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Quelques renseignemens fort curieux touchant le moko lurent
accidentellement obtenus de la part de Toupe. L ’esquisse
de sa tête, dont nous donnons ici une gravure, fut tracée.
durant son séjour à Liverpool, par un de ses amis, M. John
Sylvester; et Toupe s’intéressa beaucoup aux progrès de son
exécution. Mais par-dessus tout il tenait fortement h ce que
les dessins de son visage fussent fidèlement reproduits sur
le portrait. Ces dessins, assurait-il, n’étaient pas du tout
1 ouvrage du caprice, mais ils étaient tracés suivant certaines
règles de l’art qui déterminaient la direction de chaque
ligne. Dans le fait, leur ensemble constituait la marque distinctive
de l’individu : il y a plus, Toupe donnait constamment
son nom à la marque de sa figure qui se trouvait précisément
au-dessus de la partie supérieure de son nez, en disant ;
« L ’homme de l’Europe écrit son nom avec une plume, le
nom de Toupe est ic i, » en désignant son front. Pour mieux
expliquer sa pensée, il traçait sur un papier, avec une plume
ou un pinceau, les marques correspondantes dans les mokos de
son frère et de son fils, et faisait remarquer les différences qui
se trouvaient entre ces dessins et le sien. Du reste, cette
partie de sa décoration qu’il appelait son nom n’était pas
seule aussi familière à l’esprit de Toupe; cbacun des dessins,
tant de sa figure que de toutes les autres parties de son corps,
était constamment gravé dans sa mémoire.
Quand on eut découvert le talent deToupe dans ce genre de
dessin, plusieurs de ses connaissances de Liverpool lui demandèrent
des échantillons de son savoir-faire, e t, durant une
quinzaine de jours, tout son temps fut employé à fabriquer des
dessins des cicatrices dont sa figure était couverte. La profondeur
et la quantité des traits du tatouage indiquaient, disait
il, la dignité de l’individu; suivant cette règle, il devait
avoir été lui-même un chef d’un rang distingué, attendu qu’il
restait à peine le moindre espace de la peau de sa figure dans
Tétat naturel. Quelques-uns de ses ouvrages représentaient
aussi les dessins des autres parties de son corps ; et il traça pour
le docteur Traill les mokos de son frère et de son fils aîné,
jeune bomme qu’il avait laissé, comme nous Tavons déjà dit,
pour commander sa tribu jusqu’à son retour. En finissant le
dernier, il le tint en Tair, le contempla avec un murmure de
contentement affecteux, le baisa plusieurs fois, et fondit en
larmes en le remettant au docteur.
L ’ensemble de ces anecdotes forme la peinture la plus agréable
que nous possédions du caractère des Nouvcaux-Zélandais ;
il démontre ce qu’un peuple doué d’un aussi bon coeur pourrait
devenir, si Ton pouvait améliorer la condition fâcheuse
où il se trouve, condition qui dirige la plupart de leurs qualités
vers uu but si funeste, puisqu’elle ne fait servir leur sensibilité,
leur bravoure, et même leur intelligence et leur
adresse naturelle, qu’à l’entretien de leurs haines mutuelles,
et à ajouter une férocité nouvelle et un esprit de vengeance
plus insatiable encore à leurs guerres perpétuelles. Toupe,
une lois soustrait à ces funestes influences, et placé au milieu