander, ils dirent qu’un chef nomme Tareha, proche
parentde Tepabi, avait volé un mousquet à des marins qui faisaient
du bois sur son territoire, comme une satisfaction des
ravages et des meurtres que les Européens avaient commis sur
l’île de Tepabi. Quand les marins retournèrent à bord, et eurent
instruit leur capitaine de ce vol, celu i-c i envoya deux
canots armés qui tombèrent sur une troupe appartenant aux
cbefs qui nous faisaient ce récit ; ceux-ci annoncèrent aux marins
qu’ils n’étaient point delà même tribu que ceux qui avaient
volé le mousquet; mais les Européens, soit parce qu’ils ne
comprirent point leur langage, soit uniquement pour s’amu-
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