le Lois de construction, que tous les autres chefs ensemble ; et
nulle part au monde je n’ai vu un homme qui montrât une
avidité pins impatiente pour les affaires mercantiles. A cet
égard ses capacités étaient fort grandes; c’était un excellent
juge pour plusieurs articles de commerce , et il eût donné son
opinion sur une hache tout aussi bien qir’un Européen. Tout
en la maniant avec une sorte d’extase, au moment qu’il en devenait
possesseur, ses yeux semblaient se repaître de la contemplation
dune acquisition aussi précieuse. Il était détesté de
tous les autres chefs, et si l’on eût pu s’en rapporter à leurs
assertions, Pomare aurait mérité leur exécration et celle de qui
quece fut au monde. Mais comme on l’a déjà observé, ces chefs,
rivaux jaloux les uns des autres, sont toujours disposés à se
calomnier mutuellement, el leur témoignage, pour cette raison,
ne peut inspirer une grande confiance. Ce chef, quoique subordonné
à Tara, n’avait que très-peu de déférence pour ce
vénérable ariki ; souvent il bravait son autorité, et il manifestait
à tout propos nn esprit d’indépendance plus marqué
qu aucun des autres chefs. Les Nouveaux-Zélandals ont coutume
de préserver de la corruption , par une méthode curieuse,
les têtes de leurs ennemis tués au combat. Cc procédé,
à ce que j ’appris, consiste à enlever la cervelle , puis à dessécher
la tête de manière à laisser la chair entière ; mais pour le
pratiquer, il faut un degré peu commun de savoir et d’cxpé-
ricncc. Un jour M. Marsden adressa quelques questions à Pomare
sur les moyens qu’il employait dans cet art barbare où
il s était acquis une réputation de supériorité marquée sur scs
compatriotes. Il ne voulut y faire aucune réponse directe,
sachant que c’était une matière à laquelle nous ne songions
qu avec horreur, et attendu qu’il lui eût fallu entrer
dans des détails révoltans pour nos habitudes. Mais mon ami
lui ayant demandé s’il pouvait lui procurer une tète ainsi conservée
, Pomare songea tout-à-eoup qu’il pourrait recevoir une
hache pour sa peine , et cet espoir détermina cet homme intéressé,
non-seulement à entrer dans une explication très-déPIÈCES
JUSTIFICATIVES. 603
taillée sur sa théorie , mais encore à nous offrir de nous donner
un exemple de son procédé. 11 allait, ajoutait-il, tuer a coups
de fusil des gens qui avaient fait périr son fils, si nous voulions
lui donner pour cela de la poudre; puis il rapporterait
leurs têtes et nous montrerait tout ce que nous désirions savoir
sur l’art de les conserver. On sent bien que cette proposition
sanguinaire arrêta tout-à-coup toutes nos questions. Ce chef
ne laissait écbapper aucune occasion de faire parade de ses
qualités personnelles et de l’autorité considérable dont il jouissait.
Il se targuait sans cesse de scs talens militaires, méprisait
scs rivaux et s’élevait au-dessus de tous les autres héros de
la Nouvelle-Zélande.
(Page 329.) Les arbres de cette forêt (entre Kid i-Kid i
et Waï-Mate) n’étaient guère variés et ne consistaient principalement
qu’en deux espèces, mais quelques-uns étaient
les plus grands que j’eusse jamais vus , et que probablement
on pût trouver dans aucune partie du monde connu.
Une espèce de pin, nommée par les naturels totara, excita
notre étonnement par le volume et la hauteur à laquelle elle
parvient. Nous en mesurâmes quelques arbres auxquels nous
trouvâmes trente et trente-trois pieds de circonférence, et qui
atteignaient cent pieds et plus sans porter de branches, avec
un tronc parfaitement droit. La quantité de bois mas.sif qu’un
de ces arbres peut fournir est immense. Le totara a une
écorce singulière, qui devient fort épaisse et se partage dans
toute sa longueur en bandes horizontales séparées les unes Jes
autres par des intervalles de deux pieds environ. Sa feuille est
petite et étroite, et je n’ai vu suinter de cet arbre aucune goutte
de résine ou de térébenthine. Les naturels font des pirogues
avec les plus petits individus de cette espèce. Le tawa, autre
espèce de p in , sans être aussi grand que le totara, croit aussi
dans cette forêt en abondance, et y parvient à une hauteur
considérable. Cet arbre a également une feuille petite et étroite,
mais son écorce esl mince et presque unie ; il porte une baie
que mangent lc.s naturebs.
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